• Chapitre XIX

    Chapitre XIX


    Rachel avait quelque peu sursauté face à la réaction d’Émilie, mais elle lui rendit son accolade tout en observant avec le sourire :
    « On dirait que toi aussi t’es contente de me voir. Ta nouvelle couleur de cheveux te va super bien d’ailleurs »
    Émilie n’aurait pas su s’expliquer elle-même pourquoi elle était aussi heureuse de revoir Rachel si ce n’est qu’elle avait l’impression de retrouver une seconde sœur qu’elle n’avait plus vue depuis longtemps. Émilie observa son amie comme pour s’assurer qu’elle était réelle, la jeune femme était vêtue d’une chemise blanche à longue manche ainsi qu’un jean autour duquel se trouvait une ceinture en cuir noir avec quelques objets accrochés tels qu’un calepin avec un crayon, un talkie-walkie et un couteau de survie. Quelques larmes de joie coulèrent sur la joue d’Émilie tandis qu’elle relâcha son étreinte en demandant joyeusement :
    « Que fais-tu ici ?
    -Je suis la directrice de cet endroit, si l’on peut appeler cela comme ça. »
    Émilie fut surprise, bien qu’elle appréciât beaucoup Rachel, elle voyait mal cette dernière en chef de clan et questionna :
    « Quoi ? Comment tu…
    -On verra plus tard pour la version longue, je vais d’abord saluer tes amis, on parlera après. »
    Rachel se présenta à Camille et Benoît qui en firent de même avant de demander :
    « Il y avait encore deux jeunes garçons avec vous normalement, non ?
    -Ah oui… ils sont allé dormir. »
    Camille avait répondu avec le sourire, Émilie vu au visage de sa chérie qu’elle semblait avoir un bon pressentiment avec Rachel et en fut ravie. La jeune femme répondit :
    -D’accord, laissons-les se reposer, j’irai me présenter plus tard. Émilie, il faudrait que tu me suives avec Steve, il faut que l’on parle de… certains détails. »
    Rachel semblait quelque peu gênée bien qu’elle cherchât à ne pas le montrer, Émilie hocha la tête puis se dirigea vers Camille pour l’embrasser avant de partir, celle-ci en profita pour chuchoter :
    « Dis-donc, c’est qu’elle pourrait me rendre jalouse, moi je n’ai pas le droit à un câlin ?
    -Je t’en ferai un plus long après
    -Oh, j’ai hâte alors… »
    Rachel fut d’abord surprise en voyant Émilie et Camille s’embrasser avant de sourire, Émilie finit par suivre Rachel et Steve.

    La jeune femme les amena jusqu’à un petit bâtiment qui semblait avoir servi d’office d’accueil autrefois, un comptoir se trouvant dans la première pièce. Un homme d’une trentaine d’années se trouvait dans la pièce, il semblait attendre et lorsqu’il vit Rachel entrer, il s’approcha d’elle tandis qu’elle lui demanda :
    « Salut Frédéric, t’as besoin de quelque chose ?
    -Bonjour Rachel, désolé de t’embêter mais on a plus d’eau chaude…
    -Encore ? Je vais t’envoyer Céline vu qu’elle vient de rentrer, elle s’y connaît mieux que David donc elle devrait pouvoir arranger le problème définitivement.
    -Je te remercie, désolé encore
    -Pas de soucis, ne t’en fais pas. »
    L’homme s’en alla en saluant Steve et Émilie de la main tandis que Rachel se saisit du petit talkie-walkie qui était accrochée à sa poche et parla dedans :
    « Hey Bastien, tu me reçois ?
    -Cinq sur cinq qu’est-ce qui se passe ?
    -Il faudrait envoyer Céline voir chez Fred, il n’a plus d’eau chaude encore une fois, c’est le lotissement qui… se trouve à gauche des balançoires si je ne me trompe pas.
    -Ok je transmets l’info.
    -Merci. »
    Tandis que Rachel remettait son talkie à sa ceinture, Steve commenta joyeusement :
    « Voilà qui est fort utile !
    -Oui, malheureusement sur la dizaine que l’on a retrouvée, il y en a que deux qui fonctionnaient et, malheureusement, que sur de courtes distances. On va aller dans le bureau, on aura moins de risques d’être dérangé. »
    Rachel ouvrit la porte qui se trouvait au fond de la pièce, celle-ci donnait sur une pièce plus petite que la précédente, un bureau s’y trouvait devant lequel avait été installé trois chaises, derrière le bureau se trouvait un fauteuil informatique ainsi qu’une fenêtre au store vénitien blanc qui était fermé. Sur le côté droit de la pièce se trouvait une petite table sur laquelle se trouvait une bouteille d’eau sans étiquette et trois verres. Rachel mit l’une des chaises sur le côté en entrant afin d’en laisser que deux, puis elle s’approcha de la table en remarquant à voix haute :
    « Ah bien, on nous a ramené de l’eau, vous voulez un verre ? De ce que j’ai compris, c’est un filtreur qui récupère l’eau de pluie, du coup, elle n’est pas très bonne mais elle reste potable.
    -Si elle est fraîche, ça me suffira. »
    Steve avait répondu en s’asseyant, Rachel lui servit un verre avant d’en proposer un à Émilie qui refusa avant de s’asseoir. La jeune femme se servit également un verre d’eau qu’elle vida d’un trait avant de s’asseoir contre le bureau en faisant face à Steve et à Émilie, elle sembla chercher ses mots avant de prendre la parole, elle finit par déclarer :
    « Bon… comme vous le supposez ça fait un moment que je vous surveille…
    -Oui, d’ailleurs pourquoi donc ?
    -J’y viens Steve. À la base, ce n’était pas pour cela que j’ai demandé à des volontaires d’aller observer ce qui se passait en ville. Ils avaient plusieurs lieux à observer, le port, le centre d’accueil des résistants, un camp de Relanceur dans un ancien lycée, un espace de culture et une vieille centrale électrique. Le centre d’accueil, c’était notamment pour contacter les gens qui sortaient et chercheront un refuge afin de les accueillir, mais on a vite compris que si des gens y entrer, personne n’en ressortait, on s’est alors demandé comment faire sortir les gens qui désiraient s’en aller. Matthieu a réussi à se faire recruter chez les Résistants en tant que garde du centre et c’est ainsi qu’il a appris que deux personnes avaient disparu du camp, voir même que c’était un enlèvement, un jeune garçon du nom de Daniel et une jeune fille du nom d’Émilie. »
    La jeune femme observa Émilie avec le sourire en finissant sa phrase, avant d’ajouter :
    « J’ai pensé à toi bien qu’il y eût peu de chances que ce soit le cas puis Matthieu m’a expliqué, avec dégoût, que la sœur de la jeune fille avait été mise en isolement sans son petit. Oh d’ailleurs Félicitations ! »
    Rachel s’était tournée d’un coup vers Steve avec un léger sursaut, ce dernier la remercia un peu gêné, elle indiqua joyeusement :
    « Je suis tellement heureuse pour vous deux.
    -C’est gentil, d’ailleurs à propos Mathilde, il ne fa…
    -Oui, Matthieu m’a transmis ton avertissement, j’ai une solution, j’en reparle après. Donc j’ai su que cette femme mise en isolement s’appelait Mathilde et avait donc pour sœur une Émilie qui s’était enfuie. Pour moi, il n’y avait plus de doute, j’ai néanmoins demandé si avec la dénommée Mathilde, il y avait deux garçons du nom de Steve et Jordan et c’est là qu’il m’a appris qu’il n’y avait que toi Steve…
    -Oui, Jordan nous a abandonnés… »
    Steve avait dit cela avec une légère rancœur, Émilie se tourna immédiatement vers lui et râla :
    « Comment peux-tu dire ça !
    -Je suis désolé Émilie, mais c’est le cas, ton frère nous a abandonnés, il n’y a pas d’autre mot.
    -Il en avait marre de cette guerre et de cette vie, c’est pour ça qu’il est parti, mais il n’a pas voulu nous abandonner.
    -Sa réaction a quand même été très égoïste, tu ne vas pas dire que…
    -Stop ! »
    Rachel intervenu, Émilie ne s’était pas rendu compte qu’elle s’était levée de sa chaise, elle ne comprenait pas que Steve puisse parler comme cela de son frère, il avait agi comme elle l’avait fait, tout ce qu’il avait voulu, c’était pouvoir vivre et Steve ne semblait ne pas le comprendre. Rachel s’excusa gênée par la situation :
    « Désolé, je ne savais pas que c’était un sujet sensible, bref tout ça pour vous dire que j’ai appris votre présence comme ça et que je suis très heureuse de vous avoir retrouvé. Pour ce qui est de Mathilde… »
    Steve qui avait fixé Émilie jusque-là se tourna vers Rachel, écoutant ce qu’elle s’apprêtait à dire :
    « On va lui faire transmettre une lettre, dans laquelle il sera indiqué que toi et Émilie, vous êtes portés disparu.
    -On ne peut pas, si elle pense que nous sommes morts, elle risque de… elle n’est pas en état de supporter ce genre de nouvelle.
    -Vous avez bien un surnom affectueux entre vous ?
    -Euh oui… mais, ça change quoi ?
    -C’est toi qui vas écrire cette lettre Steve, et signer avec ce surnom. Ainsi, si les résistants lisent la lettre, cela indiquera bien votre disparition mais quand Mathilde la lira, elle saura que c’est toi qu’il l’aura écrite et que, donc, vous allez bien. Par la suite, il n’y aura plus qu’à la faire sortir en prétextant des funérailles et c’est là qu’on le fera venir jusqu’ici. Qu’en penses-tu ?
    -Hum… Oui ça peut marcher. Mais il faudra vraiment veiller sur elle.
    -Oui, ne t’en fais pas là-dessus. Tu pourras nous accompagner au moment d’aller la chercher.
    -D’accord. C’est tout ce que tu avais à dire ?
    -Eh bien…euh… »
    Rachel hésita, elle semblait chercher ses mots, elle finit par avouer :
    « Je ne sais pas si je peux vous parler de Jordan du coup… »
    Steve avait commencé à se relever, mais se rassit aussitôt, Émilie fut intriguée bien qu’effrayée de ce que Rachel s’apprêtait à annoncer. Steve demanda, comme pour l’encourager :
    « Tu as retrouvé sa trace ?
    -Pas vraiment… c’est que… »
    Steve sembla également angoissé par rapport à la réponse qu’allait donner Rachel, il la questionna dans un murmure :
    « Ne me dit pas que vous l’avez retrouvé mort… »
    Le jeune homme baissa quelque peu la tête mais Rachel intervenue tout de suite :
    « Non, non ! Rassurez-vous rien de ça ! C’est juste que… enfin… »
    Voyant que Steve et Émilie supportaient mal l’attente, Rachel prit une grand inspiration avant de déclarer :
    « Vous vous souvenez, j’ai dit que parmi les lieux qu’on a surveillés, il y a un camp de Relanceur… »
    Machinalement, la jeune fille et son cousin hochèrent la tête de manière affirmative, Rachel continua son explication :
    « Eh bien, l’un des chefs qui s’y trouve semble se nommer Jordan et la description physique que l’on nous en a faite est assez proche du Jordan que l’on connaît… mais rien n’est sûr hein ! »
    Rachel avait tenté de sauver les apparences bien que sa voix fût restée tremblante sur la fin de sa phrase. Steve pensa alors à voix haute :
    « Jordan serait devenu un… un Vautour ! »
    Émilie ne pouvait y croire, son frère ne serait jamais allé là-bas, elle indiqua bien que peu convaincu :
    « Peut-être qu’il est là-bas pour s’infiltrer, voir ce qu’ils font ou je ne sais quoi…
    -Oui, c’est vrai que c’est possible, on en sait rien comme je vous l’ai dit, rien n’est sûr. »
    Rachel semblait être en accord avec la théorie de la jeune fille, Steve cependant s’énerva :
    « Pourquoi nous aurait-il abandonnés dans ce cas ?! Monsieur aurait eu un plan et il est parti sans nous l’indiquer, ouvre les yeux Émilie, s’il est parti sans même nous le dire, c’est parce qu’il savait déjà ce qu’il voulait et qu’il en avait honte !
    -Moi aussi je suis partie sans vous le dire, je te signale !
    -Tu es une enfant, Émilie, tu n’as pas réfléchi aux conséquences. Lui est un adulte, il savait très bien qu’en partant comme ça, il allait nous faire souffrir, quand je pense qu’il n’a même pas été capable de nous dire au revoir ! »
    Émilie se sentit quelque peu honteuse, elle avoua timidement :
    « En vérité, il nous a laissé une lettre pour son départ… »
    Steve sembla se calmer d’un coup lorsqu’il demanda :
    « Qu’est-ce que tu racontes ?
    -Je suis désolé, je vous en ai pas parlé car je voulais la garder pour moi, mais il nous a écrit une lettre dans laquelle il disait qu’il ne supportait plus de nous mettre en danger et qu’il préférait nous laisser en sécurité et s’éloigner de son côté. J’aurai dû vous en parler mais… »
    Émilie se mit à pleurer, elle n’avait jamais eu conscience que Steve en voulait autant à son frère et elle ne pouvait s’empêcher de se dire que cela était de sa faute. Steve et Rachel s’agenouillèrent à côté d’elle pour la rassurer, ce dernier s’excusa :
    « Désolé, je n’aurais pas dû te crier dessus, c’était méchant de ma part. Au final peut-être que tu as raison et qu’il est là-bas pour espionner. »
    Steve ne semblait pas savoir quoi dire d’autre, Émilie sécha ses larmes bien qu’elle ne se sentit pas mieux pour autant, Rachel lui conseilla d’une voix douce :
    « Tu devrais aller rejoindre tes amis, ça te fera du bien. Si tu as besoin de reparler de ça vient me voir, d’accord ? »
    Émilie hocha la tête, elle sortit en ayant la tête pleine de pensées confuses, bien qu’elle eût confiance en son frère, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il ferait dans un camp de Relanceurs.

    Émilie, bien qu’un peu déboussolé, avait retrouvé Camille et les deux jeunes filles étaient allés dans leur caravane et s’étaient toutes deux endormis l’une dans les bras de l’autre. La jeune fille se réveilla d’un cauchemar dans lequel son frère lui avait braqué un fusil dessus avant de tirer en riant méchamment. Émilie se rendit compte qu’elle avait dû mettre un coup à Camille qui se réveilla également en se tenant le bras tout en demandant encore quelque peu endormi :
    « Aouch, qu’est-ce qui se passe ? »
    Cette dernière se redressa et aperçut Émilie qui était assise sur le lit, en regardant fixement le vide devant elle, Camille questionna alors :
    « Quelque chose ne va pas Milie ? »
    Émilie se tourna vers Camille tout en lui serrant les mains, elle hésita à en parler, ne sachant pas si elle préférer garder cela pour elle ou soulager un peu son esprit en partageant ses doutes. Comme pour lui donner du courage, Camille la serra dans ses bras et lui chuchota avec douceur :
    « Tu sais que si t’as besoin de parler, je suis là et que je ne te jugerais pas. Cependant, si tu préfères garder ça pour toi, je le comprendrais, tout ce que je veux, c’est que tu ailles bien »
    Émilie décida finalement de se confier à Camille, se disant qu’elle avait le droit de savoir, elle raconta alors ce que Rachel lui avait appris et les doutes qu’elle avait sur son frère. Camille écouta sans interrompre sa compagne et lorsqu’elle eut fini, elle sembla chercher ses mots durant quelques secondes avant de cautionner :
    « Je comprends les doutes que tu as, malheureusement je ne peux pas t’aider à décider, c’est ton frère, je ne le connais pas donc j’ignore si tu as raison ou pas. J’espère que tu finiras par savoir la vérité ma chérie. »
    Camille embrassa Émilie, la jeune fille apprécia le baiser que lui offrait sa copine et cela lui rappela une autre question qu’elle s’était posée et demanda alors :
    « C’est quoi le stade ou l’étape au-dessus dont parlait les deux filles ? On est déjà amoureuse et on s’embrasse. Je sais que les hommes et les femmes finissent par faire un bébé quand ils sont amoureux, mais non on ne pourra pas. Du coup, c’est quoi ? »
    Camille se mit à rougir tant elle semblait gênée par la question bien qu’elle eût un petit rire nerveux lorsque Émilie avait parlé de bébé. La jeune adolescente pensa à voix haute dans un murmure :
    Je n’en reviens pas que je vais devoir expliquer ça… »
    Elle se tourna vers Émilie et commença son explication tout en choisissant ses mots :
    « Eh bien, quand un couple s’aime vraiment, que ce soit, un garçon et une fille, deux filles ou deux garçons, ce couple commence à faire des choses entre eux pour montrer qu’ils s’aiment encore plus et qu’ils sont prêts à partager un moment très intime ainsi que… euh… leurs corps. »
    Elle s’arrêta dans son explication afin d’observer la réaction d’Émilie, celle-ci écoutait attentivement bien qu’elle eût du mal à comprendre. Camille reprit :
    « En gros, même entre filles, il y a certaines choses que l’on peut faire pour s’apprécier l’une l’autre et quand on commence à faire ces choses-là, on dit qu’on est passé au stade supérieur comme si on avait passé un niveau dans notre relation. »
    Émilie demanda alors, visiblement intriguée :
    « Mais quel genre de chose ? On peut les faire nous ?
    -On peut les faires… euh… oui, on peut les faire, mais faut que tu te sentes prête, je ne veux pas te forcer…
    -Mais prête à faire quoi ? Explique, n’ait pas peur. »
    Camille était de plus en plus rougissante, elle finit par indiquer avec une voix quelque peu sensuelle :
    « Ce qu’on peut faire, c’est qu’on essaye, je vais te montrer et si cela ne te plaît pas alors tu n’auras qu’à me dire d’arrêter, d’accord ?
    -Euh… d’accord mais moi je dois faire quelque chose ?
    -Reste allongé sur le dos et détends-toi. »
    Camille avait accompagné sa dernière phrase d’un baiser avant de se cacher sous la couette, Émilie se demanda ce qu’elle s’apprêtait à faire quand elle senti la main et les doigts de sa copine parcourir son corps et retirer ses vêtements. Cela lui parut extrêmement bizarre et gênant au début au point qu’elle s’apprêtait à demander d’arrêter, mais petit à petit, elle eût un plaisir qu’elle n’avait jusqu’alors jamais ressenti. Elle avait de plus en plus chaud et ne pouvait s’empêcher de pousser de petit cri par moments, son corps eut des réactions qu’il n’avait jamais eues auparavant, par réflexe, elle avait serré l’oreiller dans ses mains. Durant le reste de l’après-midi, Camille fit découvrir à Émilie des sensations nouvelles qu’elle n’avait jamais soupçonnées jusque-là, entre plaisir et bien-être. Camille ne s’était pas contenté d’utiliser ses mains, elle avait eu des gestes qu’Émilie aurait trouvés fortement dégoûtant et écœurant au premier abord avant d’en découvrir le bien fait. Lorsque Camille se dégagea de sous la couette, Émilie se tourna vers elle et l’embrassa aussitôt tout en indiquant joyeusement :
    « C’est cool le stade supérieur…
    -Ravi que ça t’ait plu ma chérie
    -Merci, mais moi je ne t’ai rien fait…
    -T’en fais pas mon cœur, j’ai eu mon propre plaisir »
    Les deux filles se serrèrent dans les bras et finirent par se rendormir ensemble, Émilie ne s’était jamais sentie aussi bien.

    Au lendemain matin, ce fut quelqu’un qui toqua à la porte qui réveilla les deux jeunes filles, Émilie émergea doucement de son sommeil puis s’habilla rapidement avant d’aller ouvrir, il s’agissait de Steve et Benoît, les deux garçons observèrent Émilie avec curiosité, celle-ci demanda :
    « Qu’est-ce que c’est ?
    -On va aller déjeuner, vous nous accompagnez ? »
    Émilie se tourna vers Camille qui se coiffait comme elle le pouvait avec sa main, celle-ci répondit :
    « Hum… oui, on va arriver. »
    Les deux garçons s’éloignèrent, laissant les filles se préparer. Camille demanda à voix haute, plus pour elle-même qu’en véritable question :
    « Je me demandai comment cela se passe pour les lessives, il faudra que je pose la question. »
    Les deux filles finirent par rejoindre les garçons qui s’étaient assis à une table en bois au bord du lac, le temps était doux et le ciel légèrement ensoleillé, le début du printemps semblait arrivé. Sur la table se trouvait une bouteille d’eau avec quelque gobelet, un saladier avec de la soupe à la carotte et trois bols en plastique ainsi que plusieurs pommes dans une coupelle.  Émilie prit une pomme tandis que Camille se servit en soupe, Steve indiqua en voyant la jeune fille se servir :
    « J’espère qu’elle n’aura pas refroidie, en tout cas elle est très bonne. »
    Émilie croqua dans sa pomme, elle était juteuse et sucrée, un goût plaisant qu’elle n’avait plus connu depuis longtemps, Steve l’observa et indiqua avec le sourire :
    « Elles sont meilleures que celles qu’on avait trouvées avec ton frère, nous elles étaient plus acide que sucré »
    Émilie confirma en hochant la tête, Benoît était également occupé de manger une pomme et observait silencieusement Maxime et Daniel qui jouaient non loin du lac à s’attraper l’un l’autre. Steve annonça joyeusement :
    « On a fait le nécessaire avec Rachel pour Mathilde, dans deux ou trois jours, on ira la chercher. »
    Émilie souri à cette bonne nouvelle, elle aurait aimé être aussi heureuse que son cousin à cette information, mais quelque chose la tracassait dans ses pensées. Elle se devait de poser la question à Steve bien qu’elle redoutât sa réponse, néanmoins, elle prit son courage et questionna en essayant de rester calme :
    « Qu’est-ce que tu penses faire concernant Jordan ? »
    Le sourire de Steve s’effaça, Camille pencha son bol d’une façon étrange avant de se cacher derrière et Benoît tourna légèrement la tête pour écouter ce qu’il se disait. Émilie sentait bien qu’elle avait posé la question qu’il ne fallait pas et que son cousin semblait contenir sa colère, il finit par répondre avec un ton faussement calme :
    « Tant qu’on est sûr de rien, Émilie, on ne fera rien, je pense que ça me paraît évident…
    -Sauf que j’ai besoin de savoir Steve… »
    Émilie semblait désespérée, comment son cousin pouvait-il rester sans savoir, elle n’arrivait pas à le comprendre. Steve avait pris une pomme et un mordit une grosse bouchée, la jeune fille soupçonna son cousin d’avoir poussé un cri au moment où il avait porté le fruit à sa bouche, il finit par indiquer après avoir avalé son bout de pomme :
    « Écoutes, je comprends que tu aies ce besoin, mais on ne va pas risquer nos vies pour quelque chose dont on n’est pas sûr.
    -Justement, il n’y a pas moyen d’aller vérifier si c’est vraiment…
    -Bon écoutes Émilie ! »
    Steve s’était quelque peu levé en interrompant la jeune fille, il reprit avec un ton bien moins calme qu’avant :
    « La priorité, c’est de prendre soin de Mathilde et de Thomas. Ta sœur et ton neveu vont arriver, ils seront en sécurité, tu pourras les voir quand tu veux et toi tout ce qui t’intéresse, c’est de savoir, si oui ou non ton frère est devenu un salaud ! Et je te ferai dire que…
    -JE T’INTERDIT DE PARLER COMME ÇA DE MON FRÈRE, SALE CON ! »
    Émilie s’était également levée, énervée contre son cousin, elle était furieuse contre lui et dû s’empêcher de le frapper, comment pouvait-il parler comme ça de Jordan après tout ce qu’il avait fait pour eux alors que lui n’a jamais été capable d’en faire autant. Steve avait été surpris mais très vite, il se retira en lançant la pomme au loin dans le lac sans dire un mot de plus. Émilie l’observa s’éloigner tandis que des larmes de colère coulèrent sur ses joues, elle en voulait à son cousin autant qu’elle en voulait à son frère, cela la rongeait et elle savait qu’elle n’aurait pas l’esprit tranquille tant qu’elle n’aurait pas de réponse à ses interrogations.

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