• Chapitre XVI

    Chapitre XVI



    Émilie n’était pas sûre d’avoir compris ce qu’il venait de se passer, son esprit fut brouillé quelques secondes avant qu’elle ne comprenne l’information principale, elle devait fuir. La jeune fille attrapa la main de Camille et celle de Benoît, tous trois se dirigèrent vers la réserve pour s’y cacher. Malgré la panique soudaine, Émilie ne put se demander ce qui se passait pour devoir agir ainsi et elle redoutait le pire, surtout lorsqu’elle entendit Véronique crier :
    « Il est hors de question que tu restes là, tu vas te faire tuer !
    -Je ne sais pas ce qu’ils veulent et si je peux les dissuader de fouiller l’endroit et de vous tuer alors je le ferais peu importe ce qu’il m’en coûte. »
    Christophe prit une chaise afin de s’asseoir et resta là, calme au milieu de la pièce comme s’il attendait une visite singulière. Véronique voyant qu’elle n’arriverait pas à le convaincre rejoignit les plus jeunes dans la réserve et ferma la porte à clé, avant de se terrer dans un coin de la petite pièce. Il eût quelques secondes, lourdes, de silence avant que Camille pose la question que tout le monde sembla se poser :
    « Qu’est-ce qui se passe ? »
    Véronique qui s’était assis sur le sol entre-temps releva la tête vers la jeune fille et expliqua afin que tout le monde puisse l’entendre :
    « Des personnes armées s’approchent d’ici, une dizaine apparemment, on ignore qui ils sont et ce qu’ils veulent donc pour le moment on reste en sécurité et on fait preuve de silence. »
    Émilie, comme le reste du groupe, ne fut aucunement rassurée, elle remarqua que Jonathan n’était pas présent aussi bien dans cette pièce qu’auprès de Christophe. Elle se demanda alors si c’est lui qui avait donné l’alerte et ce qu’il pouvait bien faire en ce moment, peut-être était-il en haut de sa tour de surveillance à menacer les arrivants.  Elle aurait aimé partager la question avec ses amis, mais lorsqu’elle ouvrit la bouche, Véronique lui lança un regard aussi noir qu’inquiet et la jeune fille préféra garder le silence.
    Au bout de plusieurs longues dizaines de minutes, des voix se firent entendre à l’extérieur puis elles se turent pour laisser place à une seule voix, celle d’un homme, qui cria :
    « Nous demandons une audience avec les occupants de cet endroit, qu’ils sortent dans le calme et aucun mal ne leur sera fait, qu’ils continuent de se cacher et chaque personne trouvée sera abattue. Nous souhaitons simplement discuter afin de trouver des réponses. »
    Émilie n’avait aucune connaissance de la voix qu’elle venait d’entendre, mais elle se douta que c’était le chef du groupe qui venait de parler et se demanda s’il était sincère en disant vouloir ne faire aucun mal. Dans la cantine, les bruits de pas de Christophe se firent entendre à leur tour puis la porte indiquant qu’il venait de sortir, Émilie fut soulagée de ne pas entendre de coup de feu, ils n’avaient pas tiré sur Christophe et elle se dit qu’ils étaient peut-être sincères dans leur volonté de ne pas faire de victime. La jeune fille, comme le reste du groupe, écouta attentivement ce qui se passa au-dehors, elle entendu Christophe :
    « Je suis le chef de ce camp et je suis prêt à répondre à vos questions si c’est que vous voulez.
    -Ah…le chef ! Puis-je y mettre un nom ?
    -Je m’appelle Christophe. »
    Émilie ressentait de l’assurance dans la voix de Christophe, elle l’imagina seul face à une dizaine de personnes armées prêtes à lui tirer dessus, elle se dit que, jamais, elle n’aurait pu avoir un meilleur tuteur et chef que Christophe tellement elle était impressionnée par son courage. À l’inverse la voix de l’autre chef laissait ressortir de l’amusement comme s’il venait d’organiser une immense blague, cela se fit ressentir encore plus lorsque Émilie l’entendit répondre :
    « Eh bien, mon cher Christophe, moi je m’appelle Michael, ou Mick pour les intimes. Dis-moi mon cher Christophe, tu ne joues pas franc-jeu là, j’ai demandé à ce que tout le monde sorte, pas seulement le chef.
    -Je ne peux risquer la vie du reste du groupe.
    -Mais c’est ce que tu fais en les gardant caché… Aurais-tu peur que je ne tienne pas parole ? Oui, ça doit être cela, c’est vrai qu’à ta place, j’aurais sans doute eu la même réaction, on croise assez de fous comme cela pour faire confiance au premier venu, ce serait d’ailleurs comme signer son arrêt de mort mais… Je suis quelqu’un de sincère et pour te le prouver, je m’engage à laisser mon fusil posé à terre durant toute notre entrevue et je demande à mes hommes de garder les leurs à l’épaule. »
    Émilie avait cru entendre l’homme rire à plusieurs reprises, il semblait réellement s’amuser de la situation et à l’entendre parler pour lui tout cela était un jeu. Elle se demanda, quel genre de personne pouvait prendre une telle situation avec amusement et se dit que celle-ci n’avait sans doute pas toute sa tête. Du bruit se fit entendre, notamment la porte de la cantine puis quelqu’un s’approcha de la réserve et Émilie sut rapidement qu’il s’agissait de Christophe lorsqu’elle l’entendu demander :
    « Ouvre la porte Véro. »
    La jeune femme sembla hésiter quelques secondes puis finit par ouvrir la porte à Christophe, ce dernier était seul au grand soulagement de tous. Il indiqua alors :
    « Je vais vous sortir, j’espère que je ne vais pas regretter cette décision, pour le moment il semble ne pas vouloir nous tuer, mais qui sait ce qu’il fera lorsqu’il aura les réponses qu’il désire. Vous ne dites rien, vous me laissez parler sauf s’il vous demande de répondre, mais dans ce cas réfléchissez bien avant de répondre. On est d’accord ? »
    Tout le monde acquiesça, Émilie redoutait la suite des événements, elle espéra de tout cœur que l’homme tiendrait parole et qu’il n’y aurait aucune victime. Christophe leur indiqua alors :
    « Bien, suivez-moi dans le calme et restez derrière moi, j’espère que l’on gagnera assez de temps… »
    Émilie remarqua qu’il avait prononcé sa dernière pensée à voix haute et ne put s’empêcher de demander pour qu’elle raison Christophe espéra gagné du temps, elle se demandât si cela avait un rapport avec le fait que Jonathan ne s’était toujours pas manifesté.

    Ils sortirent un à un de la cantine, lorsque ce fut Émilie, elle put enfin mettre un visage sur l’homme qu’elle entendait depuis le début. C’était un jeune homme, sans doute un peu au-dessus de la vingtaine, rasé de près, mais avec de longs cheveux blonds dressés en arrière qui descendaient jusqu’au bas de sa nuque, un large sourire, qui semblait plus effrayant que rassurant, se dessinait sur ses lèvres. Émilie remarqua ensuite la tenue hors du commun que portait l’homme qui avait par ailleurs un corps fort mince bien qu’il semblât en parfaite santé. Le dénommé Michael était en effet vêtu d’une longue chemise à pois colorés, tels que des pois bleu ciel, roses ou jaunes, ainsi qu’un jean d’un rose très pale, presque blanc, qui descendait jusqu’au chaussure rouge de l’homme. Émilie du se retenir de rire face à une tenue aussi particulière et lorsqu’elle vit les hommes et femmes de mains qui l’avaient accompagné, vêtus quant à eux comme des soldats, son envie de rire disparut aussitôt. Le chef demanda alors, toujours d’une voix enjouée :
    « Bien, bonjour tout le monde, bonjour les enfants, ne vous inquiétez pas, on va tenter de faire ça rapidement afin que chacun puisse être tranquille au plus vite. »
    L’homme marchait rapidement en parlant et bouger sans cesse ces bras, Émilie avait l’impression qu’il se donnait en spectacle et elle se dit que si sa vie n’était pas en danger en ce moment même, elle aurait sans doute trouvé cela très drôle. L’homme s’approcha de Christophe et lui chuchota assez fort afin que tout le monde l’entendre :
    « Serait-il possible que vous vous mettiez en ligne, cela facilitera les choses »
    Christophe s’apprêter à prendre la parole mais vu que tout le monde avait entendu, chacun agit afin de se retrouver en ligne comme l’avait souhaité le chef de l’autre bande. Émilie se sentit encore moins rassurée, ayant l’impression d’être mise contre un mur afin qu’on lui tire dessus, bien que les hommes en face d’elle aient leur fusil à l’épaule. À droite Camille semblait faire de grands efforts afin de garder son calme, Émilie vit sur sa copine que celle-ci était prête à s’enfuir en courant et à hurler à tout instant. À sa gauche, Benoît paraissait plus calme, mais elle remarqua qu’il bougeait frénétiquement ses doigts tout en bougeant les yeux à droite et à gauche comme s’il cherchait quelque chose. Lorsqu’il se rendit compte qu’Émilie l’observait, il fit un bref mouvement de tête, soit pour lui demander d’arrêter soit pour l’inviter à l’imiter.  Émilie décida d’observer les alentours et compris alors que Benoît devait chercher Jonathan, sa tour de surveillance était vide, mais il n’y avait aucune trace de lui, la jeune fille se demanda alors si ce dernier ne s’était pas caché quelque part ou enfui, elle pensa que même s’il avait réussi à se cacher à temps ou à s’enfuir, il avait peu de chances de les aider en étant tout seul. Elle s’arrêta de réfléchir lorsque Michael reprit la parole :
    « Bon, alors si vous êtes réunis ici, ou plutôt si je vous fais réunir ici, c’est parce que j’ai besoin d’information. Un de nos jeunes garçons, David, des cheveux bruns, à peu près la dizaine d’années, a disparu depuis la nuit dernière or on sait que ce dernier venait vous voler des légumes, ce qui est mal, je suis complètement d’accord, mais c’était pour nourrir son petit frère donc on va passer l’éponge, n’est-ce pas ? Ce que j’aimerais savoir c’est si vous avez vu ce jeune garçon et ce qu’il est devenu… »
    L’homme avait repris un ton plus sérieux lors de sa dernière phrase, Émilie réalisa avec horreur qu’il devait sans aucun doute parler du jeune garçon que Tom avait tué la veille. Elle se força à ne pas le regarder, en revanche elle vit que Christophe baissa légèrement le regard et jugea que comme elle, il avait compris. Émilie redouta ce que Christophe s’apprêtait à répondre, mais elle soupçonna que quoi qu’il réponde, cela ne donnerait rien de bon par la suite. Christophe releva le regard et indiqua tout en gardant son assurance au maximum :
    « Oui, effectivement nous l’avons surpris à nous voler
    -D’accord, je suppose que vous l’avez arrêté donc et qu’il est sans doute emprisonné quelque part… »
    Émilie ne put s’empêcher de fermer les yeux lorsqu’elle entendit Christophe rétorquer :
    « Non… il… a été tué. »
    Un long silence, durant lequel seul le vent se fit entendre, suivit la réponse de Christophe. Émilie en était désormais sûre, cela allait très mal se finir, pourtant lorsqu’elle observa Michael dont le sourire s’était effacé, ce n’était pas de la colère ou de la haine qui se faisait ressentir, mais de la peine. À l’inverse, la plupart de ses soldats semblaient contenir leur rage et leur envie de tirer, certains parmi eux avaient même un rire satisfait comme si la réponse était celle qu’ils avaient souhaitée. Michael se tenait la tête d’une main tout en fermant les yeux lorsqu’il annonça d’un air désespéré :
    « Non, non, non, non. Non… Je vous observais, votre petite bande dans ce petit camp tranquillement, vous faisiez votre vie, vous ne demandiez rien à personne, l’air insouciant. Vous étiez mignon comme ça, vous aviez l’air… différent.  Mais vous avez merdé ! Vous avez merdé ! T’AS MERDÉ CHRISTOPHE ! »
    L’homme avait laissé tomber son calme et s’était mis à hurler de manière aussi soudaine qu’inattendue, tout en s’approchant de Christophe et le pointant du doigt, ce dernier n’avait ni sursauter ni reculer. L’homme se mit à marcher frénétiquement d’avant en arrière, les mains dans le dos puis il souffla un grand coup et reprit d’un ton plus calme :
    « Excuse-moi, je m’emporte et je t’accuse alors que tu n’es peut-être même pas responsable. J’aimerais que celui d’entre vous qui a tué notre jeune David ait le courage de s’avancer et de se dénoncer. »
    La demande de Michael semblait avoir suscité de la frayeur chez tout le monde et Émilie ressentait la même peur, coincée dans sa gorge. À côté d’elle, Camille versait quelques larmes d’angoisse, tandis que Benoît baissait les yeux vers le sol comme s’il ne voulait pas assister à tout cela. Émilie, elle-même, ne sut quoi faire, elle n’avait qu’une envie, c’était de partir et d’échapper à tout cela, elle ne l’avait pas remarqué jusqu’à présent, mais derrière Michael, quelques-uns de ses hommes avait repris leurs fusils en main. Elle se douta de la raison pour laquelle ils s’étaient de nouveau armés et ses craintes furent confirmées lorsque Michael annonça :
    « Si personne ne se désigne alors vous serez tous abattus »
    Cette fois-ci se furent des cris et des râles qui se firent entendre, Maxime, qui se tenait aux côtés de Véronique, s’était mis à pleurer tout comme Daniel et Camille. Benoît et Christophe s’étaient offusqués tandis que Tom gardait un silence solennel. Émilie avait, quant à elle, reculé sans s’en rendre compte immédiatement, elle avait également le poing serré, se forçant de plus en plus à ne pas prendre la fuite dans une tentative désespérée. Christophe, à l’inverse d’Émilie, s’était avancé et hurla de rage :
    « Vous aviez dit qu’il n’y aurait aucune victime !
    -C’est ce que j’ai dit oui ! Mais j’espérais que vous auriez agi différemment que le reste de ce monde pourri jusqu’à l’os, que vous auriez eu la bonté de pardonner à cet enfant plutôt que de le tuer sauvagement !
    -Et vous alors, elle est où votre bonté de pardonner ? »
    Les hommes de Michael avaient levé leurs fusils lorsque Christophe s’était approché violemment de leur chef, mais ce dernier avait rapidement levé la main pour leur interdire de tirer. L’homme reprit un ton plus calme bien qu’assez sarcastique :
    « Mais je ne suis pas un monstre, Christophe, voilà ce que je propose, si le coupable se désigne alors seul lui sera abattu, les autres auront la vie sauve et n’entendront plus parler de nous par la suite. Ainsi, Justice sera faîte.  Qu’en penses-tu, c’est acceptable non ? »
    Une nouvelle fois, l’homme avait terminé sa phrase avec un petit rire narquois. Émilie se retint de regarder dans la direction de Tom, elle ferma les yeux, priant pour que cela s’arrête au plus vite.  Elle finit par entendre quelqu’un annonçait :
    « C’est moi. »
    Immédiatement elle avait ouvert les yeux lorsqu’elle avait reconnu la voix de Christophe, il s’était encore avancé d’un pas et continua sa déclaration :
    « C’est moi qui l’ai tué, je suis coupable, vous pouvez me tuer si vous voulez, mais je vous demanderais de le faire en dehors de la vue des enfants.
    -Non ! »
    Émilie, Benoît, Camille et Véronique avaient crié ensemble suite au sacrifice que s’apprêtait à faire Christophe, cependant ce dernier sembla ne pas tenir compte. Michael s’adressa aux enfants avec une voix qui se voulait douce :
    « Les enfants, retournez vous s’il-vous plaît, ça ne sera pas beau à voir. »
    Émilie ne put y croire, elle refusait de voir Christophe mourir d’une manière aussi atroce et injuste, elle espéra que quelqu’un ou quelque chose empêche cela, elle supplia que Jonathan puisse intervenir pour empêcher cela. D’un coup elle entendit quelqu’un crier :
    « Attendez ! »
    Elle ouvrit les yeux et découvrit que ce fut Tom qui avait crié tout en s’avançant. Elle espéra qu’il ne s’apprêtait pas à faire ce qu’elle pensait bien qu’elle savait que Tom avait des remords, mais pour elle, ce n’était pas une façon qu’il avait de se faire pardonner. Malheureusement, les soupçons d’Émilie furent confirmés lorsqu’elle entendit Tom annoncer :
    « C’est moi qui ai tué le jeune garçon, Christophe se désigne pour me protéger, mais c’est moi le vrai coupable, c’est moi qu’il faut tuer.
    -Tom, non je…
    -Stop ! »
    Christophe, qui avait voulu écarter Tom, s’était fait interrompre par Michael qui observa les deux hommes qui s’étaient avancés face à lui. Il indiqua, toujours avec son sourire sadique et sa voix amusée :
    « Les mecs… je n’aie pas que ça à faire de chercher à savoir qui dit vrai ou faux… Mais puisque c’est comme ça … »
    Il se retourna d’un coup et ordonna à ses hommes :
    « Abattez les deux »
    Le bruit sourd des tirs de fusil se mélangea avec les cris désespérés du groupe, Émilie qui n’entendait plus rien en dehors d’un lourd sifflement dans ses oreilles observa les corps de Christophe et de Tom qui gisait à terre dans une mare de sang. Tout comme les autres, elle s’approcha du cadavre de Christophe dont la tête semblait horriblement abîmer. Lui qui avait survécu à la trahison, lui qu’il l’avait recueilli, conseiller et aidé à chaque fois qu’Émilie en avait besoin, lui qu’elle avait considéré comme un membre de sa famille, il ne serait plus jamais là. Les larmes coulèrent d’elles-mêmes sur le visage d’Émilie, elle espérait de tout son cœur que tout ceci était faux bien qu’elle sût que c’était malheureusement vrai. Elle retrouva petit à petit l’ouïe et finit par entendre l’homme qui venait d’abattre ses amis, rire comme si on venait de lui raconter une bonne blague. La peine qu’elle venait d’emmagasiner se transforma en colère puis en haine, elle désira plus que tout blesser cet homme, lui faire du mal, le faire souffrir, hurler, crier, pleurer de douleur autant qu’elle le pourrait. Prise d’une rage aussi soudaine qu’inconsciente, elle se dirigea vers l’homme qui continuait de rire. La jeune fille sentit qu’on lui attrapa le bras, elle se retourna pour voir qu’il s’agissait de Camille qui sembla la supplier de ne rien faire bien qu’aucun son ne sortit de sa bouche. Émilie s’énerva et râla :
    « Lâches-moi ! »
    Émilie fut énervée contre Camille, elle ne comprenait pas qu’il fallait arrêter cet homme infect qui riait du meurtre des deux personnes qu’il venait de commettre. Ce dernier continuait à rire, mais d’une autre façon, Émilie l’entendit annonçait joyeusement :
    « Regardez là ! Elle veut se venger, comme c’est touchant. Je me demande ce qu’elle risque de me faire, oserait-elle me frapper ? Oh non… »
    Il ria de plus belle tout comme ses hommes qui rirent aussi, Émilie chercha à saisir son poignard qu’elle avait caché dans sa ceinture, mais elle ne le trouva pas, en se retournant de nouveau elle vit que c’est Benoît qui le lui avait pris avant de le jeter au sol, il s’approcha enfin d’Émilie afin de la retenir à son tour. Émilie était furieuse contre ses deux amis, l’homme sembla rire de plus belle en la voyant se débattre pour se libérer. Il s’arrêta de rire puis annonça aux autres :
    « Ils m’ont bien fait rire ceux-là, je vais les laisser vivre du coup, allez les gars on rent… »
    Un tir sortant de nulle part avait fait taire Michael qui tomba au sol, visiblement touché au niveau du ventre. De nombreux autres tirs se firent entendre et les hommes armés se mirent à l’abri ripostant désespérément. Émilie, qui avait cessé de se débattre au bruit du tir, se demanda qui était venu attaquer le camp, elle espéra qu’ils étaient là dans le but de les défendre et non de purement attaquer l’endroit. Émilie senti que Camille et Benoît l’avait relâché, ces derniers coururent vers la cantine pour se réfugier, Véronique gisait désormais à terre au-dessus du corps de Christophe. Émilie s’apprêtait à suivre ses amis lorsqu’elle entendit Michael marmonner derrière elle. Elle se retourna pour voir que l’homme infect était encore en vie, bien qu’il gisait au sol en perdant beaucoup de sang.  Sans réfléchir, Émilie prit son poignard qui trainait à terre et s’approcha de l’homme qui agonisait de douleur, lorsque ce dernier l’aperçut, il murmura toujours avec son sourire malsain :
    « Ah… la jeune fille rigolote, tu vas me tuer pour te venger ? C’est gentil d’abréger mes souffrances, à moins que tu ne préfères me voir souffrir ? »
    Émilie observa l’homme, qui continuer de légèrement rire, elle ressentait de la haine, du dégoût et de l’horreur pour cet homme horrible qui était allongé à ses pieds en train de mourir. Elle avait posé son pied sur sa blessure et s’apprêta à appuyer dessus afin de le faire souffrir lorsqu’elle entendit crier derrière elle :
    « Émilie ! »
    La jeune fille se retourna pour voir qu’il s’agissait de Camille qui gardait la porte de la cantine entrouverte pour elle. Émilie savait que sa copine n’accepterait pas qu’elle agisse comme cela en faisant souffrir un homme mourant et lorsqu’elle ses yeux se posèrent sur le cadavre de son ami, elle sut que Christophe n’aurait pas voulu qu’elle agisse ainsi non plus. Émilie se retourna vers l’homme qui continuait d’agoniser. Elle retira son pied, ferma les yeux quelques secondes et souffla un grand coup avant de planter son poignard dans le cœur de l’homme qui poussa un grand cri avant de mourir. Elle resta là, quelques secondes, à observer le visage de l’homme qu’elle venait de tuer, son sourire sadique était encore présent comme s’il s’était efforcé de le garder. La jeune fille reprit alors conscience des tirs qui fusaient un peu partout et couru rejoindre Camille dans la cantine.

    À peine fut elle rentrer que Camille la serra passionnément dans ses bras tandis que ses larmes continuaient de couler. Émilie lui rendit la chose sans briser son silence, la jeune fille fut surprise, agréablement, lorsque Camille l’embrassa. Bien qu’elle ne le sût pas auparavant, Émilie se rendit compte que ce baiser était ce qu’elle avait désiré le plus au monde en cet instant, peu importe les regards qui se tournaient vers elle. Elle serra un peu plus Camille contre elle, profitant pleinement de sa présence sur cette terre. Elle ignora combien de temps dura le baiser mais suffisamment longtemps pour qu’elle oubliât, durant plusieurs secondes, qu’à l’extérieur se livrer une bataille mortelle. Lorsqu’elle arrêta son baiser, Émilie jeta un discret coup d’œil aux alentours, seul Benoît les observait, elle et Camille, tandis que les deux jeunes garçons pleuraient dans un coin. Camille prit la main d’Émilie et l’emmena jusqu’à une table, Benoît les rejoignit et tous trois restèrent assis, dans un silence funéraire. Émilie ignora durant combien de temps le son des tirs dura, quelques secondes, plusieurs minutes ou une heure entière, elle espérait juste qu’une fois le silence revenu cela signerait la fin de la tuerie. Le silence finit par tomber, lorsque Émilie le remarqua, elle observa la porte, certaine que si quelqu’un avait survécu, il finirait par entrer dans la cantine. Benoît et Camille avaient eu la même réaction que la sienne, des bruits de pas s’approchèrent du bâtiment désormais. Un homme entra blessé au bras, Émilie reconnu l’un des hommes qui était à la solde de Michael, ce dernier tentait difficilement de refermer la porte. Lorsqu’il entendit des bruits de pas, il se retourna alors pour s’apercevoir avec surprise que l’endroit n’était pas vide et qu’Émilie s’approchait de lui, son poignard à la main. Il paniqua et leva son fusil d’une seule main de manière laborieuse avant de bégayer de manière paniquée :
    « Vous… Vous ! N’approchez pas, sinon je… je tire ! »
    Émilie s’arrêta, mais ne recula pas pour autant, l’homme se tenait contre la porte entrouverte pour tenter de garder l’équilibre, elle demanda d’un ton sévère :
    « Qui vous a attaqué ? »
    L’homme continuait de trembler, il semblait prêt à s’évanouir, Émilie lui demanda de nouveau en criant cette fois-ci :
    « Qui vous a attaqué ? »
    L’homme sembla vouloir répondre, mais un tir de fusil l’acheva, Émilie aperçut alors qu’un autre homme s’approchait de la cantine. Elle lâcha son poignard au sol et couru vers l’homme afin de pouvoir le serrer dans les bras. Lorsqu’il s’en aperçut, Steve lâcha son arme pour prendre Émilie dans ses bras tout en essayant de la rassurer malgré ses larmes :
    « C’est fini maintenant… »

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