• Chapitre VII


    Un homme s’approchait des trois jeunes tandis que les portes se refermaient derrière lui, ce dernier semblait âgé d’une quarantaine d’années, peut-être plus. Il avait une barbe grise de plusieurs centimètres qui couvrait son visage ridé par le temps, ses cheveux tout aussi argentés étaient quant à eux très courts et même absents sur le haut de son crâne. Il était vêtu d’une chemise rouge fortement abimée et même trouée par endroits ainsi qu’un treillis noir dans un état tout aussi déplorable. L’homme s’avançait lentement, Émilie remarqua qu’il avait du mal à marcher sur sa jambe droite, sûrement dû à une blessure. Il s’arrêta puis leva ses mains devant lui, montra ainsi qu’il n’était pas armé, Émilie ne baissa pas sa garde pour autant et garda son fusil levé, Tom en fit de même. L’homme indiqua alors d’une voix bourrue :
    « Pas besoin de vous inquiéter, nous n’allons pas vous attaquer. 
    -Nous non plus. »
    Tom avait répondu avant qu’Émilie ne le fasse, il avait déjà baissé quelque peu son fusil, la jeune fille pensa que Tom ne se méfier pas assez et elle garda son arme bien levée. L’homme le remarqua et ajouta :
    « Vous pouvez baissez vos armes, faîtes-moi confiance.
    -Pas tant que lui continue de nous viser. »
    Émilie avait répondu et avait désigné du regard le jeune homme, vêtu d’une veste noire en cuir et d’un jean tout aussi sombre, qui se tenait sur sa tourelle et qui gardait son fusil à la main, droit dans leur direction. L’homme se retourna et observa le jeune homme avant de lui demander :
    « Jo, tu peux baisser ton arme s’il te plaît ? »
    Le surnommé Jo observa les trois jeunes avec un regard noir et questionna son collègue :
    « Vous en êtes sûr ? »
    L’homme soupira avant de répondre d’un air calme mais sec :
    « Soit gentil et ne me fait pas insister… »
    Le jeune homme baissa alors son arme, Émilie en fit de même bien qu’elle fût toujours méfiante. L’homme sembla ravi et annonça avec joie :
    « Bien maintenant que l’ambiance se calme, je pense pouvoir me présenter, je m’appelle Christophe. Je m’excuse de cet accueil peu amical mais nous préférons être prudent et c’est aussi pourquoi j’aimerais connaitre la raison de votre présence ici. »
    Émilie s’aperçut que Tom allait prendre la parole et décida de répondre avant lui :
    « Nous avons trouvé une brochure qui parlait de ce lieu, c’est pourquoi on s’y est dirigé en pensant que ce serait un bon endroit pour y faire pousser de la nourriture, mais on espérait également que personne n’y avait élu domicile, il semble que malheureusement ce soit le cas. 
    -Pas de chance. »
    Le dénommé Christophe avait commenté cela avec un sourire farceur, il n’eut pas le temps de parler que Tom ajouta :
    « En voyant cela, on a observé votre camp depuis le haut de ces collines, on préférait savoir qui se trouver ici. Dès le début, il m’a semblé évident que vous n’étiez ni des Relanceurs ni des Résistants, j’ai alors pensé aux Survivalistes, mais lorsque j’ai vu qu’il y avait plusieurs enfants, j’ai compris que non, vous êtes de simples gens tout comme nous. »
    Émilie se demanda pourquoi Tom s’était senti le besoin d’ajouter ce détail, elle remarqua que Christophe semblait quelque peu contrarié, celui-ci déclara :
    « C’est… finement observé. »
    Il avait dit cela comme un reproche mais pas envers Tom, il observait Émilie comme s’il essayait de lire dans ses pensées. Cette dernière comprit que Christophe se méfier d’elle, elle estima que c’était une bonne chose car de son côté, elle se méfiait aussi.  Christophe se retourna vers le jeune homme qui observait la scène et lui indiqua :
    « C’est bon, on peut ouvrir les portes. »
    Il se retourna vers le groupe d’Émilie en annonçant :
    « Je vous invite à partager notre déjeuner, vous allez voir, ici on prépare la soupe de pomme de terre comme personne ! »
    Émilie chuchota près de Daniel :
    « Il fallait que ça soit de la pomme de terre… »
    Ce dernier eut un petit rire en entendant cela.

    Émilie, Tom et Daniel, suivirent Christophe à travers le camp, il y avait trois grands bâtiments ainsi qu’une petite cabane, qui se regroupaient à l’entrée du camp. Le reste était à ciel ouvert, Émilie se douta qu’il s’agissait principalement des jardins, ceux-ci s’étendaient sur une bonne distance. Il y avait une distinction nette entre les deux parties dans les barrières qui entourait le camp, la zone des bâtiments était protégée avec des planches en bois et des tôles métalliques tandis que les jardins étaient, quant à eux, entourés par du grillage et du barbelé. Christophe finit par s’arrêter devant les deux bâtiments en brique qui était l’un à côté de l’autre et expliqua :
    « C’est dans ce bâtiment-là que l’on mange, on l’appelle le réfectoire même si ça n’en est pas un, on ne devrait pas tarder à manger, on attend deux des jeunes qui sont avec nous, ils sont partis tenter de trouver du matériel et ils ne devraient plus tarder. En attendant vous pouvez attendre dans les dortoirs qui se trouvent là, je pense que Maxime doit y être, à moins qu’il ne se cache encore, je ne sais où. »
    Il se pencha vers Daniel et ajouta avec le sourire :
    « Je suis sûr que toi et Maxime aller vous entendre, vous devez avoir à peu près le même âge. »
    Il se redressa en observant les alentours avant d’ajouter :
    « Bien sûr si vous voulez, vous pouvez aussi observer les jardins où vous promener, tant que vous ne marchez pas sur les légumes et que vous n’entrez pas la dedans, ce sont des stocks et vous comprenez que vous connaissant à peine, l’idée de vous voir fouiner dans nos stocks n’est pas idéale. »
    Il avait désigné le troisième bâtiment en brique lors de son explication, Tom répondit :
    « Pas de soucis, on évitera d’y aller. 
    -Bien, si vous voulez bien m’excuser, je vais aller prévenir notre cuisinière et j’ai encore quelques trucs à faire. Je comprendrais que vous ne voulez pas lâcher vos armes tout de suite mais éviter de viser les autres, garder les en bandoulière ce sera mieux. Sur ce, à plus tard les jeunes. »
    Il se dirigea vers l’arrière du réfectoire, Émilie remarqua qu’il avait toujours autant de mal à marcher, Tom demanda :
    « Qu’est-ce que l’on fait ? »
    Émilie trouva cela amusant que, désormais, il comptait sur elle pour prendre des décisions, elle répondit d’un ton sec :
    « Fais ce que tu veux, moi je vais dans le dortoir. »
    Tom demanda contrarié :
    « Je peux savoir pourquoi t’es fâché contre moi ?
    -Je ne suis pas fâché contre toi, j’ai juste envie de m’asseoir. »
    En vérité Émilie était quelque peu agacé du comportement de Tom, il ne se montrait pas assez prudent et voilà que, maintenant, elle se retrouvait au milieu d’un camp dont elle ne savait pratiquement rien et qui était rempli de plusieurs personnes en qui elle ne pouvait pas avoir confiance. Elle jugea que si Tom était assez stupide pour ne pas comprendre la situation, c’était son problème, elle n’allait sûrement pas lui expliquer.

    Elle venait d’entrée dans le dortoir, il s’agissait d’une grande pièce qui devait servir de douche et de vestiaires auparavant vus les installations. L’endroit était très sombre, il y avait peu de fenêtre et le seul néon qui éclairer la pièce semblait mal fonctionner, néanmoins Émilie fut étonnée qu’il y ait de l’électricité, c’était assez rare. L’endroit était désormais rempli de vieux lits, parfois il s’agissait juste de matelas. Émilie eut un sursaut lorsqu’elle entendit du bruit provenir du fond de la pièce, bien qu’elle n’aperçût personne. La jeune fille s’avança avec prudence en direction de l’endroit où elle avait entendu le bruit, elle aperçut une forme bougée, tapie sous l’un des lits du fond, comme un animal apeuré. Alors qu’elle s’en était approché, elle se retourna lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir derrière elle, Daniel venait d’entrer. Émilie lui indiqua en chuchotant :
    « Ne fais pas de bruit.
    -Po…Pourquoi ?
    -Chut ! »
    Elle observa de nouveau sous le lit, mais la forme avait disparu, rapidement elle guetta sous les autres lits afin de retrouver la chose qui s’y cachait. D’un coup elle entendit hurler :
    « AHHHH ! »
    Daniel venait de sursauter tandis qu’un jeune garçon venait de sortir de sous le lit devant lui, Émilie qui avait engagé son arme en entendant le cri, la remise derrière son dos tout en râlant :
    « Non mais ça va pas de nous faire peur comme ça ! Encore un peu et je tirais, c’est dangereux ce que tu viens de faire. »
    Le jeune garçon avait des cheveux bruns coupés courts, il était vêtu d’un pull noir et d’un jean, les vêtements étaient étonnamment propres et en assez bon état. L’enfant s’approcha la tête baissée et s’excusa :
    « Pardon madame mais j’ai cru que vous étiez une mauvaise personne, vu que d’habitude, personne n’a le droit de rentrer avec son arme, donc, je me suis caché. »
    Émilie eut un peu de peine pour le jeune garçon et s’en voulait d’avoir crié dessus, elle s’agenouilla pour mettre son visage et niveau du sien. Elle posa sa main au niveau du menton du jeune garçon et lui releva le visage, elle vit ses yeux bleus, et, dit d’une voix calme afin de le rassurer :
    « En fait, tu as eu raison de te cacher par sécurité, désolé d’avoir crié, par contre il ne faut pas sortir comme tu l’as fait, cela peut être dangereux, tu comprends ? »
    Le jeune garçon hocha la tête afin d’affirmer qu’il avait compris, Émilie se releva et tout en gardant la main sur l’épaule de l’enfant le présenta :
    « Lui, il s’appelle Daniel, moi c’est Émilie, donc maintenant je t’interdis de m’appeler madame. Je suis sûr que toi et Daniel, vous allez bien vous entendre, il ne nous reste plus qu’à savoir ton prénom. »
    Le jeune garçon répondit avec le sourire :
    « Je m’appelle Maxime 
    -D’accord Maxime, je vous laisse faire connaissance vous deux, ne faites pas de bêtises 
    -Viens suis-moi Daniel ! »
    Les deux jeunes garçons partirent dehors en courant, Émilie les observa avec un petit sourire, se disant qu’au moins Daniel allait retrouver un peu de joie. Une voix se fit entendre derrière elle :
    « Tu ferais une bonne grande sœur. »
    Émilie avait sursauté de nouveau avant de se retourner et de voir qu’il s’agissait du jeune homme qui montait la garde à l’entrée.  De près Émilie remarqua que ce dernier avait également les cheveux bruns ainsi qu’une barbe courte qui remontait jusqu’aux cheveux, ses yeux marrons étaient fixés sur Émilie. Bien qu’il ait parlé de façon calme, le jeune homme lançait un regard noir à la jeune fille, Émilie tenta d’apaiser l’atmosphère en déclarant avec un petit rire :
    « Vous essayez tous de me faire faire une crise cardiaque ici, j’ai l’impression »
    L’expression du jeune homme n’avait pas changé, Émilie avait l’impression d’être analysée par son regard, elle tenta d’ajouter :
    « Merci de ne pas nous avoir ti…
    -Je ne vous fais pas confiance. »
    Le jeune homme l’avait coupé en parlant cette fois-ci avec un ton très autoritaire. Émilie se sentit agressée et laissa tomber la courtoisie, elle fixé également le jeune homme d’un regard noir comme pour le défier d’aller au bout de ces pensées. L’homme semblait l’avoir bien compris et ajouta :
    « Je ne vous fais pas confiance et je ne te fais surtout pas confiance à toi. »
    Émilie se demanda pourquoi cet homme semblait lui en vouloir autant, mais elle rétorque d’un ton tout aussi sec :
    « Tant mieux, car je ne vous fais pas confiance non plus. »
    La jeune fille remarqua que l’homme avait son fusil en main et qu’il le tapotait des doigts comme s’il hésitait à s’en servir, Émilie ne montra aucun signe de peur et continua de soutenir le regard de l’homme qui conclut :
    « Avec de la chance, vous aller repartir rapidement. »
    Le jeune homme fit demi-tour et se dirigea vers la porte du fond qu’Émilie n’avait pas aperçu jusqu’à présent, elle décida de ne pas le laisser partir sans rien dire et ajouta :
    « Ne t’avise pas de venir me parler si c’est pour être un con. »
    Le jeune homme s’était arrêté durant quelques secondes, mais continua son chemin comme si de rien n’était. Émilie se rendit compte qu’elle avait saisi son poignard sans en avoir eu conscience, sûrement un réflexe de sécurités, elle le remit dans sa poche arrière.  La jeune fille posa son fusil au sol, à côté du lit sur lequel elle s’allongea et observa le plafond, se demandant ce qu’elle faisait là.

    Émilie avait pu fermer les yeux de longues minutes avant qu’une cloche se fît entendre à l’extérieur. Elle se leva et sortit afin de voir ce dont il s’agissait, bien qu’elle s’en doutât, Christophe était devant le réfectoire à agiter une cloche. Émilie se dirigea donc vers le réfectoire, lorsqu’elle passa devant Christophe, celui-ci lui dit avec le sourire :
    « Je suis content que tu aies réussi à laisser ton arme de côté, je sais à quel point ce n’est pas évident de faire confiance aux gens. »
    Émilie venait juste de remarquer qu’effectivement elle avait laissé son fusil près du lit sur lequel elle s’était allongée, elle l’avait complètement oublié. Néanmoins, elle décida de ne pas retourner le chercher jugeant que, si cela endormait la méfiance de Christophe, c’était une bonne chose.  Elle entra donc dans le bâtiment, à l’intérieur se trouvaient plusieurs petites tables et des chaises, comme le réfectoire de l’hôpital. Émilie remarqua que les tables étaient fixées au sol, elles devaient faire partie du bâtiment depuis sa création. La jeune fille se demanda pourquoi un lieu d’espaces verts aurait eu besoin d’une cantine, mais lorsqu’elle vit une vieille affiche promotionnelle, elle comprit que l’endroit devait être un petit snack ou un fast-food. Elle remarqua que Daniel était déjà occupé de manger en compagnie de Maxime et d’un autre garçon sur une table au milieu de la salle. Ce dernier avait des cheveux châtains très clairs, il semblait avoir à peu près le même âge qu’Émilie et portait un sweat-shirt bleu foncé ainsi qu’un jogging noir. En dehors de ces trois garçons, il n’y avait encore personne qui fût arrivé pour manger, même Tom était absent. Émilie remarqua également une dame qui se tenait juste à côté d’une petite marmite et de plusieurs bols en plastique, la femme semblait avoir la trentaine et avait des cheveux noir bouclés et le ventre gonflé, Émilie se demanda si la femme était enceinte, mais se dit qu’il ne valait mieux ne pas poser la question.  La dame était vêtue d’un chandail rouge ainsi qu’un pantalon blanc en laine, la jeune fille s’approcha, supposant que c’est cette femme qui servait la soupe. La femme accueillit Émilie avec le sourire et une voix très douce presque fluette :
    « Bonjour, tu dois être la nouvelle, Christophe m’a prévenu que vous étiez trois dont une fille. Je m’appelle Véronique mais tu peux m’appeler Véro si tu veux, c’est comme ça que tout le monde me surnomme ici. »
    Émilie n’avait pas envie de discuter, elle ne voulait que la femme voie en elle une possible amie, elle répondit simplement :
    « Je m’appelle Émilie. 
    -D’accord Émilie, j’imagine que tu dois avoir faim, nous prendrons le temps de discuter plus tard, tiens voilà ton bol de soupe. »
    Émilie fut ravie que la femme n’insista pas pour parler, même si elle semblait vouloir le faire par la suite. La dénommé Véronique lui servit un bol de soupe, Émilie sentit son estomac ronronner rien qu’à sentir la chaleur et l’odeur de la mixture qui se trouvait entre ses mains.

    La jeune fille se retourna, elle décida de ne pas aller manger à côté de Daniel et alla donc s’asseoir seule à une table qui se trouvait contre le mur qui faisait face à l’entrée. Au bout de quelques minutes, le jeune homme qui avait agressé Émilie entra, il se servit et partit également manger seul sur la table du coin face à Émilie. Puis ce fut Christophe qui rentra juste après, il discuta quelque peu avec Véronique et ils s’assirent tous deux sur une table non loin de celle de Daniel. Finalement, Tom arriva, il était accompagné d’une jeune adolescente. Celle-ci avait de longs cheveux châtain clair bouclés qui lui descendaient jusqu’au milieu du dos, elle était assez grande, plus grande que Tom et elle portait un débardeur blanc couvert d’un gilet, à manches courtes, noir ainsi qu’un short en jean et des bas noirs en laine. Elle et Tom semblaient discutés et s’amuser, la jeune fille servit Tom en soupe avant de se servir elle-même et ils allèrent tous deux manger sur une table près du mur opposé, qui faisait face à Émilie.  La jeune fille les observa rire et discuter, elle avait fini sa soupe, mais avait envie d’observer la scène. Émilie trouva le rire de la fille qu’elle observait, insupportable, comme si elle se forçait à rire. Elle espéra que Tom ne se faisait pas avoir et comprenait que son interlocutrice le manipuler mais il semblait ne se rendre compte de rien, Émilie jugea que c’était un idiot. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever et partir, le jeune garçon, qui avait mangé avec Daniel et Maxime, venait de la rejoindre à sa table, malgré elle, elle resta assise. Le jeune garçon se présenta d’un air sympathique :
    « Salut, je m’appelle Benoît mais tout le monde dit Ben ici. »
    Bien qu’elle n’eût pas envie de lui parler, elle répondit :
    « Moi c’est Ém…
    -Émilie, oui je sais. Le petit garçon, Daniel, m’a parlé de toi, c’est gentil à toi d’avoir pris soin de lui.
    -Je n’ai pas vraiment eu le choix…
    -Il y a des moments où on ne l’a pas c’est vrai…je peux m’asseoir ? »
    Avant qu’Émilie n’eût le temps de répondre, le jeune garçon s’était assis, elle pensa un peu agacée, qu’effectivement parfois elle n’avait pas le choix. Le dénommé Ben remarqua :
    « T’es un peu comme mon frère toi visiblement, plutôt solitaire…
    -Ton frère ?
    -Jonathan, le gars qui est là-bas. »
    Le garçon avait désigné le jeune homme qu’Émilie n’appréciait pas. Celle-ci commenta :
    « Hum…j’ai eu affaire à lui. »
    Ben remarqua qu’Émilie observait Tom et la jeune fille, il lui indiqua :
    « Tom nous a aussi parlé de toi…
    -Vraiment ? »
    Émilie fut intriguée, elle espéra que Tom n’avait pas parlé de ce qu’elle avait subi quelques jours plus tôt, elle commençait tout juste à surmonter ses frayeurs passées, ce n’était pas le moment que d’autre lui en parle. Ben expliqua :
    « Oui mais il n’a rien dit de bien intéressant si ce n’est qu’il t’ait rejoint toi et Daniel.
    -Je vois…
    -Peut-être qu’il est sympa, mais ma première impression n’est pas géniale, tu dois sûrement mieux le connaître que moi pour pouvoir le juger.
    -À vrai dire, je ne suis pas encore sûr de pouvoir le cerner correctement… »
    Émilie avait dit cela avec une certaine amertume, même si elle trouvait Tom plutôt sympathique, ces derniers temps il semblait moins méfiant et bien plus stupide que la première fois qu’elle l’avait rencontré.  Désormais il serait du genre à tendre la main aux autres alors qu’auparavant, il n’avait pas hésité à attaquer Émilie, elle se demanda pourquoi il y avait eu ce changement. Elle ne put réfléchir longtemps à la question que Ben reprit la parole en indiquant :
    « Il semble s’être lié d’amitié avec Camille, personnellement je ne l’apprécie pas trop…
    -Ah ? Pourquoi ?
    -Je ne sais pas… Elle me semble un peu trop ouverte, elle n’est pas du genre à pouvoir garder un secret. Je ne lui fais pas vraiment confiance…
    -Je vois le genre… »
    Émilie espéra encore plus que Tom ne disait rien à cette Camille, là concernant, sinon tout le camp risquerait d’être mis au courant rapidement. Ben se leva tout en ajoutant :
    « Je ne vais pas te déranger plus que cela, tu dois sans doute préférer être seule, à plus tard. »
    La jeune fille observa le garçon s’éloigner et mettre son bol vide près de la marmite, Émilie se leva et fit de même avant de sortir.

    À peine avait-elle fait quelques pas dehors qu’elle entendit derrière elle la voix de Tom qui parlait d’elle :
    « Ah voilà, c’est elle Émilie. »
    La jeune fille se retourna bien qu’elle n’en eût aucune envie, elle put voir Tom, qui était toujours accompagné de sa nouvelle amie, ce dernier déclara joyeusement :
    « Émilie voici Camille, Camille voici Émilie
    -Tom m’a pas mal parlé de toi. »
    Camille avait une voix douce et modulée, Émilie lui répondit simplement :
    « Oui, on m’a aussi parlé de toi.
    -Ah…qui donc ?
    -Euh…je ne sais plus son nom »
    Émilie s’en souvenait parfaitement, mais préféra ne pas le dire, elle ne voulait poser de soucis à Ben. Camille expliqua alors :
    « Tom m’a raconté comment vous êtes tombé l’un sur l’autre, t’as eu de la chance de ne pas être blessée durant votre combat.
    -À qui le dis-tu… »
    Émilie observa Tom et avait une grande envie de le baffer, dans ses souvenirs la chance n’y avait été pour rien et Tom s’était pris une belle raclée, elle aurait souhaité pouvoir le lui rappeler immédiatement de manière concrète. Elle prit sur elle et décida qu’elle l’engueulerait plus tard, Tom reprit la conversation en détaillant :
    « Camille m’a expliqué comment fonctionne l’endroit, ils récoltent des légumes, en font de la soupe et durant le matin ils partent en groupe de deux, chercher du matériel ou tout se qui peut être utile.
    -Oui, d’ailleurs je n’ai pas eu fini, on produit une bonne quantité de soupe, du coup Christophe a fait un marché avec les Résistants du coin, nous leur fournissons une partie de ce que l’on produit, en échange, ils nous laissent vivre ici sans problème et assurent une partie de notre protection.  D’ailleurs, je sais aussi qu’une partie de la soupe qu’on leur donne sert à nourrir l’ancien hôpital qui sert de refuge pour des survivants. »
    Émilie ressentit un grand frisson dans son dos et son cœur fit un bond lorsqu’elle entendit cela. Elle se dit que si le camp fournissait l’hôpital, il se pouvait que Christophe sût qu’une jeune fille s’est enfuie avec un petit garçon, peut-être même qu’il savait déjà que c’était elle qui s’était enfuie. Ce qui l’inquiéta le plus, c’était le regard inquiet de Tom, Camille était peut-être déjà au courant pour Émilie, la jeune fille jugea que Tom avait tout intérêt à avoir su se taire.

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