• Chapitre XII

    Chapitre XII

     

    « Désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris.

    -Moi non plus, je… »
    Émilie et Camille venaient de s’écarter brusquement, prenant conscience du geste qu’elles venaient de faire. Elles semblaient aussi gênées l’une que l’autre, Émilie baissait le regard et sembla observer ses mains avec insistance tandis que Camille touchait une mèche de ses cheveux de manière angoissée. Cette dernière finit par déclarer :
    « Tu sais, je crois que c’est un peu normal, le fait qu’on soit de très bonnes amies, la peur constante de la guerre, le fait qu’on a peu de personnes à qui se confier toutes les deux. On est très proche et je pense que notre cerveau s’est un peu embrouillé entre amitié et amour pendant quelques secondes.
    -Oui, c’est possible… »
    Bien qu’Émilie trouvât l’explication quelque peu logique, elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il y avait peut-être un petit quelque chose en plus, pas forcément de l’amour mais quelque chose au-dessus de l’amitié. Elle demanda timidement à Camille qui continuait de jouer avec ses cheveux :
    « Tu n’es pas plus convaincu que moi par ton explication ?
    -Non… »
    Camille se laissa tomber sur l’oreiller du lit de manière désespéré, Émilie se rallongea également observant le plafond dans un silence royal. Les deux filles restèrent, un long moment, allongées l’une à côté de l’autre dans un grand silence, Émilie ne ressentait plus cette sensation de gêne, désormais elle se sentait plus calme même si elle savait que le sujet du baiser allait revenir. Camille se frotta lentement le visage avec ses mains comme pour se réveiller avant de se tourner vers Émilie et de lui demandait :
    « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
    Le calme d’Émilie refit place au stress, elle se tourna vers Camille et lui demanda :
    « Je ne sais pas… est-ce que… tu… m’aimes ? Dans le sens qu’on l’entend... »

    Tandis qu’elle avait posé cette question, le cœur d’Émilie s’était chamboulé. Elle ignorait comment elle allait réagir face à la réponse de Camille, qu’elle soit positive ou négative, cela resterait perturbant. Émilie imagina une centaine de scénarios possibles en quelques secondes, c’était comme si son cerveau fonctionnait en accélération extrême, la réponse vint calmer toutes ces pensées :
    « Je ne sais pas…et toi ? »

    Bien qu’elle ignorât pourquoi, mais cette réponse soulagea quelque peu Émilie, cependant c’était désormais à elle de répondre. Elle ne savait si ce qu’elle ressentait était de l’amour, mais c’était plus que de l’amitié, sur ce point, elle en était certaine. Elle finit par déclarer :
    « Je ne sais pas non plus… »
    Camille lâcha un grand souffle, Émilie ignora si c’était par soupir ou par soulagement, la jeune adolescente indiqua quelque peu découragée :
    « Ne nous voilà pas plus avancées… »
    Un nouveau silence pris place avant que Camille le brisât tout en se levant :
    « Je vais devoir y aller pour aider en cuisine. Écoutes on a qu’à… faire comme s’il ne c’était rien passé…
    -T’es sûre que c’est une bonne solution ?
    -C’est la seule que l’on a, non ?
    -Oui… pas faux. »
    Camille jeta un dernier regard vers Émilie comme si elle n’allait plus jamais la revoir avant de sortir de la chambre. Émilie resta seule avec ses pensées, elle n’arriva pas à se décider si elle aimait ou non Camille, tout comme elle ne savait pas si elle regrettait le baiser qui avait eu lieu. Ce baiser avait été magique mais maintenant elle et Camille semblait en payer les conséquences, perturber par leurs gestes. Émilie espéra que cela n’ira pas les séparer et que Camille serait d’accord pour qu’elles se voient encore. La jeune fille se tourna et retourna dans son lit de la même manière que ses pensées se mélanger dans tous les sens, Émilie était troublée, se demandant si elle aimait les filles ou non. Elle se souvint qu’elle était amoureuse de Tom auparavant, donc, elle aimait les garçons pas les filles, dans ce cas, pourquoi était-elle comme attirée par Camille, cela n’avait pas de sens. La jeune fille cessa de se torturer l’esprit lorsqu’une jeune femme entra dans la chambre après avoir toqué.

    Il s’agissait d’Emma, l’infirmière, qui était sans doute venu voir l’état d’Émilie, cette dernière demanda de son ton amical et avec bonne humeur :
    « Salut, alors ça va mieux ? »
    La jeune infirmière avait une apparence aussi soignée que la dernière fois, elle alla s’asseoir sur le bord du lit tandis qu’Émilie lui répondait :
    « Ça va mieux oui, à part que je m’ennuie…
    -Ah ça… on va voir comment est ton bras, mais j’ai de bons espoirs que tu puisses quitter cette chambre aujourd’hui.
    -D’accord »
    La jeune femme retira délicatement le bandage, la cicatrice qu’avait laissée le coup de couteau était encore rouge vif et enflé, mais en bonne voie de guérison. Émilie ne put s’empêcher de trouver cette trace, qui parcourait la longueur de son avant-bras, impressionnante, c’était comme un symbole de sa détermination à survivre. La jeune femme lui indiqua alors :
    « Je vais appuyer dessus, tu me dis si cela te fait mal d’accord. »
    Emma pressa son pouce sur la plaie et Émilie ressentit comme un petit coup électrique ce qu’elle indiqua, l’infirmière en conclut :
    « Ça va alors, il suffira de laisser à l’air pour que ça guérît bien, par contre ça va te démanger, mais je te déconseille de te gratter. Donc, tu vas pouvoir sortir, bonne nouvelle non ?

    -Oui…merci. »
    Émilie n’avait pas répondu avec autant d’enthousiasme que l’avait faite l’infirmière, celle-ci le remarqua et lui demanda :
    « Quelque chose te tracasses ? »
    Émilie hésita à se confier, elle n’avait pas envie de parler de ça à quelqu’un, encore moins une personne qu’elle connaît peu. Cependant, la dénommé Emma ajouta :
    « Même si on est plus obligé de le faire à notre époque, je continue de respecter le secret médical. Si tu as besoin de parler de quelque chose, tu peux m’en parler, cela restera entre nous et je ferai mon possible pour t’aider et te conseiller. »
    Émilie y réfléchit quelques secondes pour trouver comment en parler sans trop en dévoiler, elle finit par expliquer :
    « J’ai une… amie qui… qui ressent quelque chose de fort pour une de ses amies… à elle, elle pense que c’est plus que de l’amitié mais elle ne pense pas que c’est de l’amour, car elle aime les garçons, elle a été amoureuse d’un garçon pendant un long moment. Le truc, c’est… que mon amie a fait quelque chose qu’on ne fait que quand on est amoureux avec l’autre fille… et l’autre fille non plus ne sait pas expliquer ce qu’elle ressent pour… mon amie. Du coup mon amie et très perturbé et euh… moi-même, je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe avec cette amie. »
    Émilie n’était pas sûre que son explication, elle se demandât si la jeune femme avait tout compris. Celle-ci semblait réfléchir longuement, elle finit néanmoins par répondre :
    « Il faut que tu saches qu’il existe des garçons qui aiment les garçons et des filles qui aiment les filles…
    -Oui, ça je sais.
    -Bien… parfois aussi il y a des garçons qui aiment les filles et les garçons et réciproquement.
    -D’accord.
    -Seulement, tout le monde ne réagit pas de la même manière lorsqu’ils se découvrent cette attirance. Certaines personnes le découvrent très tard, d’autres très tôt. Il y a des personnes qui vont l’assumer plus facilement que d’autres, certaine même vont chercher à renier cette attirance. Je pense que… ton amie… se pose ce genre de questions, car elle n’a peut-être pas encore tout à fait conscience de cette attirance, que ce soit pour les filles ou pour filles et garçons. Peut-être même que ton amie cherche à se convaincre qu’elle n’a pas cette attirance, une troisième possibilité est que cette expérience était passagère, que c’était « pour essayer ». Malheureusement, il n’y a que le temps qui pourra répondre aux questions que t… que se pose ton amie, quoiqu’il arrive, elle ne doit pas se sentir anormale, elle est tout ce qu’il y a de plus normal, il faut bien insister sur ça d’accord ?
    -D’accord je… je lui dirais »
    La jeune femme se releva et avant de sortir la pièce, elle indiqua :
    « Bon ben, je vais te laisser, tu peux sortir dès que tu le souhaites, peut-être à une prochaine fois en espérant que ce soit dans de meilleures conditions. Ne t’inquiètes pas pour ton… amie, le temps arrange toujours les choses »
    Elle avait accompagné sa dernière phrase d’un clin d’œil avant de refermer la porte derrière elle.

    Émilie s’empressa de se lever et de s’habiller chaudement afin de sortir, une fois dehors, elle inspira un grand coup profitant de nouveau de sa liberté. Le temps restait frais et il y avait encore un peu de brume, le ciel était gris bien qu’éclairci par endroits. Avant de rejoindre la cantine ou les dortoirs, Émilie décida d’aller se balader un peu seul entre les jardins, elle n’était pas encore prête à voir tout le monde. Cependant, elle croisa rapidement Christophe qui bêchait afin de remplir une caisse de pommes de terre, lorsqu’il s’aperçut de la présence de la jeune fille, il s’arrêta de travailler et essuya la sueur de son front d’un geste de la main. Il accueillit la jeune fille d’un sourire tout en exprimant joyeusement :
    « Ça fait plaisir de te voir debout ! Belle cicatrice, c’est que je pourrai en être jaloux
    -T’as encore une belle avance quand même avec ta jambe
    -Ah ça… »
    Émilie était contente d’avoir réussi à le faire rire, il semblait épuisé, celle-ci lui déclara :
    « On m’a dit que des légumes ont été volés durant la nuit…
    -Oui, pas grand-chose mais je préfère m’assurer que cela ne recommencera pas. Si ce sont des gens dans le besoin, je ne suis pas contre leur offrir de la nourriture, mais je préfère qu’ils viennent me le demander plutôt que de nous voler.
    -Ce qui est également inquiétant c’est que quelqu’un à réussis a rentré dans le camp sans qu’on le remarque. Là c’était pour nous prendre de la nourriture, mais cela aurait pu être pire…
    -Effectivement, on va devoir renforcer la sécurité et faire plusieurs tours de garde durant les nuits avec plus de monde.
    -Je me porte volontaire ! »

    Christophe avait été surpris par la réaction de la jeune fille, il exprima sa gêne :
    « Non, voyons, je ne vais pas te demander cela alors que tu es à peine remis de tes blessures…
    -J’insiste !
    -Hmm… Non, non ce ne serait pas raisonnable.
    -Je me sens bien et je veux me porter volontaire ! Tu ne peux pas refuser !
    -Bon… d’accord… dans ce cas. Je t’en remercie beaucoup.
    -Il n’y a pas de quoi, je vais continuer ma promenade, à plus tard
    -Oui, à tout à l’heure »
    Émilie continua de marcher à travers les jardins profitant de la fraîcheur de l’air, elle réfléchissait à cette histoire de vol et pensa qu’il fallait se méfier. Elle avait décidé de participer aux tours de garde dans l’espoir d’en découvrir plus sur cette histoire, elle espérait au plus profond d’elle-même qu’il ne s’agissait pas de quelqu’un du camp.

    Au bout d’une vingtaine de minutes de marche à travers les jardins, Émilie décida d’aller aux dortoirs voir qui s’y trouvait. Lorsqu’elle y entra, elle aperçut Daniel et Maxime qui jouait avec des cartes sur un lit et Benoit qui les observés, quelqu’un venait de sortir de manière précipitée sans qu’Émilie eut le temps de voir de qui il s’agissait. Cependant, la réaction de Benoit, qui venait d’entendre la porte claquer, donna un indice à la jeune fille sur l’identité du fuyard ou plutôt de la fuyarde :
    « Mais qu’est-ce qu’elle a d’un coup ? »
    Émilie préféra ne pas commenter la fuite de Camille, elle s’approcha des garçons, Daniel lui sauta au cou pour la serrer dans ses bras, s’exclamant de joie :
    « Tu vas mieux ! Je suis trop content !
    -Moi aussi je suis contente, pour autant je ne suis toujours pas un perchoir.
    -Oups pardon »
    Daniel lâcha la jeune fille qui put se redresser. Maxime souhaita également un bon retour à Émilie avec le sourire, tout en restant concentré sur son jeu de cartes. Émilie annonça amuser :
    « Ce n’est pas comme si j’étais parti non plus. »
    La porte du bout s’ouvrit, ce fut Jonathan qui entra de manière décidée en demandant d’un ton sévère :
    « Qu’est-ce qui se passe ici ? »
    Il observa la pièce comme s’il cherchait quelque chose, apercevant Émilie, il fronça les sourcils quelques secondes avant de déclarer de manière plus calme mais sobre :
    « je vois que t’es de nouveau en forme. »
    Il repartit sans un mot de plus en refermant la porte, Émilie, désormais habitué au caractère particulier du jeune homme, soupira :
    « Toujours aussi amical…
    -Fais pas attention à lui, on ne le changera pas de toute façon… Belle cicatrice en tout cas ! »
    Benoît avait énoncé cela joyeusement comme si Émilie venait de lui montrer une nouvelle coiffure, elle commenta avec le sourire :
    « Pourquoi j’ai le sentiment que je vais entendre ce commentaire plusieurs fois dans la journée ?
    -Si tu préfères, je peux dire que c’est horrible et que t’as l’air estropié.
    -Nan mais eh ! Mon bras est tout à fait en fonction de te frapper s’il le faut ! »
    Tandis que Benoît et Émilie plaisantaient entre eux et que les jeunes garçons continuaient leur partie de bataille, Tom entra dans le dortoir de manière précipité, analysant les lieux à la recherche de quelqu’un. Il demanda à Benoît :
    « Dis mec, tu n’as pas vu Camille, je la cherche partout ?
    -Euh… bonjour Tom »
    Émilie, qui n’avait pas apprécié que Tom ne la remarque pas, avait prononcé ces mots de manière agacée, le jeune ado la voyant s’excusa gêné :
    « Désolé Émilie, j’avais la tête ailleurs, content de te voir de nouveau en forme. Alors Ben ?
    -Tu l’as loupé de peu, il y a quelques minutes qu’elle est sortie en flèche de la pièce, je crois qu’elle a su que t’arrivait.
    -Ah… elle m’énerve ! Je ne sais pas ce qu’elle a, elle était censée nous aider en cuisine et impossible de lui mettre la main dessus depuis ce matin.
    -A mon avis, elle doit être malade, elle est restée allongée sur le lit la tête dans l’oreiller et même ce matin quand on est allé voir Émilie, elle ne parlait presque pas…
    -Ce serait bien qu’elle nous prévienne au moins, qu’on ne l’attende pas pour rien. Émilie, est-ce qu’elle a… ses trucs ? »
    Émilie, qui était perdues dans ses pensées se demandant ce qui se passait avec Camille, bien qu’elle en eût une idée, demanda troublé par la question de Tom :
    « Pardon ? De quoi, qu’est-ce qu’il y a ?
    -Je te demandais si Camille a ses… trucs de fille ?
    -Mais… je ne sais pas ! Tu crois vraiment qu’on parle de ça entre nous ?
    -Ben… Euh… Je ne sais pas moi je demande… Bon je vais essayer de la trouver »
    Tom ressortit, Émilie était encore déroutée par la question de ce dernier, elle interrogea Benoit ironiquement :
    « Rassures-moi, il ne t’a jamais demandé quand t’allais aux toilettes ?
    -Euh non pas encore…Il risque de le faire, tu crois ? »

    Bien que discuter avec Benoit durant le reste de la matinée ait permis à Émilie de distraire un peu ses pensées vis-à-vis de Camille, celle-ci continuait de s’inquiéter pour son amie. Lorsque vu arriver le moment d’aller déjeuner, Émilie indiqua à Benoit qu’elle avait quelque chose à faire auparavant et elle resta assise seule sur le lit tandis que les garçons partirent manger. La jeune fille resta un petit moment à réfléchir à ce qu’elle dirait une fois face à Camille, mais elle n’arriva pas à se décider d’une manière correcte de le faire, pensant que quoiqu’il arrive, cela allait être déroutant et stressant.  Elle se demanda alors où pourrait se cacher son amie et partit à sa rechercher, elle avait envie d’être à ses côtés autant qu’elle redoutait sa présence, elle avait hâte de la retrouvait tout en craignant ce moment. La jeune fille était allée voir dans la cabane à outils, mais Camille ne s’y trouvait pas. Émilie n’arrivait pas à décrire ce qu’elle ressentait, c’était une sensation perturbante entre le bien-être et l’envie de vomir, plusieurs fois elle se surprit à inspirer et à souffler à grands coups comme si elle venait de courir un marathon alors qu’elle marchait tranquillement. Son cœur battait à pleine puissance, la jeune fille en avait des sueurs froides, elle avait envie de crier et de sauter pour relâcher toute cette tension qui se créait en elle, mais se retenu marchant vers la cabane qui lui avait servit de chambre ces derniers jours.

    Lorsqu’elle entra dans la pièce, son cœur se calma brusquement, ses pensées s’étaient stoppées et sa respiration devint subitement plus lente, donnant à la jeune fille un mal de tête et de ventre qui furent aussi rapide que violent. Camille était assise sur le lit, tenant dans ses mains le poignard d’Émilie qu’elle avait laissé derrière la table de chevet. La jeune adolescente remarqua la présence d’Émilie et posa le poignard sur la table de chevet s’excusant :
    « Désolé, je voulais pas y toucher, mais je l’ai vu quand je me suis allongé, je suppose que c’est le tien.
    -Oui, c’est un souvenir de mon frère.
    -Oh… désolé.
    -Il n’y a pas de mal »

    Camille continuait de fixer le sol, ses cheveux cachant son visage, Émilie ne savait pas quoi faire où dire, elle resta près de la porte. Camille redressa la tête pour observer Émilie, en indiquant :
    « Je ne sais pas comment expliquer ça, je suis… je suis contente que tu sois là mais en même temps…
    -Je suis la dernière personne que t’ai envie de voir… »
    Camille confirma d’un geste de la tête, Émilie ressentait la même chose que son amie, elle avait envie de rester tout en hésitant à s’enfuir en courant. Un long silence envahit la pièce, seul le bruit de respirations des deux filles se faisait entendre. Camille observait de nouveau le sol, tandis qu’Émilie observait un coin vide de la pièce. Émilie finit par inspirer un grand coup afin de relâcher son stress et s’approcha de Camille, elle angoissait sans raison, s’imaginant que Camille risquerait de mal réagir et de l’attaquer. Un nombre surprenant d’idées farfelues représentant des échecs traversèrent son esprit tandis qu’elle avançait jusqu’au lit, finalement, elle s’y assit et il n’eu aucun drame. Émilie prit le poignard de son frère et le serra dans sa main comme pour se donner du courage avant de le poser sur la table de chevet. Puis elle observa son amie, qui continuait d’observer le sol et avec une certaine appréhension, elle prit la main de la jeune fille dans la sienne pour la rassurer sur sa présence, Camille redressa sa tête, dévoilant un visage humide sur lequel coulaient des larmes, elle confessa d’une voix tremblotante et inquiète :
    « Je… t’aime »
    Émilie la serra dans ses bras, pleurant à son tour, elle ferma les yeux, inspira un grand coup afin de trouver le courage de parler et annonça à son tour :
    « Je… t’aime aussi »
    C’était des larmes de joie qui coulaient sur les joues de la jeune fille, un nouveau baiser fut partagé comme pour célébrer ces heureuses révélations. Les deux filles restèrent collées l’une à l’autre durant un long moment, heureuses de leur bonheur commun. 

    Ce moment d’amour commun laissa place à la discussion avec Camille qui demanda :
    « J’imagine que ça fait de nous… un… couple…
    -Je… Je crois oui…
    -Le truc, c’est qu’il faut qu’on sache si l’on décide de le révéler ou de la cacher aux autres. »
    Émilie y réfléchit quelques secondes, même si elle savait que plusieurs personnes du camp n’allaient pas les juger, elle ne voulait pas pour autant subir des regards ou des remarques du reste du groupe, de plus elle avait envie que cela reste un peu entre elle et Camille, afin de profiter de leur intimité le plus possible. La jeune fille conclut :
    « Je préfère garder ça pour nous, du moins pour l’instant.
    -Je préfère aussi, ça sera un peu comme un amour interdit
    -Oui, ce n’est pas bête »
    Camille passa sa main dans les cheveux d’Émilie replaçant quelques mèches derrière son oreille et lui proposa :
    « Bon, on va manger ? De plus je dois aller présenter mes excuses à Véronique…
    -À Tom aussi, d’ailleurs ça me fait penser, est-ce que tu as tes... ragnagnas ?
    -Hein… Euh… mais non, pourquoi tu me demandes ça ?
    -Je  ne sais pas, c’est Tom, il avait l’air intéressé de le savoir et il pensait que je m’étais informé sur le sujet, alors maintenant je le fais au cas où…
    -Il n’est pas bien lui…
    -Pendant un moment j’ai cru qu’il était amoureux de toi…
    -Si c’est le cas, il risque d’être déçu… »
    Les deux jeunes filles sourirent de bon cœur et s’embrassèrent une dernière fois avant de quitter la pièce. Une fois à l’extérieur, elles marchèrent l’une à côté de l’autre en direction de la cantine, bien qu’elle ne lui tînt pas la main, de peur d’être vue, Émilie était plus heureuse que jamais d’avoir la présence de Camille à ses côtés, heureuse de partager ses sentiments avec la belle jeune fille, heureuse de partager son cœur avec son aimée, heureuse de sentir enfin vivante.

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :