• Chapitre IV

     

    « Mais ils se trompent ! »
    Daniel s’offusqua de ce qu’Émilie venait de lui dire. Juste après être revenu dans leur cachette, Émilie lui avait expliqué que les Résistants pensaient qu’elle avait enlevé le jeune garçon. Ce dernier sembla réfléchir et proposa :
    « Si l’on allait les voir à deux, on pourrait leur expliquer la situation et ils sauront que tu ne m’as pas enlevé. 
    -Non… Soit ils ne nous prennent pas au sérieux et pensent que je t’ai forcé à inventer cette histoire et m’arrêtent voir pire, soit ils nous prennent au sérieux et sauront alors que l’on s’est enfui du centre d’accueil bien qu’on n’en ait pas le droit. »
    Émilie s’assise devant le petit feu et observa la danse des flammes, elle était perdue dans ses pensées néanmoins exprima à haute voix :
    « Quoi qu’il en soit, désormais il faudra se cacher d’eux, ce qui ne va pas arranger notre situation… »

    La jeune fille resta assise, elle tentait de ne pas réfléchir en observant la fumée qui vacillait en tous sens, le jeune garçon dit alors :
    « Il faudrait que tu te déguises ! »
    La jeune fille l’observa incrédule, elle rétorqua :
    « Tu crois vraiment qu’avoir un costume loufoque m’aiderait à passer plus discrètement si des Résistants me vois ?
    -Non pas déguisé comme cela, mais avec une perruque ! »
    Émilie y pensa quelques secondes, effectivement cela n’était pas une mauvaise idée, mais une perruque pouvait facilement se voir ou s’enlever. Elle finit par conclure :
    « Non, c’est vrai que cela pourrait être utile, mais je préfère continuer de me cacher lors de mes trajets, c’est la chose la plus prudente à faire. Bon, on va manger… »
    Émilie prit la mouette que Daniel avait chassée en son absence et alla la préparer pour la faire cuire. Elle mangea très peu et très rapidement, elle n’avait pas d’appétit. Le jeune garçon lui demanda alors :
    « Que penses-tu faire cette après-midi ? »
    La jeune fille qui n’avait pas envie de ressortir aujourd’hui répondit :
    « Rien, je vais tenter de me reposer, je pense plutôt ressortir cette nuit, dans l’obscurité, on est moins visible. »

    Comme prévu, la jeune fille dormit durant l’après-midi, elle fit un rêve étrange où elle était attachée sur une chaise tandis que trois hommes la frapper, elle voyait Daniel à travers une vitre qui semblait pleurer et hurler. Elle se détachait d’un coup de la chaise avant de poignarder les trois hommes dans le cœur, puis elle brisa la vitre et prit Daniel dans ses bras afin de le rassurer. Ce rêve la fit réveiller en sursaut, elle observa autour d’elle, le jeune garçon dormait paisiblement à ses côtés. Lorsqu’elle s’aperçut que la nuit était déjà tombée, elle comprit qu’elle avait dormi plus longtemps que d’habitude bien qu’elle ne se fût pas sentie fatiguée. Pour sa sortie nocturne, elle n’avait pas prévu d’aller bien loin, il restait encore des restaurants sur le bord de la plage qu’elle n’avait pas fouillé, bien qu’elle eût peu d’espoir d’y trouver quoi que ce soit, elle n’avait rien à perdre d’y jeter un coup d’œil.
    Il faisait très froid cette nuit-là, le vent soufflait fort mais par chance, il ne pleuvait pas. La mer était éclairée par un magnifique ciel étoilé et une pleine lune qui brillait intensément dans le ciel. La jeune fille marcha le long de la plage avant d’entrer dans un restaurant italien, elle trouvait cela étrange pour un tel restaurant d’être placé sur la plage, mais elle se dit qu’une pizza face au coucher de soleil que pouvait offrir la vue devait être assez romantique. Par chance, elle y trouva une lampe torche, bien que celle-ci ne fonctionnât pas, elle décida de la prendre, se disant que c’était peut-être dû aux piles. Elle sortit du bâtiment et chercha à entrer dans celui d’à côté, la porte était ouverte, une fois à l’intérieur, elle entendit des bruits de pas à l’étage de l’établissement. Par prudence, la jeune fille sortit le poignard qu’elle avait pris avec elle et s’avança le plus silencieusement possible jusqu’à l’escalier. Elle grimpa sur la première marche, mais celle-ci grinça, les pas arrivèrent alors jusqu’à elle. En haut des marches se tenait un jeune homme d’une quinzaine d’années, celui-ci tenait dans ses mains un grand bâton en bois qu’il tendait comme une arme, il ordonna :
    « Laisses-moi tranquille et vas-t’en ! »
    Émilie n’obéit pas, elle n’était nullement effrayée et demanda :
    « Qui es-tu ? Que fais-tu là ? »
    Le garçon répondit légèrement angoissé en observant le poignard que tenait la jeune fille dans sa main :
    « Et toi qu’est-ce que tu me veux ? 
    -Je ne te veux rien maintenant dis-moi qui tu es !
    -C’est ça, j’te crois pas ! »

    Il descendit rapidement l’escalier et tenta de frapper Émilie avec son bâton, cette dernière avait eu le réflexe de s’écarter pour l’éviter.  Elle recula rapidement près des tables et chaises du restaurant, le jeune homme couru vers elle et tenta de la frapper de nouveau, elle se jeta à terre afin d’éviter le coup. Alors qu’elle était à terre, le garçon s’apprêtait à frapper de nouveau, la jeune fille poussa l’une des chaises avec son pied, la chaise tomba vers son agresseur qui se la prit entre les jambes et tomba. Le jeune homme avait lâché son arme de fortune dans sa chute, Émilie se releva rapidement et s’agenouilla sur le jeune homme pour bloquer ses mouvements de bras, consciente que ce dernier voulait juste se défendre, elle ne le tua pas, mais décida de l’effrayer. Elle tendit son poignard sous la gorge du jeune homme et dit d’un ton très ferme :
    « Maintenant, tu vas te calmer et me dire qui tu es, pas de mouvement brusque ou tu vas sentir la pointe de mon poignard. »
    Le jeune cessa de bouger comprenant que la jeune fille ne plaisantait pas, il mit quelques secondes à répondre :
    « Je m’appelle Tom
    -C’est un début…Résistant ou Relanceur ?
    -Aucun des deux, tu peux me faire conf..
    -Survivaliste ?
    -Alors là surtout pas ! Ces bâtards ont tué ma mère… »
    Émilie se sentit mal pour le jeune homme et répondit tristement :
    « Désolé… »
    Elle se releva, laissant le jeune homme se relever, il ne semblait pas dangereux néanmoins, elle lui indiqua :
    « N’essaye pas de m’attaquer maintenant, cette fois-ci j’aurai aucune raison de te laisser en vie. 
    -J’en avais pas l’attention. »
    Émilie se força de le cacher, mais elle fut soulagée d’avoir réussi à dominer sa peur et à se montrer de manière dominante, ses entraînements sur Daniel n’avaient pas servi à rien. Malgré la présence du jeune homme, elle commença à fouiller les lieux bien qu’elle ne fût pas fort concentrée dans sa tâche. Le jeune homme se tenait debout derrière elle à l’observer, il demanda alors :
    « Et toi…tu fais partie de quel groupe ? »
    Émilie se retourna, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas pris le temps d’observer le dénommer Tom, il avait des cheveux noirs, très court, aplati sur son crâne et des yeux bleus, du moins c’est ce qu’elle aperçut dans l’obscurité.  Tout en reprenant ses fouilles, elle répondit :
    « Comme toi, je suis seule et je ne fais partie d’aucun groupe. »
    Il se passa quelques secondes de silence avant que le jeune homme ajoutât :
    « Oui, sauf que visiblement, tu te débrouilles mieux que moi. 
    -Comment ça ? »
    De nouveau elle s’était retournée pour faire face au jeune homme, celui-ci s’expliqua :
    « Ben… t’as une véritable arme et il semblerait que tu saches te défendre.
    -Tu dis ça parce que je suis une fille et toi un garçon ?
    -Non, non du tout, je dis ça parce que tu as réussi à me mettre à terre très rapidement. 
    -Mouais… »
    Il questionna de nouveau la jeune fille :
    « Dis, je sais que de nos jours ça n’as plus trop d’importance mais…tu a quel âge ? »
    La jeune fille dû réfléchir quelques secondes avant de pouvoir répondre, cela faisait longtemps qu’elle n’y avait plus pensé, néanmoins elle indiqua :
    « J’ai…onze ans…et toi ?
    -Quatorze. »

    Émilie s’arrêta de fouiller estimant qu’il n’y aura rien, toute cette histoire l’avait épuisé et elle avait envie de rentrer. Seulement, elle ne savait pas comment agir, elle hésita entre laisser le jeune homme se débrouiller seul ou prendre le risque de l’inviter à les rejoindre elle et Daniel. Elle n’avait pas totalement confiance en ce Tom bien qu’il semblât honnête et pas d’une grande menace. Elle commença à partir, laissant le jeune homme seul quand celui-ci la rattrapa par la main :
    « Attends…où vas-tu ? »
    La jeune fille l’observa dans les yeux et répondit d’un ton sec :
    « Je ne suis pas sûr que ça te regarde…
    -Non, c’est vrai…mais peut-être que l’on pourrait s’entraider ?
    -Est-ce que j’ai l’air d’avoir besoin d’aide ?
    -Non, effectivement… »
    Elle se libéra de la prise du jeune homme et reprit sa route, celui-ci ajouta alors d’une façon assez triste :
    « Mais moi j’en ai besoin… »
    Émilie s’arrêta de marcher, elle soupira un grand coup, elle pensa qu’elle allait sûrement finir par regretter ce qu’elle s’apprêtait à dire et à faire, mais elle annonça :
    « Bon d’accord, tu peux me suivre, mais évite d’être un boulet sinon tu pourras repartir.
    -Merci…j’essayerai de me rendre utile du mieux que je peux. »

    Désormais accompagnée du jeune homme, Émilie continua sa marche sous les rayons de lune, la pluie commençait à tomber ce qui l’obligea à accélérer le pas, ce que Tom du faire également. Finalement, ils arrivèrent tous deux jusqu’au tunnel de l’égout, Daniel dormait encore profondément, en voyant le jeune garçonnet, Tom signala :
    « Je croyais que tu étais seule et ne faisais pas partie d’un groupe…
    -Je ne pense pas qu’être accompagné d’un petit garçon fasse que je suis d’un groupe, il s’est imposé et donc je le protège…ça s’arrête là.
    -D’accord, je disais cela pour plaisanter, pas pour te mettre en colère.
    -Désolé mais je suis fatiguée et donc pas d’humeur à plaisanter…saches que j’ai le sommeil léger, donc si jamais, je sens que t’essaye quoi que ce soit, je te tranche la gorge, on est d’accord ? 
    -Ne t’inquiètes pas, je compte dormir également. »
    Effectivement, le jeune homme s’allongea au sol, Émilie lui lança des vieux bouts de tissu afin qu’il s’en serve d’oreiller et de couette comme elle et Daniel le faisaient. Il la remercia et s’allongea de plus belle, Émilie se méfia et attendit qu’il s’endorme afin de pouvoir dormir à son tour.

    Le lendemain, bien que sa nuit fût courte, Émilie se réveilla de bonne heure. Elle alluma rapidement le feu, car elle avait fort froid, elle prit les quelques bouts de bois que Daniel avait été cherché en son absence et les déposa sur les flammes qui se formaient doucement. Elle s’assise face au feu afin de se réchauffer, au-dehors la pluie tombait avec rage et le vent semblait également agité. La jeune fille observa le jeune Daniel dormir, elle fut surprise quand elle vit Tom, pendant quelques secondes elle avait oublié sa présence. Le soleil se levait tout doucement à l’horizon, cela ne réchauffa pas l’ambiance pour autant. Une fois un peu plus réchauffée, Émilie se leva et marcha jusqu’à l’entrée du tunnel, elle observa la mer comme à son habitude. Les vagues semblaient bataillées entre elles, et finissaient toutes par claquer avec force sur le sable humide, Émilie resta là à observer le spectacle qu’organiser dame nature. Après un long silence, le cri de Daniel se fit entendre, ce dernier accourra jusqu’à la jeune fille et lui signala :
    « Émilie, il y a un garçon qui dort là-bas. 
    -Je sais Daniel… »
    Émilie lui raconta alors toute l’histoire, le jeune garçonnet écouta sans l’interrompre, une fois que celle-ci eut terminé, il demanda :
    « Pourquoi tu lui fais confiance s’il t’a attaqué ?
    -Il a juste voulu se défendre croyant que j’allais le tuer, j’aurais sans doute agi de la même façon à sa place. »
    Daniel ne semblait pas convaincu, Émilie lui proposa :
    « Vu que tu sembles t’en méfier, je te mets en charge de le surveiller, s’il se comporte mal, tu auras le droit de lui mettre un coup de poings dans le ventre, d’accord ?
    -Hum…ouais d’accord.
    -Bien…commence à le surveiller dès maintenant, je vais nous chasser une mouette, il y en plusieurs déjà. »
    La jeune fille récupéra le petit harpon et son poignard tandis que Daniel se posta devant Tom qui dormait encore. Rapidement Émilie réussit à assommer une mouette, elle retourna auprès du feu une fois l’animal prêt à cuire. Elle s’approcha de Daniel et demanda :
    « Quel votre rapport Chef surveillant ?
    -Il continue de dormir. 
    -On va le réveiller. »
    Émilie secoua l’épaule du jeune homme afin qu’il se réveille, une fois qu’il eut les yeux ouverts, il déclara joyeusement :
    « Bonjour.
    -Lèves-toi, on va pouvoir manger. »
    Il se leva et aperçut Daniel qui l’observa, il lui tendit la main :
    « Salut, moi c’est Tom, ravi de faire ta connaissance. »
    Daniel ne répondit pas et ne serra pas la main du jeune homme, Émilie déclara :
    « Lui c’est Daniel, il faut l’excuser, il est fort timide.
    -Je ne suis pas timide !
    -Pourquoi ne dis-tu pas bonjour alors ? »
    Contrarié, Daniel serra la main de Tom bien qu’il semblait ne pas en avoir spécialement envie. Émilie était occupée de faire griller la viande au-dessus du feu lorsque Tom lui demanda :
    « Qu’as-tu prévu de manger ?
    -De la mouette, comme tous les jours… On trouve que cela comme nourriture, si l’on avait la chance d’être en campagne, on pourrait trouver des légumes, mais on n’y est pas.
    -D’accord… Des légumes, tu dis ?  Je sais où en trouver. »
    Émilie observa le jeune homme qui souriait, visiblement ravi de pouvoir être utile, la jeune fille questionna d’un ton sec :
    « Vraiment ? Ce n’est pas un piège ? »
    Le jeune homme répliqua :
    « Si tu ne fais pas confiance, il ne fallait pas accepter que je te suive…
    -Désolé d’être méfiante mais c’est grâce à ça que je suis en vie. Il me faudra du temps avant que je ne puisse pleinement te faire confiance.
    -D’accord… Pour les légumes, il y a un petit potager, sous une serre, dans lequel poussent des pommes de terre et des oignons. Ce potager se trouve derrière un magasin primeur, quelques rues au-dessus du restaurant dans lequel nous étions hier. Tu n’auras qu’à y aller par toi-même, comme cela, tu verras que je ne te tends aucun piège. 
    -D’accord…j’irai voir ça, je te remercie, désolé d’être aussi méfiante. »

    Émilie savait qu’elle venait de mettre le jeune homme de mauvaise humeur, elle aurait aimé se dire qu’elle ne s’en soucier pas, mais en vérité cela la blessa un peu. Le trio mangea sans parler, laissant le sifflement du vent accompagné leur déjeuner.
    Dans le début de l’après-midi, la pluie cessa de tomber et le vent se calma légèrement, Émilie se munit de son poignard et d’un sac à dos, prête à aller vérifier la présence du potager dont lui avait parlé Tom. Avant de partir, elle demanda à Daniel de récolter du bois pour le feu, Tom se proposa pour aider le jeune garçon qui refusa, Émilie le prit alors à part pour lui parler. Une fois suffisamment éloigné, la jeune fille s’accroupit à la hauteur du garçon en le tenant par les épaules et lui indiqua :
    « Écoutes… je sais que tu n’apprécies pas beaucoup Tom et que tu ne lui fais pas confiance, mais il faut que tu le laisses t’aider.
    -Mais…pourquoi ?
    -Parce qu’il sera présent avec nous désormais, donc, il serait mieux que vous apprenez à faire connaissance l’un de l’autre. De plus il faut qu’il t’accompagne si tu dois le surveiller.
    -Oui, c’est vrai…bon…d’accord. »
    Daniel se retourna vers Tom et déclara avec le sourire :
    « C’est bon Tom, j’accepte que tu viennes m’aider.
    -Ah, j’en suis ravi.
    -Mais attention ne va pas croire que cela fait de nous des amis.
    -Je ne me permettrais pas, un tel titre, ça se mérite.
    -Tout à fait ! »

    Émilie ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, Tom semblait déjà de meilleure humeur et Daniel aussi. Elle les laissa tous deux et commença à marcher en direction du restaurant dans lequel elle s’était retrouvée la veille. Après de longues minutes de marche à affronter la brise froide du vent, elle entra de nouveau dans la salle poussiéreuse du bâtiment. Elle vit à terre le bâton que Tom avait utilisé comme arme de fortune, elle n’osa imaginer ce qui se serait passé si ce dernier avait eu une arme à feu dans les mains à ce moment-là. Elle traversa la pièce et jeta un coup d’œil dans la rue à travers les vitres sales, il n’y avait personne à l’horizon. Elle sortit alors du bâtiment et traversa la rue, et passa dans la ruelle entres les deux immeubles d’appartement qui se trouvaient en face. Elle traversa ainsi trois rues, le plus prudemment et discrètement possible, avant d’apercevoir le magasin primeur.
    Elle décida de fouiller ce dernier, cela se fit rapidement vu que l’endroit avait été vidé, elle ne trouva donc rien d’intéressant.  Néanmoins, elle vit une affiche qui l’intéressa, celle-ci parlait d’un grand espace avec des parcelles de terre à louer disponible à vingt minutes de la sortie de la ville. Émilie se dit que cela pouvait être intéressant, si c’était sans danger, de tenter de faire pousser des légumes là-bas. Elle prit donc l’affiche avec elle avant de sortir à l’arrière de la boutique, c’était une petite cour entourée par des grands murs en parpaings, dans le coin se trouvait la serre dont les portes étaient légèrement entrouvertes.

    Un ingénieux système de tuyauteries permettait de recueillir l’eau de pluie afin de nourrir les plantes, de plus un système électrique solaire leurs donner la chaleur dont elles avaient besoin. Lorsqu’elle regarda à l’intérieur, la jeune fille vit effectivement des pommes de terre et des oignons, les légumes avaient poussé en tous sens dus au fait qu’ils n’avaient plus de soin. Émilie poussa la porte coulissante de la serre, elle eut du mal, car cette dernière était bloquée par la rouille mais, finalement, la porte céda. La jeune fille put ainsi remplir son sac de pommes de terre, elle ne prit quelques oignons bien qu’elle n’ait aucune idée de comment les cuisiner. Elle repartit avec son sac plein de légumes, quitta le magasin et fit le trajet en sens inverse. Elle prit son temps afin de guetter à chaque coin de rue s’il y avait la présence d’une quelconque personne pouvant lui nuire, par chance les rues étaient vides. Elle atteignit la plage sans aucune difficulté, le soleil était déjà bas dans le ciel et la lune faisait son apparition en avance.  La jeune fille finit par atteindre son chez-soi dans lequel elle retrouva les deux garçons assis qui discutaient entre eux. Lorsqu’il l’aperçut, Tom demanda :
    « Alors, tu as réussi à sortir de mon piège ? »
    Il avait dit cela avec le sourire, Émilie répondit :
    « Effectivement, tu n’avais pas menti, il y a bien un potager là-bas. 
    -Donc, je suis digne de confiance.
    -Disons simplement que, pour l’instant, tu gagnes des points. »
    Elle avait rétorqué avec le sourire également, appréciant de pouvoir taquiner le jeune homme. Elle posa les pommes de terre sur le sol et commença à en éplucher une avec son poignard lorsqu’elle remarqua :
    « Mais on n’a rien pour les cuire…Daniel, tu peux aller chercher une casserole dans l’un des restaurants s’il te plaît ? »
    Daniel s’était relevé, mais Tom posa sa main sur son épaule et se proposa d’y aller, il partit laissant le jeune garçon en compagnie d’Émilie. Cette dernière demanda à Daniel :
    « Ton après-midi s’est bien passé ?
    -Oui…Tom est assez sympa au final, il m’a dit qu’il avait des connaissances en menuse…menise…le truc avec le bois.
    -Ah…la Menuiserie.
    -Oui, c’est ça, il a expliqué que son père travaillait là-dedans et qu’il avait appris avec lui à tailler le bois. Il a dit que s’il en a l’occasion, il me montrera.
    -Ah c’est bien…en tout cas, je suis contente que vous vous entendiez bien. »
    Émilie avait épluché plusieurs pommes de terre, Tom revenu au bout d’une vingtaine de minutes, la jeune fille remarqua :
    « Tu en as mis du temps…
    -J’ai cherché de l’eau, c’est mieux pour cuire les pommes de terre.
    -Tu en as trouvé ? »
    Il montra une bouteille d’un litre en plastique vidé de moitié en déclarant :
    « C’est tout ce que j’ai pu trouver, toutes les arrivées d’eau ne marchent plus…
    -Ce n’est déjà pas mal…on va la faire bouillir, ça évite les maladies normalement qui peuvent s’y trouver. »

    Une fois que l’eau commença à bouillir, il ne restait plus grand-chose, Émilie y déposa des tranches de pommes de terre et les laissa cuire. Tom retourna chercher des assiettes et des couverts pendant la cuisson. Une fois les tranches de pommes de terre cuites, Émilie en donna à chacun quatre tranches et en mit rapidement à cuire d’autres bien qu’il restât peu d’eau. La jeune fille souffla et avala son morceau de pomme de terre, c’était fade, pourtant elle se régala. Cela faisait longtemps qu’elle en avait plus mangé, c’était comme un festin.  Les deux garçons se régalèrent aussi et le trio profita du repas en silence. Après un bon repas, Daniel leur souhaita bonne nuit et s’allongea afin de dormir, Émilie resta quelques instants à observer le ciel étoilé afin de digérer, Tom la rejoignit et s’assit à côté d’elle. Il attendit quelques secondes avant de troubler le silence en analysant :
    « Ce spectacle naturel nous ferait presque oublier l’enfer dans lequel on vit. »
    Émilie garda les yeux vers le ciel et ne répondit pas bien qu’elle approuve ce que le jeune homme disait, celui-ci ajouta :
    « Tu prends soin de Daniel, c’est noble de ta part, t’es comme une grande sœur pour lui… »
    Cette fois-ci Émilie observa le jeune garçon et répondit :
    « Je fais juste en sorte qu’il reste en vie, il n’y a rien de bien noble à cela…
    -Non c’est beaucoup plus que cela, t’as réellement l’air de prendre soin de lui, tu ne t’en rends peut-être pas compte tout simplement. »
    Elle observa de nouveau le ciel en réfléchissant, il est vrai qu’elle pensait au bien-être de Daniel mais de là à dire qu’elle le considéré comme son petit frère c’était faux. La jeune fille se releva, elle tourna le regard vers Tom et lui souhaita bonne nuit, ce dernier restant assis. Elle s’allongea et observa le jeune homme qui lui tournait le dos, peut-être était-il digne de confiance, elle n’en était pas encore sûre. Pour le moment, elle appréciait sa compagnie, avoir de l’aide supplémentaire de nos jours c’était toujours un magnifique miracle.
     

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