• Chapitre VI

    Chapitre VI



    La jeune fille avait crié lorsqu’elle reçut une giclée de sang sur le visage. Le corps de l’homme sans vie écrasa celui d’Émilie qui tenta de le soulever. Tom l’aida et le corps finit par rouler à terre, le harpon métallique encore planté dans son crâne fendu. Le jeune homme pris la main d’Émilie et l’aida à se mettre debout, il lui tendit son t-shirt qui était désormais couvert de sang. Au lieu de s’habiller, Émilie craqua et tomba à genoux en pleurant, elle n’arrivait plus à penser, elle souffrait de l’horreur qu’elle venait de subir. Tom ne sut pas trop comment réagir, néanmoins il s’agenouilla à côté d’elle et la serra dans ses bras.

    La jeune fille finit par se calmer bien qu’elle n’arrivât toujours pas à parler, elle aurait voulu remercier Tom de l’avoir libéré, mais dès qu’elle ouvrait la bouche pour parler un mal de gorge se faisait sentir. Ses pensées n’étaient plus claires, cela partait en tous sens, elle n’arrivait aucunement à réfléchir. Tom l’aida à se relever, il retira son propre t-shirt et le donna à la jeune fille avant d’enfiler celui qui était ensanglanté. Émilie mit le t-shirt du garçon, elle n’aurait su dire pourquoi mais cela l’aida à aller un peu mieux, elle retrouver peu à peu ses esprits. Tom lui demanda en chuchotant :
    « Tu veux que l’on rentre ? »
    La jeune fille n’arriva pas à répondre de vive voix, elle se contenta de bouger la tête indiquant que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle voulait continuer d’avancer vers les espaces verts, Tom l’avait compris et à deux ils sortirent du bâtiment. Daniel attendait à l’extérieur, gardant les deux fusils près de lui et le sac à ses pieds. Le corps du second Résistant trainait sur le sol, face contre terre, du sang coulant depuis son visage. Tom pris l’un des fusils, il hésita une seconde avant de tendre le deuxième à Émilie. Bien qu’elle n’ait pas envie d’avoir une arme dans les mains pour le moment, elle le prit, consciente qu’en cas de danger, Daniel ne pourrait pas s’en servir.  Lorsqu’elle vit le jeune garçonnet apeuré, de nouvelles larmes coulèrent sur le visage d’Émilie. Celui-ci semblait vouloir parler, mais en voyant la jeune fille, il comprit qu’il valait mieux se taire. Tom mit le fusil à son épaule grâce à la sangle et tendit sa main à Émilie. Elle fit de même avec son arme et serra la main du jeune homme qui indiqua :
    « Allons-y. »


    La jeune fille serra la main de son ami, cela l’aida à avancer, Tom semblait l’avoir compris. Au fur à mesure qu’ils avancer, Émilie commençait à se sentir légèrement mieux bien qu’elle n’arrivât toujours pas à parler.  Elle essaya de ne plus penser à ce qu’elle venait de subir, elle pensa plutôt à ce qui les attendait. Espérer qu’ils allaient trouver un endroit où vivre d’une manière plus correcte qu’auparavant aider la jeune fille à continuer. Elle observa discrètement Tom qui semblait concentré sur leur destination, elle n’osa imaginer ce qui se serait passé s’il n’était pas intervenu. Bien qu’elle ne sût toujours pas pourquoi ce dernier avait agi ainsi, elle le remercia en silence, au même moment Tom regarda vers la jeune fille comme s’il avait entendu sa pensée. Émilie détourna le regard et pensa alors à sa sœur mais surtout à son frère, Jordan n’aurait jamais permis une telle chose, tout comme Tom, il l’aurait protégé. Il n’aurait même pas autorisé qu’Émilie accepte un tel marché, Tom ne le voulait pas non plus. Émilie se demanda si cela n’était pas de sa faute, peut-être que si elle n’avait pas dit oui, cela ne serait jamais arrivé. De nouveau Émilie craqua et pleura, elle voulait s’arrêter de marcher, Tom lui demanda en chuchotant :
    « Tu veux faire une pause ? »
    Émilie hésita de longues secondes, elle finit par répondre, cette fois-ci en parlant :
    « N…non 
    -D’accord »


    La jeune fille continua d’avancer tout en serrant un peu plus la main du jeune homme. Elle arrêta de penser, occupant son esprit en observant les alentours.
    Leur trajet prit toute la journée, lorsqu’ils étaient enfin en dehors de la ville, le soleil se coucher de l’autre côté des collines qui bordaient la cité. Tom indiqua qu’il suffisait de monter en hauteur sur celle d’en face afin d’avoir une meilleure vue sur les espaces verts. Émilie observa derrière eux, en bas de la colline se trouvait une petite route et quelques maisons, bien qu’elle ne fût pas sûre d’y arriver, elle avait envie de se reposer.  Elle respira un grand coup et demanda à Tom :
    « On peut s’arrêter pour aujourd’hui ? Allons-nous reposer là-bas… »
    Elle avait désigné les maisons du regard, Tom hocha la tête et le trio se dirigea vers les maisons. Ils entrèrent dans celle qui était le plus proche, la porte était verrouillée, mais avant de l’enfoncer, Tom préféra essayer les fenêtres. Il fit le tour de la maison demandant à Émilie et Daniel de surveiller l’avant. Au bout de quelques secondes, la porte fut déverrouillée, Tom l’ouvrit en expliquant :
    « J’ai bien fait de vérifier, la porte coulissante de la baie vitrée à l’arrière n’était pas verrouillée, au moins si l’on doit rester ici, on pourra fermer à clé. »
    C’est ce qu’il fit immédiatement une fois qu’Émilie et Daniel furent à l’intérieur.

    La jeune fille alla voir rapidement où se trouvait la chambre, elle fut ravie de voir qu’un vieux matelas se trouvait au sol. Il semblait abîmé et poussiéreux, mais cela ne la dérangea pas, cela faisait tellement longtemps qu’elle ne s’était plus allongée sur un matelas que c’était devenu un luxe qu’elle ne pouvait pas se refuser. Elle s’allongea dessus et ferma les yeux quelques secondes, l’image de l’homme nu au-dessus d’elle refit surface dans son esprit, elle luttait, mais l’homme resta là riant bien qu’elle le frappât de toutes ses forces. La jeune fille finit par se réveiller en sursaut, elle était couverte de sueur et se rendit rapidement compte qu’elle n’avait pas dormi que quelques secondes, mais plusieurs heures. Il faisait nuit, à travers la fenêtre de la pièce, elle voyait les étoiles tandis que quelques rayons de lune éclairaient l’intérieur de la pièce. Émilie se leva et parcourut la maison tout aussi éclairée grâce à la baie vitrée, Daniel dormait sur un fauteuil déchiré par endroits et Tom dormait au sol avec juste un coussin pour la tête. Les deux fusils et le sac à dos avaient été posés sur une table, la jeune fille prit l’une des armes et sortit à l’avant.

    Elle s’assit sur le bord du trottoir, observant le ciel étoilé, il faisait un peu frais, mais c’était supportable vu qu’il ne pleuvait pas. Elle avait envie d’aller observer les espaces verts tout de suite, il lui suffisait de grimper la colline. La jeune fille hésita, elle ne voulait pas se remettre en danger, mais en même temps, elle se dit qu’il fallait bien qu’elle se remette de ce qu’elle avait subi, elle ne pouvait pas se permettre de faiblir dans ce monde. Bien qu’elle eût peur et qu’elle hésitât, Émilie finit par se lever et commença à marcher et à grimper la colline. Alors qu’elle avait fait plusieurs pas, elle s’arrêta et regardant en arrière, doutant d’elle, se demandant si ce qu’elle faisait n’était pas stupide. Elle s’apprêtait à faire demi-tour, mais une envie au fond d’elle lui dit de continuer, de ne pas s’arrêter et de lutter, elle finit donc par continuer son chemin. Elle réussit à grimper jusqu’à l’autre côté de la colline et observa les alentours, mais la lune n’éclairait pas assez pour voir aussi loin. Cependant, elle vit des lumières en contrebas qui s’allumaient par moments, elle ignorait ce que c’était, mais n’avait aucune envie de le découvrir pour l’instant. Émilie retourna à la maison, une fois à l’intérieur elle déposa l’arme sur la table. Lorsqu’elle vit de nouveau Tom dormir à terre, elle s’approcha de lui et le réveilla doucement avant de lui dire :
    « Le matelas est assez grand pour y dormir à deux dessus…
    -Hein euh…non, je te le laisse, je ne veux pas t’embêter
    -Je ne pense pas réussir à dormir seule ce soir, s’il-te-plaît…
    -Ah…d’accord. »
    Tom se releva, lui et Émilie s’allongèrent l’un à côté de l’autre sur le matelas. Émilie chuchota :
    « Merci
    -De rien…bonne nuit. »
    La jeune fille n’aurait pas su expliquer pourquoi mais la présence du jeune homme la rassurait, elle se sentait protégé et réussi à s’endormir sans que son esprit la perturbe davantage.

    Le lendemain matin, Émilie se leva un peu après l’aube, bien qu’elle ait dormi peu de temps, elle se sentait en bonne forme. Elle sortit dans le petit terrain de pelouse arrière, l’herbe était humide et dégageait cette douce odeur de rosée, il faisait un peu frais, mais les quelques rayons de soleil suffisaient à la réchauffer. La jeune fille remarqua une chaise en bois, celle-ci était légèrement humide, mais elle s’assit dessus malgré cela, elle préférait rester à l’extérieur. Elle ignora combien de temps, elle était restée assise là, à observer des oiseaux voler à travers les arbres voisins, lorsque Tom la rejoignit. Il lui dit bonjour puis sembla hésitant avant de partir et de faire demi-tour vers la jeune fille. Celle-ci observa le jeune homme, se demandant ce qu’il voulait, Tom indiqua d’une voix inquiète :
    « Émilie…euh…ce que t’as subi hier a dû être horrible et je sais que, depuis, tu ne vas pas bien…enfin oui normal en même temps, mais euh… si t’as besoin d’en parler, je suis là »
    Émilie se sentit aussi gênée que le jeune homme, elle répondit en essayant de ne pas pleurer :
    « J’ai failli être violé, ce n’est pas la première fois, d’habitude je sais surmonter cette situation, j’ai déjà affronté cela, mais là… savoir que… que, c’est de ma faute fait que…
    -Eh ! Non ! Je t’interdis de dire ça, ce n’était pas de ta faute ! Ce sont malades qui ont cherché à abuser de toi.
    -C’est moi qui ai accepté leur marché, même toi tu ne voulais pas, j’ai dit oui, je suis responsable de ce qui m’est arrivé.
    -Tu as été forcé à accepter par peur de mourir, tu ne voulais pas le faire et ça, je le sais.
    -Je… j’ai... »
    La jeune fille craqua de nouveau et fondit en larmes, Tom eut le réflexe de la tenir dans ses bras. Émilie pensa que son ami avait raison, elle n’avait agi que par peur de mourir et ces hommes avaient profité de sa peur. Bien qu’elle ne pleurât plus, Émilie garda le jeune homme entre ses bras pour se calmer et se rassurer un peu. Lorsqu’elle finit par le lâcher, Tom se recula un peu et affirma :
    « Je pense que l’on devrait remettre notre surveillance des espaces verts à demain, une journée de repos nous ferait du bien. »
    Tandis qu’elle séchait ses larmes, Émilie répondit :
    « Non…je veux aller voir ça aujourd’hui, j’ai déjà été cette nuit, mais je n’y ai pas vu grand-chose. 
    -D’accord, on ira après le repas alors… je vais voir les maisons voisines pour nous chercher du bois, faudra de l’eau aussi.
    -Je vais m’occuper de l’eau. »
    Le jeune homme s’était éloigné lorsque Émilie le rappela :
    « Tom…
    -Oui ?
    -Merci…d’être là »


    Le jeune homme fit un signe de la tête avant de partir, Émilie se leva pour aller chercher de l’eau. Vu que la maison était en bon état, Émilie tenta d’ouvrir les robinets. Lorsqu’elle vit l’eau couler, Émilie fut joliment surprise, elle remplit une casserole avant de chercher la salle de bains.

    Il y avait une baignoire, un vieux savon sec près du lavabo mais pas d’eau chaude, cela importa peu, Émilie avait envie de se laver et n’hésita pas une seconde. Elle verrouilla la porte de la pièce tout en faisant couler son bain, lorsqu’elle se déshabilla, elle remarqua qu’elle portait désormais le t-shirt de Tom, chose qu’elle avait oubliée. Émilie repensa à la chance qu’elle avait de l’avoir à ses côtés, et eut un petit rire nerveux en repensant à la manière dont elle l’avait rencontré. Bien que l’eau fût froide, ce bain était un bonheur pour Émilie, elle n’avait pas oublié ce qui s’était passé la veille, mais elle sentit que ses démons se calmaient, la laissant redevenir elle-même petit à petit. Cependant, elle sentait qu’il lui manquait quelque chose et se rendit compte de quoi une fois sorti de son bain. Elle s’habilla rapidement et alla fouiller le sac qui trainait dans la cuisine sans même dire bonjour à Daniel qui venait de se lever. Elle finit par mettre la main dessus, son poignard, le dernier souvenir qu’elle avait de son frère. Elle ferma les yeux, songea de nouveau à ce qu’elle avait subi hier tout en serrant l’arme dans sa main, de nouveau les larmes lui montèrent aux yeux. La jeune fille sentait son cœur s’accélérerait tout comme sa respiration, elle était prête à hurler, mais serra le poignard encore plus fort. Sa peur se transforma petit à petit en colère, elle s’imagina poignarder son agresseur, elle se défendait enfin, ses larmes cessèrent de couler et sa respiration redevint normale au fur et à mesure que le temps s’écoulât. Elle rouvrit les yeux remarquant que Daniel l’observait étrangement, le jeune garçon demanda :
    « Tu vas bien ? »
    Bien que la jeune fille se sentît un peu effrayée par ce qu’elle venait d’imaginer mais plus pour les mêmes raisons qu’auparavant, elle répondit :
    « Oui ça va… je… je vais mieux. »

    Tom ramena du bois qu’il put déposer dans un vieux barbecue rouillé, Émilie y déposa la casserole d’eau avec les pommes de terre afin de les cuire. Après avoir mangé et que les deux garçons se soient également lavé, le trio décida de monter sur la colline afin d’observer les espaces verts. Le temps était clair et doux, ce qui rendit la marche agréable. Émilie se dit que si ce n’était pas une période de guerre, elle en aurait profité pour se promener comme bon lui semble. Lorsqu’ils atteignirent un bon point d’observation, ils s’allongèrent derrière un buisson afin d’observer les lieux sans être vus. Émilie s’en été doutait, mais ne put s’empêcher d’être déçue lorsqu’il vit qu’un groupe de personnes s’était barricadé dans la zone des espaces verts. La jeune fille compta cinq personnes avant qu’une sixième sortie de l’une des grandes cabanes en bois, plusieurs d’entre eux étaient armés. Tom qui observait également la chose indiqua :
    « Ils ne semblent appartenir à aucun groupe, c’est juste des survivants tout comme nous. »
    Émilie questionna :
    « Comment peux-tu savoir que ce ne sont pas des Survalistes ? 
    -Il y a un enfant dans leur groupe, ils ne me semblent pas que les Survivalistes acceptent les enfants de ce que j’en avais entendu parler. 
    -Hum…Survivaliste ou pas, je ne veux plus prendre de risque. »
    Émilie avait commencé à repartir, Daniel également, Tom ne bougea pas, la jeune fille lui demanda :
    « Tu viens ? 
    - Allez-y, je vais rester observé encore un peu afin d’évaluer qui ils sont et s’ils sont dangereux. »
    La jeune fille ne comprit pas pourquoi il perdait son temps néanmoins, elle le laissa là tandis qu’elle rentrait dans la maison qu’ils avaient occupés durant la nuit. Sur le chemin du retour, elle vit un lapin, bien que l’envie de lui tirer dessus afin de le manger à midi fût forte, elle préféra ne pas se faire repérer et gaspiller de munitions.  Elle prépara donc de nouveau des pommes de terre qu’elle coupa en tranches pour changer, elle les mit dans la casserole sans y ajouter l’eau et sortit dehors. Elle observa le coin dans lequel se trouvait le vieux barbecue, il restait assez de bois pour le soir, ce qui dérangea Émilie qui aurait apprécié avoir cette excuse pour sortir un peu. La jeune fille se contenta de s’asseoir comme elle l’avait faite au matin, jusqu’à ce qu’il fasse fort frais et qu’elle décida de rentrer.

    Tom finit par rentrer tandis qu’Émilie et Daniel jouaient avec des cartes que le jeune garçon avait trouvées dans la maison. La jeune fille se leva et déclara à Daniel :
    « Je vais cuire les pommes de terre. »
    Elle avait évité de croiser le regard de Tom, elle ne savait pas réellement pourquoi mais elle se sentait contrarier vis-à-vis du jeune homme. Ce dernier s’approcha d’elle est expliqua :
    « Je suis réellement convaincu que ce ne sont pas des survivalistes, ils n’ont pas quitté leur base et personne ne s’est approché d’eux. De plus ils ont l’air très calmes, je pense que ce sont justes de simples survivant qui ont élus domicile là. »
    Émilie ne répondit pas, observant la casserole qui chauffait comme si c’était la chose la plus intéressante au monde. Elle avait peur de savoir où le jeune homme voulait en venir, ce dernier conclu :
    « On devrait tenter notre chance et essayer de nous présenter. Qu’en penses-tu ? »
    Émilie sentit de la frustration envahir son esprit, elle s’en était doutée, dès que Tom avait commencé à parler, elle avait deviné l’idée qu’il avait derrière la tête. Elle se retourna et dit d’un ton sec :
    « J’ai dis que je ne voulais pas prendre de risque.
    -Je sais mais peut-être que… »
    Le jeune garçon s’était fait interrompre, il venait de recevoir une claque au visage de la part d’Émilie. Cette dernière soupira un grand coup avant de signaler assez fort :
    « Je vais dans ma chambre, vous n’avez qu’à manger, moi j’ai pas faim. Qu’on ne me dérange pas. »
    Elle claqua la porte et alla s’allonger sur le matelas, elle s’en voulait d’avoir frappé Tom, elle n’arrivait pas à expliquer son geste.Elle était en colère contre lui mais pas au point de vouloir le frapper, elle n’avait pas réussi à se contrôler. Elle s’en voulait autant qu’elle en voulait à Tom, c’était comme s’il ne la comprenait pas.

    La jeune fille resta de longues minutes, allongée en observant le plafond à méditer, elle n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui lui était arrivé. Elle avait envie de sortir, malgré sa contrariété, elle n’en voulait plus à Tom désormais, elle s’en voulait elle-même, mais elle n’avait pas le courage d’affronter les regards des deux garçons ce soir. Malheureusement pour elle, Tom entra dans la chambre, Émilie signala calmement :
    « J’avais dit que je ne voulais pas être dérangé. »
    Tom répondit avec le sourire :
    « On dirait que pour cela aussi je ne t’ai pas écouté. »
    Émilie comprit que le jeune homme avait découvert son erreur puisque ce dernier en riait, elle s’en voulait encore plus de l’avoir frappé. Elle baissa le regard tout en s’excusant :
    « Désolé pour tout à l’heure, je ne voulais pas te frapper, je ne sais pas ce qui m’as pris…j’ai l’impression de ne plus me contrôler depuis que… »
    Tom s’était approché d’elle et venait de lui mettre le doigt sur la bouche lui indiquant de se taire, il déclara :
    « J’imagine bien que ça ne doit pas être facile et qu’il te faudra du temps avant de pouvoir redevenir la fille forte que j’ai rencontrée dans ce restaurant. J’aimerais prendre le temps qu’il faut et attendre autant qu’il le faudra, mais je sais aussi que tu as conscience que l’on n’a pas le temps que l’on voudrait avoir. J’essaye de nous faire aller de l’avant, car je sens que tu en as besoin, mais si tu le veux, on peut rester ici quelques jours au calme avant d’en parler de nouveau. »
    Il se releva et se dirigea vers la porte, la jeune fille quelque peu soulagée répondit :
    « Merci »
    Le jeune homme se retourna et ajouta avec le sourire :
    « Il n’y a pas de quoi et ne t’en veux pas pour la claque, je t’avouerai que je l’ai un peu apprécié. »

    Cette nuit-là, Émilie dormit de nouveau en compagnie de Tom déclarant que c’était mieux qu’il dorme sur un matelas qu’au sol.  Ils se tournaient le dos pour dormir, Émilie se retourna et caressa les cheveux du jeune homme ne sachant pas dormir. Ce dernier se retourna également et approcha son visage de celui de la jeune fille en souriant. Émilie ferma les yeux et lorsqu’elle les rouvrit, elle était la seule réveillée, Tom ronflait tranquillement, elle venait simplement de rêver. Elle pensa que cela était un rêve idiot, car elle ne ressentait rien pour le jeune homme si ce n’est de l’amitié.  La jeune fille finit par se rendormir et profita d’une nuit reposante, sans qu’aucun cauchemar ne vienne la perturber.

    Dans les jours qui suivirent, Émilie, Tom et Daniel, restèrent dans la maison qu’ils occupaient. Ils passaient leur temps dehors lorsqu’il faisait bon, Émilie avait même creusé un petit jardin dans la pelouse et avait planté de petites pommes de terre. Bien qu’elle eût peu d’espoir que cela en donne de nouvelles, elle s’était dit qu’il n’y avait rien à perdre d’essayer, de plus cela l’occuper. Lorsqu’il pleuvait, tous trois restaient à l’intérieur à jouer aux cartes ou à discuter, Émilie n’aimait pas ces jours-là, elle s’y ennuyait surtout que leurs sujets de conversation tournaient en rond.  Au bout de trois jours, la jeune fille se réveilla de bonne humeur, un magnifique soleil éclairait l’intérieur de la maison. Elle sortit rapidement dehors, rien n’avait poussé dans son jardin en dehors de pousses d’herbes et d’ordures.  Elle fut déçue d’autant plus qu’elle savait que leur réserve était vide, elle comprit que, désormais, il n’y avait plus vraiment le choix. La jeune fille rentra et se dirigea vers Tom qui dormait encore, elle le réveilla et lui indiqua :
    « Préparons-nous, on va y aller. »
    Bien qu’il fût surpris, Tom se leva immédiatement et aida la jeune fille à rassembler les affaires qui pouvaient leur être utile. Émilie se chargea de réveiller Daniel et de lui expliquer la situation, ce dernier demanda à moitié éveillé :
    « Mais ce n’est pas trop dangereux ?
    -Si mais on a plus vraiment le choix, on doit prendre ce risque. Si les choses tournent mal, fuit puis caches-toi, d’accord… 
    -D’accord. »

    Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous les trois sortis et commencèrent à grimper la colline, Tom et Émilie s’étaient mis d’accord pour surveiller de nouveau ce qui se passait au campement avant de s’en approcher.  Une fois arrivés, ils se baissèrent derrière le buisson le plus proche afin d’observer les lieux. Il y avait autant de personnes que la dernière fois et cela semblait toujours très calme, Émilie croisa les doigts pour que Tom ait raison en pensant que ce groupe n’était que de simples survivants. Son inquiétude montait au fur et à mesure qu’eux descendaient en direction des espaces verts, elle tenait son fusil, prête à tirer en cas de besoin, elle avait également son poignard dans sa poche arrière par sécurité. La personne qui gardait l’entrée du haut d’une tourelle de fortune, avait remarqué leur présence, elle sembla avertir quelqu’un à l’intérieur. Le trio continua d’avancer malgré tout, ils approchaient d’un grand portail qui avait été recouvert avec des plaques en tôle afin qu’on ne puisse pas voir derrière. Le jeune homme qui les avait vus continuait de tenir son fusil droit en visant dans leur direction, mais sans tirer, les laissant s’approcher. Au bout de quelques secondes, il hurla :
    « Arrêtez-vous ! »
    Émilie, Tom et Daniel, obéirent par prudence, c’est alors que la porte du portail s’ouvrit lentement.  Émilie pria, espérant que derrière cette porte qui s’ouvrait en grinçant, elle ne serait pas accueillie par la mort.

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