• Chapitre III

     

    Jordan eut du mal à se lever ce matin-là, il était réveillé mais continua à faire semblant de dormir. Il n’avait que quelques souvenirs de la veille, comme si son esprit ne voulait pas s’en rappeler. Il se souvenait de l’attaque du camp, de la mort de Lucie et qu’il avait donné un coup de couteau à un homme mais sans plus. Il ne voulait pas devoir raconter aux autres ce qui s’était passé, du moins pas tout de suite. Il finit par se rendormir un peu et lorsqu’il se réveilla de nouveau, il trouva la pièce extrêmement calme. En ouvrant les yeux et en observant autour de lui, il remarqua qu’il était seul. Ses sœurs et son cousin avaient disparu, ses vêtements de la vieille également, il se leva brusquement et regarda sur sa droite, les deux fusils avaient disparu eux aussi. Les Vautours les avaient-ils trouvés ? Non sinon lui aussi se serait fait enlever, ce n’est pas logique. Alors qu’il commençait à s’inquiéter il entendit les voix familières annonçant le retour de sa famille. Lorsque Matilde ouvrit la porte, il lui demanda agacé :
    « Où étiez-vous passé ? »
    Mathilde le regarda noir et râla :
    « Pas besoin d’un accueil aussi agressif !
    -Vous disparaissez sans prévenir et sans dire où vous allez, j’ai eu une frayeur pas possible.
    -Tu comprends donc ce qu’on peut ressortir quand tu pars le soir, monsieur « je reviens avec des habits remplis de sang », on a été les laver au petit canal. Tiens-les voilà ! »
    Jordan attrapa les vêtements que Mathilde lui avaient lancé, il se sentait légèrement idiot. Tandis qu’il s’habillait, Émilie s’approcha de lui, toute souriante en lui montrant le poignard propre :
    « Il t’a été utile ! J’ai bien fait de le prendre, mon couteau t’a protégé ! Tu as éliminé un Vautour ?
    -Émilie ! »
    Mathilde avait râlé sur sa sœur, elle rouspéta :
    « On ne se satisfait pas de la mort d’une personne, c’est immoral !
    -Mais ce sont nos ennemis…
    -Ça reste des êtres humains ! Tuer c’est mal, peu importe la raison.
    -Tu diras pas ça quand tu seras obligé de le faire pour survivre…
    -Fin de discussion ! D’ailleurs qu’est-ce qui s’est passé hier soir pour que tu sois couvert de sang ? »
    Jordan ne remarqua pas tout de suite qu’on s’adresser à lui, il avait suivi la discussion entre ses sœurs attentivement. Il jugea que les deux avaient raison, tuer était parfois nécessaire quoique ce soit immoral.
    « Jordan ?! »
    Le jeune homme sortit de ses pensées et répondit :
    «  Euh…rien c’est un chien affamé qui a commencé à me mordre, j’ai dû le blessé pour qu’il me lâche la jambe. »
    Mathilde observa son frère les bras croisés comme si elle jugeait si ses paroles étaient valable ou non. Jordan n’avait pas envie de dire la vérité, encore moins devant Émilie. Mathilde demanda méfiante :
    « Un chien qui t’a mordu la jambe ?
    -Oui c’est ça. »
    Jordan supplia le ciel pour que sa sœur n’insista pas plus sur la chose, celle-ci finit par dire en se retournant :
    « J’espère que ce pauvre animal se remettra de ses blessures. »
    Jordan remarqua que Steve avait observé la scène sans rien dire, il semblait également réfléchir sur la véracité des propos de Jordan. Mathilde, qui était occupée de vider le sac à dos qui contenait des bouteilles et des gourdes remplis d’eau, dit à Jordan :
    « Il faudrait que toi et Steve allait nous trouver de la nourriture, il faudrait également que vous trouveriez de quoi faire du feu, l’hiver s’approche
    -Ok on va y aller. »
    Jordan prit le fusil que lui tendait Steve, les deux garçons s’apprêtaient à partir quand Émilie demanda :
    « Je peux venir avec vous ? »
    Jordan lui répondit :
    « Non pas cette fois-ci, aide ta sœur à préparer le repas pour ce midi
    -oh…d’accord »
    Jordan suivit Steve en direction de la sortie, ce dernier guetta dehors avant de soulever la plaque qui permettait d’aller à l’extérieur. Une fois dehors il demanda :
    « Où est-ce qu’on va chercher ?
    -Il y a la vieille maison du vieux râleur qui est encore debout, on peut aller voir s’il y a des trucs intéressants.
    -Ah oui je vois….qui aurait cru que monsieur Fertin nous manquerait un jour… »
    Jordan répondit avec le sourire :
    « C’est clair ! Bon allons-y »


    Le soleil chauffait légèrement pour la matinée, la fin de l’été se faisait sentir. Les deux garçons n’eurent aucune difficulté pour aller jusqu’à leur destination, ils ne croisèrent aucun Vautour sur leur chemin et en vingt minutes ils étaient arrivé à la vieille maison. Celle-ci était plus grande qu’une maison classique, elle ressemblait à un petit manoir avec sa hauteur de deux étages et sa grille d’entrée peinte en noire. Les jeunes hommes passèrent par l’arrière à travers le trou d’une haie que Jordan avait l’habitude d’emprunter autrefois, vu que la maison était proche de l’ancien terrain de foot, Jordan allait souvent récupérer son ballon en douce malgré les menaces du vieux propriétaire lorsqu’il était enfant. Mais aujourd’hui personne ne râlerait, la maison était vide, le jardin autrefois si bien entretenu était désormais rempli de ronces et l’eau de la petite fontaine était verte. Steve du enfoncer la porte pour pouvoir entrer, l’intérieur était poussiéreux mais l’endroit semblait pourtant encore impeccable, contrairement aux ruines de beaucoup de maison celle-ci semblait n’avoir subi aucun dégât. Steve dit en observant les lieux :
    « On pourrait presque croire qu’elle est encore habitée.
    -Oui…tu vas rire mais j’avais toujours rêvé d’entrer en douce dans cette maison.
    -On pourrait presque venir vivre ici, plutôt que de rester dans la cave
    -Non on est plus en sécurité dans la cave, au moins elle n’est pas visible.
    -Peut-être mais faudra finir par bouger à un moment où un autre, on doit aller de plus en plus loin pour trouver de quoi vivre.
    -Le plus tard sera le mieux.
    - Il ne faudrait pas attendre qu’il soit trop tard…bon essayons de voir ce qu’il y aurait d’intéressant ici. »


    Les deux hommes commencèrent à fouiller les meubles et de récupérer ce que pouvait être utile au rez-de-chaussée. Après une vingtaine de minutes de recherches de provisions, les deux jeunes hommes en avaient terminé avec le rez-de-chaussée et s’attaquèrent à l’étage. Celui-ci était fait d’un long couloir, de deux grandes chambres et d’une salle de bain. Ils avaient déjà fouillé l’une des chambres et commencé la recherche dans la seconde lorsqu’ils entendirent un bruit de moteur s’approchait de la maison. Le bruit s’arrêta devant la demeure, Jordan et Steve s’inquiétèrent, des voix se faisaient entendre au-dehors. Jordan n’arrivait pas à comprendre ce que disaient les nouveaux-venus mais ils semblaient rire. Steve lui désigna le couloir et Jordan le suivi, ils marchèrent en tentant de faire le moins de bruit possible. Le cousin de Jordan avait repéré une trappe au plafond du couloir, il l’ouvrit mais aucune échelle ne permettait d’y monter. Jordan fit la courte échelle à son cousin afin de l’aider à monter, une fois en haut Steve tendit la main pour aider Jordan à son tour. La porte d’entrée venait de s’ouvrir et les inconnus étaient entrés dans la maison. L’un dit avec satisfaction :
    « Ça fait du bien de rentrer chez soi !
    -Tais-toi idiot !
    -Quoi ?!
    -Chut…quelqu’un est venu ici.
    -Qu’est-ce tu racontes ?
    -Il y plein d’objets qui ont été déplacé, comme le vase là.
    -Merde ta raison, tu crois qu’on s’est fait voler par des Résistants ? »
    Des Résistants. Maintenant Jordan et Steve savaient qu’ils avaient affaire à des Relanceurs, Jordan était toujours dans le couloir à écouter la conversation :
    « Fouillions l’endroit, ils sont peut-être encore là.
    -Bonne idée, toi vas voir par là, toi tu montes, toi vas voir la cave et moi je fais le tour du jardin, on revient ici après. »
    Jordan réagis rapidement et sauta pour attraper la main que lui tendait son cousin, celui-ci arriva à le hisser difficilement avant de refermer la trappe tandis qu’un des hommes, qu’ils avaient entendu monter les marches de l’escalier, arrivait. Les jeunes hommes restèrent sans bouger afin d’éviter tout bruit, ils entendaient l’homme marcher dans les chambres et ouvrir les portes d’armoires. Les pas se firent de plus en plus entendre à mesure que le Relanceurs avancer dans le couloir, il était maintenant juste sous la trappe, là où se trouvaient les deux garçons. Jordan pointa son fusil en direction de la trappe par sécurité, celle-ci fut ouverte légèrement avant qu’une voix cria :
    « On ne s’est pas fait voler, on est tranquille de ce coté-là ! »
    Jordan pouvait apercevoir l’épaule de l’homme qui avait commencé à ouvrir la trappe, ce dernier murmura :
    « Pas besoin d’aller fouiller là-haut alors. »
    Il referma la trappe en la claquant avant que le bruit indiqua qu’il s’éloigna pour redescendre l’escalier.


    Jordan souffla un grand coup, son cœur s’était accéléré comme jamais, la sueur commençait à couler sur sa nuque. Tandis qu’il reprenait son calme, il entendit les hommes reparler entre eux au rez-de-chaussée :
    « Il n’y a personne et on nous a pas volé, je ne serai pas étonné que ce soit une blague du groupe de l’église, venez on va aller leur montrer comment on aime rigoler nous
    -Mais on ne doit pas rester ici pour garder l’endroit normalement ?
    -Si t’as envie de moisir dans cette vieille maison c’est ton droit, moi je vais faire un tour
    -Ouais t’as raison allons-y, en plus je crois qu’il y a des femmes dans le groupe de l’église »
    Les hommes rirent entre eux tandis qu’ils sortaient de la maison, puis le bruit de démarrage du moteur se fit entendre avant que le véhicule s’éloigna en trombe. Steve dit à Jordan avec un rire forcé :
    « On a eu de la chance
    -Ouais, je crois qu’on peut dire que c’est un miracle qu’on soit encore en vie
    -Je n’irai pas jusque-là mais t’as peut-être raison. En tout cas on sait maintenant qu’il y a un campement de Vautours ici et à l’Église.
    -Oui et tu as entendu ? Ils étaient inquiétés de s’être fait voler, tu crois que ça veut dire qu’il cache quelque chose ici ?
    - On n’a pas encore été voir la cave. »
    Jordan et Steve sortirent rapidement du grenier sombre et descendirent jusqu’à la cave en courant. Dans la cave se tenait un grand stock de nourriture, de médicament, d’armes, de munitions et d’objet utiles comme des allumettes, des briquets, des lampes torches ou des piles. Lorsque Steve vit cela, il dit à Jordan :
    « T’avais peut-être pas tors pour le miracle »

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