• Chapitre IX

    Chapitre IX



    Cela faisait plusieurs jours qu’Émilie avait rejoint le camp, bien qu’elle ne s’y sentît pas encore à sa place, elle s’était mieux intégrée au groupe et participait davantage à la vie de ce dernier. Il restait cependant deux personnes avec lesquelles elle n’arrivait pas à s’entendre, Camille qu’elle trouvait trop pimbêche et superficielle, Émilie n’arrivait pas à lui parler sans avoir envie de la baffer pour qu’elle se taise au bout de dix secondes de conversation. La jeune fille n’arrivait pas à comprendre comment Tom pouvait là supporter, elle se dit que ce dernier devait aimer les filles stupides, fières de leurs apparences. La seconde personne avec qui Émilie n’avait aucune conversation était Jonathan, ce dernier semblait toujours se méfier d’elle comme au premier jour, la fois où elle avait tenté de lui reparler en le saluant, ce dernier l’avait regardé dans les yeux avant de répondre sèchement :
    « Je ne veux pas avoir affaire à toi alors fais demi-tour et à l’avenir ne m’approche plus. »
    Depuis elle avait décidé de ne plus retenté sa chance bien que le jeune homme ne lui fît pas peur, mais elle préféra ne pas créer de dispute.
    Un matin, alors qu’elle était en compagnie de Benoît, assise sur un banc près des jardins, Émilie décida de l’interroger sur son frère et de la réaction qu’il avait vis-à-vis d’elle, Benoit répondit machinalement :
    « Il ne faut pas t’en faire, ça fais partie de son caractère, je pourrai lui poser la question, mais je suis sûr de n’obtenir aucune réponse. Même à moi et à Maxime, il ne parle que très peu, pour ne pas dire jamais. Toujours seul dans son coin à réfléchir à je ne sais quoi, et à envoyer balader quiconque le dérange…T’es pas la seule à qui ça arrive rassure toi.
    -Mais il a subi quelque chose de particulier pour être comme cela ?
    -Non pas que je sache, je l’ai toujours connu comme ça. Après même s’il peut paraître rude, quand on a besoin de lui, il est là et n‘hésitera pas à donner de sa personne si besoin. T’inquiètes pas, t’es bien apprécié ici et cela par tout le monde. »


    Émilie n’était pas sûre que tout le monde l’apprécier, d’ailleurs elle et Tom s’étaient beaucoup éloignés depuis leur arrivée ici. La plupart de leur conversation se terminait soit en disputes soit en silence gênant, Émilie savait qu’elle en voulait à Tom pour avoir pris des décisions stupides en ne pensant qu’à lui-même et non aux autres, mais elle ignorait ce que Tom lui reprochait. Bien qu’elle fût la plupart du temps en colère contre le jeune homme, Émilie se sentit également triste de savoir qu’ils s’éloigné l’un de l’autre, plusieurs fois, elle avait été pleurée dans son coin suite à leur dispute pensant que plus rien ne serait comme avant entre eux. Elle ressentait plus que de l’amitié pour Tom, mais pour autant elle ne pensa pas qu’elle en était amoureuse, pour elle, Tom était le remplaçant de son grand frère disparu et l’idée de perdre ce faux frère l’a blessé au plus profond de son cœur. Heureusement pour Émilie, Benoit restait à ses côtés, elle avait rapidement appris à apprécier la compagnie du garçon, c’était un bon ami avec lequel elle aimait plaisanter et discuter, bien souvent ils passaient leur journée à deux en se promenant ou en jouant avec Daniel et Maxime. Alors qu’Émilie était perdue dans ses pensées, à côté de Benoit qui observait le ciel, Christophe arriva vers eux et leur demanda :
    « Il faudrait que deux personnes aillent fouiller les environs, voir si on peut trouver des choses utiles, vous vous porter volontaires ? »
    Les deux amis se regardèrent, Émilie fit un signe de la tête et Benoît répondit :
    « Pas de problème.
    -Merci, tiens, voilà un fusil et je t’ai apporté le tien Émilie. Voilà deux grands sacs »
    Tandis qu’il lui donner son arme et l’un des sacs à dos, Émilie demanda amusée :
    « Pourquoi nous demander si tu savais que l’on allait accepter ?
    -Question de politesse. Je pense que vous aurez de la chance de trouver du matériel dans les appartements de la rue Pavret, là où il y la vieille vidéothèque, normalement il n’y a personne, tu vois où c’est, Benoît ?
    -Oui ça me parle.
    -Parfait, on vous attendra pour le déjeuner, bon courage et soyez prudent. »
    Greg s’éloigna tandis que Benoît et Émilie se dirigèrent vers leur destination, le garçon indiquant la jeune fille sur la direction à prendre.

    Depuis qu’elle était arrivée dans le camp, c’était la première fois qu’Émilie en ressortait, elle n’aurait pas su expliquer pourquoi mais retrouver ce frisson de liberté, d’autonomie mais aussi de danger, fût pour elle comme une grande bouffée d’air pur. Tous les soucis et problèmes qu’elle avait accumulés ces derniers jours s’étaient éclipsés pour laisser place à un intense sentiment de bien-être. Pour autant, la jeune fille n’avait pas perdu ses habitudes d’éviter de faire du bruit et d’avancer avec prudence le plus discrètement possible. Émilie remarqua que Benoît n’était pas autant aussi alerte qu’elle, bien que le jeune garçon avançât de façon vigilante, la jeune fille dû à plusieurs reprises lui conseiller de passer par les petites ruelles entres les bâtiments plutôt que par les grandes rues. Benoît lui déclara que la zone était surveillée par des Résistants et que, normalement, ils ne risquaient rien, Émilie n’osa pas avouer que c’est ce qui l’inquiétait. Elle finit par abandonner Benoît dans les rues pour avancer comme elle le désirait, elle mit son fusil en bandoulière et s’arma de son poignard, sachant que le tir du fusil résonnerait au loin dans cet espace confiné, là où son poignard serait silencieux si elle se faisait agresser par surprise. La plupart des ruelles étaient sombres et humides, seule l’une d’elles, qui passait derrière un bar abandonné, était éclairée par une petite ampoule bien que personne ne vécût dans le coin.

    Après plusieurs dizaines de minutes, Émilie et Benoît arrivèrent dans la rue de leur destination, celle-ci, comme toutes les autres, était dévastée, mais avec en plus, un camion de pompier couché sur le côté. La réserve d’eau du véhicule fuyait encore par un petit jet qui inondait peu à peu la route, Benoît qui observait la chose, demanda à Émilie tout en chuchotant :
    « À ton avis, comment ce camion as-t-il pu se renverser ?
    -Je ne sais pas et je ne suis pas sûr de vouloir savoir, vu comment il est propre, j’ai l’impression qu’il n’est pas là depuis longtemps. On ferait mieux de trouver ce qu’on a besoin et de partir au plus vite avant que les responsables ne reviennent.
    -Pourquoi ils reviendraient ?
    -Hum…Effectivement, je ne sais pas, mais soyons prudent au cas où. »
    Benoît acquiesça et entra dans le bâtiment le plus proche suivit d’Émilie, c’était un petit immeuble de trois étages composé d’une vingtaine d’appartements, tous conçus de la même manière, les pièces étant bien souvent disposées de la même façon.Il ne fallut donc pas longtemps aux deux amis pour réunir plusieurs flacons et boîtes de médicaments, du linge, des ustensiles de cuisine, une lampe torche avec quelques piles et même du papier avec des crayons de couleur qu’Émilie avait pris se disant que cela pourrait plaire à Daniel et à Maxime. Alors qu’ils s’apprêtaient à repartir, Émilie et Benoit entendirent du bruit provenant de la rue, tous deux allèrent jusqu’à l’un des appartements qui se tenait en face de celle-ci. L’une des fenêtres était munie de stores vénitiens qui étaient fermés, la jeune fille écarta doucement l’une des languettes afin de jeter un coup d’œil dans la rue, Benoît se contenta d’observer par-dessus son épaule. Il s’agissait de deux enfants qui jouaient dans la grande flaque qui provenait du camion de pompiers, les deux bambins étaient pieds nus, vêtus tous deux de gros manteau d’hiver, bien trop grand pour leurs tailles. Ils étaient très sales et avaient tout les deux des cheveux noirs et longs bien que l’un des enfants semblait être un garçon, Émilie estima qu’ils n’avaient pas plus de 4 ans. Benoît déclara :
    « Ouf… si ce ne sont que des enfants abandonnés ça va… On ferait mieux de descendre et de leur dire de ne pas rester là. 
    -Non, on ferait mieux de rester là.
    -Allons, ce ne sont que deux enfants, ce n’est pas ce qu’il y a de plus dangereux et on sait qu’ils risquent de se faire tuer s’ils restent là.
    -Je me méfie…
    -Tu te méfies pour rien. »
    Quelque chose dérangerait Émilie dans ce qu’elle voyait, ce n’était pas normal, elle sentait que cela était un piège, deux enfants n’auraient jamais survécu seuls à cette époque. Elle se souvint alors qu’elle s’était déjà fait avoir comme cela avec la vieille dame qui semblait tout aussi innocente que ces deux enfants, avant que Benoit ne sorte, elle l’avertit :
    « Benoît, c’est un piège !
    -Qu’est-ce que tu racontes ?
    -Réfléchis, deux enfants n’auraient jamais pu survivre tout seuls dans ce monde, ils sont accompagnés par quelqu’un qui se sert d’eux pour nous faire sortir sans méfiance.
    -C’est n’importe quoi, tu pe…
    « Je me suis déjà fait avoir de cette manière !
    -Co… Comment ça ?
    -Je suivais une vieille dame, croyant qu’elle était seule et déboussolée, au final, je me suis fait agresser par un type, j’ai réussi à m’en débarrasser et la femme est venue hurler disant que les survivalistes auront ma peau. »
    Benoit sembla réfléchir à ce que venait de lui dire la jeune fille, il observa de nouveau discrètement par la fenêtre avant de se retourner vers Émilie et de lui demander :
    « C’est qui les survivalistes ?
    -Je n’en sais trop rien, Tom en a plus entendu parler que moi mais apparemment c’est un groupe de psychopathe qui tue tout le monde.
    -Ok je veux bien te croire, après réflexion, il se peut que ce soit un piège, mais dans ce cas où seraient cachés ceux qui nous le tendent ? »
    La jeune fille s’approcha de la fenêtre, elle essayait de voir si des personnes se cachaient dans les ruelles où les bâtiments en face mais elle ne vit personne. Elle s’interrogea et en conclut à voix haute :
    « Ils doivent forcément voir l’entrée depuis leur cachette, mais je n’arrive pas à les voir... Le seul moyen, c’est de réussir à les faire sortir, sinon on sera bloqué ici.
    -On peut essayer de passer par-derrière, il y a sûrement une sortie de secours.
    -Dans ce cas, j’ai peur que l’on soit encerclé… »
    Bien qu’elle fût paniquée par la situation, Émilie gardait une voix calme et continuer de réfléchir à la situation. Benoît semblait également inquiet, tout comme la jeune fille, il sembla chercher une solution à leur problème, il finit par déclarer :
    « On peut déjà vérifier derrière s’il y a quelqu’un dans la ruelle depuis les fenêtres, non ? »
    Émilie acquiesça et ils allèrent voir de quoi, il en retournait, il semblait cependant n’y avoir personne dans la ruelle arrière, pour autant, Émilie ne voulait pas prendre le risque d’y descendre, cela lui donna néanmoins une idée qu’elle expliqua à Benoit :
    « Ok… ce que l’on va faire, je vais descendre jusqu’au rez-de chaussée à l’arrière pour ouvrir une fenêtre et tirer dans la ruelle, avec de la chance, ils vont croire que l’on s’est enfui par derrière et qu’on a dû se défendre et donc ils vont se presser d’y aller. Toi tu restes ici et tu surveilles ce qui se passe, tu vois combien d’entre eux sortent de leur cachette et s’il y en a qui restent en garde. On se retrouve ici pour faire le point et avec de la chance, cela marchera et on pourra s’enfuir. »
    Benoît approuva ce plan et se prépara, Émilie alla jusqu’aux escaliers et les descendit en silence un à un jusqu’au rez-de-chaussée.

    Avant d’ouvrir la porte, elle jeta un coup d’œil par le trou de la serrure qui lui permettait de voir l’un des couloirs, ce dernier semblait complètement vide, elle continua de l’observer quelques secondes de plus, mais celui-ci resta vide. Émilie se décida à sortir, elle rejoignit l’un des appartements arrière tout en observant les alentours, elle avait la sensation qu’à chaque coin quelqu’un allait lui surgir dessus pour la tuer. La jeune fille s’arrêta quelques secondes afin de respirer un peu, de se calmer et de reprendre ses esprits, elle savait qu’elle devait rester concentrée malgré la peur qu’elle puisse se faire tuer à chaque instant.
    La jeune fille finit par atteindre l’une des fenêtres qui donnait sur la ruelle et l’ouvrit, elle fit passer le canon du fusil à travers l’ouverture. Elle ferma les yeux, respira lentement et pria pour que son idée marche avant d’appuyer sur la détente, le bruit sourd du tir résonna à travers toute la ruelle, il sembla ne plus s’arrêter, cela avait pris toute l’attention d’Émilie qui, pendant quelques secondes, avait oublié qu’elle devait maintenant rejoindre Benoit.

    Rapidement, elle remit son fusil en bandoulière, sortit de l’appartement et reprit les escaliers en sens inverse, mais la porte du premier étage s’ouvra sur un homme mince et chauve. Sans qu’elle ne s’en rende compte, Émilie avait saisi son poignard, la jeune fille le planta alors dans le ventre de l’homme qui avait tout juste eu le temps de crier en la voyant avant de s’effondrer dans les escaliers.
    Un second homme était derrière lui, un gros barbu qui était armé d’un grand couteau de cuisine, celui-ci hurla d’une voix grave :
    « Salope, je vais te faire la peau ! »
    Il fit voler son couteau en tous sens afin de tuer Émilie, celle-ci avait descendu plusieurs marches à temps et évita les coups mortels de la lame que maniait l’homme. Émilie saisit rapidement son fusil et tira dans sa direction sans viser, le tir le toucha à la jambe et l’homme tomba sur les genoux en hurlant de douleur, la jeune fille reprit son poignard et lui trancha la gorge pour l’achever tout en hurlant à son tour :
    « Meurs enfoiré ! »
    Le gros barbu tomba, son sang coulant sur les marches, Émilie sentit alors une intense douleur à son bras gauche et le saisit par réflexe, elle sentit quelque chose de chaud sur ses doigts et s’aperçut qu’elle avait une profonde entaille, dessus, qui saignait abondamment. La douleur sembla se réveiller et se fit sentir atrocement, la jeune fille hurla et ne put s’empêcher de faire couler ses larmes. Tout son bras lui faisait mal et celui-ci lui donnait froid comme si elle l’avait mouillé, elle tenu la blessure aussi fortement qu’elle le pouvait à l’aide de sa main afin d’éviter de perdre trop de sang et monta les escaliers restant afin de rejoindre Benoît. Celui-ci semblait paniqué et il le fut encore plus lorsqu’il vit dans quel état se trouvait Émilie, il parlait très vite, agité par l’angoisse :
    « Oh merde, merde, merde, merde, merde… Attends, je sais ce qu’il faut faire, euh… Oui, assis-toi pour commencer. »
    Il aida la jeune fille à s’asseoir contre un mur avant d’ouvrir son sac et de sortir l’un des draps qu’il avait récupérés. Puis il retourna près d’Émilie et lui demanda :
    « Je peux t’emprunter ton couteau ? »
    La jeune fille acquiesça, elle commençait à voir trouble dû à ses yeux humides et devait se mordre la lèvre pour s’empêcher de hurler de nouveau. Benoît découpa une bande de tissu dans le drap, puis il demanda de nouveau :
    « Il faut que tu retires ta main de ta blessure »
    Émilie s’exécuta bien que cela renforçât la douleur, cette fois-ci, elle ne put s’empêcher de lâcher un cri, heureusement Benoit s’empressa de rouler la bande autour du bras de la jeune fille. La douleur était toujours aussi présente mais Émilie arrivait cependant à bouger son bras sans trop de problème. Benoît essuya la main droite de la jeune fille avec le reste du drap, celle-ci était couverte de sang, il essuya également son visage et l’aida enfin à se relever. Bien qu’il y eût la bande, Émilie ne put s’empêcher de se tenir le bras, cela calmait légèrement la douleur. Elle reprit ses esprits rapidement et demanda à Benoît :
    « Ça a marché ? »
    Le garçon semblait ne pas oser répondre, mais il finit par dire :
    « Seulement à moitié, je crois, certains sont bien partis par l’arrière, mais les autres sont entrés dans l’immeuble avant même que tu tires. »
    Émilie était fortement déçue que son idée n’ait pas fonctionné bien qu’elle sût que les chances que cela marche comme il faut étaient faibles. Elle se dit que s’il y en avait que deux qui étaient entrés à l’intérieur, elle s’en était déjà occupée, elle interrogea alors Benoit :
    « Combien ils étaient ? 
    -Je dirai une dizaine.
    -Merde… J’en ai déjà tué deux, mais il faut qu’on fuît au plus vite, je ne pense pas pouvoir t’aider à nous défendre. Faudrait qu’on sorte sans se faire remarquer, ça va être compliqué mais…
    -Non, c’est trop risqué, en revanche il y normalement une sortie par le toit, qui ramène sur celui de la vidéothèque à côté, le truc, c’est que…
    -Quoi ?
    -Je ne suis pas sûr que t’arrivera à descendre l’échelle dans ton état actuel, en espérant qu’elle est toujours en bon état. »
    La jeune fille observa son bras entaillé, le tissu qui recouvrait la blessure était déjà fort rouge, mais le sang commençait à moins couler pour le moment, elle savait que forcer dessus lui ferait mal tout comme elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Elle inspira et expira un grand coup avant de répondre à moitié convaincu :
    «Allons-y »

    Les deux jeunes rejoignirent rapidement les escaliers, Benoît aida Émilie à monter les dernières marches bien que celle-ci insistât pour se débrouiller seule. Elle préférait réveiller la douleur maintenant plutôt que sur l’échelle, elle se disait qu’au moins, si elle tomber maintenant, ce serait bien moins risqué. Ils arrivèrent sur le toit, c’était une simple dalle de béton grise, avec cependant une antenne et une parabole ainsi que quatre chaises et une petite table d’extérieur, Émilie ne se douta pas que manger au soleil sur le toit durant l’été devait être agréable. Par chance, il y avait effectivement une échelle,  celle-ci descendait jusqu’au toit de la vidéothèque. Ce fut Benoît qui passa en premier, les barreaux métalliques peints en vert grincèrent sous son poids, cela ne rassura pas Émilie, mais elle se força malgré cela à le suivre. À chaque mouvement son bras lui faisait intensément mal, à tel point qu’elle avait l’impression qu’il se gonflait et dégonflait comme un cœur qui bat, à plusieurs reprises, elle s’arrêta quelques secondes, pour respirer un grand coup et crier tout en gardant la bouche fermée pour faire moins de bruit possible et reposer son bras avant de reprendre la descente. Pendant un moment, elle songea même à descendre à l’aide d’une seule main, lorsqu’elle commença à perdre l’équilibre et à basculer en arrière, elle abandonna tout de suite cette idée, d’autant plus que se rattraper d’un coup lui avait fait encore plus mal. Au bout d’un long moment de supplice, elle posa enfin les pieds sur le toit de la vidéothèque et put lâcher l’échelle, laissant son bras pendre le long de son corps. Voyant les larmes qui coulaient encore sur le visage de la jeune fille, Benoît lui demanda :
    « Ça va aller ? »
    Émilie les essuya tout en répondant d’une voix un peu tremblante :
    « Oui oui, ne t’en fais pas… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? 
    -Normalement il y une trappe qui permet de descendre à l’intérieur ?
    -Comment tu sais tout ça ?
    - Je ne vivais pas loin d’ici, de plus mon frère à travailler ici pour se faire de l’argent de poche autrefois. Il m’avait raconté qu’il passait régulièrement par une trappe de plafond pour monter sur le toit et fumer en cachette.
    -Je ne savais pas qu’il fumait…
    -Plus maintenant, il n’a pas eu le choix, remarque, c’est peut-être pour ça qu’il est tout le temps de mauvaise humeur… Ah la voilà. »
    Émilie, qui s’était assise quelques secondes, se releva et s’approcha de Benoît qui tenta désespérément de soulever la plaque métallique qui servait sûrement à aérer les lieux si besoin. Celle-ci était quelque peu rouillée au niveau de l’ouverture, Benoit s’arrêta déclarant :
    « Bon sang, je ne vais pas réussir à la soulever, elle doit être verrouillée de l’intérieur…Fais chier…Saleté de merde ! »
    Le jeune homme énervé donna un grand coup de pied sur la plaque afin d’extérioriser sa colère, contre toute attente celle-ci s’était légèrement pliée formant un petit espace dans l’ouverture. Ayant remarqué cela, Benoît donna un second coup de pied, la plaque se plia de nouveau et le trou était désormais assez grand pour y passer sa main. Émilie commenta quelque peu amusé :
    « Eh ben, quelle force ! »
    Benoît souri lorsqu’il répondit :
    « Je comptais mettre cela sur le dos de la chance, mais si tu insistes. »
    Il se pencha et passa sa main dans l’ouverture afin d’attraper le petit crochet qui gardait la plaque verrouillée avant de l’ouvrir complètement puis de descendre. Émilie s’approcha de l’ouverture, Benoît l’attendait en bas, prêt à la rattraper si besoin. Bien qu’elle ait la tête qui tourne et que son bras continuait de la faire souffrir, la jeune fille réussit à descendre sans tomber. Cependant, une fois en bas, elle indiqua à Benoît :
    « Il faut que je m’arrête, mon bras me fais trop mal, il vaut mieux que je me repose un peu avant qu’on reparte.
    -T’es sûr que ça va aller ?
    -Oui oui, ne t’en fais pas… »
    La vidéothèque était très petite et très sombre, il y avait un comptoir et deux étagères centrales qui contenait de veille casettes ainsi que des boîtes de DVD, Émilie s’était assise sur le sol et contre le mur près du comptoir, Benoît était resté debout à côté d’elle. Cela faisait plusieurs secondes que la jeune fille luttait pour ne pas s’endormir, elle savait que ce n’était pas le moment, c’est alors qu’un bruit de moteur se fit entendre, un véhicule venait d’arriver dans la rue et s’était arrêter devant le bâtiment. Émilie, qui n’osa pas se lever, demanda à Benoît d’une voix faible :
    « Qu’est-ce que c’est ?
    -Je vais aller voir, reste là.
    -D’a... D'accord. »
    Elle vit le jeune garçon sortir et décida de fermer les yeux quelques secondes, elle finit par entendre Benoît crier :
    « Venez, mon amie est blessée, elle a besoin d’aide. »
    Se demandant ce qui se passait, elle releva la tête et ouvrit les yeux, elle voyait trouble, sûrement à cause de la fatigue se dit-elle. Elle vit la silhouette de Benoît rentré, il semblait être accompagné par un homme armé qu’elle n’arrivait pas à voir correctement. Ce dernier approcha son visage du sien, il semblait être blond avec une légère barbe, tandis qu’elle s’endormait, la jeune fille entendit l’homme lui demander d’une voix inquiète :
    « Émilie ? »

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