• Chapitre III

     

    Émilie, inquiète, demanda immédiatement au jeune garçon :
    « Tu t’es blessé ?
    -Hein ? Non… 
    -Qu’est-ce que c’est que ça alors ? »
    Elle toucha l’endroit où se tenait la sombre tache sur le bras du jeune garçon, elle ressentit à la texture de la chose qu’il ne s’agissait pas de sang, c’était gluant. Elle s’essuya rapidement le doigt par dégoût, elle indiqua :
    « Non, ça va, cela doit être une vieille sauce, tu ferais mieux de te laver le bras »
    Le garçon s’exécuta en allant jusqu’à la mer, Émilie quant à elle s’allongea, elle était épuisée. Ils n’avaient pas encore mangé, mais elle n’avait pas le courage de chasser la mouette maintenant, elle espéra que Daniel n’avait pas trop faim. Lorsqu’elle le vit revenir et s’allonger, elle en conclut que non, rapidement elle s’endormit avec l’harmonie que produisaient les crépitements du feu.

    Ce fut une tout autre ambiance qui la réveilla le lendemain matin, les gouttes claquaient sur le sable déjà humide, la fraîcheur se fit sentir tandis qu’elle se leva. Elle ralluma rapidement le feu afin de se réchauffer, puis elle prit plusieurs bâtons de bois ainsi que son poignard et commença à en tailler un. Elle transforma l’une des extrémités en pointe piquante et fit une encoche sur l’autre, elle prépara une dizaine de pieux de cette façon. Daniel qui s’était levé entre-temps l’avait observé travailler, cela avait pris une grosse partie de la matinée à la jeune fille, elle espérait désormais que cela marcherait. Le jeune garçon lui tendit le petit arc, comme elle, il semblait impatient de voir ce que donnerait le premier essai. Tous deux sortirent sous la pluie, ils marchèrent un peu jusqu’à voir un oiseau sur le sable, encore une mouette. Émilie attrapa l’un des pieux et l’arma sur son arc, elle tendit la ficelle élastique et visa en respirant lentement, comme son frère lui avait appris pour tirer au fusil. Elle relâcha la ficelle et immédiatement le pieu partit en grande vitesse vers la mouette avant de tomber dans le sable près d’un mètre avant la cible. La mouette s’envola, tandis que la jeune fille alla récupérer le pieu dans le sable, elle avoua à Daniel :
    « Bon ce n’est pas génial, les piques ne vont pas bien droits, mais avec de l’entraînement, je devrai pouvoir y arriver. »
    La deuxième fois ne marcha pas mieux, la troisième non plus tout comme la quatrième, il fallut près d’une dizaine d’essais avant qu’elle ne touchât enfin une mouette. Cela ne tua pas l’animal pour autant, il eut juste son aile blessée, l’empêchant de s’envoler. Émilie courut vers l’animal qui courait en zigzaguant afin de l’achever.

    Comme pour célébrer cette victoire, la pluie avait cessé laissant place à une petite éclaircie dont le duo profita le temps de rentrer. Émilie prépara la mouette comme elle l’avait faite la vieille avant de la faire cuire. Même si cela était encore une fois fort salé, cela faisait du bien de manger et Émilie s’avouera son repas.

    Comme prévu, après leur repas, les deux jeunes se dirigèrent vers le magasin de pêche que la jeune fille avait repéré la veille. Émilie n’avait emporté que son poignard, laissant l’arc à sa place, elle espérait ne pas devoir s’en servir. Durant leur trajet, la pluie avait recommencé à tomber, la jeune fille était heureuse d’être arrivée devant le magasin. Elle n’eut pas besoin de forcer la porte, celle-ci n’étant pas verrouillée, ils rentrèrent rapidement afin d’être au sec. L’intérieur était rempli d’un nombre impressionnant de canne à pêche, de filet, de moulinet, au point qu’il était difficile de se déplacer sans rien faire tomber.  D’ailleurs, beaucoup d’objets étaient à terre, comme si l’endroit avait subi un tremblement de terre.

    Dans tout ce fouillis, Émilie ne savait pas trop ce qui pourrait lui être utile, elle n’avait encore jamais pêché, elle décida de prendre un filet, elle prit également deux K-way, celui qu’elle prit pour Daniel était trop grand, elle due donc découpée dedans pour l’adapter à sa taille. Ils continuèrent de fouiller sans chercher quoi que ce soit, d’un coup Daniel leva sa main d’un geste vif tout en hurlant :
    « Aie ! 
    -Qu’est-ce que tu as fait ? Tu t’es pris un hameçon dans les doigts ?
    -Non, quelque chose m’a coupé… »
    Il sortit alors un objet qu’Émilie n’aurait jamais pensé trouver ici, Daniel tenait dans ses mains un petit harpon. Émilie s’en approcha et saisit l’arme, elle semblait encore en bonne état, elle décida de la mettre dans son sac avec hâte de l’essayer. Puis elle se tourna vers le jeune garçon qui tenait sa main à la bouche, elle s’approcha calmement en lui demandant :
    « Fais-voir ta blessure… »
    Il s'était coupé au niveau de la paume, la jeune fille essaya de trouver quelque chose afin de recouvrir la coupure, elle ne trouva rien en dehors d’un vieux bout de Scotch collé sur un carton. Elle le prit et l’appliqua sur la main du jeune garçon en le rassura :
    « Voilà, ça va guérir assez vite, ne t’en fais pas.  On va pouvoir rentrer d’ailleurs. »
    Ils ressortirent après avoir enfilé leur manteau, le soleil commencé à se coucher, Émilie ne s’était pas rendu compte du temps qu’ils avaient mis dans le magasin. Lorsqu’ils arrivèrent à la plage, l’obscurité commençait à tomber, Émilie vit une mouette au loin, elle arrêta Daniel de la main :
    « Attends… »
    Elle sortit le harpon qu’elle avait ramassé et visa avec précision avant de le lancer de toutes ses forces. La tige métallique partit avec vitesse, de manière bien droite en faisant siffler l’air. La flèche blessa l’oiseau avant de se planter dans le sable, Émilie s’approcha de sa victime. Elle s’avança et acheva l’oiseau avant de ramasser le harpon.
    Elle prit le harpon dans sa main et tandis qu’elle nettoya l’arme, elle dit à Daniel avec le sourire :
    « Voilà qui va faciliter les choses, on va abandonner l’idée de l’arc pour le moment »
    Ce soir-là, ils mangèrent avant de s’endormir, Émilie continuait d’observer l’arme qu’elle tenait dans les mains.  Elle trouvait une certaine beauté à la tige métallique soigneusement taillée, elle songea alors à se fabriquer un arc elle-même plus grand et à se servir du harpon comme d’une flèche. Bien qu’elle doutât que cela puisse fonctionner, elle était prête à essayer, encore faudrait-il qu’elle puisse se construire un arc. Sur ces pensées, elle finit par s’endormir tandis que la pluie jouait sa triste mélodie.

    Dans les jours qui suivirent, Émilie et Daniel continuèrent de manger de la mouette, la jeune fille s’était améliorée au lancer du harpon, elle arrivait à y mettre plus de force qu’auparavant et à viser juste. Mais le duo commençait à en avoir marre de manger de la mouette, ils avaient tenté de jeter l’un des filets à la mer dans l’espoir de pêcher quelques poissons, mais cela n’avait pas marché. Émilie avait donc envie d’aller fouiller le supermarché qu’elle avait aperçu quelques jours plus tôt. Seulement, elle n’était pas sûre que Daniel fût prêt à une telle excursion, de plus ils étaient peu armés et ignoraient les risques. Le fait de ne manger que des mouettes n’était pas la seule raison, elle avait envie de bouger, car elle n’en pouvait plus de faire tous les jours la même chose. Elle avait, d’ailleurs, songé à partir vers la campagne, si elle trouvait une ferme abandonnée au milieu de champs dans lesquels elle pourrait planter des légumes, ce serait une bonne chose. De plus elle avait toujours espoir de retrouver son frère, bien qu’elle sût qu’il y avait peu de chances que cela se fasse. Elle y réfléchissait tous les jours et en rêver la nuit, cette idée devenait de plus en plus obsédante, bien qu’elle ignorât totalement, comment la mettre en œuvre.

      Un matin de grosse pluie, elle décida d’aller au niveau du supermarché afin d’observer les alentours depuis le sol, elle ne prit pas son k-way qui était jaune et donc facilement visible.  Elle était partie de bonne heure, avant que Daniel se réveille, elle ne voulait pas être suivie. Comme à son habitude lors de ses virées, elle s’était équipée de son poignard en cas de danger. Émilie avança à travers les rues avec prudence, au début elle ne rencontra personne comme les dernières fois, mais après un long moment de marche, elle dut se cacher.

    Elle avait vu une femme d’une trentaine d’années au loin qui marchait parmi les décombres de maisons. Elle paraissait très vieille avec ses cheveux sales et décoiffés, de plus une partie de ses vêtements était arrachée et elle marchait en boitant. La dame transportait un sac plastique qu’elle tenait des deux mains, comme si c’était la chose la plus précieuse au monde. D’un coup la dame s’arrêta comme si elle attendait quelque chose, elle observait devant elle bien que son regard semblât vide, puis elle tourna à l’angle et repartit lentement. Émilie se demanda ce que faisait cette dame, elle semblait perdue, pour autant la jeune fille décida de ne pas s’en approcher par prudence, néanmoins elle la suivie de loin afin de voir où elle allait. Plusieurs fois la dame s’arrêtait pour observer autour d’elle, ce n’était pas évident pour Émilie de la suivre sans se faire repérer, puis la dame repartait et la jeune fille suivait.

     Émilie suivit la dame une dizaine de minutes comme cela mais cette dernière semblait n’aller nulle part, elle était passée plusieurs fois au même endroit. Tandis qu’Émilie observait la dame depuis une ruelle, elle sentit une main s’appuyer sur son visage, l’empêchant de crier. L’homme qui retenait ses cris avait également bloqué son bras droit qu’elle arrivait à peine à bouger. Elle entendit son agresseur chantonner vicieusement :
    « Allons, allons, ne bouge pas comme ça ma jolie, on va s’amuser toi et moi. »
    L’homme avait glissé sa main sous le t-shirt d’Émilie et cherché à l’enlever, bien que la jeune fille se débattît en bougeant autant que possible. Sous l’effet de la panique, elle en avait oublié son poignard accroché à son pantalon, elle le saisit de sa main gauche, regarda derrière elle et le planta dans le ventre de son agresseur avant de le retirer. L’homme avait lâché prise, Émilie remit rapidement son t-shirt correctement avant de se retourner pour voir le visage de son agresseur. Un homme mince, chauve, dans la trentaine également, se tenait le ventre au niveau de la grosse tache de sang présente sur son bermuda blanc. L’homme s’était laissé tomber sur ses genoux sous l’effet de la douleur, il releva la tête afin d’observer Émilie et menaça :
    « T’es morte, salope, t’as compris t’es morte »
    Émilie le regarda droit dans les yeux, lui indiquant qu’elle n’avait pas peur de lui, mais il continua :
    « On va te retrouver, salope, tu ne pourras pas nous échapper et tu vas souffrir, crois-moi ! Oh oui, tu vas souffrir. Tu vas voir ce que c’est de…
    -TAIS-TOI !»
    Émilie trancha la gorge de l’homme pour l’achever et le faire taire, ne pouvant plus supporter d’entendre ses menaces, ce dernier tomba à terre dans une mare de sang. C’est alors que la dame qu’elle avait suivie jusque-là arriva et hurla en voyant le corps de l’homme :
    « Qu’as-tu fait ? Qu’as-tu fait ? »
    Elle s’agenouilla près du corps de l’homme, Émilie répondit simplement :
    « Il m’a agressé, je me suis défendu…je ne voulais pas le… »
    La dame observa la jeune fille et la menaça également :
    « Les Survivalistes te retrouveront, ça, tu peux me croire et tu payeras »
    La dame partit en courant, Émilie ne réagit pas tout de suite étant incertaine de ce qu’il venait de se passer, puis consciente du danger, elle prit la fuite en courant.

    Elle ne s’arrêta pas de courir, bien qu’elle eût rapidement un point de côté, lorsqu’elle aperçut enfin la plage, elle se rassura. Consciente qu’elle devait être couverte de sang, la jeune fille se lava rapidement dans la mer avant de rejoindre Daniel dans le tunnel. Ce dernier s’était réveillé depuis et avait allumé le feu, Émilie en profita pour se réchauffer et s’assise à côté sans parler. Elle se calma et se mit à réfléchir, elle pensa que personne ne l’avait suivie, elle et Daniel étaient donc en sécurité mais ce qui l’inquiétait le plus c’est que la femme avait vu son visage. Désormais les sorties en ville seraient plus dangereuses qu’auparavant, surtout si le groupe avait des armes à feu. Daniel qui n’avait encore rien dit jusque-là, râla sur Émilie :
    « Tu aurais pu me dire que tu partais, j’ai eu peur que tu m’aies abandonné »
    Émilie observa le jeune garçon qui avait encore les yeux humides dus à de récentes larmes, elle lui dit d’une voix douce :
    « Écoutes, c’est vrai que tu es très casse-pieds, que tu peux être agaçant, que t’es un boulet, que…
    -Arrête !
    -Mais je ne vais pas t’abandonner, je ne suis pas si cruelle que ça, tu peux en être certain »
    Daniel serra alors la jeune fille dans ses bras en la remerciant, c’est alors qu’il remarqua :
    « T’as du sang sur ton maillot ! »
    Émilie observa son t-shirt, effectivement quelques taches de sang étaient restées sur son maillot bien qu’elle l’avait plongée dans l’eau de mer plus tôt. Elle décida que cacher la vérité à Daniel ne servirait à rien, il valait mieux le mettre au courant de la situation, ainsi elle lui expliqua l’agression qu’elle avait subi. A la fin de ses explications, elle conclut :
    « Bref, il faudra doubler de vigilance pour nos excursions en ville. »
    Daniel demanda alors :
    « On pourrait utiliser les égouts ? Ces tunnels doivent mener quelques parts
    -Je ne pense pas, la plupart ont été bouchés après avoir été inondés il y a deux ans, le seul accès, c’est par la plage.
    -Comment tu sais qu’ils ont été inondés ? »
    Émilie soupira à ce souvenir, elle répondit tristement :
    « J’étais présente lors de l’inondation, c’est un vieil homme qui a provoqué volontairement l’inondation des égouts pour me sauver moi et ma famille, il s’est sacrifié pour nous. 
    -Oh…désolé
    -Pas grave, ne t’en fais pas. »
    Daniel cessa de poser des questions après cela, ce midi-là, ils ne mangèrent pas, Émilie avait préféré ne pas sortir chasser la mouette au cas où ceux qui lui en voulaient, seraient dans les parages.

    Mais le reste de la journée resta calme, Émilie était resté à l’entrée du tunnel dans l’après-midi afin de surveiller la plage, il n’y avait eu personne. Donc au soir elle sortit, armée de son harpon afin de se procurer leur dîner, avec la grosse pluie qui tombait, ce ne fut pas simple et elle mit plus de temps qu’habituellement. Finalement après un long moment passé sous la pluie, elle put rentrer et cuire la mouette qu’elle avait attrapée et préparée, elle commençait à en être dégoutée, mais elle se força à manger malgré tout. Il fallait absolument qu’elle trouve autre chose à manger, c’était désormais décidé, dès qu’elle le pouvait, elle se dirigerait vers la campagne. La ville était de toute façon devenue trop dangereuse désormais, de plus à la campagne elle pourrait faire pousser des légumes, ce qui varierait les repas. Le seul problème, c’est qu’elle ne savait pas comment y aller, la dernière fois elle était arrivée en ville par le train, mais ce dernier avait déraillé. Elle passa une partie de la nuit à réfléchir au moyen de se diriger vers la campagne, il lui semblait évident que traverser la ville à pied n’était pas envisageable, cela serait beaucoup trop dangereux. Elle finit par s’endormir sans avoir trouvé la solution à son problème. 

    Les prochains jours, Émilie ne sortit uniquement que pour chasser, bien que de temps à autre elle envoyât Daniel à sa place. Le jeune garçon mettait plus de temps, il avait du mal à lancer le harpon, mais Émilie insista pour qu’il s’entraîne. Le reste du temps, le duo restait caché dans leur tunnel, ils discutaient ou dormaient, parfois Émilie restait plusieurs heures à regarder la mer au loin, observant la danse somptueuse et déchaînée des vagues. Le vent et la pluie jouaient une triste mélodie qui couvrait les habituels bruits de tir, qui se faisaient entendre au loin par moments.

     Après de longues journées calmes et ennuyeuses, Émilie en eut assez et décida, un matin, de s’aventurer de nouveau en ville, mais évita de retourner vers le supermarché. Elle préféra longer la plage de longues minutes avant de s’approcher des petits immeubles qui dominaient la côte. Elle pénétra dans le premier d’entre eux, qui était coloré en une sorte d’orange abricot, l’intérieur était mal éclairé, mais elle voyait distinctement malgré cela. La jeune fille entra dans l’un des appartements qui donnait une vue sur la plage et commença à fouiller comme à l’ancienne. Elle avait fouillé trois appartements sans rien trouver d’utile ou de consommable, elle démarra la fouille du quatrième, qui se trouvait comme les autres au rez-de-chaussée. Elle commença par la chambre qui était en général la pièce la plus rapide, il n’y avait rien dans l’armoire, en dehors d’une paire de vieilles chaussettes trouées, une petite chaînette dorée et des chaussures abîmées. Elle voulut fouiller la table de chevet, mais le tiroir de celle-ci sembla coincé, elle tira avec force d’un coup sec dessus, ce qui l’ouvra violemment en faisant s’envoler une petite boîte noire, qui retomba sur le sol.

    Dans la petite boîte, qui s’était ouverte en retombant, se trouvait une bague avec un joli diamant dessus. L’objet, souvenir d’une histoire d’amour qui n’avait pas continué comme il aurait fallu, était encore en parfait état. Émilie la prit entre ses doigts pour l’admirer plus de façon plus détaillée, à l’intérieur de l’anneau était gravé :
    « À toi ma belle Hélène »
    La jeune fille remis l’alliance délicatement dans son coffret, et reposa ce dernier proprement dans le tiroir. Elle avait un pincement au cœur à l’idée qu’un homme n’avait pas eu le temps de s’unir correctement avec la femme qu’il aimait. Elle fouilla le reste des appartements, mais ne trouva pratiquement rien, comme elle s’y attendait un peu, la seule chose qu’elle avait récupérée était une veste à capuche noire, qui serait parfaite pour les moments où il fera froid.

    Elle allait ressortir lorsqu’elle entendit un tir non loin, elle se cacha immédiatement bien que le tir n’eût pas été fait dans sa direction. Elle vit deux soldats Résistants qui venaient de tourner dans la rue où elle se trouvait, l’un d’eux semblait avoir tiré sur un animal errant, une sorte de gros rat noir que l’autre poussa du pied dans la rigole du trottoir. Les deux soldats continuèrent d’avancer, tout en discutant à voix basse, Émilie entendit leur conversation au fur et à mesure que les deux hommes approchèrent de l’appartement où elle était cachée. Elle écouta attentivement :
    « …C’est là qu’il a découvert le cadavre, il était bouffé par des rats.
    - Arg… Je ne préfère même pas imaginer l’odeur que ça devait avoir.
    -Bah Sylvain m’a dit qu’il a dû sortir pour vomir… M’enfin, ça reste une victoire pour nous.
    -Les Vautours ne cessent de perdre du terrain, c’est plutôt une bonne chose
    -C’est sûr, en revanche, je ne sais pas si t’as entendu parler des Survivalistes ?
    -Survivalistes ? Non, ça ne me dit rien…
    -Apparemment ce sont des sortes de psychopathes, ils cherchent à tuer absolument tout le monde sans savoir de quel clan sont leurs victimes, des décérébrés qui veulent anéantir la population humaine la jugeant mauvaise.
    -Des sortes de hippies hardcore ?
    -Plaisantes pas, ils sont de plus en plus nombreux, il paraît, même que certains d’entre eux sont bien armés. Comme si on n’avait pas assez d’ennemis avec les Vautours… »
    Émilie partagea cette pensée funeste, si une nouvelle armée tout aussi dangereuse que les vautours, voir plus, avait fait son apparition, ce n’était pas une bonne nouvelle. Elle écouta la conversation plus attentivement lorsqu’elle entendit :
    « T’as su ce qui s’était passé d’ailleurs au centre d’accueil ?
    -L’ancien hôpital ?
    -Ouais…
    -Je sais qu’il y a eu du mouvement par là mais sans plus.
    -Il y a eu un enlèvement.
    -Tu déconnes !
    -Nan, je te jure ! Une jeune fille qui aurait apparemment kidnappé un jeune garçon de ce que j’ai entendu. Il y a une récompense pour celui qui les ramènera là-bas. La jeune fille est brune, cheveux courts et yeux vert et le garçon blond aux yeux bleus.
    -Mais ils sont sûrs que c’est un enlèvement ?
    -La mère du garçon a dit que la jeune fille passait beaucoup de temps avec son fils et que leur relation était très étrange.
    -Et la fille n’avait pas de famille là-bas ?
    -Si, une jeune mère, qui est sa sœur, et son mari qui s’est engagé récemment. La mère est placée sous surveillance au cas où elle serait contactée par sa sœur.
    -Eh ben… Probablement une histoire de jalousie, ça encore…
    -En tout cas si on la voit, on n’hésite pas à la ramener !
    -C’est clair, surtout que ça me ferait du bien, en ce moment je supporte plus de… »
    Émilie n’écouta pas le reste de la conversation.

    Elle était sous le choc, on pensait qu’elle était la ravisseuse de Daniel et elle était recherchée. Elle s’assit à terre et observa le sol, perdue dans ses pensées après ce qu’elle venait d’entendre. Sa sœur était placée sous surveillance, elle ne préféra même pas imaginer comment cette dernière était traitée désormais. Tout cela par sa faute, à cause de sa décision stupide, de son geste égoïste, Émilie s’en voulait. En colère contre elle-même, elle craqua et se mit à pleurer, elle n’avait jamais voulu cela, mais il était trop tard. Elle se demanda s’il n’était pas mieux qu’elle aille se rendre afin d’expliquer toute l’histoire et libérer sa sœur de son fardeau, mais elle se doutait bien qu’on ne la croirait pas et qu’elle subirait des représailles. Elle essuya ses larmes, il fallait qu’elle tienne le choc, elle devait au moins ça à sa sœur, hors de question de baisser les bras. La guerre se faisait maintenant entre trois armées, une triade infernale et dangereuse qui menait un combat sans fin, Émilie, elle, se retrouvait désormais seule, au centre du triangle mortel.

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  • Chapitre IV

     

    « Mais ils se trompent ! »
    Daniel s’offusqua de ce qu’Émilie venait de lui dire. Juste après être revenu dans leur cachette, Émilie lui avait expliqué que les Résistants pensaient qu’elle avait enlevé le jeune garçon. Ce dernier sembla réfléchir et proposa :
    « Si l’on allait les voir à deux, on pourrait leur expliquer la situation et ils sauront que tu ne m’as pas enlevé. 
    -Non… Soit ils ne nous prennent pas au sérieux et pensent que je t’ai forcé à inventer cette histoire et m’arrêtent voir pire, soit ils nous prennent au sérieux et sauront alors que l’on s’est enfui du centre d’accueil bien qu’on n’en ait pas le droit. »
    Émilie s’assise devant le petit feu et observa la danse des flammes, elle était perdue dans ses pensées néanmoins exprima à haute voix :
    « Quoi qu’il en soit, désormais il faudra se cacher d’eux, ce qui ne va pas arranger notre situation… »

    La jeune fille resta assise, elle tentait de ne pas réfléchir en observant la fumée qui vacillait en tous sens, le jeune garçon dit alors :
    « Il faudrait que tu te déguises ! »
    La jeune fille l’observa incrédule, elle rétorqua :
    « Tu crois vraiment qu’avoir un costume loufoque m’aiderait à passer plus discrètement si des Résistants me vois ?
    -Non pas déguisé comme cela, mais avec une perruque ! »
    Émilie y pensa quelques secondes, effectivement cela n’était pas une mauvaise idée, mais une perruque pouvait facilement se voir ou s’enlever. Elle finit par conclure :
    « Non, c’est vrai que cela pourrait être utile, mais je préfère continuer de me cacher lors de mes trajets, c’est la chose la plus prudente à faire. Bon, on va manger… »
    Émilie prit la mouette que Daniel avait chassée en son absence et alla la préparer pour la faire cuire. Elle mangea très peu et très rapidement, elle n’avait pas d’appétit. Le jeune garçon lui demanda alors :
    « Que penses-tu faire cette après-midi ? »
    La jeune fille qui n’avait pas envie de ressortir aujourd’hui répondit :
    « Rien, je vais tenter de me reposer, je pense plutôt ressortir cette nuit, dans l’obscurité, on est moins visible. »

    Comme prévu, la jeune fille dormit durant l’après-midi, elle fit un rêve étrange où elle était attachée sur une chaise tandis que trois hommes la frapper, elle voyait Daniel à travers une vitre qui semblait pleurer et hurler. Elle se détachait d’un coup de la chaise avant de poignarder les trois hommes dans le cœur, puis elle brisa la vitre et prit Daniel dans ses bras afin de le rassurer. Ce rêve la fit réveiller en sursaut, elle observa autour d’elle, le jeune garçon dormait paisiblement à ses côtés. Lorsqu’elle s’aperçut que la nuit était déjà tombée, elle comprit qu’elle avait dormi plus longtemps que d’habitude bien qu’elle ne se fût pas sentie fatiguée. Pour sa sortie nocturne, elle n’avait pas prévu d’aller bien loin, il restait encore des restaurants sur le bord de la plage qu’elle n’avait pas fouillé, bien qu’elle eût peu d’espoir d’y trouver quoi que ce soit, elle n’avait rien à perdre d’y jeter un coup d’œil.
    Il faisait très froid cette nuit-là, le vent soufflait fort mais par chance, il ne pleuvait pas. La mer était éclairée par un magnifique ciel étoilé et une pleine lune qui brillait intensément dans le ciel. La jeune fille marcha le long de la plage avant d’entrer dans un restaurant italien, elle trouvait cela étrange pour un tel restaurant d’être placé sur la plage, mais elle se dit qu’une pizza face au coucher de soleil que pouvait offrir la vue devait être assez romantique. Par chance, elle y trouva une lampe torche, bien que celle-ci ne fonctionnât pas, elle décida de la prendre, se disant que c’était peut-être dû aux piles. Elle sortit du bâtiment et chercha à entrer dans celui d’à côté, la porte était ouverte, une fois à l’intérieur, elle entendit des bruits de pas à l’étage de l’établissement. Par prudence, la jeune fille sortit le poignard qu’elle avait pris avec elle et s’avança le plus silencieusement possible jusqu’à l’escalier. Elle grimpa sur la première marche, mais celle-ci grinça, les pas arrivèrent alors jusqu’à elle. En haut des marches se tenait un jeune homme d’une quinzaine d’années, celui-ci tenait dans ses mains un grand bâton en bois qu’il tendait comme une arme, il ordonna :
    « Laisses-moi tranquille et vas-t’en ! »
    Émilie n’obéit pas, elle n’était nullement effrayée et demanda :
    « Qui es-tu ? Que fais-tu là ? »
    Le garçon répondit légèrement angoissé en observant le poignard que tenait la jeune fille dans sa main :
    « Et toi qu’est-ce que tu me veux ? 
    -Je ne te veux rien maintenant dis-moi qui tu es !
    -C’est ça, j’te crois pas ! »

    Il descendit rapidement l’escalier et tenta de frapper Émilie avec son bâton, cette dernière avait eu le réflexe de s’écarter pour l’éviter.  Elle recula rapidement près des tables et chaises du restaurant, le jeune homme couru vers elle et tenta de la frapper de nouveau, elle se jeta à terre afin d’éviter le coup. Alors qu’elle était à terre, le garçon s’apprêtait à frapper de nouveau, la jeune fille poussa l’une des chaises avec son pied, la chaise tomba vers son agresseur qui se la prit entre les jambes et tomba. Le jeune homme avait lâché son arme de fortune dans sa chute, Émilie se releva rapidement et s’agenouilla sur le jeune homme pour bloquer ses mouvements de bras, consciente que ce dernier voulait juste se défendre, elle ne le tua pas, mais décida de l’effrayer. Elle tendit son poignard sous la gorge du jeune homme et dit d’un ton très ferme :
    « Maintenant, tu vas te calmer et me dire qui tu es, pas de mouvement brusque ou tu vas sentir la pointe de mon poignard. »
    Le jeune cessa de bouger comprenant que la jeune fille ne plaisantait pas, il mit quelques secondes à répondre :
    « Je m’appelle Tom
    -C’est un début…Résistant ou Relanceur ?
    -Aucun des deux, tu peux me faire conf..
    -Survivaliste ?
    -Alors là surtout pas ! Ces bâtards ont tué ma mère… »
    Émilie se sentit mal pour le jeune homme et répondit tristement :
    « Désolé… »
    Elle se releva, laissant le jeune homme se relever, il ne semblait pas dangereux néanmoins, elle lui indiqua :
    « N’essaye pas de m’attaquer maintenant, cette fois-ci j’aurai aucune raison de te laisser en vie. 
    -J’en avais pas l’attention. »
    Émilie se força de le cacher, mais elle fut soulagée d’avoir réussi à dominer sa peur et à se montrer de manière dominante, ses entraînements sur Daniel n’avaient pas servi à rien. Malgré la présence du jeune homme, elle commença à fouiller les lieux bien qu’elle ne fût pas fort concentrée dans sa tâche. Le jeune homme se tenait debout derrière elle à l’observer, il demanda alors :
    « Et toi…tu fais partie de quel groupe ? »
    Émilie se retourna, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas pris le temps d’observer le dénommer Tom, il avait des cheveux noirs, très court, aplati sur son crâne et des yeux bleus, du moins c’est ce qu’elle aperçut dans l’obscurité.  Tout en reprenant ses fouilles, elle répondit :
    « Comme toi, je suis seule et je ne fais partie d’aucun groupe. »
    Il se passa quelques secondes de silence avant que le jeune homme ajoutât :
    « Oui, sauf que visiblement, tu te débrouilles mieux que moi. 
    -Comment ça ? »
    De nouveau elle s’était retournée pour faire face au jeune homme, celui-ci s’expliqua :
    « Ben… t’as une véritable arme et il semblerait que tu saches te défendre.
    -Tu dis ça parce que je suis une fille et toi un garçon ?
    -Non, non du tout, je dis ça parce que tu as réussi à me mettre à terre très rapidement. 
    -Mouais… »
    Il questionna de nouveau la jeune fille :
    « Dis, je sais que de nos jours ça n’as plus trop d’importance mais…tu a quel âge ? »
    La jeune fille dû réfléchir quelques secondes avant de pouvoir répondre, cela faisait longtemps qu’elle n’y avait plus pensé, néanmoins elle indiqua :
    « J’ai…onze ans…et toi ?
    -Quatorze. »

    Émilie s’arrêta de fouiller estimant qu’il n’y aura rien, toute cette histoire l’avait épuisé et elle avait envie de rentrer. Seulement, elle ne savait pas comment agir, elle hésita entre laisser le jeune homme se débrouiller seul ou prendre le risque de l’inviter à les rejoindre elle et Daniel. Elle n’avait pas totalement confiance en ce Tom bien qu’il semblât honnête et pas d’une grande menace. Elle commença à partir, laissant le jeune homme seul quand celui-ci la rattrapa par la main :
    « Attends…où vas-tu ? »
    La jeune fille l’observa dans les yeux et répondit d’un ton sec :
    « Je ne suis pas sûr que ça te regarde…
    -Non, c’est vrai…mais peut-être que l’on pourrait s’entraider ?
    -Est-ce que j’ai l’air d’avoir besoin d’aide ?
    -Non, effectivement… »
    Elle se libéra de la prise du jeune homme et reprit sa route, celui-ci ajouta alors d’une façon assez triste :
    « Mais moi j’en ai besoin… »
    Émilie s’arrêta de marcher, elle soupira un grand coup, elle pensa qu’elle allait sûrement finir par regretter ce qu’elle s’apprêtait à dire et à faire, mais elle annonça :
    « Bon d’accord, tu peux me suivre, mais évite d’être un boulet sinon tu pourras repartir.
    -Merci…j’essayerai de me rendre utile du mieux que je peux. »

    Désormais accompagnée du jeune homme, Émilie continua sa marche sous les rayons de lune, la pluie commençait à tomber ce qui l’obligea à accélérer le pas, ce que Tom du faire également. Finalement, ils arrivèrent tous deux jusqu’au tunnel de l’égout, Daniel dormait encore profondément, en voyant le jeune garçonnet, Tom signala :
    « Je croyais que tu étais seule et ne faisais pas partie d’un groupe…
    -Je ne pense pas qu’être accompagné d’un petit garçon fasse que je suis d’un groupe, il s’est imposé et donc je le protège…ça s’arrête là.
    -D’accord, je disais cela pour plaisanter, pas pour te mettre en colère.
    -Désolé mais je suis fatiguée et donc pas d’humeur à plaisanter…saches que j’ai le sommeil léger, donc si jamais, je sens que t’essaye quoi que ce soit, je te tranche la gorge, on est d’accord ? 
    -Ne t’inquiètes pas, je compte dormir également. »
    Effectivement, le jeune homme s’allongea au sol, Émilie lui lança des vieux bouts de tissu afin qu’il s’en serve d’oreiller et de couette comme elle et Daniel le faisaient. Il la remercia et s’allongea de plus belle, Émilie se méfia et attendit qu’il s’endorme afin de pouvoir dormir à son tour.

    Le lendemain, bien que sa nuit fût courte, Émilie se réveilla de bonne heure. Elle alluma rapidement le feu, car elle avait fort froid, elle prit les quelques bouts de bois que Daniel avait été cherché en son absence et les déposa sur les flammes qui se formaient doucement. Elle s’assise face au feu afin de se réchauffer, au-dehors la pluie tombait avec rage et le vent semblait également agité. La jeune fille observa le jeune Daniel dormir, elle fut surprise quand elle vit Tom, pendant quelques secondes elle avait oublié sa présence. Le soleil se levait tout doucement à l’horizon, cela ne réchauffa pas l’ambiance pour autant. Une fois un peu plus réchauffée, Émilie se leva et marcha jusqu’à l’entrée du tunnel, elle observa la mer comme à son habitude. Les vagues semblaient bataillées entre elles, et finissaient toutes par claquer avec force sur le sable humide, Émilie resta là à observer le spectacle qu’organiser dame nature. Après un long silence, le cri de Daniel se fit entendre, ce dernier accourra jusqu’à la jeune fille et lui signala :
    « Émilie, il y a un garçon qui dort là-bas. 
    -Je sais Daniel… »
    Émilie lui raconta alors toute l’histoire, le jeune garçonnet écouta sans l’interrompre, une fois que celle-ci eut terminé, il demanda :
    « Pourquoi tu lui fais confiance s’il t’a attaqué ?
    -Il a juste voulu se défendre croyant que j’allais le tuer, j’aurais sans doute agi de la même façon à sa place. »
    Daniel ne semblait pas convaincu, Émilie lui proposa :
    « Vu que tu sembles t’en méfier, je te mets en charge de le surveiller, s’il se comporte mal, tu auras le droit de lui mettre un coup de poings dans le ventre, d’accord ?
    -Hum…ouais d’accord.
    -Bien…commence à le surveiller dès maintenant, je vais nous chasser une mouette, il y en plusieurs déjà. »
    La jeune fille récupéra le petit harpon et son poignard tandis que Daniel se posta devant Tom qui dormait encore. Rapidement Émilie réussit à assommer une mouette, elle retourna auprès du feu une fois l’animal prêt à cuire. Elle s’approcha de Daniel et demanda :
    « Quel votre rapport Chef surveillant ?
    -Il continue de dormir. 
    -On va le réveiller. »
    Émilie secoua l’épaule du jeune homme afin qu’il se réveille, une fois qu’il eut les yeux ouverts, il déclara joyeusement :
    « Bonjour.
    -Lèves-toi, on va pouvoir manger. »
    Il se leva et aperçut Daniel qui l’observa, il lui tendit la main :
    « Salut, moi c’est Tom, ravi de faire ta connaissance. »
    Daniel ne répondit pas et ne serra pas la main du jeune homme, Émilie déclara :
    « Lui c’est Daniel, il faut l’excuser, il est fort timide.
    -Je ne suis pas timide !
    -Pourquoi ne dis-tu pas bonjour alors ? »
    Contrarié, Daniel serra la main de Tom bien qu’il semblait ne pas en avoir spécialement envie. Émilie était occupée de faire griller la viande au-dessus du feu lorsque Tom lui demanda :
    « Qu’as-tu prévu de manger ?
    -De la mouette, comme tous les jours… On trouve que cela comme nourriture, si l’on avait la chance d’être en campagne, on pourrait trouver des légumes, mais on n’y est pas.
    -D’accord… Des légumes, tu dis ?  Je sais où en trouver. »
    Émilie observa le jeune homme qui souriait, visiblement ravi de pouvoir être utile, la jeune fille questionna d’un ton sec :
    « Vraiment ? Ce n’est pas un piège ? »
    Le jeune homme répliqua :
    « Si tu ne fais pas confiance, il ne fallait pas accepter que je te suive…
    -Désolé d’être méfiante mais c’est grâce à ça que je suis en vie. Il me faudra du temps avant que je ne puisse pleinement te faire confiance.
    -D’accord… Pour les légumes, il y a un petit potager, sous une serre, dans lequel poussent des pommes de terre et des oignons. Ce potager se trouve derrière un magasin primeur, quelques rues au-dessus du restaurant dans lequel nous étions hier. Tu n’auras qu’à y aller par toi-même, comme cela, tu verras que je ne te tends aucun piège. 
    -D’accord…j’irai voir ça, je te remercie, désolé d’être aussi méfiante. »

    Émilie savait qu’elle venait de mettre le jeune homme de mauvaise humeur, elle aurait aimé se dire qu’elle ne s’en soucier pas, mais en vérité cela la blessa un peu. Le trio mangea sans parler, laissant le sifflement du vent accompagné leur déjeuner.
    Dans le début de l’après-midi, la pluie cessa de tomber et le vent se calma légèrement, Émilie se munit de son poignard et d’un sac à dos, prête à aller vérifier la présence du potager dont lui avait parlé Tom. Avant de partir, elle demanda à Daniel de récolter du bois pour le feu, Tom se proposa pour aider le jeune garçon qui refusa, Émilie le prit alors à part pour lui parler. Une fois suffisamment éloigné, la jeune fille s’accroupit à la hauteur du garçon en le tenant par les épaules et lui indiqua :
    « Écoutes… je sais que tu n’apprécies pas beaucoup Tom et que tu ne lui fais pas confiance, mais il faut que tu le laisses t’aider.
    -Mais…pourquoi ?
    -Parce qu’il sera présent avec nous désormais, donc, il serait mieux que vous apprenez à faire connaissance l’un de l’autre. De plus il faut qu’il t’accompagne si tu dois le surveiller.
    -Oui, c’est vrai…bon…d’accord. »
    Daniel se retourna vers Tom et déclara avec le sourire :
    « C’est bon Tom, j’accepte que tu viennes m’aider.
    -Ah, j’en suis ravi.
    -Mais attention ne va pas croire que cela fait de nous des amis.
    -Je ne me permettrais pas, un tel titre, ça se mérite.
    -Tout à fait ! »

    Émilie ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, Tom semblait déjà de meilleure humeur et Daniel aussi. Elle les laissa tous deux et commença à marcher en direction du restaurant dans lequel elle s’était retrouvée la veille. Après de longues minutes de marche à affronter la brise froide du vent, elle entra de nouveau dans la salle poussiéreuse du bâtiment. Elle vit à terre le bâton que Tom avait utilisé comme arme de fortune, elle n’osa imaginer ce qui se serait passé si ce dernier avait eu une arme à feu dans les mains à ce moment-là. Elle traversa la pièce et jeta un coup d’œil dans la rue à travers les vitres sales, il n’y avait personne à l’horizon. Elle sortit alors du bâtiment et traversa la rue, et passa dans la ruelle entres les deux immeubles d’appartement qui se trouvaient en face. Elle traversa ainsi trois rues, le plus prudemment et discrètement possible, avant d’apercevoir le magasin primeur.
    Elle décida de fouiller ce dernier, cela se fit rapidement vu que l’endroit avait été vidé, elle ne trouva donc rien d’intéressant.  Néanmoins, elle vit une affiche qui l’intéressa, celle-ci parlait d’un grand espace avec des parcelles de terre à louer disponible à vingt minutes de la sortie de la ville. Émilie se dit que cela pouvait être intéressant, si c’était sans danger, de tenter de faire pousser des légumes là-bas. Elle prit donc l’affiche avec elle avant de sortir à l’arrière de la boutique, c’était une petite cour entourée par des grands murs en parpaings, dans le coin se trouvait la serre dont les portes étaient légèrement entrouvertes.

    Un ingénieux système de tuyauteries permettait de recueillir l’eau de pluie afin de nourrir les plantes, de plus un système électrique solaire leurs donner la chaleur dont elles avaient besoin. Lorsqu’elle regarda à l’intérieur, la jeune fille vit effectivement des pommes de terre et des oignons, les légumes avaient poussé en tous sens dus au fait qu’ils n’avaient plus de soin. Émilie poussa la porte coulissante de la serre, elle eut du mal, car cette dernière était bloquée par la rouille mais, finalement, la porte céda. La jeune fille put ainsi remplir son sac de pommes de terre, elle ne prit quelques oignons bien qu’elle n’ait aucune idée de comment les cuisiner. Elle repartit avec son sac plein de légumes, quitta le magasin et fit le trajet en sens inverse. Elle prit son temps afin de guetter à chaque coin de rue s’il y avait la présence d’une quelconque personne pouvant lui nuire, par chance les rues étaient vides. Elle atteignit la plage sans aucune difficulté, le soleil était déjà bas dans le ciel et la lune faisait son apparition en avance.  La jeune fille finit par atteindre son chez-soi dans lequel elle retrouva les deux garçons assis qui discutaient entre eux. Lorsqu’il l’aperçut, Tom demanda :
    « Alors, tu as réussi à sortir de mon piège ? »
    Il avait dit cela avec le sourire, Émilie répondit :
    « Effectivement, tu n’avais pas menti, il y a bien un potager là-bas. 
    -Donc, je suis digne de confiance.
    -Disons simplement que, pour l’instant, tu gagnes des points. »
    Elle avait rétorqué avec le sourire également, appréciant de pouvoir taquiner le jeune homme. Elle posa les pommes de terre sur le sol et commença à en éplucher une avec son poignard lorsqu’elle remarqua :
    « Mais on n’a rien pour les cuire…Daniel, tu peux aller chercher une casserole dans l’un des restaurants s’il te plaît ? »
    Daniel s’était relevé, mais Tom posa sa main sur son épaule et se proposa d’y aller, il partit laissant le jeune garçon en compagnie d’Émilie. Cette dernière demanda à Daniel :
    « Ton après-midi s’est bien passé ?
    -Oui…Tom est assez sympa au final, il m’a dit qu’il avait des connaissances en menuse…menise…le truc avec le bois.
    -Ah…la Menuiserie.
    -Oui, c’est ça, il a expliqué que son père travaillait là-dedans et qu’il avait appris avec lui à tailler le bois. Il a dit que s’il en a l’occasion, il me montrera.
    -Ah c’est bien…en tout cas, je suis contente que vous vous entendiez bien. »
    Émilie avait épluché plusieurs pommes de terre, Tom revenu au bout d’une vingtaine de minutes, la jeune fille remarqua :
    « Tu en as mis du temps…
    -J’ai cherché de l’eau, c’est mieux pour cuire les pommes de terre.
    -Tu en as trouvé ? »
    Il montra une bouteille d’un litre en plastique vidé de moitié en déclarant :
    « C’est tout ce que j’ai pu trouver, toutes les arrivées d’eau ne marchent plus…
    -Ce n’est déjà pas mal…on va la faire bouillir, ça évite les maladies normalement qui peuvent s’y trouver. »

    Une fois que l’eau commença à bouillir, il ne restait plus grand-chose, Émilie y déposa des tranches de pommes de terre et les laissa cuire. Tom retourna chercher des assiettes et des couverts pendant la cuisson. Une fois les tranches de pommes de terre cuites, Émilie en donna à chacun quatre tranches et en mit rapidement à cuire d’autres bien qu’il restât peu d’eau. La jeune fille souffla et avala son morceau de pomme de terre, c’était fade, pourtant elle se régala. Cela faisait longtemps qu’elle en avait plus mangé, c’était comme un festin.  Les deux garçons se régalèrent aussi et le trio profita du repas en silence. Après un bon repas, Daniel leur souhaita bonne nuit et s’allongea afin de dormir, Émilie resta quelques instants à observer le ciel étoilé afin de digérer, Tom la rejoignit et s’assit à côté d’elle. Il attendit quelques secondes avant de troubler le silence en analysant :
    « Ce spectacle naturel nous ferait presque oublier l’enfer dans lequel on vit. »
    Émilie garda les yeux vers le ciel et ne répondit pas bien qu’elle approuve ce que le jeune homme disait, celui-ci ajouta :
    « Tu prends soin de Daniel, c’est noble de ta part, t’es comme une grande sœur pour lui… »
    Cette fois-ci Émilie observa le jeune garçon et répondit :
    « Je fais juste en sorte qu’il reste en vie, il n’y a rien de bien noble à cela…
    -Non c’est beaucoup plus que cela, t’as réellement l’air de prendre soin de lui, tu ne t’en rends peut-être pas compte tout simplement. »
    Elle observa de nouveau le ciel en réfléchissant, il est vrai qu’elle pensait au bien-être de Daniel mais de là à dire qu’elle le considéré comme son petit frère c’était faux. La jeune fille se releva, elle tourna le regard vers Tom et lui souhaita bonne nuit, ce dernier restant assis. Elle s’allongea et observa le jeune homme qui lui tournait le dos, peut-être était-il digne de confiance, elle n’en était pas encore sûre. Pour le moment, elle appréciait sa compagnie, avoir de l’aide supplémentaire de nos jours c’était toujours un magnifique miracle.
     

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  • Chapitre V



    Bien que la nuit qu’elle venait de passer eût été froide, Émilie se réveilla de bonne humeur le lendemain matin. Comme à son habitude, elle observa le temps. Une pluie fine tombait et le vent soufflait légèrement, le tout avec un ciel gris, mais clair. La jeune fille se leva et déposa rapidement la casserole dehors, avec de la chance, celle-ci se remplirait d’eau pour pouvoir cuire des pommes de terre au midi. Elle prit ensuite le sac à dos remplis de légumes, alla s’asseoir à la sortie et commença à éplucher les pommes de terre. 
    Elle sentit d’un coup une feuille de papier sous ses doigts et la retira, c’était l’affiche qui parlait des espaces verts à l’extérieur de la ville, elle l’avait totalement oublié. En observant l’affiche, elle se demanda si Tom connaissait l’endroit, elle lui demanderait une fois qu’il serait levé. Pour le moment, le jeune homme somnolait profondément, Émilie l’observa de loin, pendant un instant, elle avait eu envie de l’approcher sans raison, elle rejeta cette pensée avant de se remettre à éplucher les pommes de terre. Tom se leva peu de temps avant qu’elle eût fini, ce dernier s’approcha afin de lui dire bonjour, en lui faisant la bise, il déclara :
    « eh ben, tu te lèves tôt, t’es plus courageuse que moi.
    -Oh…je suis habitué comme ça.
    -Je ne parlais pas juste pour le sommeil, même en général, je te trouve plus courageuse que moi.
    -Oh…euh…merci. »
    Elle se sentit flattée de ce compliment bien qu’elle ne fût pas sûre de le mériter, Tom partit s’occuper du feu, Émilie décida de terminer d’éplucher ses légumes avant de lui parler des espaces verts. Elle lui montra l’affiche en lui demandant :
    « Tu sais où cela se trouve ? 
    -Étant donné que j’ai grandi ici, oui je connais cet endroit, mais c’est plutôt loin, c’est en dehors de la ville, il te faudrait presque un jour pour y aller à pied en faisant attention…
    -D’accord mais tu penses qu’il serait possible d’y rester ?
    -Y rester ? C'est-à-dire ?
    -Ben, aller vivre là-bas, si l’on pouvait vivre près d’un endroit où l’on pourrait planter des choses, ce serait l’idéal non ? »
    Tom semblait y réfléchir, après quelques secondes, il répondit :
    « Oui, il y a bien un vieil entrepôt à côté, où sont entreposés les outils, dans lequel on pourrait s’abriter, mais j’ai bien peur que quelqu’un l’ait déjà fait.
    -Quand tu dis quelqu’un, tu penses à…
    -Aux Survivalistes, c’est totalement le genre d’endroit qu’ils investiraient, je pense, vu que, comme tu l’as dit, ils peuvent y faire pousser leur nourriture donc ils sont tranquilles… »

    Émilie était quelque peu déçue, le raisonnement de Tom semblait logique, néanmoins son idée de regagner la campagne lui resta en tête. La jeune fille en avait marre de cet endroit même si cela s’améliorait, elle voulait absolument partir bien qu’avant de pouvoir le faire, elle aimerait être mieux préparée et armée. Le repas du midi se fit calmement,  la casserole s’était remplie d’assez d’eau pour faire cuire quelques pommes de terre, Émilie la remit directement dehors afin qu’elle se remplisse de nouveau pour le repas du soir. Elle passa une partie de son après-midi à dormir, ne sachant que faire d’autre, après sa longue sieste, elle alla s’asseoir et observait la mer, tandis que Tom discutait avec Daniel. Le temps passa avec lenteur, la jeune fille avait déjà épluché des pommes de terre pour la soirée, elle s’ennuyait. Tom se décida à s’approcher d’elle et lui demanda :
    « Ça va ? »
    La jeune fille fut surprise de cette question et demanda :
    « Euh…oui…pourquoi tu demandes ça ?
    -Tu restes toute seule dans ton coin, à avoir froid…
    -Je n’ai pas froid !
    -Alors pourquoi tu frissonnes ? »
    Effectivement, la jeune fille tremblait légèrement des bras, Tom semblait satisfait d’avoir remarqué ce détail, il lui demanda :
    « Pourquoi tu ne viens pas discuter avec nous près du feu ?
    - Bof…je n’aie pas grand-chose à dire.
    -Tu pourrais parler de toi et de ce que tu as vécu auparavant.
    -Mouais…ce n’est pas très intéressant tout ça…
    -Bien sûr que si ça l’est…tu sais plus de choses sur moi que j’en sais sur toi…
    -Ce n’est peut-être pas plus mal ainsi. »
    Tom se releva, il observa la jeune fille visiblement contrariée et répondit d’un ton amer :
    « La confiance ça marche dans les deux sens tu sais, si tu ne veux rien me dire sur toi, je ne vois pas pourquoi moi je te ferai confiance. »
    Il repartit en direction du feu, laissant la jeune fille de nouveau seule. Émilie s’en voulait, elle avait mal au cœur d’avoir agi si bêtement sans s’en rendre compte. Après tout, ce que voulait Tom c’était apprendre à la connaître, il n’y avait rien de mal à ça alors pourquoi avait-elle refusé, elle ne comprenait pas sa réaction.  Elle hésita à aller s’asseoir auprès du feu, elle jeta un regard vers celui-ci et les deux garçons, bien que Tom ne l’observât pas, elle aurait jurée avoir vu les yeux du jeune homme la fixer quelques secondes plus tôt. Finalement, elle n’y alla pas de suite, elle préféra attendre le soir afin de parler seul à seul avec Tom, une fois que Daniel sera couché, pour lui présenter des excuses.

    Le dîner se fit pratiquement sans un mot, Tom semblait éviter de regarder dans la direction de la jeune fille. Émilie réfléchissait déjà à ce qu’elle allait pouvoir dire pour s’excuser, elle ne savait pas pourquoi elle y attacher autant d’importance, un simple pardon pourrait sans doute suffire. Arriva le moment qu’elle redoutait tant depuis quelques heures, Daniel s’était endormi depuis une dizaine de minutes, Émilie était restée près du feu, mais cette fois-ci c’était Tom qui était au bord de la plage, sous le ciel étoilé, malgré le vent froid qui soufflait. La jeune fille alla le rejoindre et se posa à ses côtés, ce dernier ne fit aucun regard et ne dit aucun mot. Un peu stressée, la jeune fille commença :
    « Je…euh…je suis désolée pour cet après-midi, je n’aurais pas dû t’envoyer balader comme je l’ai fait, je ne pourrai pas trop expliquer ma réaction, j’ai juste été stupide, voilà tout. »
    Le jeune homme semblait avoir écouté mais ne répondit pas pour autant, Émilie réfléchissait à ce qu’elle pouvait dire d’autre pour se faire pardonner. Elle ajouta tout simplement :
    « Tu as m’as dit que tu as toujours vécu ici, moi je viens d’un village plus au sud de la région, à quasiment une heure de train, je crois, je ne pourrai pas vraiment situer. »
    Émilie attendit quelques secondes, le jeune homme garda le silence encore un peu avant d’annoncer :
    « Les reflets de la lune sur les vagues rendent le paysage magnifique ce soir. »
    Émilie ne sut pas trop quoi répondre, cela était totalement sans rapport, c’était peut-être une façon polie de lui dire de se taire. Pour toute explication, Tom observa la jeune fille et lui demanda :
    « Et donc, comment ça se passait dans ton village visiblement paumé ?
    -Eh ! Il n’était pas paumé ! »
    La jeune fille l’avait bousculé avec le sourire, ils passèrent une partie de la nuit à discuter l’un de l’autre, à plaisanter, ils avaient tellement froid que Tom avait fini par prendre l’une des couettes de fortunes qu’ils avaient récupérées et ils s’enroulèrent à deux dedans, serrés l’un contre l’autre. Ils finirent par retourner près du feu après une longue nuit de bavardage et se souhaitèrent une bonne nuit.

    Cette nuit-là, Émilie avait complètement oublié la présence de la guerre dans le monde, de la difficulté dans laquelle elle vivait, du danger qui la guettait. Cette nuit-là, elle se sentait juste heureuse et cela faisait un grand bien. Le lendemain matin, la jeune fille se leva beaucoup plus tard que d’habitude, mais ce ne fût pas plus mal, elle attaqua les pommes de terre alors qu’elle était à peine levée. Il ne pleuvait pas ce matin-là, mais la casserole semblait avoir été remplie d’eau durant la nuit. Tom se leva également, il alluma le feu avant de s’approcher d’Émilie, il lui fit la bise avant de s’asseoir à ses côtés. Le jeune homme observa quelques secondes la mer avant d’annoncer à la jeune fille :
    « Tu sais ton idée du vouloir aller aux espaces vert pour aller ramasser des légumes, bien que cela puisse être occupé, on peut toujours tenter d’y aller jeter un œil.
    -J’ai bien conscience que rester ici ne sera pas possible indéfiniment, mais pour autant nous ne sommes pas encore prêts à partir.
    -Pourquoi cela ?
    -Ben déjà  on ne sait pas trop où aller, on a bien l’idée d’où se trouvent les espaces verts, mais s’ils sont occupés alors où irions-nous…
    -Nous partirons vers l’inconnu jusqu’à trouver refuge tel des grands aventuriers.
    -Ahah, j’apprécie ton optimisme, mais je ne pense pas que ce soit une solution très sécurisée. De plus, la seconde chose qu’il nous manque c’est des armes à feu, enfin au moins une, car ce n’est pas avec mon poignard et le harpon que l’on pourrait affronter des personnes nous tirant dessus. 
    -À vrai dire, si c’est juste le temps de se déplacer, les Résistants acceptent d’escorter les survivants dans le besoin comme nous… »
    Émilie remarqua qu’elle n’avait pas expliqué à Tom que les Résistants l’a recherchée, ni pourquoi. Elle expliqua alors au jeune homme toute l’histoire, ce dernier conclu :
    « Je vois…donc, on peut oublier pour l’aide des Résistants… 
    -J’ai dit à Émilie qu’elle devait mettre une perruque pour éviter qu’on ne la reconnaisse ! »
    Daniel s’était invité dans leur conversation en les faisant sursauter, Émilie répliqua :
    « Je t’ai dit que ça ne servira à rien, Daniel, quand bien même on trouverait une perruque, ça se voit trop facilement. »
    Tom semblait réfléchir à voix haute :
    « Une perruque, ça se voit en effet…par contre si l’on te teintait les cheveux… »
    Émilie remarqua que le jeune homme l’observait avec un grand sourire, elle lui demanda :
    « Qu’est-ce qu’il y a ?
    -Dis-moi…Cela ne te dérange pas de devenir blonde ? »

    Après avoir mangé leurs pommes de terre, le petit groupe s’en alla guider par Tom qui savait où trouver un salon de coiffure. Émilie avait accepté de se teindre les cheveux, cela permettrait d’être moins reconnus par les Résistants et de pouvoir bénéficier de leur escorte. Ils arrivèrent dans le salon de coiffure, celui-ci se situait quelques rues au-dessus du magasin de pêche. Une fois arrivés, ils durent forcer la porte afin d’entrer. L’endroit était irréprochable sur la propreté, en dehors de la poussière, peu de chose avait été dérangée ou abimée, Émilie se dit qu’en même temps, ce n’était pas le genre d’endroit que l’on fouillait pour trouver de quoi vivre.

     Tom arriva rapidement près de la jeune fille avec plusieurs flacons de teinture, il lui demanda en les lisant :
    « Tu veux quelle couleur ? J’ai blond mielleux…brun caramel et euh…brun chocolat.
    -C’est quoi ces noms ? Ils voulaient qu’on les mange nos cheveux ceux qui ont inventé ça ? »
    Tom ne put s’empêcher de rire, il déclara :
    « Si tu veux, il y en a aussi une qui a le nom de roux cuivré.
    -Allez, optons pour l’aspect métallique !
    -Bien, vas t’asseoir, je vais m’occuper de te l’appliquer. »
    La jeune fille prise place sur l’un des fauteuils et pencha sa tête en arrière, ses cheveux étant désormais au-dessus d’un petit lavabo.  Lorsque Tom vit les instructions, il avoua :
    « Ouhla…ça m’as l’air plus compliqué que ce que je pensais. Daniel, tu peux me trouver une petite bassine ou quelque chose comme ça s’il te plaît… »
    Émilie angoissait un peu, elle n’avait jamais fait cela, de plus cela allait changer son apparence de manière radicale. Tom enfila des gants et mélangea les différents ingrédients dans la bassine que lui avait ramenée le jeune garçon. Une fois son mélange prêt, il indiqua à la jeune fille :
    « Je vais en mettre un peu derrière ton oreille, c’est conseillé afin de voir si t’as peau n’y serais pas allergique.
    -Euh…ok »
    Tom attendu quelques secondes avant de demander :
    « Est-ce que ça te pique, brûle ou gratte ?
    -Non c’est juste très froid, gluant et ça sent fort.
    -Hum... bon d’accord. Je vais peigner tes cheveux et je commencerais. »

    Cela prit un bon moment, Tom semblait s’appliquer ce qui rassura Émilie, lorsqu’il eût fini de passer le produit à travers les racines, il massa le tout et laissa reposer. Par chance l’une des horloges fonctionnait encore, il n’eut donc pas besoin de compter la quinzaine de minutes nécessaires. Suite à cela, il rinça les cheveux de la jeune fille, Émilie commençait à apprécier d’avoir quelqu’un aux petits soins de cette façon. Tom lui fit un shampooing avant de rincer de nouveau, le garçon dit alors :
    « Bien, il faut maintenant appliquer un soin, laisser agir et il n’y aura plus qu’à te coiffer.
    -Me coiffer, je pourrai le faire moi-même, je veux choisir ma propre coiffure
    -Pas de soucis. »
    Lorsque le produit de soins avait assez agi, la jeune fille se releva et put ainsi s’observer dans le miroir. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus vu son propre visage, ses cheveux avaient poussé jusqu’à ses épaules, elle mit un peu de temps à se reconnaître avec sa nouvelle couleur. Elle s’observa en détail avant de se coiffer, elle toucha ses cheveux afin de vérifier que c’était bien les siens, il lui faudrait du temps pour s’habituer à ce roux clair et brillant. Quelque peu ébahie par son reflet, elle bégaya :
    « Je… Je suis… 
    -Magnifique. »
    Tom avait conclu à sa place, la jeune fille rougit, ce n’est pas ce qu’elle s’apprêtait à dire, mais elle apprécia le compliment. La jeune fille opta pour une coiffure qui finissait en boucle au niveau des pointes, elle aimait bien cette coiffure, trouvant que cela lui allait bien. Elle demanda l’avis aux deux garçons, Daniel déclara avec le sourire :
    « Tu es très jolie »
    Tom souriait également, il baissa un peu les yeux lorsqu’il répondit :
    « Tu es splendide, ça te met parfaitement en valeur. »
    De nouveau la jeune fille se sentit un peu gênée, elle baissa les yeux lorsqu’elle le remercia. Après avoir pris quelques shampoings dans leurs sacs, le trio reprit la route vers leur cachette, le soleil commençait à se coucher, leur offrant un joli spectacle lorsqu’ils arrivèrent à la plage.  Ils mangèrent peu ce soir-là, la fatigue l’emportant sur la faim, Daniel alla rapidement se coucher, Émilie fit de même. Elle s’endormit en observant Tom assis près du feu qui agitait les quelques braises afin de l’éteindre rapidement.

    Le lendemain matin, Tom et Émilie discutèrent de nouveau de l’idée du jeune homme qui désirait toujours aller voir des Résistants pour leur servir d’escorte.  La jeune fille était toujours très inquiète à cette idée, elle indiqua au jeune homme :
    « Il y a toujours un risque qu’ils me reconnaissent, d’ailleurs ils peuvent reconnaître Daniel…
    -Pour Daniel, s’il pose des questions, je peux toujours dire que c’est mon petit frère. Et je pense que prendre le risque qu’ils te reconnaissent c’est toujours mieux que de prendre le risque d’y aller seul. De plus si l’on demande à une unité de patrouille, ils seront que deux, ce qui limitera les risques.
    - Mouais… je ne suis pas convaincue… »
    Elle avait repris l’épluchage des pommes de terre lorsque Tom posa sa main sur l’épaule de la jeune fille et la rassura :
    « Je comprends que tu as peur, mais tu l’as dit toi-même, on ne pourra pas rester ici indéfiniment, il faut prendre ce risque, je serai là pour assurer nos arrières si besoin. »
    La jeune fille soupira un grand coup avant de répondre :
    « Bon d’accord »
    Elle était toujours inquiète à l’idée de ce plan, mais Tom avait raison, il fallait essayer.

    Après un bref repas, Tom porta le sac à dos remplit du restant des légumes, du petit harpon et du poignard d’Émilie, Tom avait eu du mal à convaincre la jeune fille de mettre son arme dans le sac affirmant qu’il serait mieux de ne pas apparaître armé. Ils prirent route, la jeune fille se retourna pour observer le tunnel des égouts, c’était peut-être la dernière fois qu’elle le voyait. Même si cela n’était pas un endroit génial, elle sentait une petite pointe de nostalgie en songeant à cette idée d’adieu. Le trio avança à travers les rues prudemment, tous trois se dirigèrent là où Émilie avait vu une patrouille de Résistant la dernière fois. Ils y arrivèrent après un long moment de marche, ils se cachèrent alors dans l’appartement où s’était planquée Émilie auparavant, et attendirent. Cette attente fut longue, par chance il ne faisait pas trop frais malgré les légères gouttes qui tombait.

    Après ce qui parut comme une attente infinie aux yeux d’Émilie, une patrouille de Résistant arriva également du coin de la rue. Ce n’étaient pas les mêmes hommes que la dernière fois, il s’agissait cette fois-ci d’un homme au crâne dégarni ayant la quarantaine et d’un plus jeune avec des cheveux bruns rasés de près qui semblait s’approcher de la trentaine. Tom chuchota aux deux autres :
    « On fait comme on a dit, on sort les mains en l’air pour bien montrer que nous ne sommes pas armés et ensuite je parlerai, on est d’accord ? »
    Émilie et Daniel hochèrent la tête, Tom sortit le premier de l’appartement, suivi de Daniel et enfin Émilie. Les deux Résistants avaient levé leurs fusils en les voyant arrivés, Tom indiqua immédiatement :
    « Nous ne sommes pas armés »
    Les deux hommes baissèrent leur garde laissant le trio s’avancer. Une fois plus près d’eux, le plus jeune demanda d’une voix autoritaire :
    « Qu’est-ce que vous voulez ? »
    Tom baissa les bras et répondit légèrement stressé :
    « On a su que vous acceptiez d’escorter les gens au besoin et on aimerait vous demander ce service. Ce serait pour aller…là-bas »
    Tom avait sorti l’affiche des espaces verts de sa poche. Les deux hommes l’observèrent et ce fut au plus vieux de demander :
    « Et qu’est-ce que vous nous offrez en échange ? 
    -Pardon ? »
    Tom avait demandé cela avec étonnement, Émilie de son côté sentait que cela risquait de mal tourner, ils n’avaient pas prévu cela. Le plus jeune des deux hommes reprit la parole et expliqua avec le sourire :
    «On acceptera si la jolie demoiselle nous accorde un peu de son temps, ça fait longtemps que moi et mon collègue n’avons pas eu le plaisir d’avoir la compagnie d’une jeune et douce femme, qu’en dis-tu ma belle ?
    -Elle n’a que 11 ans ! »
    Tom s’offusqua de ce que venait de proposer l’homme, celui-ci le regarda noir avant d’ajouter :
    « De nos jours l’âge ne compte plus, une femme reste une femme, de plus ce n’est pas à toi que je m’adressais, alors ma jolie, ta décision ? »
    Émilie se sentait gênée, humiliée, insultée, elle n’arrivait pas à mettre de mot sur ce qu’elle ressentait, elle observa les deux hommes avec colère, ces derniers avaient resserré leurs mains sur leurs armes. Malgré tout, elle répondit d’une voix ferme :
    « Il en est hors de question ! »
    Le plus jeune des hommes répondit avec un ton mesquin :
    « Si tu préfères, je peux aller te dénoncer au centre d’accueil vu que je t’ai reconnu toi et le petit »
    Il pointa Daniel du doigt, Émilie commença à perdre son sang-froid, elle ignorait quoi faire, elle se sentit honteuse à l’idée de ce qu’elle s’apprêtait à dire, mais répondit en baissant les yeux :
    « Bon d’accord… J’accepte… »
    Tom hurla alors :
    « Quoi ! Non ! Attendez ! »
    Le jeune garçon s’approcha de la jeune fille, celle-ci avait les larmes aux yeux, il lui prit la tête entre les mains et lui chuchota :
    « Ne fais pas ça, on leur racontera tout, ne t’en fais pas, il ne t’arrivera rien, mais tu ne dois pas faire ça, ne le fais pas, je t’en supplie. 
    -Bien sûr que si, je suis obligé !  Si je refuse, ils ne nous laisseront pas tranquille, je le sens. Je ne veux pas me faire enfermer où tuer. T’as dit que tu couvrais nos arrières, moi aussi, je dois agir comme il le faut pour ma survie. »
    Émilie s’approcha des deux hommes, elle leva le regard vers eux juste assez pour ne pas devoir les observer dans les yeux, et supplia :
    « J’aimerais vous demander une faveur, ce sera ma première fois, alors je préférerais que vous le faîte chacun vôtre tour, pas à deux en même temps. »
    Le jeune homme ria de bon cœur et indiqua :
    « Ahahah, évidemment mon petit sucre c’est ce que j’avais prévu, je ne tiens pas à voir celui-là nu, déjà qu’avec des habits il m’écœure…
    -Ferme-là…
    -Bien, allons trouver un endroit où nous serons tranquilles »

    Les deux hommes avaient escorté le groupe jusqu’à une petite maison se trouvant dans une rue au milieu de différents commerces. Le jeune homme rentra avec Émilie laissant son fusil à l’entrée tandis que les deux garçons restèrent près de l’autre homme qui resta à surveiller les environs. Le jeune homme indiqua à Émilie :
    « Puisque l’on va partager un moment intime, je peux te dire mon prénom, je m’appelle Théo et le prénom d’une aussi jolie jeune fille est ?
    -Sophie »
    Émilie ne préféra pas dire son vrai prénom, par sécurité mais aussi par amour-propre, elle ne voulait pas que cet homme sache comment elle s’appelait. Le dénommé Théo la plaqua contre le mur avant de l’embrasser fougueusement, il lui tenait les bras pour éviter à la jeune fille de trop bouger, celle-ci se laissa faire, mais des larmes coulèrent sur ses joues. La jeune fille regretta d’en être arrivé là, elle sentait la langue de l’homme tourner autour de la sienne, elle avait un sentiment de dégoût. Il l’emmena jusque dans une chambre à l’étage en la tenant par le bras. Il lui ordonna :
    « Vas-y allonge toi sur le lit. »
    La jeune fille obéie, elle préféra ne pas le contrarier, l’homme s’était déjà déshabillé, il se positionna à genoux sur le lit, au-dessus d’Émilie. Il lui proposa :
    « Touche là, tu vas voir comme elle est chaude, ce sera la première et sûrement la dernière fois que tu en toucheras une si grande. »
    Émilie ne voulait pas, elle détournait le regard depuis le début, l’homme lui saisit la main et la força à toucher. La jeune fille ferma les yeux, pleurant de plus belle, elle essaya de ne pas prêter attention à ce qui se trouvait dans sa main. L’homme continua et indiqua :
    « Aller, enlevons ton t-shirt. »
    La jeune fille se laissa faire, priant pour que cela se termine au plus vite. Sa poitrine était désormais visible par l’homme qui commenta :
    « Pas de soutien-gorge hein…je savais que tu étais une coquine refoulée. »
    Il tâta la poitrine de la jeune fille de ses mains avant d’y approcher sa bouche et de la mordre. Émilie du se mordre la lèvre pour s’empêcher de crier, elle n’en pouvait plus de ce supplice, elle aurait préféré mourir. Bien que ces yeux étaient remplis de larmes, elle aperçut une pointe métallique au-dessus de l’homme, celle-ci s’abattit violemment sur son crâne, faisant jaillir du sang.

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  • Marvel Cinematic Universe : Phase 1

     

    Avant-Propos :  Tout d’abord, je tiens à indiquer plusieurs choses, la première est que je ne connais pas les héros Marvel de base, à part Spider-Man et encore ce n’est qu’une connaissance basique. La seconde est que j’ai vu les films dans l’ordre en quasiment une semaine, donc, je les enchaîner ce qui m’a permis de peut-être mieux les appréciés. Je vais parler des films dans l’ordre que je les ai vus. Je vais donc parler des films un à un avant de faire un bilan général.

     

    IRON-MAN


    Scénario : L’histoire est celle de Tony Stark, un riche homme d’affaires et inventeur brillant donc la principale activité est de construire des armes ultras perfectionnées et de les vendre à prix d’or (précisons cependant que l’entreprise Stark est un héritage de son père). Lors d’une démonstration en Afghanistan du fabuleux missile Jéricho (Je ne suis pas pour les armes mais il faut avouer que cette scène est bien classe), son convoi se fait attaquer par des terroristes et Tony se fait enlever.  Et là FLASHBACK, qui nous sert à montrer comment est Tony dans la vie de tous les jours, à savoir un séducteur, imbu de sa personne et prêt à se faire du fric peu importe les conséquences, il s’en bat les steaks. On y découvre aussi le personnage de Rody (et mastico* lol) , un pote de Tony qui est dans l’armée, de Pepper, la principale assistante de Tony (qui fait tout à sa place en vérité) et de Stane, le cofondateur de Stark Industrie. Retour au présent, Tony est dans une caverne avec un scientifique du nom d’Yinsen, qui l’a maintenu en vie grâce à une batterie de voiture (la vraie explication est plus compliquée mais en gros, c’est ça). Les Terroristes veulent que Stark construise le fameux Jéricho sachant qu’ils lui fourniront tout le matériel nécessaire, il dit « ok » vu qu’il a un plan et de là il va construire une armure de ouf guedin (comme dirait Maxime Robinet). Et c’est ainsi que naît Iron-Man. (Oui je m’arrête là, je ne vais pas raconter tout le film non plus)

    *Je sais que cela s’écrit Rhodes mais cela se prononce « Rody » donc j’en profite pour faire un jeu de mots sur la saga Rody et Mastico présenter par Benzaie.

    Les points Forts :
    - Les phases de Test de l’armure 2.0 : C’est con, mais je trouve que ça rajoute du réalisme (réalisme dans un film de super-héros, oui bien sûr) à l’histoire. C’est intéressant de voir un gars subir plusieurs échecs, de plus cela donne un indice sur la solution finale pour le combat… final, bah ouais.
    - Pepper Potts : Elle ne se contente pas d’être un simple Mary-Jane qu’est là pour être la demoiselle en détresse à la fin du film, non elle aide Tony en investiguant sur ce qui se trame, et ça c’est cool de voir un personnage féminin qui fait partie de l’action.
    -Stratégie Habileté Inter….Bref, le SHIELD : Je savais d’avance que le SHIELD est un point central de la phase 1 du MCU, du coup comprendre qu’ils sont présents dès le début du premier film tout en étant un peu cachés, ça fait plaisir

    Les Points Faibles :
    -Le Bad Guy : Ce qui est dommage quand le héros à une bonne personnalité, c’est que le méchant n’en a pas et là c’est le cas. En gros, le méchant est méchant et il en veut à Tony… Cela en fait un ennemi, certes, mais pas un personnage.
    -La mort des Terroristes : Pour ce qui est de la 1ére confrontation, le fait qu’il y ait des morts, je veux bien le comprendre, Tony cherche à s’enfuir par tous les moyens et son armure n’est pas optimale. Par contre, lors de la 2nde confrontation, il est avec son armure 2.0, l’expert en armes ne va pas me faire croire qu’il ne peut pas faire des armes non mortelles, surtout après son discours sur le fait que les armes ce n’est pas bien car ça fait des morts… c’est insensé.

    Bilan : Le film est bien sympa, avec de bons personnages principaux pour la majorité et un rythme fort sympathique. De plus il y a un bon humour, et de bonnes scènes tape à l’œil. Certains dialogues sont très bons, humains et attendrissants par moments. Gros défaut pour le vilain, mais pour le 1er film de la MCU, Iron-Man s’en sort plutôt bien, donc, la suite devrait mieux se passer.

     

    L’INCROYABLE HULK

     

    Scénario :  Bruce Banner est un scientifique, qui, après une mauvaise expérience (dans tous les sens du terme) avec des rayons gamma, à développer la capacité (ou plutôt le fléau de son point de vue) de se transformer en une créature ultra puissante et résistante et l’armée Américaine, bien-pensante qu’elle est, cherche à récupérer Banner afin d’en faire un super-soldat et autant dire que Bruce n’est pas de cet avis. Seulement l’armée à décider d’utiliser des armes surpuissantes signés Stark Industrie ainsi qu’un soldat hyper qualifié nommé Emile Blonsky afin de l’arrêter, mais aussi bon soit-il à tuer des chiens (ce qu’il fait vraiment afin de bien montrer qu’il est cruel et déterminé, ouh le pas gentil !) il bénéficiera d’une aide de type dopage, vu que grâce à un sérum, il deviendra plus puissant sauf que comme tout dopage, l’abus n’est pas sans conséquence. Durant ce temps, Banner tente désespérément de trouver un remède à son fléau avec l’aide d’un autre scientifique, c’est donc une double course à la montre, Banner s’approchant de son remède tandis que l’armée s’approche de Banner.

    Les points Forts

    -La 1ére Course-poursuite : Celle-ci se déroule dans les rues brésiliennes, lorsque l’armée Américaine retrouve Banner et cherche à l’arrêter. S’engage alors une course-poursuite avec un Bruce Banner encore humain, je trouve ça super qu’on nous montre un scientifique en héros avant même sa transformation capable d’échapper à l’armée dont même l’expert Blonsky.

    -Hulk est vu comme une maladie : Je trouve cette idée intéressante, le fait que la surpuissance incontrôlée est un véritable problème et le coup de la vitesse des battements de cœur qui doivent être contrôlés rajoute une tension bien sympa qui fait que l’on craint légèrement ce qu’il risque de se passer si le Hulk se réveille.

    -Blonsky, la détermination incarnée : Déjà, c’est un Bad Guy très Charismatique (En même temps Tim Roth <3 ) mais ce qui m’a plu chez lui en dehors de ça, c’est que son but est assez honorable, car il cherche à arrêter le Hulk (qui rappelons-le est une créature ultra puissante et incontrôlable donc dangereuse) et surtout il est déterminé à l’arrêter quitte à y mettre sa santé (physique comme mental) et malheureusement, il y sacrifiera aussi sa raison…

    Les points Faibles

    -Je fais super gaffe… sauf quand je suis avec ma copine : On nous explique au début que cela fait des années que l’armée a perdu la trace de Banner, le mec est insaisissable tellement il est prudent, un expert dans l’art de disparaître du monde… sauf que quand il est avec Betty, son amoureuse, il se fait choper en quelques jours, m’enfin…

    -Par le pouvoir de l’amour bien sûr ! : Hulk est super dangereux, incontrôlable, d’ailleurs même l’armée n’arrive pas à le stopper tellement, il est immaîtrisable… Par contre, Betty, elle s’approche en lui faisant les yeux doux et c’est bon, il est tout ronron. C’est beaucoup trop « magique » à mon goût quand même…

    Bilan : Un film fort sympathique, avec des améliorations par rapport à Iron-Man, l’histoire est plutôt intéressante et les séquences d’action sont sublimes. L’ambiance est plus pesante qu’Iron-Man mais ça colle parfaitement avec ce côté « malédiction » qui est donné au Hulk. Ce que j’apprécie aussi c’est que dans la majeure partie du film, le Hulk n’est pas montré comme un héros, bien au contraire, il est clairement désigné comme dangereux, là où Blonsky semble être le véritable héros cherchant à arrêter le monstre. Autant dire que le final qui inverse ces deux rôles est fort bien géré, bref c’est du bon, faut que ça continue !

     

    IRON-MAN 2

     

    Scénario : Le monde sait désormais que Tony Stark est Iron-Man, cette information va jusqu’en Russie où se trouve Ivan Vanko, fils de l’ancien partenaire d’Howard Stark, le père de Tony et d’Ivan en veut à Tony de son succès qu’il considère voler à son père. Il crée alors deux grands fouets électriques avec la technologie ARC, la même qui maintient Tony en vie. Après un premier affrontement raté, Ivan finit par s’associer à Justin Hammer, un entrepreneur d’arme grand concurrent de Stark Industrie, afin d’améliorer ses fouets électriques. Malheureusement pour Tony, Ivan n’est pas son principal problème, car il est doucement mais sûrement en train de mourir à cause de la technologie ARC et aucune solution ne semble possible pour le sauver…

     

    Les points Forts :

    -Un super-héros qui va mourir : J’ai vraiment adoré cette idée, d’autant plus que le héros se sent impuissant face à cela pendant une bonne partie du film, il va mourir et il ne peut rien faire pour empêcher cela. De plus, cette fatalité est très ironique comme le dit JARVIS avec cette réplique classe « L’appareil qui vous maintiens en vie est en train de vous tuer. ». Donc dans tout les cas, c’est la fin et même si on n’y croit pas sérieusement (surtout quand on sait qu’il y a un Iron-Man 3 :V ), le personnage, lui, y croit et cela rend la situation fort sérieuse.

    -Justin Hammer : J’ai adoré ce personnage en méchant non sérieux, il est drôle, il a des répliques fort sympathiques. Après, je pense que mon amour pour Guillaume Lebon (le doubleur FR du perso) y est pour beaucoup, je suis obligé de l’admettre. Mais même sans ça, ce perso est beaucoup plus présent que le méchant qui se trouvait dans le 1er Iron-Man, rien que pour cela c’est un bon point.

    -La présence du SHIELD : On croise beaucoup de personnage du Shield dans ce Film, leur présence est bien souvent comique, mais elle sert également au scénario. Ça rajoute un bon plus à l’univers Iron-Man qui, je trouve, manquait de personnage fort dans le 1er Film (Tony, Pepper… Ouais il était 2 perso intéressant, vu que Rhodes ne jouait pas un grand rôle dans le 1er film) donc plus il y a de fous, plus on rit.

    Avec un ami, c’est plus fun : Justement Rhodes devient intéressant dans ce film, vu que Tony ne cesse de faire n’importe quoi, il prend les choses en main et vole une des armures Iron-Man. Cela permet tout d’abord un combat entre les deux amis, bien sympa et par la suite une alliance tout aussi géniale. 2 Iron-Man pour le prix d’un !

    Point Faibles :

    Heureusement, tout le monde est immortel : Le point que je vais critiquer là est commun à tous les films de super-héros que j’ai pu voir, seulement là c’est flagrant à un niveau ridicule. Il y a des missiles et donc des explosions qui ont lieu dans le public… mais aucun mort, quelle chance ! Je ne demande pas à ce que l’on montre les morts à l’écran (bien que ce soit fait dans Iron-Man 1 avec les terroristes mais bon, c’est les méchants alors on s’en fout, hein l’Amérique patriotique :V) mais ne serait-ce qu’y faire référence via un dialogue par exemple. Là, rien… donc visiblement tout le monde est sauvé… ça sert à rien d’avoir des Super Héros alors…

    Bilan : Clairement un très bon film, il est rempli de bonnes idées, de personnages intéressants, de scène d’action bien classe, d’humour aussi. Clairement tout est là pour que l’on passe un bon moment, c’est clairement une réussite et une amélioration par rapport au 1er Iron-Man. Marvel ne cesse de s’améliorer sur ses films, ce qui annonce que de bonne chose pour la suite, donc, je m’attends à ce que les films suivants restent d’aussi belle qualité, j’espère que je ne vais pas avoir…

    THOR

    (Bon déjà, je m’excuse de ce jeu de mot pourri mais j’étais obliger :V)

    Scénario : Après que des géants de Glace ont pénétré Asgard, Thor, fils du roi Odin, décide d’aller voir les géants de Glace chez eux pour leur rappeler qu’un traité de paix a été mis en place après leur défaite face à Odin. Il est accompagné de ses amis ainsi que son frère Loki, le chef des géants de Glace, Laufey, semble dire qu’un traître se trouverait à Asgard ce qui énerve Thor qui décide de se mettre sur la gueule avec ces Givrés. Odin finit par venir sauver les fesses de ses fils et de leurs amis, apprenant que ce plan idiot vient de Thor, il décide de le bannir d’Asgard et l’envoie sur Terre sans ses pouvoirs, ces derniers étant concentré dans Mjölnir, le marteau de Thor. Odin enchante le Marteau afin que seul celui qui en est digne pourra l’utiliser. Ainsi Thor va devoir apprendre l’humilité s’il désire retrouvait les siens, tandis que pendant ce temps, Loki prend le contrôle d’Asgard vu qu’Odin semble mourant.

    Points Forts :

    -Les dieux sont des extra-terrestres : C’est une véritable théorie qui existe et je trouve ça sympathique de l’évoquer et de la mettre en pratique dans un film, qui plus est dans un film grand public, ça permet une mini réflexion sur ce que l’on sait où ce que l’on croit savoir.

    -Le décalage entre les deux univers : Comment ne pas trouver comiques les situations où Thor se retrouve complètement déconnecté du monde dans lequel il se trouve. Comme, lorsqu’il demande sans cesse dans quel royaume il se trouve, où qu’il casse les chopes de bière dans un bar après avoir bu.

    Points Faibles :

    -Une romance en 4 jours ? Sérieux ? : Nan mais vraiment, comment dans les films, on peut encore faire ce genre de chose, on est plus dans les années 80 bon sang. Je veux bien croire qu’une personne peut flasher d’un coup sur une autre, ça arrive mais que ce soit réciproque direct, ça en revanche c’est beaucoup trop magique pour que j’y croie.

    -Loki, un méchant peu présent : Alors oui Loki est le grand méchant du film, chose que l’on apprend assez tôt dans l’histoire mais ce que m’a fort gênée c’est qu’il ne peut pas être pris au sérieux dans ce rôle. Il y a Laufrey qui fait cent fois plus bad guy que lui, il y a le Destructeur qui est plus bad Guy que lui, surtout que Loki n’a quasiment pas de prestance dans ce film donc impossible de le prendre au sérieux.

    -C’est quoi ton Plan au juste ? : Déjà qu’il a peu de prestance notre Loki mais en plus son plan… est incompréhensible et surtout très con. Il veut réaliser le projet qu’à envisager Thor (ce qui lui a valu d’être Banni) afin d’avoir l’estime d’Odin et ainsi devenir Roi. Alors qu’il est déjà Roi vu qu’Odin est mourant, il suffit de l’achever, surtout qu’en plus tu veux faire ce qu’Odin ne veut pas pour te faire accepter par ce dernier, nan mais sérieux, ce plan est tellement con que même s’il fonctionne Loki va perdre, c’est quoi ce délire ?

    Bilan : Ce film est une déception, toutes les améliorations qu’il y avait eu auparavant ont disparu. Et pourtant, il a de bonnes idées, mais elles ne sont pas mises en œuvre à fond. Puis surtout que ni le méchant ni le héros sont attachants, Thor se la pète à mort pendant une bonne partie du film donc forcément on le trouve agaçant, impossible de s’attacher à lui. À l’inverse, les quelques personnages sympathiques (Odin, Darcy, Volstagg, Sif…) sont ironiquement ceux que l’on voit le moins, belle façon de gâcher du potentiel. Clairement on a perdu en qualité alors qu’il reste un film avant le rassemblement Avengers, il faut que ce dernier rattrape le tir.

     

    CAPTAIN AMERICA

    Scénario : Nous sommes à notre époque et l’équipe du SHIELD découvre quelque chose dans la glace, il s’agit du héros connu sous le nom de Captain America. Et grâce à un flashback qui va constituer le reste du film, on va découvrir ses origines et comment il a atterri ici. Nous voilà donc dans l’Amérique des années 40, c’est la Seconde Guerre mondiale en Europe et le jeune Steve Rogers cherche à rentrer dans l’armée afin d’aller affronter les Nazis. Seulement, le jeune Steve est assez faiblard bien que doué de bonnes intentions et d’un courage indéniable. Ce sont ces deux qualités qui vont faire qu’il sera choisi par le scientifique Eskirne pour devenir le premier Super-Soldat (Tiens, il y a comme un écho… un écho vert). Lors de l’opération scientifique, un traître tue Eskirne. Le soldat Steve finit par l’attraper profitant de ses nouvelles aptitudes physiques. Ses exploits étant bien vu par le peuple américain, Steve servira de Mascotte afin de ramener de l’argent pour la guerre, Mascotte du nom de Captain America. Il finira par découvrir que son ami d’enfance est retenu prisonnier et ira le sauver croisant alors le chemin d’un terrible ennemi, le chef d’Hydra, Schmidt (qui ne fait pas de cuisine bizarrement)

     

    Points Forts :

    -La Fiction rejoint la Réalité : Dans le film Captain America sert à promouvoir les valeurs de l’Amérique, ce qui était le cas dans notre réalité également. J’ai trouvé cela très sympathique comme idée, c’est un excellent clin d’œil et en plus cela sert bien le scénario vu que ça explique logiquement la raison du costume. Donc c’est du tout bon comme idée.

    -Z’est Du Seconte Degrès ! : Je ne sais pas si c’est voulu, donc si ça se trouve c’est un point négatif, bien que je pense que c’est assumé. Les ennemis ne sont pas pris au sérieux, que ce soit par les héros ou par le film. Que ce soit via les dialogues ou même leurs façons d’être mais également le fait qu’ils sont complètement hors du temps. Ils ont des armes lasers, des armures à la Robocop, c’est du Nawak total qui ne se prend pas au sérieux et je trouve ça génial. Cela change des Nazis assez « sombres » que l’on voit dans les films de guerre classique, donc ça fait du bien.

    -Agent Carter/Howard Stark : Je les mets ensemble, car ce sont deux personnages fort géniaux mais en plus quand ils sont à deux dans la même scène c’est encore plus classe. Déjà pour Howard Stark, j’ai eu très peur qu’il soit trop copié sur la personnalité de Tony, mais heureusement ce n’est pas le cas. Il est bien moins vantard que son fils, mais surtout j’ai adoré son petit côté « Folie » qu’il a, ça lui va super bien, un perso ultra fun à découvrir. Pour l’Agent Carter, j’ai adoré ce côté « femme fatal » sans la sexualisation habituelle qu’il y a sur ce genre de personnage, ce qui l’a rendue ultra intéressante.

    Les Points Faibles :

    -La sacrifice débile : A la fin du film, Steve doit faire se crasher l’avion de Schmidt pour éviter qu’il arrive en Amérique et ne lâche ses bombes. Il règle donc l’appareil pour que celui-ci se crashe en Antarctique, ce qui est un bon plan sauf que Steve décide de rester dans l’avion pour une raison qui est complètement obscure. Il cherche même pas une solution à comment survivre, à croire que les parachutes, ça n’existe pas… On sent clairement que ce sacrifice est forcé par le scénario et c’est dommage.

     

    Bilan : Le dernier film avant la réunion Avenger et je dois dire qu’il est plutôt réussi. Il est très fun, c’est plus un film comique avec un super-héros qu’un film héroïque avec de l’humour mais ce n’est pas plus mal et cela n’empêche aucunement de présenter Captain America et d’en faire un personnage intéressant et attachant. C’est une touche de légèreté qui fait du bien et une agréable surprise. On est passé par des étapes très différentes via les différents films et des personnalités tout aussi différentes, reste à voir comment tout cela va cohabiter.

     

    AVENGER

     

    Scénario : Le SHIELD a récupéré le Tesseract ou cube cosmique, qui peut potentiellement être une source d’énergie infinie, seulement celui-ci s’agite et ouvre un portail duquel sort Loki. C’est lui qui a réussi à utiliser le cube afin de venir sur terre, il prend le contrôle de plusieurs membres du SHIELD (dont Œil de Faucon) et du cube cosmique. Nick Fury décide de mettre en place le projet « Vengeurs » et réunis Captain America, Bruce Banner et Tony Stark afin d’arrêter Loki. Ce dernier est capturé sans trop de difficulté, lors de son transport en avion, Thor s’invite afin de ramener son frère parmi son peuple pour qu’il y soit jugé là-bas. L’entente entre les vengeurs est délicate et pendant qu’ils se chauffent les uns contre les autres, Loki met en route son plan.

     

    Points Forts :

    -Les combats : Forcément avec autant de héros et de possibilité, il fallait que les combats soient intéressants et ils le sont grandement. Que ce soit quand les héros sont les uns contre les autres (Iron Man Vs Thor génial) soit quand ils sont en alliance, cela donne du grand spectacle et en plus de ça, on assiste même à des « combos » entre les différents pouvoirs des héros. J’ai eu la sensation qu’ils se sont inspirés des jeux de combat en fait, si c’est le cas, c’est fort réussi !

    -Un assez bon équilibre : J’avais peur que certains héros ne soient plus exposés que d’autres. Alors c’est le cas au niveau du temps, mais ça ne se ressent pas et c’est plutôt génial (sauf pour un perso dont je parlerais après). De plus les personnalités de chacun sont respectées ce qui donne de la saveur aux rivalités qui se forment, donc c’est bien pensé.

    Du rythme maitrisé : Le film peut être divisé en 3 grandes phases : La phase « autour du monde » avec l’arrivée de Loki et la réunion des héros, la phase dans l’avion avec le transport de Loki et la rivalité entre les héros, La phase dans la ville avec l’alliance entre les héros et la victoire. Déjà on retrouve ce côté où chaque « lieu » correspond à une phase bien précise du scénario (comme dans le film Jumanji tient) mais le rythme sait « valser » lors des phases d’actions pour montrer tour à tour les différents héros sans que ce soit brouillon, tout comme il sait se poser au moment plus calme des conversations.

    Les points Faibles :

    La veuve no….bah elle est où ? : C’est dommage d’avoir introduit un perso aussi classe dans Iron Man 2 ainsi que dans le début du film pour qu’au final, elle soit moins utilisée par la suite. Elle fait presque de la figuration en dehors des 2/3 scènes où elle joue un rôle. Par exemple elle disparaît complètement des rivalités entre les héros, ses combats sont toujours contre les « méchants » et même là, sa place est rapidement prise par un autre. Une seule femme dans cette troupe de héros et elle est encore effacée de l’écran, c’est navrant…

    Thor mais qu’est-ce que quoi ? : Le grand enjeu final du film Thor et que s’il voulait sauver son peuple et celui des géants de glace, il devait détruire le Bifrost, seul accès à la planète terre, ce qu’il fera… mais visiblement ce n’était pas un si grand enjeu que ça vu qu’il est de retour en fait. Alors certes, son retour est expliqué mais cela en une seule phrase ! UNE SEULE ! Donc même pas une vraie explication, c’est balancé comme ça en mode no fuck, limite Loki aurait dit « Ah salut, t’es revenu » ça aurait eu autant de sens… Ça aurait été bien d’avoir une explication plus détaillée, voir même faire un fil scénaristique sur comment faire revenir Thor mais non, rien de ça, juste une explication minable.

    Bilan : Ce film est génial, déjà retrouvé des perso que l’on a adorés, c’est cool, mais en plus les voir s’affronter ou collaborer, il n’y a pas à dire, c’est jouissif à fond. À cela, on ajoute des scènes d’actions bien stylés, de l’humour bien ficelé et des punchlines à gogo, clairement c’est un défouloir agréable à mater malgré les quelques défauts et reproche que l’on peut lui faire. C’est une conclusion très bien faite pour cette Phase 1 du Marvel Cinematique Universe et j’avoue qu’en voir plus ne me déplairai pas. Je vais donc faire un Bilan général de cette phase, mais avant un classement des différents films dans mon ordre de préférence.

    PHASE 1

    Classement :

    -1er     : Iron Man 2

    -2éme : Avenger

    -3éme : Captain America

    -4éme : Incroyable Hulk

    -5éme : Iron-Man

    -6éme : Thor

    BILAN GÉNÉRAL : Honnêtement je n’aurai pas cru que cela aurait aussi bien fonctionné, mais en vérité, c’est bien mieux fait que ce que j’aurai pensé. Les liens entre les films et les héros ne sont pas seulement les scènes post-générique (bien qu’elles sont sympa même si elles spoillent de manière stupide par moment) mais également par les dialogues, les images et même la timeline principale entre les films à tel point que l’on pourrait classer les films dans leur chronologie fictive. (Captain America se déroulant avant tout les autres vient ensuite Iron-man suivi juste derrière d’Iron-Man 2 qui se déroule en même temps que Hulk, et qui finit au début de Thor, ce dernier se terminant quelques jours avant le début d’Avengers). Tout cela entre en parfaite cohésion sans que les films ne se ressemblent, Hulk a un ambiance sombre et pesante là où Captain America est clairement comique. Clairement c’est une réussite et, pourtant, je garde une appréhension pour les phases à venir, car à vouloir trop s’élargir dans tous les sens, cela risque, peut-être de faire un melting-pot complètement ingérable. En tout cas pour cette Phase 1 de cet univers de super-héros, je dirais qu’elle est originale et réussi, bref c’était super.

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  • Chapitre VI



    La jeune fille avait crié lorsqu’elle reçut une giclée de sang sur le visage. Le corps de l’homme sans vie écrasa celui d’Émilie qui tenta de le soulever. Tom l’aida et le corps finit par rouler à terre, le harpon métallique encore planté dans son crâne fendu. Le jeune homme pris la main d’Émilie et l’aida à se mettre debout, il lui tendit son t-shirt qui était désormais couvert de sang. Au lieu de s’habiller, Émilie craqua et tomba à genoux en pleurant, elle n’arrivait plus à penser, elle souffrait de l’horreur qu’elle venait de subir. Tom ne sut pas trop comment réagir, néanmoins il s’agenouilla à côté d’elle et la serra dans ses bras.

    La jeune fille finit par se calmer bien qu’elle n’arrivât toujours pas à parler, elle aurait voulu remercier Tom de l’avoir libéré, mais dès qu’elle ouvrait la bouche pour parler un mal de gorge se faisait sentir. Ses pensées n’étaient plus claires, cela partait en tous sens, elle n’arrivait aucunement à réfléchir. Tom l’aida à se relever, il retira son propre t-shirt et le donna à la jeune fille avant d’enfiler celui qui était ensanglanté. Émilie mit le t-shirt du garçon, elle n’aurait su dire pourquoi mais cela l’aida à aller un peu mieux, elle retrouver peu à peu ses esprits. Tom lui demanda en chuchotant :
    « Tu veux que l’on rentre ? »
    La jeune fille n’arriva pas à répondre de vive voix, elle se contenta de bouger la tête indiquant que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle voulait continuer d’avancer vers les espaces verts, Tom l’avait compris et à deux ils sortirent du bâtiment. Daniel attendait à l’extérieur, gardant les deux fusils près de lui et le sac à ses pieds. Le corps du second Résistant trainait sur le sol, face contre terre, du sang coulant depuis son visage. Tom pris l’un des fusils, il hésita une seconde avant de tendre le deuxième à Émilie. Bien qu’elle n’ait pas envie d’avoir une arme dans les mains pour le moment, elle le prit, consciente qu’en cas de danger, Daniel ne pourrait pas s’en servir.  Lorsqu’elle vit le jeune garçonnet apeuré, de nouvelles larmes coulèrent sur le visage d’Émilie. Celui-ci semblait vouloir parler, mais en voyant la jeune fille, il comprit qu’il valait mieux se taire. Tom mit le fusil à son épaule grâce à la sangle et tendit sa main à Émilie. Elle fit de même avec son arme et serra la main du jeune homme qui indiqua :
    « Allons-y. »


    La jeune fille serra la main de son ami, cela l’aida à avancer, Tom semblait l’avoir compris. Au fur à mesure qu’ils avancer, Émilie commençait à se sentir légèrement mieux bien qu’elle n’arrivât toujours pas à parler.  Elle essaya de ne plus penser à ce qu’elle venait de subir, elle pensa plutôt à ce qui les attendait. Espérer qu’ils allaient trouver un endroit où vivre d’une manière plus correcte qu’auparavant aider la jeune fille à continuer. Elle observa discrètement Tom qui semblait concentré sur leur destination, elle n’osa imaginer ce qui se serait passé s’il n’était pas intervenu. Bien qu’elle ne sût toujours pas pourquoi ce dernier avait agi ainsi, elle le remercia en silence, au même moment Tom regarda vers la jeune fille comme s’il avait entendu sa pensée. Émilie détourna le regard et pensa alors à sa sœur mais surtout à son frère, Jordan n’aurait jamais permis une telle chose, tout comme Tom, il l’aurait protégé. Il n’aurait même pas autorisé qu’Émilie accepte un tel marché, Tom ne le voulait pas non plus. Émilie se demanda si cela n’était pas de sa faute, peut-être que si elle n’avait pas dit oui, cela ne serait jamais arrivé. De nouveau Émilie craqua et pleura, elle voulait s’arrêter de marcher, Tom lui demanda en chuchotant :
    « Tu veux faire une pause ? »
    Émilie hésita de longues secondes, elle finit par répondre, cette fois-ci en parlant :
    « N…non 
    -D’accord »


    La jeune fille continua d’avancer tout en serrant un peu plus la main du jeune homme. Elle arrêta de penser, occupant son esprit en observant les alentours.
    Leur trajet prit toute la journée, lorsqu’ils étaient enfin en dehors de la ville, le soleil se coucher de l’autre côté des collines qui bordaient la cité. Tom indiqua qu’il suffisait de monter en hauteur sur celle d’en face afin d’avoir une meilleure vue sur les espaces verts. Émilie observa derrière eux, en bas de la colline se trouvait une petite route et quelques maisons, bien qu’elle ne fût pas sûre d’y arriver, elle avait envie de se reposer.  Elle respira un grand coup et demanda à Tom :
    « On peut s’arrêter pour aujourd’hui ? Allons-nous reposer là-bas… »
    Elle avait désigné les maisons du regard, Tom hocha la tête et le trio se dirigea vers les maisons. Ils entrèrent dans celle qui était le plus proche, la porte était verrouillée, mais avant de l’enfoncer, Tom préféra essayer les fenêtres. Il fit le tour de la maison demandant à Émilie et Daniel de surveiller l’avant. Au bout de quelques secondes, la porte fut déverrouillée, Tom l’ouvrit en expliquant :
    « J’ai bien fait de vérifier, la porte coulissante de la baie vitrée à l’arrière n’était pas verrouillée, au moins si l’on doit rester ici, on pourra fermer à clé. »
    C’est ce qu’il fit immédiatement une fois qu’Émilie et Daniel furent à l’intérieur.

    La jeune fille alla voir rapidement où se trouvait la chambre, elle fut ravie de voir qu’un vieux matelas se trouvait au sol. Il semblait abîmé et poussiéreux, mais cela ne la dérangea pas, cela faisait tellement longtemps qu’elle ne s’était plus allongée sur un matelas que c’était devenu un luxe qu’elle ne pouvait pas se refuser. Elle s’allongea dessus et ferma les yeux quelques secondes, l’image de l’homme nu au-dessus d’elle refit surface dans son esprit, elle luttait, mais l’homme resta là riant bien qu’elle le frappât de toutes ses forces. La jeune fille finit par se réveiller en sursaut, elle était couverte de sueur et se rendit rapidement compte qu’elle n’avait pas dormi que quelques secondes, mais plusieurs heures. Il faisait nuit, à travers la fenêtre de la pièce, elle voyait les étoiles tandis que quelques rayons de lune éclairaient l’intérieur de la pièce. Émilie se leva et parcourut la maison tout aussi éclairée grâce à la baie vitrée, Daniel dormait sur un fauteuil déchiré par endroits et Tom dormait au sol avec juste un coussin pour la tête. Les deux fusils et le sac à dos avaient été posés sur une table, la jeune fille prit l’une des armes et sortit à l’avant.

    Elle s’assit sur le bord du trottoir, observant le ciel étoilé, il faisait un peu frais, mais c’était supportable vu qu’il ne pleuvait pas. Elle avait envie d’aller observer les espaces verts tout de suite, il lui suffisait de grimper la colline. La jeune fille hésita, elle ne voulait pas se remettre en danger, mais en même temps, elle se dit qu’il fallait bien qu’elle se remette de ce qu’elle avait subi, elle ne pouvait pas se permettre de faiblir dans ce monde. Bien qu’elle eût peur et qu’elle hésitât, Émilie finit par se lever et commença à marcher et à grimper la colline. Alors qu’elle avait fait plusieurs pas, elle s’arrêta et regardant en arrière, doutant d’elle, se demandant si ce qu’elle faisait n’était pas stupide. Elle s’apprêtait à faire demi-tour, mais une envie au fond d’elle lui dit de continuer, de ne pas s’arrêter et de lutter, elle finit donc par continuer son chemin. Elle réussit à grimper jusqu’à l’autre côté de la colline et observa les alentours, mais la lune n’éclairait pas assez pour voir aussi loin. Cependant, elle vit des lumières en contrebas qui s’allumaient par moments, elle ignorait ce que c’était, mais n’avait aucune envie de le découvrir pour l’instant. Émilie retourna à la maison, une fois à l’intérieur elle déposa l’arme sur la table. Lorsqu’elle vit de nouveau Tom dormir à terre, elle s’approcha de lui et le réveilla doucement avant de lui dire :
    « Le matelas est assez grand pour y dormir à deux dessus…
    -Hein euh…non, je te le laisse, je ne veux pas t’embêter
    -Je ne pense pas réussir à dormir seule ce soir, s’il-te-plaît…
    -Ah…d’accord. »
    Tom se releva, lui et Émilie s’allongèrent l’un à côté de l’autre sur le matelas. Émilie chuchota :
    « Merci
    -De rien…bonne nuit. »
    La jeune fille n’aurait pas su expliquer pourquoi mais la présence du jeune homme la rassurait, elle se sentait protégé et réussi à s’endormir sans que son esprit la perturbe davantage.

    Le lendemain matin, Émilie se leva un peu après l’aube, bien qu’elle ait dormi peu de temps, elle se sentait en bonne forme. Elle sortit dans le petit terrain de pelouse arrière, l’herbe était humide et dégageait cette douce odeur de rosée, il faisait un peu frais, mais les quelques rayons de soleil suffisaient à la réchauffer. La jeune fille remarqua une chaise en bois, celle-ci était légèrement humide, mais elle s’assit dessus malgré cela, elle préférait rester à l’extérieur. Elle ignora combien de temps, elle était restée assise là, à observer des oiseaux voler à travers les arbres voisins, lorsque Tom la rejoignit. Il lui dit bonjour puis sembla hésitant avant de partir et de faire demi-tour vers la jeune fille. Celle-ci observa le jeune homme, se demandant ce qu’il voulait, Tom indiqua d’une voix inquiète :
    « Émilie…euh…ce que t’as subi hier a dû être horrible et je sais que, depuis, tu ne vas pas bien…enfin oui normal en même temps, mais euh… si t’as besoin d’en parler, je suis là »
    Émilie se sentit aussi gênée que le jeune homme, elle répondit en essayant de ne pas pleurer :
    « J’ai failli être violé, ce n’est pas la première fois, d’habitude je sais surmonter cette situation, j’ai déjà affronté cela, mais là… savoir que… que, c’est de ma faute fait que…
    -Eh ! Non ! Je t’interdis de dire ça, ce n’était pas de ta faute ! Ce sont malades qui ont cherché à abuser de toi.
    -C’est moi qui ai accepté leur marché, même toi tu ne voulais pas, j’ai dit oui, je suis responsable de ce qui m’est arrivé.
    -Tu as été forcé à accepter par peur de mourir, tu ne voulais pas le faire et ça, je le sais.
    -Je… j’ai... »
    La jeune fille craqua de nouveau et fondit en larmes, Tom eut le réflexe de la tenir dans ses bras. Émilie pensa que son ami avait raison, elle n’avait agi que par peur de mourir et ces hommes avaient profité de sa peur. Bien qu’elle ne pleurât plus, Émilie garda le jeune homme entre ses bras pour se calmer et se rassurer un peu. Lorsqu’elle finit par le lâcher, Tom se recula un peu et affirma :
    « Je pense que l’on devrait remettre notre surveillance des espaces verts à demain, une journée de repos nous ferait du bien. »
    Tandis qu’elle séchait ses larmes, Émilie répondit :
    « Non…je veux aller voir ça aujourd’hui, j’ai déjà été cette nuit, mais je n’y ai pas vu grand-chose. 
    -D’accord, on ira après le repas alors… je vais voir les maisons voisines pour nous chercher du bois, faudra de l’eau aussi.
    -Je vais m’occuper de l’eau. »
    Le jeune homme s’était éloigné lorsque Émilie le rappela :
    « Tom…
    -Oui ?
    -Merci…d’être là »


    Le jeune homme fit un signe de la tête avant de partir, Émilie se leva pour aller chercher de l’eau. Vu que la maison était en bon état, Émilie tenta d’ouvrir les robinets. Lorsqu’elle vit l’eau couler, Émilie fut joliment surprise, elle remplit une casserole avant de chercher la salle de bains.

    Il y avait une baignoire, un vieux savon sec près du lavabo mais pas d’eau chaude, cela importa peu, Émilie avait envie de se laver et n’hésita pas une seconde. Elle verrouilla la porte de la pièce tout en faisant couler son bain, lorsqu’elle se déshabilla, elle remarqua qu’elle portait désormais le t-shirt de Tom, chose qu’elle avait oubliée. Émilie repensa à la chance qu’elle avait de l’avoir à ses côtés, et eut un petit rire nerveux en repensant à la manière dont elle l’avait rencontré. Bien que l’eau fût froide, ce bain était un bonheur pour Émilie, elle n’avait pas oublié ce qui s’était passé la veille, mais elle sentit que ses démons se calmaient, la laissant redevenir elle-même petit à petit. Cependant, elle sentait qu’il lui manquait quelque chose et se rendit compte de quoi une fois sorti de son bain. Elle s’habilla rapidement et alla fouiller le sac qui trainait dans la cuisine sans même dire bonjour à Daniel qui venait de se lever. Elle finit par mettre la main dessus, son poignard, le dernier souvenir qu’elle avait de son frère. Elle ferma les yeux, songea de nouveau à ce qu’elle avait subi hier tout en serrant l’arme dans sa main, de nouveau les larmes lui montèrent aux yeux. La jeune fille sentait son cœur s’accélérerait tout comme sa respiration, elle était prête à hurler, mais serra le poignard encore plus fort. Sa peur se transforma petit à petit en colère, elle s’imagina poignarder son agresseur, elle se défendait enfin, ses larmes cessèrent de couler et sa respiration redevint normale au fur et à mesure que le temps s’écoulât. Elle rouvrit les yeux remarquant que Daniel l’observait étrangement, le jeune garçon demanda :
    « Tu vas bien ? »
    Bien que la jeune fille se sentît un peu effrayée par ce qu’elle venait d’imaginer mais plus pour les mêmes raisons qu’auparavant, elle répondit :
    « Oui ça va… je… je vais mieux. »

    Tom ramena du bois qu’il put déposer dans un vieux barbecue rouillé, Émilie y déposa la casserole d’eau avec les pommes de terre afin de les cuire. Après avoir mangé et que les deux garçons se soient également lavé, le trio décida de monter sur la colline afin d’observer les espaces verts. Le temps était clair et doux, ce qui rendit la marche agréable. Émilie se dit que si ce n’était pas une période de guerre, elle en aurait profité pour se promener comme bon lui semble. Lorsqu’ils atteignirent un bon point d’observation, ils s’allongèrent derrière un buisson afin d’observer les lieux sans être vus. Émilie s’en été doutait, mais ne put s’empêcher d’être déçue lorsqu’il vit qu’un groupe de personnes s’était barricadé dans la zone des espaces verts. La jeune fille compta cinq personnes avant qu’une sixième sortie de l’une des grandes cabanes en bois, plusieurs d’entre eux étaient armés. Tom qui observait également la chose indiqua :
    « Ils ne semblent appartenir à aucun groupe, c’est juste des survivants tout comme nous. »
    Émilie questionna :
    « Comment peux-tu savoir que ce ne sont pas des Survalistes ? 
    -Il y a un enfant dans leur groupe, ils ne me semblent pas que les Survivalistes acceptent les enfants de ce que j’en avais entendu parler. 
    -Hum…Survivaliste ou pas, je ne veux plus prendre de risque. »
    Émilie avait commencé à repartir, Daniel également, Tom ne bougea pas, la jeune fille lui demanda :
    « Tu viens ? 
    - Allez-y, je vais rester observé encore un peu afin d’évaluer qui ils sont et s’ils sont dangereux. »
    La jeune fille ne comprit pas pourquoi il perdait son temps néanmoins, elle le laissa là tandis qu’elle rentrait dans la maison qu’ils avaient occupés durant la nuit. Sur le chemin du retour, elle vit un lapin, bien que l’envie de lui tirer dessus afin de le manger à midi fût forte, elle préféra ne pas se faire repérer et gaspiller de munitions.  Elle prépara donc de nouveau des pommes de terre qu’elle coupa en tranches pour changer, elle les mit dans la casserole sans y ajouter l’eau et sortit dehors. Elle observa le coin dans lequel se trouvait le vieux barbecue, il restait assez de bois pour le soir, ce qui dérangea Émilie qui aurait apprécié avoir cette excuse pour sortir un peu. La jeune fille se contenta de s’asseoir comme elle l’avait faite au matin, jusqu’à ce qu’il fasse fort frais et qu’elle décida de rentrer.

    Tom finit par rentrer tandis qu’Émilie et Daniel jouaient avec des cartes que le jeune garçon avait trouvées dans la maison. La jeune fille se leva et déclara à Daniel :
    « Je vais cuire les pommes de terre. »
    Elle avait évité de croiser le regard de Tom, elle ne savait pas réellement pourquoi mais elle se sentait contrarier vis-à-vis du jeune homme. Ce dernier s’approcha d’elle est expliqua :
    « Je suis réellement convaincu que ce ne sont pas des survivalistes, ils n’ont pas quitté leur base et personne ne s’est approché d’eux. De plus ils ont l’air très calmes, je pense que ce sont justes de simples survivant qui ont élus domicile là. »
    Émilie ne répondit pas, observant la casserole qui chauffait comme si c’était la chose la plus intéressante au monde. Elle avait peur de savoir où le jeune homme voulait en venir, ce dernier conclu :
    « On devrait tenter notre chance et essayer de nous présenter. Qu’en penses-tu ? »
    Émilie sentit de la frustration envahir son esprit, elle s’en était doutée, dès que Tom avait commencé à parler, elle avait deviné l’idée qu’il avait derrière la tête. Elle se retourna et dit d’un ton sec :
    « J’ai dis que je ne voulais pas prendre de risque.
    -Je sais mais peut-être que… »
    Le jeune garçon s’était fait interrompre, il venait de recevoir une claque au visage de la part d’Émilie. Cette dernière soupira un grand coup avant de signaler assez fort :
    « Je vais dans ma chambre, vous n’avez qu’à manger, moi j’ai pas faim. Qu’on ne me dérange pas. »
    Elle claqua la porte et alla s’allonger sur le matelas, elle s’en voulait d’avoir frappé Tom, elle n’arrivait pas à expliquer son geste.Elle était en colère contre lui mais pas au point de vouloir le frapper, elle n’avait pas réussi à se contrôler. Elle s’en voulait autant qu’elle en voulait à Tom, c’était comme s’il ne la comprenait pas.

    La jeune fille resta de longues minutes, allongée en observant le plafond à méditer, elle n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui lui était arrivé. Elle avait envie de sortir, malgré sa contrariété, elle n’en voulait plus à Tom désormais, elle s’en voulait elle-même, mais elle n’avait pas le courage d’affronter les regards des deux garçons ce soir. Malheureusement pour elle, Tom entra dans la chambre, Émilie signala calmement :
    « J’avais dit que je ne voulais pas être dérangé. »
    Tom répondit avec le sourire :
    « On dirait que pour cela aussi je ne t’ai pas écouté. »
    Émilie comprit que le jeune homme avait découvert son erreur puisque ce dernier en riait, elle s’en voulait encore plus de l’avoir frappé. Elle baissa le regard tout en s’excusant :
    « Désolé pour tout à l’heure, je ne voulais pas te frapper, je ne sais pas ce qui m’as pris…j’ai l’impression de ne plus me contrôler depuis que… »
    Tom s’était approché d’elle et venait de lui mettre le doigt sur la bouche lui indiquant de se taire, il déclara :
    « J’imagine bien que ça ne doit pas être facile et qu’il te faudra du temps avant de pouvoir redevenir la fille forte que j’ai rencontrée dans ce restaurant. J’aimerais prendre le temps qu’il faut et attendre autant qu’il le faudra, mais je sais aussi que tu as conscience que l’on n’a pas le temps que l’on voudrait avoir. J’essaye de nous faire aller de l’avant, car je sens que tu en as besoin, mais si tu le veux, on peut rester ici quelques jours au calme avant d’en parler de nouveau. »
    Il se releva et se dirigea vers la porte, la jeune fille quelque peu soulagée répondit :
    « Merci »
    Le jeune homme se retourna et ajouta avec le sourire :
    « Il n’y a pas de quoi et ne t’en veux pas pour la claque, je t’avouerai que je l’ai un peu apprécié. »

    Cette nuit-là, Émilie dormit de nouveau en compagnie de Tom déclarant que c’était mieux qu’il dorme sur un matelas qu’au sol.  Ils se tournaient le dos pour dormir, Émilie se retourna et caressa les cheveux du jeune homme ne sachant pas dormir. Ce dernier se retourna également et approcha son visage de celui de la jeune fille en souriant. Émilie ferma les yeux et lorsqu’elle les rouvrit, elle était la seule réveillée, Tom ronflait tranquillement, elle venait simplement de rêver. Elle pensa que cela était un rêve idiot, car elle ne ressentait rien pour le jeune homme si ce n’est de l’amitié.  La jeune fille finit par se rendormir et profita d’une nuit reposante, sans qu’aucun cauchemar ne vienne la perturber.

    Dans les jours qui suivirent, Émilie, Tom et Daniel, restèrent dans la maison qu’ils occupaient. Ils passaient leur temps dehors lorsqu’il faisait bon, Émilie avait même creusé un petit jardin dans la pelouse et avait planté de petites pommes de terre. Bien qu’elle eût peu d’espoir que cela en donne de nouvelles, elle s’était dit qu’il n’y avait rien à perdre d’essayer, de plus cela l’occuper. Lorsqu’il pleuvait, tous trois restaient à l’intérieur à jouer aux cartes ou à discuter, Émilie n’aimait pas ces jours-là, elle s’y ennuyait surtout que leurs sujets de conversation tournaient en rond.  Au bout de trois jours, la jeune fille se réveilla de bonne humeur, un magnifique soleil éclairait l’intérieur de la maison. Elle sortit rapidement dehors, rien n’avait poussé dans son jardin en dehors de pousses d’herbes et d’ordures.  Elle fut déçue d’autant plus qu’elle savait que leur réserve était vide, elle comprit que, désormais, il n’y avait plus vraiment le choix. La jeune fille rentra et se dirigea vers Tom qui dormait encore, elle le réveilla et lui indiqua :
    « Préparons-nous, on va y aller. »
    Bien qu’il fût surpris, Tom se leva immédiatement et aida la jeune fille à rassembler les affaires qui pouvaient leur être utile. Émilie se chargea de réveiller Daniel et de lui expliquer la situation, ce dernier demanda à moitié éveillé :
    « Mais ce n’est pas trop dangereux ?
    -Si mais on a plus vraiment le choix, on doit prendre ce risque. Si les choses tournent mal, fuit puis caches-toi, d’accord… 
    -D’accord. »

    Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous les trois sortis et commencèrent à grimper la colline, Tom et Émilie s’étaient mis d’accord pour surveiller de nouveau ce qui se passait au campement avant de s’en approcher.  Une fois arrivés, ils se baissèrent derrière le buisson le plus proche afin d’observer les lieux. Il y avait autant de personnes que la dernière fois et cela semblait toujours très calme, Émilie croisa les doigts pour que Tom ait raison en pensant que ce groupe n’était que de simples survivants. Son inquiétude montait au fur et à mesure qu’eux descendaient en direction des espaces verts, elle tenait son fusil, prête à tirer en cas de besoin, elle avait également son poignard dans sa poche arrière par sécurité. La personne qui gardait l’entrée du haut d’une tourelle de fortune, avait remarqué leur présence, elle sembla avertir quelqu’un à l’intérieur. Le trio continua d’avancer malgré tout, ils approchaient d’un grand portail qui avait été recouvert avec des plaques en tôle afin qu’on ne puisse pas voir derrière. Le jeune homme qui les avait vus continuait de tenir son fusil droit en visant dans leur direction, mais sans tirer, les laissant s’approcher. Au bout de quelques secondes, il hurla :
    « Arrêtez-vous ! »
    Émilie, Tom et Daniel, obéirent par prudence, c’est alors que la porte du portail s’ouvrit lentement.  Émilie pria, espérant que derrière cette porte qui s’ouvrait en grinçant, elle ne serait pas accueillie par la mort.

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  • Chapitre VII


    Un homme s’approchait des trois jeunes tandis que les portes se refermaient derrière lui, ce dernier semblait âgé d’une quarantaine d’années, peut-être plus. Il avait une barbe grise de plusieurs centimètres qui couvrait son visage ridé par le temps, ses cheveux tout aussi argentés étaient quant à eux très courts et même absents sur le haut de son crâne. Il était vêtu d’une chemise rouge fortement abimée et même trouée par endroits ainsi qu’un treillis noir dans un état tout aussi déplorable. L’homme s’avançait lentement, Émilie remarqua qu’il avait du mal à marcher sur sa jambe droite, sûrement dû à une blessure. Il s’arrêta puis leva ses mains devant lui, montra ainsi qu’il n’était pas armé, Émilie ne baissa pas sa garde pour autant et garda son fusil levé, Tom en fit de même. L’homme indiqua alors d’une voix bourrue :
    « Pas besoin de vous inquiéter, nous n’allons pas vous attaquer. 
    -Nous non plus. »
    Tom avait répondu avant qu’Émilie ne le fasse, il avait déjà baissé quelque peu son fusil, la jeune fille pensa que Tom ne se méfier pas assez et elle garda son arme bien levée. L’homme le remarqua et ajouta :
    « Vous pouvez baissez vos armes, faîtes-moi confiance.
    -Pas tant que lui continue de nous viser. »
    Émilie avait répondu et avait désigné du regard le jeune homme, vêtu d’une veste noire en cuir et d’un jean tout aussi sombre, qui se tenait sur sa tourelle et qui gardait son fusil à la main, droit dans leur direction. L’homme se retourna et observa le jeune homme avant de lui demander :
    « Jo, tu peux baisser ton arme s’il te plaît ? »
    Le surnommé Jo observa les trois jeunes avec un regard noir et questionna son collègue :
    « Vous en êtes sûr ? »
    L’homme soupira avant de répondre d’un air calme mais sec :
    « Soit gentil et ne me fait pas insister… »
    Le jeune homme baissa alors son arme, Émilie en fit de même bien qu’elle fût toujours méfiante. L’homme sembla ravi et annonça avec joie :
    « Bien maintenant que l’ambiance se calme, je pense pouvoir me présenter, je m’appelle Christophe. Je m’excuse de cet accueil peu amical mais nous préférons être prudent et c’est aussi pourquoi j’aimerais connaitre la raison de votre présence ici. »
    Émilie s’aperçut que Tom allait prendre la parole et décida de répondre avant lui :
    « Nous avons trouvé une brochure qui parlait de ce lieu, c’est pourquoi on s’y est dirigé en pensant que ce serait un bon endroit pour y faire pousser de la nourriture, mais on espérait également que personne n’y avait élu domicile, il semble que malheureusement ce soit le cas. 
    -Pas de chance. »
    Le dénommé Christophe avait commenté cela avec un sourire farceur, il n’eut pas le temps de parler que Tom ajouta :
    « En voyant cela, on a observé votre camp depuis le haut de ces collines, on préférait savoir qui se trouver ici. Dès le début, il m’a semblé évident que vous n’étiez ni des Relanceurs ni des Résistants, j’ai alors pensé aux Survivalistes, mais lorsque j’ai vu qu’il y avait plusieurs enfants, j’ai compris que non, vous êtes de simples gens tout comme nous. »
    Émilie se demanda pourquoi Tom s’était senti le besoin d’ajouter ce détail, elle remarqua que Christophe semblait quelque peu contrarié, celui-ci déclara :
    « C’est… finement observé. »
    Il avait dit cela comme un reproche mais pas envers Tom, il observait Émilie comme s’il essayait de lire dans ses pensées. Cette dernière comprit que Christophe se méfier d’elle, elle estima que c’était une bonne chose car de son côté, elle se méfiait aussi.  Christophe se retourna vers le jeune homme qui observait la scène et lui indiqua :
    « C’est bon, on peut ouvrir les portes. »
    Il se retourna vers le groupe d’Émilie en annonçant :
    « Je vous invite à partager notre déjeuner, vous allez voir, ici on prépare la soupe de pomme de terre comme personne ! »
    Émilie chuchota près de Daniel :
    « Il fallait que ça soit de la pomme de terre… »
    Ce dernier eut un petit rire en entendant cela.

    Émilie, Tom et Daniel, suivirent Christophe à travers le camp, il y avait trois grands bâtiments ainsi qu’une petite cabane, qui se regroupaient à l’entrée du camp. Le reste était à ciel ouvert, Émilie se douta qu’il s’agissait principalement des jardins, ceux-ci s’étendaient sur une bonne distance. Il y avait une distinction nette entre les deux parties dans les barrières qui entourait le camp, la zone des bâtiments était protégée avec des planches en bois et des tôles métalliques tandis que les jardins étaient, quant à eux, entourés par du grillage et du barbelé. Christophe finit par s’arrêter devant les deux bâtiments en brique qui était l’un à côté de l’autre et expliqua :
    « C’est dans ce bâtiment-là que l’on mange, on l’appelle le réfectoire même si ça n’en est pas un, on ne devrait pas tarder à manger, on attend deux des jeunes qui sont avec nous, ils sont partis tenter de trouver du matériel et ils ne devraient plus tarder. En attendant vous pouvez attendre dans les dortoirs qui se trouvent là, je pense que Maxime doit y être, à moins qu’il ne se cache encore, je ne sais où. »
    Il se pencha vers Daniel et ajouta avec le sourire :
    « Je suis sûr que toi et Maxime aller vous entendre, vous devez avoir à peu près le même âge. »
    Il se redressa en observant les alentours avant d’ajouter :
    « Bien sûr si vous voulez, vous pouvez aussi observer les jardins où vous promener, tant que vous ne marchez pas sur les légumes et que vous n’entrez pas la dedans, ce sont des stocks et vous comprenez que vous connaissant à peine, l’idée de vous voir fouiner dans nos stocks n’est pas idéale. »
    Il avait désigné le troisième bâtiment en brique lors de son explication, Tom répondit :
    « Pas de soucis, on évitera d’y aller. 
    -Bien, si vous voulez bien m’excuser, je vais aller prévenir notre cuisinière et j’ai encore quelques trucs à faire. Je comprendrais que vous ne voulez pas lâcher vos armes tout de suite mais éviter de viser les autres, garder les en bandoulière ce sera mieux. Sur ce, à plus tard les jeunes. »
    Il se dirigea vers l’arrière du réfectoire, Émilie remarqua qu’il avait toujours autant de mal à marcher, Tom demanda :
    « Qu’est-ce que l’on fait ? »
    Émilie trouva cela amusant que, désormais, il comptait sur elle pour prendre des décisions, elle répondit d’un ton sec :
    « Fais ce que tu veux, moi je vais dans le dortoir. »
    Tom demanda contrarié :
    « Je peux savoir pourquoi t’es fâché contre moi ?
    -Je ne suis pas fâché contre toi, j’ai juste envie de m’asseoir. »
    En vérité Émilie était quelque peu agacé du comportement de Tom, il ne se montrait pas assez prudent et voilà que, maintenant, elle se retrouvait au milieu d’un camp dont elle ne savait pratiquement rien et qui était rempli de plusieurs personnes en qui elle ne pouvait pas avoir confiance. Elle jugea que si Tom était assez stupide pour ne pas comprendre la situation, c’était son problème, elle n’allait sûrement pas lui expliquer.

    Elle venait d’entrée dans le dortoir, il s’agissait d’une grande pièce qui devait servir de douche et de vestiaires auparavant vus les installations. L’endroit était très sombre, il y avait peu de fenêtre et le seul néon qui éclairer la pièce semblait mal fonctionner, néanmoins Émilie fut étonnée qu’il y ait de l’électricité, c’était assez rare. L’endroit était désormais rempli de vieux lits, parfois il s’agissait juste de matelas. Émilie eut un sursaut lorsqu’elle entendit du bruit provenir du fond de la pièce, bien qu’elle n’aperçût personne. La jeune fille s’avança avec prudence en direction de l’endroit où elle avait entendu le bruit, elle aperçut une forme bougée, tapie sous l’un des lits du fond, comme un animal apeuré. Alors qu’elle s’en était approché, elle se retourna lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir derrière elle, Daniel venait d’entrer. Émilie lui indiqua en chuchotant :
    « Ne fais pas de bruit.
    -Po…Pourquoi ?
    -Chut ! »
    Elle observa de nouveau sous le lit, mais la forme avait disparu, rapidement elle guetta sous les autres lits afin de retrouver la chose qui s’y cachait. D’un coup elle entendit hurler :
    « AHHHH ! »
    Daniel venait de sursauter tandis qu’un jeune garçon venait de sortir de sous le lit devant lui, Émilie qui avait engagé son arme en entendant le cri, la remise derrière son dos tout en râlant :
    « Non mais ça va pas de nous faire peur comme ça ! Encore un peu et je tirais, c’est dangereux ce que tu viens de faire. »
    Le jeune garçon avait des cheveux bruns coupés courts, il était vêtu d’un pull noir et d’un jean, les vêtements étaient étonnamment propres et en assez bon état. L’enfant s’approcha la tête baissée et s’excusa :
    « Pardon madame mais j’ai cru que vous étiez une mauvaise personne, vu que d’habitude, personne n’a le droit de rentrer avec son arme, donc, je me suis caché. »
    Émilie eut un peu de peine pour le jeune garçon et s’en voulait d’avoir crié dessus, elle s’agenouilla pour mettre son visage et niveau du sien. Elle posa sa main au niveau du menton du jeune garçon et lui releva le visage, elle vit ses yeux bleus, et, dit d’une voix calme afin de le rassurer :
    « En fait, tu as eu raison de te cacher par sécurité, désolé d’avoir crié, par contre il ne faut pas sortir comme tu l’as fait, cela peut être dangereux, tu comprends ? »
    Le jeune garçon hocha la tête afin d’affirmer qu’il avait compris, Émilie se releva et tout en gardant la main sur l’épaule de l’enfant le présenta :
    « Lui, il s’appelle Daniel, moi c’est Émilie, donc maintenant je t’interdis de m’appeler madame. Je suis sûr que toi et Daniel, vous allez bien vous entendre, il ne nous reste plus qu’à savoir ton prénom. »
    Le jeune garçon répondit avec le sourire :
    « Je m’appelle Maxime 
    -D’accord Maxime, je vous laisse faire connaissance vous deux, ne faites pas de bêtises 
    -Viens suis-moi Daniel ! »
    Les deux jeunes garçons partirent dehors en courant, Émilie les observa avec un petit sourire, se disant qu’au moins Daniel allait retrouver un peu de joie. Une voix se fit entendre derrière elle :
    « Tu ferais une bonne grande sœur. »
    Émilie avait sursauté de nouveau avant de se retourner et de voir qu’il s’agissait du jeune homme qui montait la garde à l’entrée.  De près Émilie remarqua que ce dernier avait également les cheveux bruns ainsi qu’une barbe courte qui remontait jusqu’aux cheveux, ses yeux marrons étaient fixés sur Émilie. Bien qu’il ait parlé de façon calme, le jeune homme lançait un regard noir à la jeune fille, Émilie tenta d’apaiser l’atmosphère en déclarant avec un petit rire :
    « Vous essayez tous de me faire faire une crise cardiaque ici, j’ai l’impression »
    L’expression du jeune homme n’avait pas changé, Émilie avait l’impression d’être analysée par son regard, elle tenta d’ajouter :
    « Merci de ne pas nous avoir ti…
    -Je ne vous fais pas confiance. »
    Le jeune homme l’avait coupé en parlant cette fois-ci avec un ton très autoritaire. Émilie se sentit agressée et laissa tomber la courtoisie, elle fixé également le jeune homme d’un regard noir comme pour le défier d’aller au bout de ces pensées. L’homme semblait l’avoir bien compris et ajouta :
    « Je ne vous fais pas confiance et je ne te fais surtout pas confiance à toi. »
    Émilie se demanda pourquoi cet homme semblait lui en vouloir autant, mais elle rétorque d’un ton tout aussi sec :
    « Tant mieux, car je ne vous fais pas confiance non plus. »
    La jeune fille remarqua que l’homme avait son fusil en main et qu’il le tapotait des doigts comme s’il hésitait à s’en servir, Émilie ne montra aucun signe de peur et continua de soutenir le regard de l’homme qui conclut :
    « Avec de la chance, vous aller repartir rapidement. »
    Le jeune homme fit demi-tour et se dirigea vers la porte du fond qu’Émilie n’avait pas aperçu jusqu’à présent, elle décida de ne pas le laisser partir sans rien dire et ajouta :
    « Ne t’avise pas de venir me parler si c’est pour être un con. »
    Le jeune homme s’était arrêté durant quelques secondes, mais continua son chemin comme si de rien n’était. Émilie se rendit compte qu’elle avait saisi son poignard sans en avoir eu conscience, sûrement un réflexe de sécurités, elle le remit dans sa poche arrière.  La jeune fille posa son fusil au sol, à côté du lit sur lequel elle s’allongea et observa le plafond, se demandant ce qu’elle faisait là.

    Émilie avait pu fermer les yeux de longues minutes avant qu’une cloche se fît entendre à l’extérieur. Elle se leva et sortit afin de voir ce dont il s’agissait, bien qu’elle s’en doutât, Christophe était devant le réfectoire à agiter une cloche. Émilie se dirigea donc vers le réfectoire, lorsqu’elle passa devant Christophe, celui-ci lui dit avec le sourire :
    « Je suis content que tu aies réussi à laisser ton arme de côté, je sais à quel point ce n’est pas évident de faire confiance aux gens. »
    Émilie venait juste de remarquer qu’effectivement elle avait laissé son fusil près du lit sur lequel elle s’était allongée, elle l’avait complètement oublié. Néanmoins, elle décida de ne pas retourner le chercher jugeant que, si cela endormait la méfiance de Christophe, c’était une bonne chose.  Elle entra donc dans le bâtiment, à l’intérieur se trouvaient plusieurs petites tables et des chaises, comme le réfectoire de l’hôpital. Émilie remarqua que les tables étaient fixées au sol, elles devaient faire partie du bâtiment depuis sa création. La jeune fille se demanda pourquoi un lieu d’espaces verts aurait eu besoin d’une cantine, mais lorsqu’elle vit une vieille affiche promotionnelle, elle comprit que l’endroit devait être un petit snack ou un fast-food. Elle remarqua que Daniel était déjà occupé de manger en compagnie de Maxime et d’un autre garçon sur une table au milieu de la salle. Ce dernier avait des cheveux châtains très clairs, il semblait avoir à peu près le même âge qu’Émilie et portait un sweat-shirt bleu foncé ainsi qu’un jogging noir. En dehors de ces trois garçons, il n’y avait encore personne qui fût arrivé pour manger, même Tom était absent. Émilie remarqua également une dame qui se tenait juste à côté d’une petite marmite et de plusieurs bols en plastique, la femme semblait avoir la trentaine et avait des cheveux noir bouclés et le ventre gonflé, Émilie se demanda si la femme était enceinte, mais se dit qu’il ne valait mieux ne pas poser la question.  La dame était vêtue d’un chandail rouge ainsi qu’un pantalon blanc en laine, la jeune fille s’approcha, supposant que c’est cette femme qui servait la soupe. La femme accueillit Émilie avec le sourire et une voix très douce presque fluette :
    « Bonjour, tu dois être la nouvelle, Christophe m’a prévenu que vous étiez trois dont une fille. Je m’appelle Véronique mais tu peux m’appeler Véro si tu veux, c’est comme ça que tout le monde me surnomme ici. »
    Émilie n’avait pas envie de discuter, elle ne voulait que la femme voie en elle une possible amie, elle répondit simplement :
    « Je m’appelle Émilie. 
    -D’accord Émilie, j’imagine que tu dois avoir faim, nous prendrons le temps de discuter plus tard, tiens voilà ton bol de soupe. »
    Émilie fut ravie que la femme n’insista pas pour parler, même si elle semblait vouloir le faire par la suite. La dénommé Véronique lui servit un bol de soupe, Émilie sentit son estomac ronronner rien qu’à sentir la chaleur et l’odeur de la mixture qui se trouvait entre ses mains.

    La jeune fille se retourna, elle décida de ne pas aller manger à côté de Daniel et alla donc s’asseoir seule à une table qui se trouvait contre le mur qui faisait face à l’entrée. Au bout de quelques minutes, le jeune homme qui avait agressé Émilie entra, il se servit et partit également manger seul sur la table du coin face à Émilie. Puis ce fut Christophe qui rentra juste après, il discuta quelque peu avec Véronique et ils s’assirent tous deux sur une table non loin de celle de Daniel. Finalement, Tom arriva, il était accompagné d’une jeune adolescente. Celle-ci avait de longs cheveux châtain clair bouclés qui lui descendaient jusqu’au milieu du dos, elle était assez grande, plus grande que Tom et elle portait un débardeur blanc couvert d’un gilet, à manches courtes, noir ainsi qu’un short en jean et des bas noirs en laine. Elle et Tom semblaient discutés et s’amuser, la jeune fille servit Tom en soupe avant de se servir elle-même et ils allèrent tous deux manger sur une table près du mur opposé, qui faisait face à Émilie.  La jeune fille les observa rire et discuter, elle avait fini sa soupe, mais avait envie d’observer la scène. Émilie trouva le rire de la fille qu’elle observait, insupportable, comme si elle se forçait à rire. Elle espéra que Tom ne se faisait pas avoir et comprenait que son interlocutrice le manipuler mais il semblait ne se rendre compte de rien, Émilie jugea que c’était un idiot. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever et partir, le jeune garçon, qui avait mangé avec Daniel et Maxime, venait de la rejoindre à sa table, malgré elle, elle resta assise. Le jeune garçon se présenta d’un air sympathique :
    « Salut, je m’appelle Benoît mais tout le monde dit Ben ici. »
    Bien qu’elle n’eût pas envie de lui parler, elle répondit :
    « Moi c’est Ém…
    -Émilie, oui je sais. Le petit garçon, Daniel, m’a parlé de toi, c’est gentil à toi d’avoir pris soin de lui.
    -Je n’ai pas vraiment eu le choix…
    -Il y a des moments où on ne l’a pas c’est vrai…je peux m’asseoir ? »
    Avant qu’Émilie n’eût le temps de répondre, le jeune garçon s’était assis, elle pensa un peu agacée, qu’effectivement parfois elle n’avait pas le choix. Le dénommé Ben remarqua :
    « T’es un peu comme mon frère toi visiblement, plutôt solitaire…
    -Ton frère ?
    -Jonathan, le gars qui est là-bas. »
    Le garçon avait désigné le jeune homme qu’Émilie n’appréciait pas. Celle-ci commenta :
    « Hum…j’ai eu affaire à lui. »
    Ben remarqua qu’Émilie observait Tom et la jeune fille, il lui indiqua :
    « Tom nous a aussi parlé de toi…
    -Vraiment ? »
    Émilie fut intriguée, elle espéra que Tom n’avait pas parlé de ce qu’elle avait subi quelques jours plus tôt, elle commençait tout juste à surmonter ses frayeurs passées, ce n’était pas le moment que d’autre lui en parle. Ben expliqua :
    « Oui mais il n’a rien dit de bien intéressant si ce n’est qu’il t’ait rejoint toi et Daniel.
    -Je vois…
    -Peut-être qu’il est sympa, mais ma première impression n’est pas géniale, tu dois sûrement mieux le connaître que moi pour pouvoir le juger.
    -À vrai dire, je ne suis pas encore sûr de pouvoir le cerner correctement… »
    Émilie avait dit cela avec une certaine amertume, même si elle trouvait Tom plutôt sympathique, ces derniers temps il semblait moins méfiant et bien plus stupide que la première fois qu’elle l’avait rencontré.  Désormais il serait du genre à tendre la main aux autres alors qu’auparavant, il n’avait pas hésité à attaquer Émilie, elle se demanda pourquoi il y avait eu ce changement. Elle ne put réfléchir longtemps à la question que Ben reprit la parole en indiquant :
    « Il semble s’être lié d’amitié avec Camille, personnellement je ne l’apprécie pas trop…
    -Ah ? Pourquoi ?
    -Je ne sais pas… Elle me semble un peu trop ouverte, elle n’est pas du genre à pouvoir garder un secret. Je ne lui fais pas vraiment confiance…
    -Je vois le genre… »
    Émilie espéra encore plus que Tom ne disait rien à cette Camille, là concernant, sinon tout le camp risquerait d’être mis au courant rapidement. Ben se leva tout en ajoutant :
    « Je ne vais pas te déranger plus que cela, tu dois sans doute préférer être seule, à plus tard. »
    La jeune fille observa le garçon s’éloigner et mettre son bol vide près de la marmite, Émilie se leva et fit de même avant de sortir.

    À peine avait-elle fait quelques pas dehors qu’elle entendit derrière elle la voix de Tom qui parlait d’elle :
    « Ah voilà, c’est elle Émilie. »
    La jeune fille se retourna bien qu’elle n’en eût aucune envie, elle put voir Tom, qui était toujours accompagné de sa nouvelle amie, ce dernier déclara joyeusement :
    « Émilie voici Camille, Camille voici Émilie
    -Tom m’a pas mal parlé de toi. »
    Camille avait une voix douce et modulée, Émilie lui répondit simplement :
    « Oui, on m’a aussi parlé de toi.
    -Ah…qui donc ?
    -Euh…je ne sais plus son nom »
    Émilie s’en souvenait parfaitement, mais préféra ne pas le dire, elle ne voulait poser de soucis à Ben. Camille expliqua alors :
    « Tom m’a raconté comment vous êtes tombé l’un sur l’autre, t’as eu de la chance de ne pas être blessée durant votre combat.
    -À qui le dis-tu… »
    Émilie observa Tom et avait une grande envie de le baffer, dans ses souvenirs la chance n’y avait été pour rien et Tom s’était pris une belle raclée, elle aurait souhaité pouvoir le lui rappeler immédiatement de manière concrète. Elle prit sur elle et décida qu’elle l’engueulerait plus tard, Tom reprit la conversation en détaillant :
    « Camille m’a expliqué comment fonctionne l’endroit, ils récoltent des légumes, en font de la soupe et durant le matin ils partent en groupe de deux, chercher du matériel ou tout se qui peut être utile.
    -Oui, d’ailleurs je n’ai pas eu fini, on produit une bonne quantité de soupe, du coup Christophe a fait un marché avec les Résistants du coin, nous leur fournissons une partie de ce que l’on produit, en échange, ils nous laissent vivre ici sans problème et assurent une partie de notre protection.  D’ailleurs, je sais aussi qu’une partie de la soupe qu’on leur donne sert à nourrir l’ancien hôpital qui sert de refuge pour des survivants. »
    Émilie ressentit un grand frisson dans son dos et son cœur fit un bond lorsqu’elle entendit cela. Elle se dit que si le camp fournissait l’hôpital, il se pouvait que Christophe sût qu’une jeune fille s’est enfuie avec un petit garçon, peut-être même qu’il savait déjà que c’était elle qui s’était enfuie. Ce qui l’inquiéta le plus, c’était le regard inquiet de Tom, Camille était peut-être déjà au courant pour Émilie, la jeune fille jugea que Tom avait tout intérêt à avoir su se taire.

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  • Chapitre VIII



    « On continue notre balade Tom ? »
    Camille n’avait pas remarqué le regard inquiet que s’était partagé Tom et Émilie. Le jeune homme finit par répondre à Camille tout en continuant de fixer Émilie :
    « Je vais arriver, il faut que je parle de quelque chose avec Émilie. »
    Camille sembla légèrement contrariée, mais répondit avec le sourire :
    « D’accord, pas de soucis, je t’attendrai près du petit cabanon. »
    Elle partit, laissant les deux amis seuls, Émilie saisit le bras de Tom et l’emmena derrière la cantine afin qu’ils puissent parler tous les deux discrètement. Ce fut la jeune fille qui prit la parole en premier :
    « Je veux que tu me précises tout ce que tu lui as dit à mon propos. »
    Émilie avait ordonné cela d’un ton sec, elle devait se retenir de ne pas frapper Tom un peu partout afin de se calmer. Le jeune homme voulut la rassurer :
    « Ne t’en fais pas, je lui ai simplement dit que tu étais une très bonne amie et la manière dont on s’était rencontré, rien de plus.
    « Ah oui, d’ailleurs à ce propos… »
    Émilie flanqua une gifle à Tom de manière si rapide qu’il n’avait pas eu le temps de s’en rendre compte pour l’éviter. Tom cria de surprise et de douleur puis l’engueula :
    « Eh mais ça ne va pas, t’es devenu tarée !
    -Eh oh, tu te calmes ou je t’en mets une seconde. Pourquoi fais-tu autant confiance aux gens aussi vite ? Tu n’as pas compris que ça peut nous mettre en danger si l’on ne se méfie pas, abruti ? 
    -Ce n’est pas parce que je parle à quelqu’un que je lui fais forcément confiance, d’ailleurs je suis même de plus en plus méfiant, si tu veux savoir.
    -Je veux bien savoir comment, parce que pour elle tu n’as pas l’air plus méfiant que ça, si tu veux mon avis…
    -C’est de toi que je me méfie. »
    Pendant quelques secondes, Émilie avait eu l’impression d’être étranglée et qu’un boulet de canon lui avait atterri dans l’estomac, ses pensées s’étaient toutes éteintes pour se concentrer sur ce que Tom venait de dire. Tom sembla avoir compris qu’il avait perturbé la jeune fille et se justifia :
    « Je sais bien que ce que tu as subis a dû être horriblement marquant et que cela t’a changé de façon radicale, mais j’ai l’impression que tu te renfermes sur toi-même, que tu t’engouffres dans une solitude qui finira par t’être néfaste et j’ai de plus en plus peur de ce que cela provoquera chez toi. Je ne peux qu’être d’accord avec toi sur le fait qu’il faut se méfier de ceux qu’on ne connaît pas, mais on ne peut pas non plus rester dans sa cage comme tu le fais, il faut que t’essaye de parler aux autres Émilie il n’y a que ça qui pourra t’aider. »
    La jeune fille était restée silencieuse, elle avait écouté Tom et réfléchissait sur ce qu’il avait dit. Elle ne savait juger s’il était sincère ou s’il avait juste cherché à s’excuser, mais dans les deux cas Tom avait raison. Pour autant, elle n’avait pas envie de lui pardonner, cela n’excusait pas son comportement, si vraiment il s’inquiétait pour elle, il serait resté à ses côtés plutôt que d’aller se promener avec une autre fille. Elle était même sûr que là, si elle lui en donner le choix, il partirait au lieu de rester, afin de tester sa théorie, elle lui dit d’une voix calme :
    « Vas t’en. »
    Tom fut surpris et répondit :
    « Émilie, s’il faut je…
    -Ta nouvelle amie t’attend, alors vas la rejoindre. »
    Tom n’insista pas et partit, Émilie l’observa s’éloigner, de nouveau elle avait envie de le gifler pour lui apprendre à lire entre les lignes, mais elle préféra partir du côté des dortoirs, elle entra dans le bâtiment et s’allongea sur l’un des lits avant de pleurer silencieusement.


    Émilie était restée de longues minutes allonger sur le lit, dans le silence à observer le plafond, avant de se décider à se relever et à sortir. Elle ignorait quoi faire mais, elle n’en pouvait plus de rester immobile, elle commença à marcher droit devant elle en direction des jardins, il y avait très peu de bruit en dehors du vent glacé qui soufflait. Elle avait avancé sur quelques mètres lorsqu’elle entendit parler derrière elle, Émilie se retourna et aperçut Christophe et Ben qui discutaient en arrivant dans sa direction. Ben avait un seau dans sa main, Émilie s’arrêta et observa les deux hommes discuter et s’amuser ensemble, lorsqu’ils s’approchèrent, elle put entendre leur conversation plus nettement, Ben semblait raconter une histoire drôle :
    «…près de l’ancien café italien. Donc, on y entre tout en se méfiant, on commence à fouiller les lieux puis d’un coup on entend du bruit venir de la réserve. Elle va voir ce que c’est…un gros rat est sorti de là, elle a hurlé et s’est reculée en courant, j’ai commencé à rire, je pouvais plus m’arrêter, t’aurais vu cette réaction…elle m’en a voulu longtemps…
    -Ah ça… On en rit, mais vous avez eu de la chance qu’elle n’ait pas eu le réflexe de tirer, cela vous aurait sans doute attiré des ennuis. Mais bon, elle a peur très facilement, il m’est arrivé de la faire sursauter juste en voulant aller lui dire bonjour, elle se perd facilement dans ses pensées et euh…Ah ! Salut… euh… »
    Les deux hommes venaient d’arriver à la hauteur de la jeune fille, Christophe cherchait son prénom, Ben lui indiqua avec le sourire :
    « Émilie.
    -Ah oui ! C’est vrai Émilie, excuse-moi…Tout va bien ? 
    -Oui…ça va »
    Ce n’était pas vrai, mais Émilie préféra cacher le fait qu’elle se sentait horriblement mal, elle n’avait pas confiance en Christophe, elle avait comme une sensation qu’il cachait son jeu, ce dernier répondit :
    « Tant mieux, j’espère que tu t’habitues petit à petit au camp, je peux comprendre que cela ne doit pas être simple de faire confiance à tout le monde dès le début. Puisqu’on en parle, Benoit va aller nous chercher quelques carottes et pommes de terre pour ce soir, tu peux l’accompagner histoire de faire connaissance
    -À vrai dire, nous avons déjà eu l’occasion de discuter un peu au midi »
    Bien que Ben n’eût pas dit cela méchamment, Émilie se sentit quelque peu offensée comme si Ben sortit cela comme excuse pour ne plus lui parler. Celle-ci rétorqua :
    « Ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas de donner un coup de main si besoin.
    -Voilà qui fait plaisir à entendre, je vous laisse y aller tous les deux, j’ai quelques trucs à faire. »
    Christophe s’éloigna laissant Ben avec Émilie, cette dernière décida de lui demander de manière directe :
    « J’ai l’impression que tu n’as plus envie de me parler, je me trompe ?
    -Je pensais plutôt l’inverse, quand je suis venu te parler, j’ai eu la sensation de te déranger plus qu’autre chose, donc, je me suis dit que tu n’avais sans doute pas envie de me parler de nouveau… »
    Émilie se sentit un peu gênée, elle ne pouvait nier que son comportement n’avait pas été des plus amicaux, elle indiqua quelque peu honteuse :
    « Je te prie de m’excuser, j’admets que je n’ai pas agi de la meilleure façon, ça justifie rien, mais en ce moment il faut dire que ça ne va pas fort.
    -Pas de soucis, j’accepte tes excuses. Si tu veux me parler de ce qui ne va pas, il n’y a pas problème.
    -Non c’est gentil, mais je ne me sens pas prête à en parler, je veux juste qu’on discute… D’autres choses. »
    Émilie n’était pas sûre d’avoir bien formulé sa demande, mais Benoît sembla comprendre, il mit sa main sur l’épaule de la jeune fille et lui annonça avec le sourire :
    « Allez viens, je vais te montrer où elles sont ces carottes. »

    Émilie avait passé un bon moment en compagnie de Benoit, elle trouvait ce dernier très sympathique, il avait, d’ailleurs, réussi à la faire rire, chose qu’elle n’avait plus faite depuis un moment. Ils avaient discuté et plaisanté de longues minutes tout en ramassant les carottes et les pommes de terre, Émilie se sentait légère et un sentiment de bien-être s’était installé en elle, ses pensées déprimantes, à propos de ce qu’elle avait vécu, de la vie qu’elle menait et de Tom, se taisaient enfin. Alors qu’ils marchaient en silence entre les jardins afin de rapporter les légumes à la réserve, Émilie s’adressa à Benoît et lui dit :
    « Merci. »
    Le jeune homme parut quelque peu troublé, néanmoins il comprit pourquoi la jeune fille le remerciait et répondit :
    « Ce n’est rien, je sais que c’est pas toujours facile d’avoir le moral avec cette guerre.
    -À vrai dire, ce n’est pas tellement ça, d’habitude j’arrive à garder le moral mais depuis que… »
    Émilie hésita un moment, bien qu’elle appréciât Benoit, elle ne se sentait pas prête à lui parlait de son agression. La jeune fille finit par conclure :
    « Enfin, merci. »
    Benoît sembla comprendre que la jeune fille lui cachait quelque chose, néanmoins il ne cherchait pas à savoir ce que s’était.  Le jeune homme posa le seau rempli de légumes devant la porte, Émilie lui demanda surprise :
    « Ben…Tu ne le mets pas dans la réserve ?
    - Non on n’a pas le droit d’y aller, ordre de Christophe ! »
    Il avait dit cela avec le sourire, mais cela gêna Émilie, elle pensait que Christophe avait interdit l’entrée à elle, Daniel et Tom car ils étaient encore étrangers au camp, mais qu’il interdisait l’accès à tout le monde lui semblait étrange, d’autant plus que le bâtiment n’avait aucune fenêtre, ce qui était parfait pour y cacher quelque chose. Émilie, suspicieuse, voulut en savoir plus et demanda à Benoit :
    « Pourquoi est-ce qu’il vous interdit l’accès ? C’est juste une réserve de légumes…
    -Bien qu’il ait confiance en nous, il veut éviter trop d’abus et n’a pas envie que tout le monde se serve comme il en a envie. »
    Émilie trouva cette explication logique, mais elle ne put s’empêcher de se dire qu’il y avait peut-être une autre raison et elle était bien décidée à vérifier.  Benoît commenta alors :
    « Ah ! Voilà les Résistants »
    Émilie observa la porte d’entrée que Benoit pointé du doigt, effectivement, un camion s’approchait de l’entrée du camp. Christophe était déjà à son poste en compagnie de Jonathan, les deux hommes tenaient de grands cageots remplis de légumes en tous genres. Rapidement Émilie se dirigea à l’intérieur des dortoirs, par chance personne ne s’y trouvait, elle resta près de la porte du fond qu’elle entrouvrit afin de pouvoir observer la scène en ayant peu de chances d’être vue. Le camion rentra dans le camp en marche arrière et deux soldats en descendirent, Émilie reconnu immédiatement l’un d’eux, il s’agissait de Steve. Son cousin avait désormais une barbe qui commençait à légèrement pousser, ses cheveux ébouriffés, était devenus plus longs et il semblait encore plus musclé qu’auparavant. Émilie aurait aimé pouvoir aller le saluer et également l’engueuler d’avoir quitté sa femme et son fils, mais cela était trop risqué dû à la présence de l’autre Résistant. Ce dernier était de peau noire, il avait des cheveux noirs rasés très court et une fine moustache, il semblait plus maigre que Steve mais plus grand également. Christophe et Jonathan saluèrent les deux hommes et à eux quatre, ils commencèrent à charger des cageots de légumes tout en discutant, Émilie n’entendait pas bien ce qui se disait, mais elle crut comprendre qu’ils parlaient de ce qui se passait en ce moment dans la ville.

    La jeune fille resta cachée là en observant la scène discrètement, les deux Résistants finirent par repartir au bout d’une quinzaine de minutes, Émilie referma la porte et s’assise sur le lit le plus proche. Au même moment, Benoît entra, lorsqu’il vit la jeune fille, il s’exclama :
    « Ah t’es là, je n’avais même pas remarqué que tu étais parti, tu te caches des Résistants ou quoi ? »
    Émilie ne voulait pas avouer la vérité, Benoît s’assit à côté d’elle, la jeune fille le regarda et répondit comme excuse :
    « Je n’aime pas trop les soldats, je préfère éviter de les croiser…
    -Hum…ça peut se comprendre. Personnellement ça ne me dérange pas trop, de plus là, ça me permet de savoir ce qui se passe un peu. Apparemment il y a eu une importante bataille près du port, les Relanceurs et les Survivalistes ont attaqué en même temps un camp des Résistants, c’est à espérer que ces deux groupes ne font pas alliance… »
    Émilie imagina qu’effectivement cela serait une très mauvaise nouvelle, bien qu’elle n’appréciât pas les Résistants, si ceux-ci venaient à disparaître, la vie en deviendrait plus compliquée qu’auparavant. Le jeune garçon expliqua également :
    « De plus il semblerait que deux Résistants ont été retrouvés tués dans une maison de manière affreuse, l’un d’eux avait un harpon planté dans le crâne t’imagine…Je n’aimerais pas rencontrer les tarés qui ont fait ça… »
    Émilie était partagée entre une sensation de panique et une envie de rire, elle se dit qu’il ne valait mieux pas que Ben sache qu’il s’adressait à l’une des personnes responsables de ça. D’un autre coté, savoir que les Résistants avaient retrouvé les corps n’était pas une bonne nouvelle, même s’il y avait peu de chances qu’ils découvrent qui sont les responsables. Émilie et Benoît discutèrent là jusqu’à l’heure du dîner, le jeune garçon avait demandé à la jeune fille de manger avec lui, elle accepta sans hésiter. Ainsi la jeune fille se retrouva à diner en compagnie de Benoit, Daniel et Maxime, apparemment les deux jeunes garçons avaient passé leur après-midi à jouer ensemble à se cacher où s’attraper. Émilie fut ravie de voir que Daniel était d’aussi bonne humeur, cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait plus entendu rire. Elle observa quelques secondes Tom en compagnie de Camille, cela lui fit un pincement au cœur mais elle se dit que si le jeune homme voulait perdre son temps avec elle, cela était son problème. Elle préféra profiter de la joie qui se faisait sentir à sa table plutôt que de se soucier du reste, ils restèrent un long moment à table, au point que la nuit était tombée lorsqu’ils sortirent.
    Lorsqu’elle regarda en direction de la réserve, Émilie décida d’agir durant la nuit, elle voulait savoir au plus tôt ce qui s’y trouvait. Elle entra dans les dortoirs pour prendre le fusil qu’elle avait laissé au sol, mais ce dernier avait disparu, avec de la chance, Christophe l’avait mis à la réserve et elle pourrait le récupérer. La jeune fille s’allongea sur le lit du fond, le plus proche de la porte arrière et fit semblant de s’endormir, attendant que le reste du camp aille se coucher. Petit à petit les différentes personnes rentrèrent afin de dormir, la jeune fille remarqua qu’il manquait Christophe et Jonathan, elle attendue se pinçant régulièrement pour être sûr de ne pas s’endormir réellement.

    Après un long moment d’attente, les deux hommes n’étaient toujours pas présents alors que tout les autres dormaient déjà, Émilie n’aimait pas cela, longtemps elle hésita, se demandant si cela valait la peine de prendre un tel risque. Elle attendit encore plusieurs minutes avant de se lever et de se diriger vers la porte le plus silencieusement possible, elle ouvrit celle-ci avec délicatesse afin de sortir et la referma avec autant de précaution. Il faisait très froid, bien qu’aucun vent ne souffler, Émilie aperçût Jonathan, qui était toujours sur sa tour de garde à surveiller l’extérieur du camp à l’aide d’une lampe torche. La jeune fille avançât pas à pas, priant pour que ce dernier ne se retourne pas, il faisait sombre, mais elle distinguait la silhouette du bâtiment de la réserve. Cela lui pris de longues secondes mais elle arriva enfin près de la porte, elle abaissa tout doucement la poignée, par chance la porte était ouverte. Elle entrouvrit la porte pour vérifier que personne ne s’y trouvait, l’obscurité présente à l’intérieur, lui fit dire que c’était le cas. Elle se demanda où pouvait se trouver Christophe, elle pensa qu’il surveillait peut-être les jardins durant la nuit. Émilie rentra dans le bâtiment avant de refermer la porte derrière elle, vu qu’il n’y avait aucune fenêtre elle prit le risque d’allumer la lumière, elle appuya sur le petit interrupteur près de la porte et put voir ce qui se trouvait dans le bâtiment. Il s’agissait simplement d’une réserve de légumes, il n’y avait rien de plus, juste des légumes entassés ici et là dans des cageots ou des caisses en bois. La jeune fille fut soulagée de voir que, pour une fois, ses soupçons étaient dans l’erreur, elle se dit que finalement Christophe était peut-être quelqu’un de confiance.

    Au moment où elle pensa cela, la voix de l’homme se fit entendre derrière elle :
    « Finalement, Jonathan avait peut-être raison en me disant de ne pas te faire confiance… »
    La jeune fille se retourna paniquée et effrayée, elle préféra ne pas penser à ce qu’elle risquait désormais, mais le regard noir de Christophe n’indiquait rien de bon. Émilie tenta de se justifier et de s’excuser :
    « Désolé, c’est juste que je me méfiais, je pensais que vous cachiez quelque chose ici vu que personne n’a le droit d’entrer ici, donc j’ai préféré m’assurer qu’il n’y avait rien, c’est tout. »
    Christophe sembla réfléchir pour savoir si, oui ou non, la jeune fille disait vrai. Émilie se prépara à sortir son poignard au moindre instant si besoin, mais Christophe ne sembla pas lui vouloir du mal, il se contenta de remarquer :
    « On dirait que t’aimes bien défier les règles, c’est sans doute pour ça que t’es partie de l’hôpital… 
    -Comment le savez-vous ? »
    Même si elle avait su parler d’un ton calme, Émilie ressentit un frisson d’angoisse parcourir son corps. La pire idée qui lui traversa l’esprit, c’est que Christophe avait prévenu les Résistants et qu’ils allaient revenir la chercher, l’homme finit par répondre calmement :
    « Je savais qu’une jeune ado s’était enfuie de l’hôpital en enlevant un jeune garçon, donc lorsque je vous ai vu arriver, j’ai eu quelque soupçon, mais sans plus, surtout que vous étiez accompagné d’un garçon plus âgé donc je me suis dit que vous étiez peut-être des frères et sœurs égarés. Puis cette après-midi, j’ai remarqué que tu t’étais caché lorsque les Résistants sont venus, donc, mes soupçons étaient plus lourds et maintenant ta réaction me confirme que c’est bien toi. La raison pour laquelle tu t’es enfui ne me regarde pas et je ne compte pas te juger là-dessus mais pourquoi avoir emmené ce jeune garçon avec toi ? »
    Émilie se sentit rassurée, Christophe semblait ne pas lui en vouloir, il semblait juste vouloir comprendre, la jeune fille se dit qu’au fond peut-être que l’homme était vraiment quelqu’un de bien. Émilie expliqua :
    « Pour Daniel, je ne l’ai pas enlevé, ni même voulut le prendre avec moi, il a décidé de me suivre bien que j’aie longtemps insisté pour qu’il reste là-bas. Je pense que, maintenant, il est trop tard pour faire marche arrière. »
    Christophe avait écouté la jeune fille attentivement, il saisit l’une des caisses vides et la retourna pour s’asseoir dessus, il observa l’intérieur de la réserve comme s’il comptait les légumes avant de demander avec un petit rire :
    « Tu pensais que je cacher quoi ici ? 
    -Je ne sais pas trop… Je m’attendais à des armes.
    -Non…les armes sont dans la réserve d’outils mais elles ne sont pas cachées. D’ailleurs ça me fait penser que j’ai mis vos fusils dans un casier, j’ai donné la clé du cadenas au garçon qui t’accompagne, Tom, je crois ?
    -C’est ça »
    Émilie pensa qu’il aurait été utile que ce dernier l’en informe, elle garda cependant sa rancune pour plus tard. Le silence s’était à nouveau installé dans la réserve, Christophe finit par interroger la jeune fille :
    « Pourquoi tu ne fais confiance à personne ? »
    Plus qu’une simple question, Émilie ressenti que Christophe semblait vouloir l’aider, elle avait ressenti de la tristesse dans sa question, comme si l’homme avait conscience que quelque chose n’allait pas chez la jeune fille. Émilie réfléchit de longues secondes pour trouver la meilleure manière d’expliquer ses raisons et pourquoi elle avait une telle méfiance envers les autres, elle finit par répondre :
    « Mon frère m’a appris à me méfier, il a fait des erreurs et il ne voulait pas que je refasse les mêmes. C’est comme ça que j’ai appris à survivre et que j’ai survécu, en me méfiant. De nos jours faire confiance à quelqu’un est un gros risque, on peut y jouer sa vie.
    -C’est une façon de faire… Pour autant, faire confiance à personne ne t’aidera pas. Tu as très peu de chances de survivre seule, du moins à long terme. De plus si tu n’accordes jamais ta confiance, comment d’autres pourraient te faire confiance à leur tour ?
    -Je me suis toujours méfiée des autres et je m’en méfierai toujours, encore plus depuis que… »
    Émilie hésita à parler de ce qu’elle avait vécu, elle se dit que Christophe étant un adulte, il pourrait l’aider plus facilement que Tom, mais d’un autre côté, elle n’avait pas envie de devoir expliquer les choses et de s’imaginer de nouveau la scène. D’un coup, sans rien dire, l’homme releva une jambe de son pantalon, dévoilant ainsi sa prothèse du tibia, Émilie se demande où Christophe voulait en venir lorsque celui-ci raconta :
    « Avant de vivre ici, je faisais partie d’une équipe de Résistants, nous étions à peine une douzaine, un petit camp posté non loin de la gare qui était contrôlé par les Vautours. C’est là-bas que j’ai rencontré mon meilleur ami, Xavier. On plaisantait dès qu’on le pouvait et on s’entraidait si besoin. Un jour, on nous a demandé de réaliser une opération de surveillance afin de préparer un assaut imminent. Nous étions formés par groupes de deux pour cela, j’ai eu la chance d’être associé à Xavier et j’en étais ravi. Tout se dérouler bien, j’observais les lieux à l’aide de jumelles et transmettais les informations à Xavier qui lui-même les indiquait par radio à l’équipe chargée de l’assaut. Au bout de quelques minutes, j’ai entendu deux coups de feu, je n’ai pas eu le temps de réagir, j’ai ressenti de la chaleur dans ma jambe et lorsque je l’ai regardé, j’ai vu que je saignais lourdement. J’ai relevé mon regard Xavier, il tenait son fusil pointé vers moi et a simplement dit « Je ne veux pas que tu me suives, je devrai te tuer, mais au nom de notre amitié, je te laisse une chance de vivre ». Je l’ai vu courir, en direction de la gare, rejoindre les Vautours tandis que je sombrai dans le sommeil. On m’a appris plus tard que Xavier nous avait trahis et qu’il avait été prévenir les Vautours qu’on préparait un assaut, celui-ci à été un fiasco, il avait réussi. Quant à moi, on a réussi à me sauver mais pas ma jambe, je dois cela à un soi-disant ami qui m’a trahi de la pire manière possible. Malgré cette histoire, je continue d’accorder ma confiance aux autres au bout d’un moment, s’il le faut, il se peut qu’un jour je le regrette de nouveau, mais c’est un risque à courir aussi important que celui de se méfier, mais bien plus avantageux parfois. »
    Christophe laissa planer quelques secondes de silence, Émilie l’avait écouté sans l’interrompre, elle ressentait de l’admiration pour l’homme. Ce dernier finit par ajouter :
    « J’ignore ce que tu as vécu et je peux comprendre que tu ne veuilles pas en parler, tout ce que j’espère, c’est qu’un jour t’arrive à passer outre cela afin de mieux vivre. »
    Il s’était levé et avait commencé à ouvrir la porte lorsque Émilie déclara :
    « J’ai subi une tentative de viol. »
    Le dire clairement à haute voix lui avait procuré un effet très étrange, elle en avait mal au cœur, mais se sentait en même temps soulagée. Christophe regarda la jeune fille et finit par dire :
    « Désolé de l’apprendre… ce monde est rempli de salopards… Ça ne veut pas dire que nous en sommes tous. »
    Il sortit de la réserve, Émilie y resta de longues minutes, seule, à réfléchir.

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  • Bonne année 2017 à tous, je vous souhaite autant de bonheur que possible !!

     

    Bon on est déjà le 10éme jour mais malgré tout, il n'est pas trop tard pour un tel souhait, il n'est jamais trop tard pour souhaite du bonheur :)

     

    Donc, quoi de prévu en 2017 ?  Déjà Youth&War Volume 2 continuera d'être publier avec un chapitre tout les Mois. Je pense que par la suite, je ferai une série de fun facts là dessus. (Car il y a en a des petites annectodes amusante :3 )

    En dehors de cela, je ne sais pas si il y aura grand chose d'autre, je travaille actuellement sur un gros projet perso qui (comme toujours) me tiens à coeur.

    Donc peu de chance de voir apparaître des nouvelles, mais peut-être d'autre truc comme j'ai fait pour la MCU partie 1 en Octobre (peut-être l'analyse de la partie 2 en 2017 qui sait :p ).

     

    Bref, ce sera la surprise aussi bien pour vous que pour moi, hâte de voir ce que 2017 nous réserve !!

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  • Chapitre IX



    Cela faisait plusieurs jours qu’Émilie avait rejoint le camp, bien qu’elle ne s’y sentît pas encore à sa place, elle s’était mieux intégrée au groupe et participait davantage à la vie de ce dernier. Il restait cependant deux personnes avec lesquelles elle n’arrivait pas à s’entendre, Camille qu’elle trouvait trop pimbêche et superficielle, Émilie n’arrivait pas à lui parler sans avoir envie de la baffer pour qu’elle se taise au bout de dix secondes de conversation. La jeune fille n’arrivait pas à comprendre comment Tom pouvait là supporter, elle se dit que ce dernier devait aimer les filles stupides, fières de leurs apparences. La seconde personne avec qui Émilie n’avait aucune conversation était Jonathan, ce dernier semblait toujours se méfier d’elle comme au premier jour, la fois où elle avait tenté de lui reparler en le saluant, ce dernier l’avait regardé dans les yeux avant de répondre sèchement :
    « Je ne veux pas avoir affaire à toi alors fais demi-tour et à l’avenir ne m’approche plus. »
    Depuis elle avait décidé de ne plus retenté sa chance bien que le jeune homme ne lui fît pas peur, mais elle préféra ne pas créer de dispute.
    Un matin, alors qu’elle était en compagnie de Benoît, assise sur un banc près des jardins, Émilie décida de l’interroger sur son frère et de la réaction qu’il avait vis-à-vis d’elle, Benoit répondit machinalement :
    « Il ne faut pas t’en faire, ça fais partie de son caractère, je pourrai lui poser la question, mais je suis sûr de n’obtenir aucune réponse. Même à moi et à Maxime, il ne parle que très peu, pour ne pas dire jamais. Toujours seul dans son coin à réfléchir à je ne sais quoi, et à envoyer balader quiconque le dérange…T’es pas la seule à qui ça arrive rassure toi.
    -Mais il a subi quelque chose de particulier pour être comme cela ?
    -Non pas que je sache, je l’ai toujours connu comme ça. Après même s’il peut paraître rude, quand on a besoin de lui, il est là et n‘hésitera pas à donner de sa personne si besoin. T’inquiètes pas, t’es bien apprécié ici et cela par tout le monde. »


    Émilie n’était pas sûre que tout le monde l’apprécier, d’ailleurs elle et Tom s’étaient beaucoup éloignés depuis leur arrivée ici. La plupart de leur conversation se terminait soit en disputes soit en silence gênant, Émilie savait qu’elle en voulait à Tom pour avoir pris des décisions stupides en ne pensant qu’à lui-même et non aux autres, mais elle ignorait ce que Tom lui reprochait. Bien qu’elle fût la plupart du temps en colère contre le jeune homme, Émilie se sentit également triste de savoir qu’ils s’éloigné l’un de l’autre, plusieurs fois, elle avait été pleurée dans son coin suite à leur dispute pensant que plus rien ne serait comme avant entre eux. Elle ressentait plus que de l’amitié pour Tom, mais pour autant elle ne pensa pas qu’elle en était amoureuse, pour elle, Tom était le remplaçant de son grand frère disparu et l’idée de perdre ce faux frère l’a blessé au plus profond de son cœur. Heureusement pour Émilie, Benoit restait à ses côtés, elle avait rapidement appris à apprécier la compagnie du garçon, c’était un bon ami avec lequel elle aimait plaisanter et discuter, bien souvent ils passaient leur journée à deux en se promenant ou en jouant avec Daniel et Maxime. Alors qu’Émilie était perdue dans ses pensées, à côté de Benoit qui observait le ciel, Christophe arriva vers eux et leur demanda :
    « Il faudrait que deux personnes aillent fouiller les environs, voir si on peut trouver des choses utiles, vous vous porter volontaires ? »
    Les deux amis se regardèrent, Émilie fit un signe de la tête et Benoît répondit :
    « Pas de problème.
    -Merci, tiens, voilà un fusil et je t’ai apporté le tien Émilie. Voilà deux grands sacs »
    Tandis qu’il lui donner son arme et l’un des sacs à dos, Émilie demanda amusée :
    « Pourquoi nous demander si tu savais que l’on allait accepter ?
    -Question de politesse. Je pense que vous aurez de la chance de trouver du matériel dans les appartements de la rue Pavret, là où il y la vieille vidéothèque, normalement il n’y a personne, tu vois où c’est, Benoît ?
    -Oui ça me parle.
    -Parfait, on vous attendra pour le déjeuner, bon courage et soyez prudent. »
    Greg s’éloigna tandis que Benoît et Émilie se dirigèrent vers leur destination, le garçon indiquant la jeune fille sur la direction à prendre.

    Depuis qu’elle était arrivée dans le camp, c’était la première fois qu’Émilie en ressortait, elle n’aurait pas su expliquer pourquoi mais retrouver ce frisson de liberté, d’autonomie mais aussi de danger, fût pour elle comme une grande bouffée d’air pur. Tous les soucis et problèmes qu’elle avait accumulés ces derniers jours s’étaient éclipsés pour laisser place à un intense sentiment de bien-être. Pour autant, la jeune fille n’avait pas perdu ses habitudes d’éviter de faire du bruit et d’avancer avec prudence le plus discrètement possible. Émilie remarqua que Benoît n’était pas autant aussi alerte qu’elle, bien que le jeune garçon avançât de façon vigilante, la jeune fille dû à plusieurs reprises lui conseiller de passer par les petites ruelles entres les bâtiments plutôt que par les grandes rues. Benoît lui déclara que la zone était surveillée par des Résistants et que, normalement, ils ne risquaient rien, Émilie n’osa pas avouer que c’est ce qui l’inquiétait. Elle finit par abandonner Benoît dans les rues pour avancer comme elle le désirait, elle mit son fusil en bandoulière et s’arma de son poignard, sachant que le tir du fusil résonnerait au loin dans cet espace confiné, là où son poignard serait silencieux si elle se faisait agresser par surprise. La plupart des ruelles étaient sombres et humides, seule l’une d’elles, qui passait derrière un bar abandonné, était éclairée par une petite ampoule bien que personne ne vécût dans le coin.

    Après plusieurs dizaines de minutes, Émilie et Benoît arrivèrent dans la rue de leur destination, celle-ci, comme toutes les autres, était dévastée, mais avec en plus, un camion de pompier couché sur le côté. La réserve d’eau du véhicule fuyait encore par un petit jet qui inondait peu à peu la route, Benoît qui observait la chose, demanda à Émilie tout en chuchotant :
    « À ton avis, comment ce camion as-t-il pu se renverser ?
    -Je ne sais pas et je ne suis pas sûr de vouloir savoir, vu comment il est propre, j’ai l’impression qu’il n’est pas là depuis longtemps. On ferait mieux de trouver ce qu’on a besoin et de partir au plus vite avant que les responsables ne reviennent.
    -Pourquoi ils reviendraient ?
    -Hum…Effectivement, je ne sais pas, mais soyons prudent au cas où. »
    Benoît acquiesça et entra dans le bâtiment le plus proche suivit d’Émilie, c’était un petit immeuble de trois étages composé d’une vingtaine d’appartements, tous conçus de la même manière, les pièces étant bien souvent disposées de la même façon.Il ne fallut donc pas longtemps aux deux amis pour réunir plusieurs flacons et boîtes de médicaments, du linge, des ustensiles de cuisine, une lampe torche avec quelques piles et même du papier avec des crayons de couleur qu’Émilie avait pris se disant que cela pourrait plaire à Daniel et à Maxime. Alors qu’ils s’apprêtaient à repartir, Émilie et Benoit entendirent du bruit provenant de la rue, tous deux allèrent jusqu’à l’un des appartements qui se tenait en face de celle-ci. L’une des fenêtres était munie de stores vénitiens qui étaient fermés, la jeune fille écarta doucement l’une des languettes afin de jeter un coup d’œil dans la rue, Benoît se contenta d’observer par-dessus son épaule. Il s’agissait de deux enfants qui jouaient dans la grande flaque qui provenait du camion de pompiers, les deux bambins étaient pieds nus, vêtus tous deux de gros manteau d’hiver, bien trop grand pour leurs tailles. Ils étaient très sales et avaient tout les deux des cheveux noirs et longs bien que l’un des enfants semblait être un garçon, Émilie estima qu’ils n’avaient pas plus de 4 ans. Benoît déclara :
    « Ouf… si ce ne sont que des enfants abandonnés ça va… On ferait mieux de descendre et de leur dire de ne pas rester là. 
    -Non, on ferait mieux de rester là.
    -Allons, ce ne sont que deux enfants, ce n’est pas ce qu’il y a de plus dangereux et on sait qu’ils risquent de se faire tuer s’ils restent là.
    -Je me méfie…
    -Tu te méfies pour rien. »
    Quelque chose dérangerait Émilie dans ce qu’elle voyait, ce n’était pas normal, elle sentait que cela était un piège, deux enfants n’auraient jamais survécu seuls à cette époque. Elle se souvint alors qu’elle s’était déjà fait avoir comme cela avec la vieille dame qui semblait tout aussi innocente que ces deux enfants, avant que Benoit ne sorte, elle l’avertit :
    « Benoît, c’est un piège !
    -Qu’est-ce que tu racontes ?
    -Réfléchis, deux enfants n’auraient jamais pu survivre tout seuls dans ce monde, ils sont accompagnés par quelqu’un qui se sert d’eux pour nous faire sortir sans méfiance.
    -C’est n’importe quoi, tu pe…
    « Je me suis déjà fait avoir de cette manière !
    -Co… Comment ça ?
    -Je suivais une vieille dame, croyant qu’elle était seule et déboussolée, au final, je me suis fait agresser par un type, j’ai réussi à m’en débarrasser et la femme est venue hurler disant que les survivalistes auront ma peau. »
    Benoit sembla réfléchir à ce que venait de lui dire la jeune fille, il observa de nouveau discrètement par la fenêtre avant de se retourner vers Émilie et de lui demander :
    « C’est qui les survivalistes ?
    -Je n’en sais trop rien, Tom en a plus entendu parler que moi mais apparemment c’est un groupe de psychopathe qui tue tout le monde.
    -Ok je veux bien te croire, après réflexion, il se peut que ce soit un piège, mais dans ce cas où seraient cachés ceux qui nous le tendent ? »
    La jeune fille s’approcha de la fenêtre, elle essayait de voir si des personnes se cachaient dans les ruelles où les bâtiments en face mais elle ne vit personne. Elle s’interrogea et en conclut à voix haute :
    « Ils doivent forcément voir l’entrée depuis leur cachette, mais je n’arrive pas à les voir... Le seul moyen, c’est de réussir à les faire sortir, sinon on sera bloqué ici.
    -On peut essayer de passer par-derrière, il y a sûrement une sortie de secours.
    -Dans ce cas, j’ai peur que l’on soit encerclé… »
    Bien qu’elle fût paniquée par la situation, Émilie gardait une voix calme et continuer de réfléchir à la situation. Benoît semblait également inquiet, tout comme la jeune fille, il sembla chercher une solution à leur problème, il finit par déclarer :
    « On peut déjà vérifier derrière s’il y a quelqu’un dans la ruelle depuis les fenêtres, non ? »
    Émilie acquiesça et ils allèrent voir de quoi, il en retournait, il semblait cependant n’y avoir personne dans la ruelle arrière, pour autant, Émilie ne voulait pas prendre le risque d’y descendre, cela lui donna néanmoins une idée qu’elle expliqua à Benoit :
    « Ok… ce que l’on va faire, je vais descendre jusqu’au rez-de chaussée à l’arrière pour ouvrir une fenêtre et tirer dans la ruelle, avec de la chance, ils vont croire que l’on s’est enfui par derrière et qu’on a dû se défendre et donc ils vont se presser d’y aller. Toi tu restes ici et tu surveilles ce qui se passe, tu vois combien d’entre eux sortent de leur cachette et s’il y en a qui restent en garde. On se retrouve ici pour faire le point et avec de la chance, cela marchera et on pourra s’enfuir. »
    Benoît approuva ce plan et se prépara, Émilie alla jusqu’aux escaliers et les descendit en silence un à un jusqu’au rez-de-chaussée.

    Avant d’ouvrir la porte, elle jeta un coup d’œil par le trou de la serrure qui lui permettait de voir l’un des couloirs, ce dernier semblait complètement vide, elle continua de l’observer quelques secondes de plus, mais celui-ci resta vide. Émilie se décida à sortir, elle rejoignit l’un des appartements arrière tout en observant les alentours, elle avait la sensation qu’à chaque coin quelqu’un allait lui surgir dessus pour la tuer. La jeune fille s’arrêta quelques secondes afin de respirer un peu, de se calmer et de reprendre ses esprits, elle savait qu’elle devait rester concentrée malgré la peur qu’elle puisse se faire tuer à chaque instant.
    La jeune fille finit par atteindre l’une des fenêtres qui donnait sur la ruelle et l’ouvrit, elle fit passer le canon du fusil à travers l’ouverture. Elle ferma les yeux, respira lentement et pria pour que son idée marche avant d’appuyer sur la détente, le bruit sourd du tir résonna à travers toute la ruelle, il sembla ne plus s’arrêter, cela avait pris toute l’attention d’Émilie qui, pendant quelques secondes, avait oublié qu’elle devait maintenant rejoindre Benoit.

    Rapidement, elle remit son fusil en bandoulière, sortit de l’appartement et reprit les escaliers en sens inverse, mais la porte du premier étage s’ouvra sur un homme mince et chauve. Sans qu’elle ne s’en rende compte, Émilie avait saisi son poignard, la jeune fille le planta alors dans le ventre de l’homme qui avait tout juste eu le temps de crier en la voyant avant de s’effondrer dans les escaliers.
    Un second homme était derrière lui, un gros barbu qui était armé d’un grand couteau de cuisine, celui-ci hurla d’une voix grave :
    « Salope, je vais te faire la peau ! »
    Il fit voler son couteau en tous sens afin de tuer Émilie, celle-ci avait descendu plusieurs marches à temps et évita les coups mortels de la lame que maniait l’homme. Émilie saisit rapidement son fusil et tira dans sa direction sans viser, le tir le toucha à la jambe et l’homme tomba sur les genoux en hurlant de douleur, la jeune fille reprit son poignard et lui trancha la gorge pour l’achever tout en hurlant à son tour :
    « Meurs enfoiré ! »
    Le gros barbu tomba, son sang coulant sur les marches, Émilie sentit alors une intense douleur à son bras gauche et le saisit par réflexe, elle sentit quelque chose de chaud sur ses doigts et s’aperçut qu’elle avait une profonde entaille, dessus, qui saignait abondamment. La douleur sembla se réveiller et se fit sentir atrocement, la jeune fille hurla et ne put s’empêcher de faire couler ses larmes. Tout son bras lui faisait mal et celui-ci lui donnait froid comme si elle l’avait mouillé, elle tenu la blessure aussi fortement qu’elle le pouvait à l’aide de sa main afin d’éviter de perdre trop de sang et monta les escaliers restant afin de rejoindre Benoît. Celui-ci semblait paniqué et il le fut encore plus lorsqu’il vit dans quel état se trouvait Émilie, il parlait très vite, agité par l’angoisse :
    « Oh merde, merde, merde, merde, merde… Attends, je sais ce qu’il faut faire, euh… Oui, assis-toi pour commencer. »
    Il aida la jeune fille à s’asseoir contre un mur avant d’ouvrir son sac et de sortir l’un des draps qu’il avait récupérés. Puis il retourna près d’Émilie et lui demanda :
    « Je peux t’emprunter ton couteau ? »
    La jeune fille acquiesça, elle commençait à voir trouble dû à ses yeux humides et devait se mordre la lèvre pour s’empêcher de hurler de nouveau. Benoît découpa une bande de tissu dans le drap, puis il demanda de nouveau :
    « Il faut que tu retires ta main de ta blessure »
    Émilie s’exécuta bien que cela renforçât la douleur, cette fois-ci, elle ne put s’empêcher de lâcher un cri, heureusement Benoit s’empressa de rouler la bande autour du bras de la jeune fille. La douleur était toujours aussi présente mais Émilie arrivait cependant à bouger son bras sans trop de problème. Benoît essuya la main droite de la jeune fille avec le reste du drap, celle-ci était couverte de sang, il essuya également son visage et l’aida enfin à se relever. Bien qu’il y eût la bande, Émilie ne put s’empêcher de se tenir le bras, cela calmait légèrement la douleur. Elle reprit ses esprits rapidement et demanda à Benoît :
    « Ça a marché ? »
    Le garçon semblait ne pas oser répondre, mais il finit par dire :
    « Seulement à moitié, je crois, certains sont bien partis par l’arrière, mais les autres sont entrés dans l’immeuble avant même que tu tires. »
    Émilie était fortement déçue que son idée n’ait pas fonctionné bien qu’elle sût que les chances que cela marche comme il faut étaient faibles. Elle se dit que s’il y en avait que deux qui étaient entrés à l’intérieur, elle s’en était déjà occupée, elle interrogea alors Benoit :
    « Combien ils étaient ? 
    -Je dirai une dizaine.
    -Merde… J’en ai déjà tué deux, mais il faut qu’on fuît au plus vite, je ne pense pas pouvoir t’aider à nous défendre. Faudrait qu’on sorte sans se faire remarquer, ça va être compliqué mais…
    -Non, c’est trop risqué, en revanche il y normalement une sortie par le toit, qui ramène sur celui de la vidéothèque à côté, le truc, c’est que…
    -Quoi ?
    -Je ne suis pas sûr que t’arrivera à descendre l’échelle dans ton état actuel, en espérant qu’elle est toujours en bon état. »
    La jeune fille observa son bras entaillé, le tissu qui recouvrait la blessure était déjà fort rouge, mais le sang commençait à moins couler pour le moment, elle savait que forcer dessus lui ferait mal tout comme elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Elle inspira et expira un grand coup avant de répondre à moitié convaincu :
    «Allons-y »

    Les deux jeunes rejoignirent rapidement les escaliers, Benoît aida Émilie à monter les dernières marches bien que celle-ci insistât pour se débrouiller seule. Elle préférait réveiller la douleur maintenant plutôt que sur l’échelle, elle se disait qu’au moins, si elle tomber maintenant, ce serait bien moins risqué. Ils arrivèrent sur le toit, c’était une simple dalle de béton grise, avec cependant une antenne et une parabole ainsi que quatre chaises et une petite table d’extérieur, Émilie ne se douta pas que manger au soleil sur le toit durant l’été devait être agréable. Par chance, il y avait effectivement une échelle,  celle-ci descendait jusqu’au toit de la vidéothèque. Ce fut Benoît qui passa en premier, les barreaux métalliques peints en vert grincèrent sous son poids, cela ne rassura pas Émilie, mais elle se força malgré cela à le suivre. À chaque mouvement son bras lui faisait intensément mal, à tel point qu’elle avait l’impression qu’il se gonflait et dégonflait comme un cœur qui bat, à plusieurs reprises, elle s’arrêta quelques secondes, pour respirer un grand coup et crier tout en gardant la bouche fermée pour faire moins de bruit possible et reposer son bras avant de reprendre la descente. Pendant un moment, elle songea même à descendre à l’aide d’une seule main, lorsqu’elle commença à perdre l’équilibre et à basculer en arrière, elle abandonna tout de suite cette idée, d’autant plus que se rattraper d’un coup lui avait fait encore plus mal. Au bout d’un long moment de supplice, elle posa enfin les pieds sur le toit de la vidéothèque et put lâcher l’échelle, laissant son bras pendre le long de son corps. Voyant les larmes qui coulaient encore sur le visage de la jeune fille, Benoît lui demanda :
    « Ça va aller ? »
    Émilie les essuya tout en répondant d’une voix un peu tremblante :
    « Oui oui, ne t’en fais pas… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? 
    -Normalement il y une trappe qui permet de descendre à l’intérieur ?
    -Comment tu sais tout ça ?
    - Je ne vivais pas loin d’ici, de plus mon frère à travailler ici pour se faire de l’argent de poche autrefois. Il m’avait raconté qu’il passait régulièrement par une trappe de plafond pour monter sur le toit et fumer en cachette.
    -Je ne savais pas qu’il fumait…
    -Plus maintenant, il n’a pas eu le choix, remarque, c’est peut-être pour ça qu’il est tout le temps de mauvaise humeur… Ah la voilà. »
    Émilie, qui s’était assise quelques secondes, se releva et s’approcha de Benoît qui tenta désespérément de soulever la plaque métallique qui servait sûrement à aérer les lieux si besoin. Celle-ci était quelque peu rouillée au niveau de l’ouverture, Benoit s’arrêta déclarant :
    « Bon sang, je ne vais pas réussir à la soulever, elle doit être verrouillée de l’intérieur…Fais chier…Saleté de merde ! »
    Le jeune homme énervé donna un grand coup de pied sur la plaque afin d’extérioriser sa colère, contre toute attente celle-ci s’était légèrement pliée formant un petit espace dans l’ouverture. Ayant remarqué cela, Benoît donna un second coup de pied, la plaque se plia de nouveau et le trou était désormais assez grand pour y passer sa main. Émilie commenta quelque peu amusé :
    « Eh ben, quelle force ! »
    Benoît souri lorsqu’il répondit :
    « Je comptais mettre cela sur le dos de la chance, mais si tu insistes. »
    Il se pencha et passa sa main dans l’ouverture afin d’attraper le petit crochet qui gardait la plaque verrouillée avant de l’ouvrir complètement puis de descendre. Émilie s’approcha de l’ouverture, Benoît l’attendait en bas, prêt à la rattraper si besoin. Bien qu’elle ait la tête qui tourne et que son bras continuait de la faire souffrir, la jeune fille réussit à descendre sans tomber. Cependant, une fois en bas, elle indiqua à Benoît :
    « Il faut que je m’arrête, mon bras me fais trop mal, il vaut mieux que je me repose un peu avant qu’on reparte.
    -T’es sûr que ça va aller ?
    -Oui oui, ne t’en fais pas… »
    La vidéothèque était très petite et très sombre, il y avait un comptoir et deux étagères centrales qui contenait de veille casettes ainsi que des boîtes de DVD, Émilie s’était assise sur le sol et contre le mur près du comptoir, Benoît était resté debout à côté d’elle. Cela faisait plusieurs secondes que la jeune fille luttait pour ne pas s’endormir, elle savait que ce n’était pas le moment, c’est alors qu’un bruit de moteur se fit entendre, un véhicule venait d’arriver dans la rue et s’était arrêter devant le bâtiment. Émilie, qui n’osa pas se lever, demanda à Benoît d’une voix faible :
    « Qu’est-ce que c’est ?
    -Je vais aller voir, reste là.
    -D’a... D'accord. »
    Elle vit le jeune garçon sortir et décida de fermer les yeux quelques secondes, elle finit par entendre Benoît crier :
    « Venez, mon amie est blessée, elle a besoin d’aide. »
    Se demandant ce qui se passait, elle releva la tête et ouvrit les yeux, elle voyait trouble, sûrement à cause de la fatigue se dit-elle. Elle vit la silhouette de Benoît rentré, il semblait être accompagné par un homme armé qu’elle n’arrivait pas à voir correctement. Ce dernier approcha son visage du sien, il semblait être blond avec une légère barbe, tandis qu’elle s’endormait, la jeune fille entendit l’homme lui demander d’une voix inquiète :
    « Émilie ? »

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  • Chapitre X

     

    Émilie marchait en compagnie de Jordan, il était venu la sauver dans la vidéothèque de justesse, frère et sœur étaient enfin réunis. Le plus beau pour Émilie, c’est que Tom les accompagnait, il lui tenait la main tandis qu’ils avançaient vers une grande ferme d’où on entendait des bruits d’animaux. Émilie s’arrêta au milieu de la cour pour profiter des rayons du soleil puis elle serra son frère dans ses bras afin de le remercier d’être revenu. Elle le relâcha et tout ce qui se trouvait autour d’elle devenu sombre et vide, elle était désormais seule et avait très froid, elle entendait des échos de voix qui parlaient au loin. Plus les voix s’approchaient et devenaient claires, moins elle avait froid, mais elle avait également une douleur qui se faisait de plus en plus sentir dans son bras.

    Lorsqu’elle se réveilla de son long sommeil, Émilie hurla un grand coup, tellement fort qu’elle dut reprendre son souffle pendant plusieurs secondes. Elle regarda son bras au niveau de sa blessure, celle-ci était recouverte d’un bandage blanc très propre, son bras lui faisait encore un peu mal, mais c’était très léger par rapport à auparavant. La jeune fille observa autour d’elle, elle était dans une petite pièce, allongée sur un lit recouvert d’une grosse couette, à côté duquel se trouvait une caisse sur laquelle étaient posés plusieurs objets médicaux dont une seringue, des compresses, du bandage et une serviette, seule la petite lampe de chevet à ombrelle sortait du lot. En dehors de cela et d’un câble au sol qui allait jusque sous son lit, il n’y avait rien dans cette pièce en bois, faites de grosses planches, la seule porte se trouvait dans le coin droit qui lui faisait face. Émilie tenta de se remémorer les événements qui l’avaient conduite ici, la dernière chose dont elle se souvenait, c’est d’avoir entendu quelqu’un l’appeler dans la vidéothèque, mais elle ne savait plus de qui il s’agissait. Une jeune femme entra dans la pièce, troublant la réflexion d’Émilie, celle-ci devait avoir un peu moins de la trentaine et était plutôt maigre, elle était vêtue d’un jean et d’un pull en col roulé vert pomme sur lequel retombaient ses longs cheveux châtains bouclés, elle portait également des lunettes qui mettaient en valeur ses yeux bruns, Émilie trouva la jeune femme très jolie, presque d’un air d’ange, son regard rassurant et son sourire amicale participaient à la chose, tant il était rare de voir des gens sourire lors de la première rencontre habituellement. La jeune femme commenta en observant Émilie :
    « Eh bien, au moins quand tu te réveilles, ça s’entend. »
    Elle avait dit cela d’un ton amusé ce qui fit sourire Émilie, la jeune femme alla s’asseoir sur le lit à côté des jambes d’Émilie avant de lui demandait :
    « Comment vas-tu ma grande ?
    -Ça… Ça peut aller, je n’ai plus trop mal, mais j’arrive plus à me rappeler comme il faut ce qui s’est passé.
    -Tu t’es évanoui, c’est normal que tu sois chamboulé et que t’aies du mal à réfléchir, ne t’en fais pas ça reviendra avec le repos.
    -Comment ça se fait que je me sois évanoui avec une simple coupure, ça m’est déjà arrivé de me blesser pourtant…
    -La plaie était importante, j’ai dû la recoudre, tu vas sans doute garder une légère cicatrice. T’as perdu beaucoup de sang, si l’on ajoute à cela le fait que tu manges peu ou de la fatigue plus le fait que tu sois en pleine croissance, on a plein de possibilités qui font que tu sois évanoui…
    -D’accord… Je sais que c’est bizarre, mais je trouve ça plutôt cool l’idée d’avoir une cicatrice. »
    La jeune femme eut un petit rire en répondant :
    « Non, ne t’en fais pas, cela n’a rien de bizarre, tes amis m’ont dit que tu étais une fille endurcie. D’ailleurs, je vais pouvoir les laisser entrer, j’imagine qu’ils ont hâte de te voir, je vais juste leur indiquer de te laisser te reposer par la suite. Si t’as besoin d’aller aux toilettes, il y a une jeune fille qui est d’accord pour t’accompagner, tu n’auras qu’à crier et quelqu’un viendra te voir. Moi je reviendrai te voir dans quelques jours ok ?
    -Ok, merci docteur euh…
    -Je m’appelle Emma, mais je suis infirmière pas docteur, allez à la prochaine Émilie. »
    La dénommée Emma ressortit de la pièce, quelques secondes plus tard, une autre personne entra, rien qu’en la voyant, Émilie se rappela soudainement de comment elle était sortie de la vidéothèque. Grand, de longs cheveux blonds, une légère barbe, une apparence musclée et un sourire en coin, il était difficile de ne pas reconnaître son cousin Steve.

    Ce dernier s’approcha du lit, Émilie eut à peine le temps de prononcer son prénom que ce dernier la serra dans ses bras pendant de longues secondes, lorsqu’il la relâcha, Émilie indiqua :
    « Eh ben, toi qui n’est pas émotif d’habitude. 
    -C’est une occasion spéciale aussi.  Alors comment vas-tu ?
    -Bien, grâce à toi, je te remercie de m’avoir sauvé.
    -C’est normal, bien que j’aurais préféré te revoir dans d’autres circonstances. Surtout que j’ai eu un peu de mal à te reconnaître avec ta nouvelle couleur de cheveux.
    -Ah ça… C’est une longue histoire…
    -Justement, j’ai du temps devant moi, alors j’aimerais que tu me racontes tout et pas la version où tu as kidnappé un gosse, je n’y croirais pas !
    -Ok… Bon alors comme tu le sais, je ne me plaisais pas à l’hôpital donc j’ai cherché à partir… »

    Émilie lui raconta alors tout ce qu’elle avait vécu jusque-là, le retour dans les égouts, la rencontre avec Tom, la recherche des espaces verts…du moins presque tout, elle jugea préférable de ne pas parler de son agression pour le moment.  Lorsqu’elle eut fini, Steve commenta :
    « Eh ben… On pourrait presque en faire un roman…
    -Eh oh ! Je t’avais dit que c’était long à expliquer !
    -T’en fais pas, je te taquine. 
    -Et toi alors ? Ne me dis pas que t’as réellement abandonné ton fils, parce que sinon j’ai beau être blessé, je te donnerai quand même une claque et pas une petite !
    -Rassures-toi, le petit Thomas va bien et je le vois régulièrement. On m’a proposé de participer à l’approvisionnement de l’hôpital et j’ai accepté. J’ai une arme, mais je ne suis pas vraiment soldat, au final, on surveille l’un des secteurs les plus calmes par ici, je suis plus une sorte d’agent de sécurité pour le moment mais au moins ça m’occupe, comme toi, je ne supportais plus de rester enfermé dans cet hôpital à ne rien faire…
    -Bon ça va alors, pas besoin de te frapper.  Et Mathilde, comment elle va ? »
    Le sourire de Steve s’effaça, il souffla un grand coup avant d’expliquer :
    « Elle, ça ne va pas fort, pas du tout même. Heureusement, elle n’est plus surveillée pour cette histoire de kidnapping, mais malgré tout elle reste la plupart du temps allongé avec le petit, elle ne me parle presque plus, je lui ai proposé plusieurs fois de faire un tour dehors pendant qu’Emma s’occupe du bébé en lui disant que cela lui ferait du bien mais elle ne veut pas. Elle continue de manger parce que je la force mais j’ai l’impression qu’elle attend simplement que la mort arrive… »
    Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, Émilie le serra dans ses bras et se mit à pleurer à son tour, elle n’arrivait pas à imaginer sa sœur comme ça, elle proposa alors à Steve :
    « Tu penses que si elle viendrait me voir, ça lui ferait du bien ?
    -Je ne sais pas, j’essayerai de lui demander de m’accompagner pour te voir la prochaine fois
    -Oui s’il te plaît.
    -Bon, je vais te laisser, je pense que d’autres ont envie de te voir, on se verra sans doute demain, au fait vu que Daniel à témoigné, tu n’es plus recherché pour kidnapping rassures toi
    -Du coup, il est de nouveau à l’hôpital ?
    -Non, sa mère l’a autorisé à rester ici, on lui a convaincu que c’est plus saint pour lui d’être dans des jardins plutôt qu’enfermé et qu’elle pourrait venir le rejoindre si elle le souhaite. Avant de partir, je te redonne ça, vu que je te l’avais pris, caches le, je ne pense pas que les autres seraient d’accord de te laisser garder ça. A la prochaine Lily !
    -Oui, à bientôt. »
    Émilie reprit son poignard, elle était heureuse d’avoir encore ce souvenir précieux en sa possession et décida de la cacher derrière la caisse qui servait de table de chevet.

    À la suite de Steve ce fut Christophe qui rentra, un grand sourire se dessina sur son visage lorsqu’il observa Émilie qui le lui rendit. L’homme s’approcha du lit et observa le bandage de plus près, bien qu’il continuât de sourire, Émilie remarqua qu’il avait le regard inquiet, néanmoins l’homme se tourna vers la jeune fille et lui demanda :
    « Comment vas-tu ma grande ?
    -Ça va mieux, par contre dommage qu’il n’y ait pas de fenêtre ici, j’ai vu qu’il y avait du soleil quand t’es rentré.
    -Ah ça… Emma nous a demandé de te placer dans une chambre individuelle  afin que tu te reposes au mieux, on n’en a pas, du coup on a sortit tout les outils de ce cabanon et on y a placé un lit, c’est le seul endroit que l’on avait pour cela. Le plus dur a été de chauffer l’endroit, mais avec une rallonge et un petit radiateur, ça suffit heureusement.
    -Ah ! C’est ça qu’est branché sous mon lit alors. C’est gentil d’avoir fait ça pour moi, merci.
    -Je te dois bien cela, c’est un peu à cause de moi si t’as été blessée, je n’aurai pas dû vous envoyer aussi loin.
    -Mais non voyons, comme dirait mon frère, ce sont les risques du métier. »
    Christophe ria de bon cœur, il semblait soulagé de voir que la jeune fille était en forme, il discuta encore quelques minutes avant de partir et de laisser place à Tom et à Benoit qui rentrèrent à deux.  Après avoir répondu à l’habituelle question vis-à-vis de sa santé, Émilie demanda à Benoit :
    « Qu’est-ce qui s’est passé alors ?
    « Tu te souviens, tu t’étais assise dans la vidéothèque, car t’avais besoin de te reposer et moi je suis allé voir dehors quel véhicule venait d’arrivée.
    -Ça, oui je m’en souviens, ensuite ?
    -C’étaient les Résistants qui viennent charger leur camion habituellement, Christophe leur avait demandé de venir voir ce qui se passait vu que l’on mettait du temps à revenir. Je leur ai dit que tu étais blessé et que t’étais dans la vidéothèque, l’un d’eux à couru vers toi et quand il t’a vu, il semblait te connaître donc il t’a porté jusqu’au camion et t’a allongé à l’arrière en prenant soin de garder ta tête sur ses genoux. Il a hurlé à son collègue d’aller jusqu’aux espaces verts à pleine vitesse avant de téléphoner à un camp et de leur demandé d’y envoyer un médecin au plus vite. Une fois arrivé, on t’a allongé sur l’un des lits du dortoir jusqu’à ce que l’infirmière demande à te mettre dans une chambre seule, du coup t’as atterri ici. »
    Émilie s’était imaginé toute la scène pendant les explications de Benoit, elle commenta :
    « Eh ben…quel bazar, tout ça pour moi. »
    Elle avait dit ça avec un grand sourire, Tom cependant commenta :
    « Allons, tu vaux bien autant de précaution.
    -Merci et merci à toi Benoit, sans ton bandage express, j’aurai sans doute perdu plus de sang et je ne serai sans doute plus là.
    -Bah… C’est bien parce que t’es sympa sinon je t’aurais laissé crever.
    -Mais quelle enflure ! »

    Tous trois rirent de bon cœur, Émilie était ravie d’avoir ses deux proches amis à ses côtés, elle en était presque à remercier ce qui lui était arrivé. Les trois amis discutèrent et plaisantèrent un long moment, si longtemps que Christophe dû intervenir au soir en rappelant aux garçons que la jeune fille avait besoin de repos, ils lui souhaitèrent donc une bonne nuit et s’en allèrent, Tom l’embrassa même sur la joue avant de partir.

    Une fois seule, Émilie s’ennuya rapidement, bien qu’elle ait éteint la lampe, elle n’arrivait pas à s’endormir, elle se contenta d’observer l’obscurité du plafond tout en repensant aux différentes choses qu’on lui avait dites durant l’après-midi. Lorsqu’elle repensa à sa sœur et à l’état dans lequel elle semblait être cela lui fit mal au cœur et elle ne put s’empêcher d’avoir des larmes qui coulèrent sur ses joues. Elle se demanda comment sa sœur avait pu devenir comme cela, elle alla jusqu’à penser qu’elle était sans doute responsable de son état et que les choses iraient sans doute mieux si elle était restée aux côtés de Mathilde. Elle s’interrogea également sur la réaction qu’aurait Jordan, s’il revenait et découvrait cela, en y réfléchissant à cela, elle crut comprendre ce qui n’allait sans doute pas chez sa sœur.  D’abord, Jordan était parti, puis elle-même et enfin Steve, bien qu’il semblât la voir régulièrement, Émilie jugea que sa sœur devait se sentir abandonner par tout le monde et que le fait de devoir élever son enfant presque seule ne devait pas aider. La jeune fille espéra de tout cœur que Mathilde vienne la voir afin qu’elle lui explique que ce n’est pas sa sœur qu’elle a quittée mais l’hôpital, qu’elle ne pouvait plus supporter cette vie et que Mathilde devrait faire de même. Émilie songea même à convaincre Mathilde de rester ici, elle serait bien entourée et cela l’aiderait à se sentir mieux, voilà ce qu’elle lui dirait lorsqu’elle viendrait. La jeune fille réfléchit très précisément à ce qu’elle comptait dire, elle imagina chacune de ses phrases comme si elle préparait un discours officiel, elle finit cependant par s’endormir suite à toute cette réflexion.

    Le lendemain, Émilie fut réveillée par quelqu’un qui toqua à sa porte, elle autorisa la personne à entrer parce qu’elle somnolait encore. Il s’agissait de Camille vêtue d’une veste en laine blanche et d’un jean serré, la jeune fille était venue lui apporter le petit déjeuner avec un grand sourire. Il y avait un grand bol de lait chaud, ce qui était assez rare. Camille lui expliqua :
    « Ce sont les Résistants qui ont pu nous procurer du lait, apparemment ils détiennent une ferme non loin avec quelques animaux. »
    Camille gardait cette voix douce et agréable à entendre, cela s’accompagnait d’un sourire sincère. Lorsqu’elle s’approcha d’Émilie, celle-ci remarqua les yeux vert clair de Camille, ils étaient aussi brillants qu’une émeraude. Camille s’excusa auprès d’Émilie :
    « Désolé hier je n’ai pas pu te voir, je le voulais, mais à chaque fois que je venais il y avait quelqu’un.
    -Ne t’en fais pas.
    -Je sais que toi et moi on n’est pas très proche et que tu me détestes mais je…
    -Je ne te déteste pas Camille, d’où tu sors ça ?
    -Ah bon… Je croyais pardon. »
    Émilie se sentit un peu mal vis-à-vis de Camille, au final, elle avait mal jugé la jeune fille et lui en voulant alors qu’elle ne lui ait rien fait de mal, juste par pur jalousie infantile. Au final Camille semblait bien au contraire très gentille et une bonne amie si l’on apprenait à la connaître, cette dernière demanda alors à Émilie :
    « Dans ce cas, j’espère que tu ne m’en voudras pas pour ce que je vais faire.
    -Quoi donc ? »
    Sans prévenir Camille serra Émilie dans ses bras, Émilie fit de même, elle sentit entre ses doigts les cheveux doux de la jeune fille, bien qu’elle ne sût expliquer pourquoi, ce câlin lui donna une sensation de bien-être comme si elle ressortait d’un bon bain chaud. Elle avait presque envie de poser sa tête sur l’épaule de Camille, tellement elle se sentait bien dans ses bras, mais cette dernière finit par lâcher Émilie. Camille lui avoua alors :
    « J’étais très inquiète lorsque Benoit m’a expliqué ce qui s’était passé et encore plus lorsque j’ai vu l’état de ton bras, j’ai eu peur que tu ne te réveille pas, Tom m’a rassuré en disant que tu étais forte, par chance il a eu raison, je suis ravi de savoir que tu vas mieux.
    -Merci, moi aussi. »
    Émilie était encore quelque peu perturbée, elle ne connaissait pas Camille plus que cela pourtant elle semblait être devenue en quelques secondes sa meilleure amie, d’un coup Émilie avait envie de passer la journée en sa compagnie à discuter.

    Lorsqu’elle annonça son départ, Émilie proposa à Camille de rester, lui déclarant qu’elle avait envie de parler et de la connaître un peu plus. Les deux filles passèrent la matinée ensemble, Émilie découvrit que Camille n’avait jamais connu ses parents, elle avait été adoptée par un couple d’hommes homosexuel vivant en Angleterre, bien que tous deux étaient d’origine française. Grâce à cela, elle était devenue bilingue rapidement étant enfant. Elle raconta aussi qu’elle avait subi beaucoup de moquerie de la part des autres élèves qui l’insultait régulièrement de « Gay’s Pussy »  qu’elle préféra ne pas traduire auprès d’Émilie. Elle avait arrêté l’école suite à ce harcèlement et la guerre était apparue peu après. Elle expliqua qu’elle n’en avait jamais voulu à ses parents adoptifs, il le lui avait expliqué très clairement pourquoi elle avait deux papas et les autres avaient une maman, chose qu’elle avait comprise et acceptée. Elle était aussi heureuse qu’un enfant qui avait une maman, si ce n’est parfois plus vu que les siens la chouchouter lorsqu’elle allait mal. Suite au début de la guerre, ses parents s’étaient séparés, l’un chez les résistants et l’autre du côté des Relanceurs, Camille, elle avait été envoyée dans un refuge, depuis elle ne cessait d’être baladée de refuge en refuge, jusqu’à celui des espaces verts dans lequel elle espérait rester, en précisant qu’elle en avait marre d’être un bagage qui voyage. Lorsque Camille termina son histoire, Émilie commenta :
    « Eh ben, j’ignorais tout cela de toi, je regrette pour tes parents et pour ce que tu as subi étant enfant.
    -Merci… S’il te plaît, ne dit à personne d’autre que je t’ai raconté tout ça, tu es la seule à être au courant et j’aimerai que ça reste le cas.
    -Tu peux compter sur moi Camille. 
    -Merci. »
    Camille serra de nouveau Émilie dans ses bras sauf que cette fois-ci il y avait quelques larmes qui coulaient sur ses joues, le fait de raconter son histoire l’avait fait pleurer. Encore une fois, Émilie ressentit cette sensation de bien-être lorsqu’elle fut dans les bras de son amie, la jeune fille se demanda si Camille n’avait pas un don pour cela, une sorte de câlin magique. Lorsqu’elle relâcha son étreinte, Camille indiqua tout en séchant ses larmes :
    « Cette fois-ci je vais devoir y aller, on aura sûrement besoin de mon aide en cuisine »
    Avant qu’elle ne sorte, Émilie avait une dernière chose à lui demander :
    « Attends ! Je m’excuse de devoir te poser cette question, mais j’imagine que tout ce que tu as subi dans ton enfance a été traumatisant, comment tu fais pour faire confiance aux gens, pour sourire et être gentille comme tu l’es ? Comment t’as fait pour oublier ça et passer à autre chose. »
    Camille sembla réfléchir quelques secondes aux mots qu’elle allait utiliser avant de répondre :
    « On n’oublie pas Émilie, ça reste dans notre mémoire et quand on y pense, ça continue de nous faire souffrir. Mais à côté de cela, il faut aussi se souvenir des bons moments et se dire que si l’on continue de souffrir, on risque de passer à côté de plein de bonnes choses, on risque de passer à côté de personnes géniales. Si j’arrive à être aussi gentille, c’est parce que je sais ce que l’on ressent lorsque l’on subit de la méchanceté et ce monde est tellement rempli de mauvaises personnes qu’il faut tout faire pour ne pas leur ressembler. Sourire aux gens, parler avec eux, les réconforter s’ils en ont besoin, toutes ces petites choses font qu’au final, en aidant les autres, on se sent mieux soi-même, on constate le bien que l’ont fait et cela nous fait ressentir plus léger, au final le poids qu’on a en soi fini par diminuer de lui-même, on ne peut pas oublier, on peut seulement… atténuer nos souffrances. Pour ce qui est de faire confiance, je suis mal placé, comme je l’ai dit en dehors de toi, personne d’autre ne connais cette partie de ma vie, j’ai trop peur de leur réaction…
    -Pourquoi me l’avoir dit à moi ?
    -Je ne sais pas… je ressens quelque chose avec toi… tu me semble sincère et j’ai la sensation qu’au fond de toi, t’as la même douleur que je ressens et que comme moi, tu cherches à la combattre. J’imagine que c’est pour cela que tu as posé cette question… 
    -Oui… mais… je ne pense pas être prête à en pa…
    -Ne t’en fais pas, tu m’en parleras que quand et si tu le décides, je n’insisterai pas là-dessus. Je suis désolé, mais là il faut vraiment que j’y aille, à plus tard Émilie.
    -Oui, à tout à l’heure. »
    Camille sortit finalement de la pièce laissant Émilie seule, cette dernière s’allongea sur son lit et repensa à l’histoire de Camille et également à celle de Christophe

    . La jeune fille trouvait cela stupéfiant que, lorsqu’on apprenait à connaître les gens, chacun avait quelque chose à raconter et à apprendre pour celui qui accepte de les écouter. Elle se demanda si Jonathan avait également subi quelque chose qui expliquait sa solitude quotidienne, mais elle n’était pas sûre que ce dernier accepterait de se confier, surtout à elle. Tout en réfléchissant, la jeune fille finit par s’endormir, assommé par la chaleur et l’ennui, elle fut réveillée pour le déjeuner, Tom et Daniel étaient venus lui apporter un bol de soupe.
    Bien qu’elle n’ait pas faim, elle se força à avaler quelque gorgée du potage de carotte pour faire plaisir à Daniel qui lui expliqua fièrement qu’il avait aidé à la préparer, ce dernier ajouta :
    « Je suis content que tu ailles bien !
    -Moi aussi j’en suis contente. Et toi comment vas-tu ?
    -Ça va, j’ai revu ma maman et elle est d’accord pour que je reste ici avec Maxime.
    -Oui, j’ai appris ça, tu dois être très content du coup !
    -Oui !! D’ailleurs, je dois retourner jouer avec lui, ça ne t’embête pas ?
    -Non, non, tu peux y aller ! »
    Le jeune garçonnet parti en courant tout en hurlant de joie, Émilie ria et déclara à Tom :
    « Toujours aussi agité celui-là…
    -Ouais… dommage que l’on puisse pas lui retirer ses piles. »
    Tom s’assit à côté d’Émilie et lui demanda :
    « Tu as bien dormi ?
    -Oui oui ça va, et toi ?
    -Hein euh oui… »
    Tom semblait vouloir discuter sans savoir de quoi parler, par chance Steve entra dans la pièce, voyant le jeune homme, il lui demanda :
    « Oh euh… Ça ne te dérange de nous laisser seuls ?
    -Non pas de soucis, je vais ramener son bol en cuisine. »
    Lorsqu’il sortit, Tom sembla saluer quelqu’un mais n’obtenu aucune réponse, Steve se pencha vers Émilie et lui chuchota à l’oreille :
    « J’ai réussi à la faire venir, tu vas sans doute la voir fort changée par rapport à tes souvenirs, mais essayes de ne pas paraître choqué.
    -D’accord.
    -Merci. »
    Steve se redressa et s’éloigna du lit avant d’annoncer à voix haute :
    « C’est bon ma chérie, tu peux venir, elle est réveillée et en pleine forme. »
    La jeune femme passa la porte et entra dans la pièce, entre ses cheveux complètement emmêlés, le teint de peau blanchâtre, le sourire forcé, les yeux cernés  et la minceur squelettique de son corps caché par une longue robe blanche sale à plusieurs endroits, Émilie avait eu du mal à la reconnaître et pourtant c’était bien sa sœur Mathilde qui lui faisait face. 

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