• Chapitre XII

    Chapitre XII


      « On veut juste allez à l’hôpital, rien de plus »
    Jordan avait répondu immédiatement,  à ce qu’il reconnut comme étant un homme, dans l’espoir que ça calme les choses, il voulut se retourner mais l’homme reprit plus fort :
    « Ne vous retournez pas où je tire ! Ça me dit pas qui vous êtes, vous faites partis des relanceurs ou des résistants ? »
    Jordan ne savait pas vraiment quoi répondre, s’il pouvait juste tournait légèrement la tête pour voir à qui il avait à faire. Ce fut Steve qui répondit à sa place :
    « Nous somme ni chez l’un ni chez l’autre. »
    L’homme sembla réfléchir, il finit par répondre joyeusement :
    « Des neutres hein…voilà qui est intéressant, vous pouvez vous retourner sans risque. »
    Lorsque Jordan se retourna, il fut surpris de voir à qui ils avaient affaire, c’était un vieil homme en chaise roulante qui avait perdu ses jambes. Le vieillard était chauve en dehors de quelques mèches de cheveux blancs sur les cotés de son crâne, et il semblait très maigre, comme s’il n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. Ce n’était pas le plus perturbant, Steve le fit remarquer :
    « Eh mais vous n’êtes pas armé ! »
    Le vieil homme le regarda tout en fronçant les sourcils :
    « Fiston, la persuasion est tout aussi efficace qu’une arme. Alors comme ça vous allez à l’hôpital, vous ne m’avez pas l’air blesser pourtant. »
    Jordan répondit en la présentant :
    « Ma sœur Mathilde est enceinte et on préfère qu’elle soit prise en charge par des personne compétentes, le moment venu. »
    L’homme scruta la jeune femme, il déclara à Mathilde et Steve :
    « Félicitation à vous deux, oh jeune homme, ne vous demandez pas comment je le sais, ça se voit dans votre regard que c’est vous le père. »
    Le vieil homme leur tourna le dos et s’éloigna en expliquant :
    « Vous feriez mieux d’attendre un peu avant d’y aller, avec ce qui vient de se passer au-dessus, les deux clans seront agités et ils tireront à vus.  J’ai de quoi faire un feu pour la nuit là-bas, par contre il n’y aura pas assez de nourriture pour tout le monde. »
    Steve demanda à Jordan inquiet :
    « Tu penses qu’on peut lui faire confiance ?
    -Allons…, il est en fauteuil roulant et en plus c’est un vieillard, comment veux-tu qu’il soit dangereux ?
    -On ne sait rien de lui…
    -Hmm attends. »
    Jordan cria en direction du vieil homme :
    « Comment vous vous appelez ?
    -Vous avez qu’à m’appeler le vieillard comme vous venez de le faire et je ne suis pas sourd, pas besoin de crier ! »
    Jordan se sentit un peu gêné.

    Effectivement le vieil homme avait installé un petit coin pour lui dans un vieux local de contrôle des eaux, il avait un petit feu et même de l’eau qui venait via un robinet, il filtrait cette dernière avec un ingénieux système ou l’eau passait à travers du sable, des petits cailloux et du tissu. Afin d’aller chercher de la nourriture Jordan proposa à Steve d’aller fouiller les restaurants qui devaient se trouver le long de la plage, Steve accepta mais Émilie râla :
    « Non, je veux y aller avec toi ! Je n’ai jamais vu la mer moi, je veux en profiter un peu. »
    Effectivement, aujourd’hui c’était la première fois qu’Émilie se trouvait proche de la mer mais Mathilde n’était pas d’accord :
    « Ce n’est pas une excuse, mer ou pas, tu restes ici à l’abri ! »
    Celui que désormais Jordan appelé le Vieillard s’interposa :
    « Je sais que je ne devrai pas m’en mêler mais si vous vous voulez mon avis, il vaut mieux qu’elle soit habituée à affronter le risque dès maintenant. »
    Cela ne sembla pas convaincre Mathilde et le vieil homme ajouta :
    « De plus il n’y a pas de grand risque le long de la plage, avec le vent qui souffle il fait si froid que peu de monde s’y trouvera. »
    Mathilde finit par demandait amèrement à Jordan :
    « Tu la surveilles bien, d’accord ? 
    -Ne t’en fais pas, allez à plus tard. »

    Même avec des vêtements chauds, le froid environnant glaçait le sang de Jordan qui marcher tant bien que mal. Émilie ne semblait pas perturbée par ce problème, elle marchait tranquillement observant la mer se balancer et les nuées de mouettes qui volaient au loin. Jordan était sûr que si elle le pouvait elle irait se baigner dans l’eau, peut-être que s’ils restaient dans le coin pendant un bon moment cela serait possible jour avec du meilleur temps. Ils arrivèrent tous deux jusqu’à la digue où se trouvaient la plupart des restaurants, si avant c’était parmi les endroits les plus fréquentés par les plagistes, aujourd’hui c’était devenu des bâtiments vides, poussiéreux et en ruine. Le premier qu’ils fouillèrent ne donna aucun résultat en dehors de vieux poisson congelé dont les yeux étaient devenus blancs avec le temps, Jordan referma rapidement le congélateur mais l’odeur abominable avait réussi à le faire vomir. Ils finirent par tomber sur un ancien restaurant qui possédait une cave, dans celle-ci se trouvaient de grandes boîtes de conserve de légumes et de fruits.  Jordan pensa qu’avec les légumes ils pourraient se faire une soupe, Émilie proposa de prendre des pêches en conserve pour faire un dessert, Jordan accepta, une fois n’était pas coutume.  Alors qu’il ressortaient du restaurant avec des boîtes de conserve dans leurs sacs, une explosion se fit entende au loin et un nuage de fumée se souleva parmi les immeubles, Émilie demanda inquiète :
    « C’était quoi ça ?
    -Je ne sais pas, c’était assez éloigné mais ne traînons pas ! »
    Ils retournèrent rapidement à la sortie d’égout où les attendait le restant de la famille et le vieil homme, Steve s’approcha d’eux pour prendre le sac d’Émilie qu’elle avait du mal à porter. Il s’approcha discrètement de Jordan et lui chuchota :
    « Je ne sais pas ce qu’il veut mais il nous a dit de nous méfier de toi.
    -Quoi ? Pourquoi ?
    -J’en sais rien mais je te transmets l’info »
    Alors que Jordan sortit les boîtes de conserve afin de préparer la soupe, il observa le vieillard qui faisait couler de l’eau dans une casserole. Jordan se demanda en quoi on devrait se méfier de lui.

    Le repas se fit quasiment en silence tandis que la nuit tombait doucement, le vieil homme félicita Mathilde pour ses talents culinaires, Jordan, lui, continuait de réfléchir aux raisons qui auraient pu inciter le vieillard à donner un tel conseil à Steve. Une fois le repas terminé toute la famille mangea quelques pêches tandis que le vieil homme s’était éloigné pour observer le ciel, Jordan prétexta vouloir aller proposer des pêches au vieil homme mais il avait une tout autre idée derrière la tête. Arriver à sa hauteur, il lui demanda poliment :
    « Vous voulez des pêches ? »
    Le vieillard sourit et répondit :
    « Allons fiston, je ne suis pas dupe, tu n’es pas là pour ça, tu veux savoir pourquoi j’ai dit aux autres de se méfier de toi.
    -J’aimerais effectivement le savoir oui..
    -Très bien mais assieds-toi s’il te plaît. »
    Jordan s’exécuta est s’assit sur le rebord en béton, le vieil homme repris alors :
    « Avant de te donner ma raison, je vais te donner mon point de vue sur ce qui se passe actuellement. Cette guerre, ce malheur humain qu’on subit est autant la faute des relanceurs que des résistants. Dans une guerre il n’y a pas de nobles ou de mauvaises personnes, seulement deux clans qui s’affrontent pour des raisons égoïstes, mettant ça sur le dos de nobles raisons afin d’enrôler un maximum de personnes avec eux. Les seuls vrais personnes nobles sont celles qui tentent tout simplement de survivre sans nuire aux autres, comme ta famille mais pas comme toi. J’ignore de quel clan tu partages les idées mais tu es tout aussi assoiffé de sang qu’eux
    -Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ! Vous me connaissez à peine.
    -Je l’ai vite compris tout à l’heure, tu as toute suite décidez d’aller prendre de la nourriture, sans y réfléchir une seconde. Prêt à tout pour prendre quelque chose qui ne t’appartient pas, juste pour ton besoin, je suis sûr que s’il l’eut fallu, tu étais prêt à tuer ceux qui se seraient mis sur ton chemin. C’est ce que font les Relanceurs, s’ils ont besoin de quelque chose, ils le prendront quitte à tuer pour ça.
    -C’était pour qu’on se nourrisse, Je ne suis pas comme les Vautours !
    -L’excuse des raisons nobles comme je le disais, mais effectivement non, si tu utilises ce terme, tu partages l’idée des Résistant, eux veulent se venger, ils sont prêts à tuer juste par sentiment de haine et de vengeance en disant que les Relanceurs doivent payer, que leur morts est juste, peut-être penses-tu comme eux
    -Écoutez les rares fois où j’ai dû abattre quelqu’un c’était pour nous protéger moi et ma famille rien de plus !
    -Vraiment ? Tu peux me regarder dans les yeux et me jurer qu’à aucun moment tu as tué par simple vengeance ou pour prendre quelque chose qui n’était pas à toi ou encore tuer par simple haine ? »
    Tandis que le vieil homme dévisageait Jordan, celui-ci se rendit compte avec horreur qu’il avait déjà réalisé les deux premiers cas et songé au troisième. Le vieil homme observa de nouveau le ciel concluant :
    « C’est bien ce que je pensais… Que tu veuilles l’admettre ou non tu es un tueur et pas juste pour protéger ta famille, plus vite tu t’en rendras compte mieux ça vaudra pour toi et ta famille. Tu les mets en danger en restant avec eux, surtout la plus jeune elle risque de penser comme toi à force. Il y a assez de meurtriers autour de nous pour qu’il y en ait en plus dans ta famille, après ce n’est que mon opinion, à toi d’agir comme tu le veux. »
    Jordan n’osa pas répondre, restant assis là silencieusement tandis que le vieil homme s’éloigna pour retourner près de feu. Jordan réfléchissait à tout en même temps, se mélangeant les idées, débattant avec lui-même sur le pour et le contre, cette nuit-là il ne dormit que très peu, observant le vieil homme qui ronflait sur sa chaise roulante. Il finit par se lever et alla marcher un peu le long de la plage, histoire de se libérer l’esprit. Des coups de feu se faisaient entendre parmi les immeubles, encore une bataille entre les deux clans, puis le silence régna de nouveau indiquant que l’un des clans venait de gagner, des hommes et des femmes venaient probablement de mourir à quelques centaines de mètres de lui, Jordan se rendit compte que cela ne le choquait plus. Lorsqu’il parvint à s’endormir, il rêva de la bataille qu’il venait d’entendre, sauf que cette fois-ci, il y participait. Jordan se contenter de tirer et abattre les personnes qui passaient devant lui, sans savoir de quel clan elles faisaient partie. C’est alors qu’il se réveilla en sursaut, observant autour de lui de façon paniquer, Émilie dormait tranquillement, ce n’était qu’un cauchemar, il retomba endormi sous la pression de la fatigue.

      Le bruit du vent, de la mer et des mouettes, réveilla en douceur Jordan, il mit rapidement une veste, l’air du matin étant très frais. Il aperçut le vieil homme près de la mer, qui observait les vagues sereinement, Jordan décida d’aller le voir. Le vent soufflait plutôt fort, tandis que de fines gouttes tombaient, Jordan se demanda comme le vieillard pouvait rester assis comme ça sans attraper froid. Lorsque Jordan arriva à sa hauteur, le vieil homme demanda :
    « Bien dormit  jeune homme ? »
    Pour toute réponse, Jordan déclara :
    « J’ai pris ma décision. »
    Le vieil homme laissa un silence avant d’ajouter :
    « Je suis convaincu que t’as pris la bonne
    -Vous vous trompez peut-être…
    -C’est possible mais c’est ce que tu penses alors autant que j’en fais de même. »
    Bien qu’il ne l’appréciait que moyennement, Jordan respecta le vieillard, c’était quelqu’un de réfléchi et de sage, le genre de personne rare qui sait dire qui vous êtes, rien qu’à votre regard. Les deux hommes restèrent là, à observer en silence la mer et les mouettes qui plonger pour attraper quelques poissons, Jordan finit par s’asseoir sur le sable humide, oubliant même la fraicheur du vent, ça faisait du bien de rester là à rien faire, sans rien penser. Une fois les autres membres de la famille réveillés, ils déjeunèrent avec le restant de soupe de la vieille qu’ils firent réchauffer, après avoir affronté le froid, Jordan savoura la chaleur du plat avec plaisir. Tandis qu’ils mangeaient tranquillement, l’un des tuyaux trembla un grand coup, comme si on venait de taper dessus, un autre fit la même chose quelques secondes plus tard, le vieil homme avait observé la chose avec inquiétude. Il parla d’un coup, plus pour lui-même que pour les autres :
    « Ils arrivent par l’aile ouest et l’aile est, probablement des Relanceurs et des Résistants, oh non il est hors de question que vous utilisiez mes égouts pour votre guerre, je ne le permettrait pas ! »
    Tandis qu’il se mit à tourner une vanne presque rouillée, il expliqua à la famille :
    « Vous feriez mieux de partir au plus vite, l’endroit va être inondé en peu de temps, continuez le long la plage vers la gauche pour atteindre l’hôpital, c’est le grand bâtiment blanc. »
    Tandis que les autres prirent leurs affaires et commencèrent à s’éloigner, Jordan demanda inquiet :
    « Et vous qu’allez-vous devenir ? »
    Le vieil homme l’observa avec le sourire, tandis qu’il tournait une autre vanne en répondant :
    « J’ai déjà bien vécu comme ça, si je peux stopper ne serait-ce qu’un peu cette guerre alors je partirais satisfait.  Maintenant recules ! »
    Jordan ne savait pas quoi dire, il ne put qu’ajouter :
    « Merci…pour tout. »
    Le vieil homme se contenta d’un signe de la tête tandis que Mathilde hurlait :
    « Jordan dépêches-toi ! »
    Jordan sortit de là et rejoignit sa famille sur la plage, tous marchèrent plusieurs mètres avant de tourner le dos lorsque le bruit de l’immense vague provoquer par le vieil homme se fit entendre. Jordan proposa de s’arrêter là et de faire une minute de silence en la mémoire du vieil homme, minute durant laquelle il repensa à tout ce que lui avait dit ce dernier la veille. Puis la famille repartit en direction de l’hôpital, qu’ils apercevaient déjà au loin.

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