• Chapitre XV



    Le lendemain matin, Émilie se réveilla en douceur, elle ouvrit les yeux tranquillement après une nuit qui fut reposante. Pendant les premières secondes, la jeune fille se senti reposée et en pleine forme, prête à attaquer la journée, puis le souvenir de ce qui s’était déroulé la nuit passée refit surface. Ce fut comme un coup de fouet pour Émilie qui se redressa alors sur son lit, les autres lits étaient déjà vides, excepté celui de Camille qui dormait profondément. Émilie se leva et s’approcha de sa copine dont le visage était couvert par quelques mèches de cheveux, Émilie écarta les mèches et se pencha pour déposer un baiser sur la joue de la jeune brune, cela ne la réveilla pas pour autant, Émilie décida de la laisser se reposer. À l’extérieur il faisait frais malgré la présence du soleil et l’absence du vent, Émilie était à peine sortie qu’elle fut interpellée par Benoit qui semblait avoir attendu près de la porte que la jeune fille sorte, celui-ci l’accueillit avec un sourire forcé :
    « Bonjour, bien dormi ?
    -Euh…oui et toi ?
    -Oui, ça va. Je voulais vous attendre pour aller prendre le petit déjeuner, Camille te suit ?
    -Non, elle dort encore.
    -Oh…Tu veux qu’on l’attende ? »
    Émilie trouva la question de Benoît assez étrange, elle se demanda s’il était informé de la relation entre Émilie et Camille, afin d’en être sûre, elle répliqua :
    « Et pourquoi devrait-on l’attendre ?
    -Ben, vous êtes de bonnes amies non ? Et puis après ce qui s’est passé peut-être qu’elle ne devrait pas manger seule… »
    Émilie qui se senti stupide, s’excusa :
    « Oui, c’est vrai, t’as raison… désolé. »
    Émilie et Benoît s’assirent dos contre le mur des dortoirs, la jeune fille se morfondit sur elle-même suite à sa réaction qu’elle jugeait idiote. Comme pour alléger sa culpabilité, Benoit la regarda et indiqua avec le sourire :
    « Ne t’en fais pas, on a tous des réactions étranges parfois. Une fois je me suis énervé sur Maxime juste parce qu’il avait renversé de l’eau sur mon bras, ce n’était pas grave maintenant que j’y pense, mais avec la mauvaise humeur, j’ai râlé comme s’il m’avait brûlé. Le pauvre a pleuré après que j’ai crié et ça m’a calmé directement. »
    Émilie ignora si Benoit avait raconté cela en rapport direct avec la réaction qu’elle-même avait eu la veille, mais cela la soulagea malgré tout. Émilie souhaita à voix haute :
    « J’espère que Camille ne compte pas faire la grasse matinée… »

    Malheureusement pour la jeune fille, son amie ne sortit que trente minutes plus tard, par chance le climat s’était adouci entre-temps, mais Émilie continuait de frissonner. Camille fit la bise à Benoit puis à Émilie, elle en profita pour lui murmurer à l’oreille :
    « J’ai rêvé de nous cette nuit, ça m’a rappelé à quel point je t’aime »
    D’un coup, Émilie ne ressentit plus le froid, elle trouva même qu’il faisait bon. Les trois amis filèrent déjeuner, la cantine était vide en dehors de Maxime et Daniel qui jouait aux cartes sur l’une des tables. Camille, Émilie et Benoît s’étaient assis sur une table quelque peu éloignée de celle des deux jeunes garçons qui les avaient salués au passage. Benoît avait fini de déjeuner, Émilie également, seule Camille semblait prendre son temps en faisant danser sa cuillère dans son bol. Émilie ne s’était pas attendue à ce qu’il soit aussi difficile d’entamer la conversation, elle avait remarqué qu’à plusieurs reprises Benoit avait lui aussi ouvert la bouche avant de la refermer, ne sachant que dire. Émilie fut tellement étonnée qu’elle sursauta lorsque Camille brisa le silence en déclarant :
    « Au moins, on aura plus besoin de faire de ronde ce soir. »
    Émilie et Benoit l’observaient comme si Camille venait d’une autre planète, tellement ils étaient surpris, cette dernière remarquant leurs regards demanda tristement :
    « Allez quoi, on ne vas pas rester dans le silence toute la journée, dites quelque chose… »
    Malgré la volonté de sa copine, Émilie ne sut quoi répondre, par chance Benoit le fit pour elle :
    « C’est vrai qu’il faudrait qu’on se parle normalement, mais à chaque fois j’ai peur que cela ne déroute sur ce qui s’est passé hier.
    -Il faudra bien qu’on aborde le sujet à un moment où un autre, non ? »
    Camille avait prononcé ces mots avec exaspération, Émilie savait que sa copine avait raison, le sujet était inévitable et Benoit allait sans doute avoir plusieurs questions à poser, préférant se débarrasser de la chose au plus vite, elle indiqua :
    « Bon bah… autant en parler maintenant alors. Qu’en pensez-vous ?
    -Non pas maintenant, attends. »
    Benoît se redressa et appela son petit frère, lorsque ce dernier l’écouta, il lui demanda :
    « Vous pouvez aller jouer au dortoir s’il vous plaît ?
    -Pourquoi ça ?
    -Ben parce que… euh… parce qu’on doit nettoyer la cantine.
    -Oh… D’accord. »
    Les deux jeunes garçons sortirent en rigolant sans qu’Émilie ne sache pourquoi, Benoît se rassit et indiqua :
    « Ils ne sont pas au courant de ce qui s’est passé, je pense que c’est mieux que ça reste comme cela. Bref alors, cette nuit... »
    Même si au début elle avait eu du mal à en parler, Émilie remarqua rapidement que raconté ce qui s’était passé la soulager bien plus qu’elle ne l’aurait pensé. Camille se contentait d’affirmer ou de commenter le récit de sa copine mais cela lui semblait également libérateur pour elle d’en parler. Lorsque les filles eurent fini leurs explications, Benoît prit quelques secondes de silence pour réfléchir avant d’annoncer avec un regard vide qui fixait la table :
    « Eh ben… J’ignore comment j’aurai réagi… »
    Émilie indiqua de manière très calme comme si elle essayait d’expliquer la chose :
    « Je ne pense pas qu’on puisse prévoir comment on va réagir sur ce genre de chose, quand ça arrive on réagit et on réfléchit après… malheureusement. Sans l’intervention de Camille qui s’est ce que j…
    -J’étais là Émilie, c’est tout ce qui compte. Tu le dis toi-même, impossible de prévoir comment tu aurais réagi, arrête de te torturer avec ça.
    -Je n’étais pas là, mais je pense que Camille a raison Émilie. L’important ce que tu as agi comme il fallait, c’est tout. »
    Bien que ses amis lui sourissent et qu’Émilie leur rendit le sourire, elle n’était pas spécialement convaincue. Les trois amis s’apprêtaient à sortir de la cantine lorsque Christophe entra, il intercepta Camille et Émilie en leur demandant :
    « Euh… les filles, ça vous ne dérangerez pas de me suivre, il y en a pour cinq à dix minutes… »
    Bien que Christophe ait prononcé ces mots naturellement, Émilie avait ressenti comme de l’inquiétude dans le ton de sa voix, elle lui demanda alors :
    « Pour quoi faire ?
    -Je vous expliquerais en chemin, vous venez ? »
    Bien qu’elle se sentît un peu forcée, Émilie accepta de suivre Christophe et Camille en fit de même. Avant de sortir, l’homme se tourna vers Benoit et le sollicita :
    « Véronique va venir nettoyer la cantine, ça ne te dérange pas te rester pour l’aider ? »
    Juste avant que la porte ne se referme, Émilie eut un léger rire lorsqu’elle entendu le jeune garçon qui râla :
    « C’était censé être une blague ça ! »

    Émilie avait eu des soupçons sur l’origine de la requête de Christophe et lorsqu’elle s’aperçut qu’il les accompagnait jusqu’à la cabane isolée, ses soupçons furent confirmés, il s’agissait bel et bien de Tom. L’estomac d’Émilie se serra, elle se demanda si cela voulait dire que Christophe avait pris une décision quant au sort de Tom, qu’il allait devoir rester enfermé pendant plusieurs jours ou peut-être allait-il être banni du camp et que cela serait peut-être la dernière fois qu’elle lui parlerait ou encore pire. Christophe finit par indiquer :
    « J’aimerais que vous parliez avec Tom des événements d’hier, je pense que ça fera du bien à lui comme à vous, je sais que je vous demande quelque chose de difficile mais…
    -Qu’allez-vous faire de lui ? »
    Émilie avait interrompu Christophe, elle préférait savoir à l’avance si, oui ou non, c’était la dernière fois qu’elle parlerait à son ami, Christophe fut surpris de la question de la jeune fille, il répondit quelque peu abasourdi :
    « On va le laisser sortir, pourquoi ?  Tu pensais qu’on le tuerait ou autre ? Allons Émilie, je ne suis pas comme ça, ce n’est pas à moi de décider, si oui ou non, Tom a le droit de vivre malgré ce qu’il a fait, sinon, ça voudrait dire que je le punis pour le crime que je vais commettre en le punissant. Lui n’a sans doute pas agi en ayant pleinement conscience de ses actes alors que si je le tuerai maintenant, moi j’en aurais complètement conscience, je serais encore plus coupable que lui de mes actes, ça serait stupide et cruel, je ne suis pas un monstre voyons ! »
    Bien qu’il eût terminé son explication avec le sourire, Émilie se sentit gênée d’avoir pensé comme cela, elle s’excusa :
    « Désolée, je ne voulais pas insinuer une telle chose, c’est juste qu’après ce qu’il a fait, je pensais que vous alliez le bannir ou le garder enfermé pendant longtemps.
    -C’est vrai que cela on pourrait l’envisager, seulement ça serait irresponsable de ma part. J’ai déjà vu des gens qui, comme Tom, ont commis un meurtre sous l’effet de la colère ou de la vengeance. Les laisser enfermer, c’est risqué qu’il devienne encore plus fou et dangereux, ils s’enferment sur eux-mêmes et lorsqu’on les laisse sortir, ils n’arrivent presque plus à parler avec qui que ce soit et c’est la descente aux enfers. Pour ce qui est de le bannir, je pense que ça serait le condamner à mort, surtout s’il part seul. La seule solution que je vois c’est de le laisser libre, il finira par se faire pardonner, j’en suis persuadé, Tom n’a pas un mauvais fond, j’ai discuté avec lui hier et il avait déjà conscience d’avoir mal agi, j’ai confiance en lui pour se faire pardonner. »
    Tandis qu’ils continuaient de marcher tout ensemble, Émilie réfléchissait sur ce qu’avait dit Christophe, elle trouvait sa vision très juste et le respect qu’elle lui porté s’agrandi davantage. La jeune fille se dit que ce camp avait une chance incroyable d’avoir Christophe comme chef.
    Alors qu’ils étaient arrivés devant la porte, Christophe indiqua aux deux filles :
    « Voilà, je vais vous laisser y aller, dites-lui qu’après ça il pourra sortir s’il le veut. »
    Il laissa les deux filles entrer et parti vaguer à d’autres occupations. Lorsque Émilie entra, elle eut, de nouveau, mal au ventre, plus par inquiétude pour Tom que par peur, ce dernier était assis sur le bord du lit et observait ses pieds tout en se tenant la tête entre ses mains. Le jeune homme leva la tête, lorsqu’il vit les deux filles, il la rebaissa aussitôt tout en indiquant d’une voix tremblante :
    « Vous n’êtes pas obligé de me parler, je le comprendrais très bien si vous ne le faîte pas. »
    Émilie observa Camille dans l’espoir que celle-ci lui dise comment agir mais elle semblait tout aussi perdue, la jeune fille s’approcha de Tom tout en lui demandant :
    « Et si j’ai envie de te parler ? »
    Le garçon ne répondit pas tout de suite, il releva la tête tout en séchant les larmes qui avaient coulé sur ses joues et observa son amie, il supplia :
    « Je ne le mérite pas… »
    Ce fut Camille qui répondit cette fois-ci, bien qu’elle fût hésitante :
    « Tom je… euh… Ce que tu as fait est… horrible et il me faudra… du temps pour m’en remettre, pour nous en remettre… mais perdre un ami serait tout aussi horrible donc… il faut… je t’en prie, ne nous ignores pas. »
    Bien que cela ait été maladroit, Émilie trouva que sa copine avait bien choisi ses mots, elle décida d’ajouter :
    « De plus ce n’est pas en restant enfermé que tu te feras pardonner de tes actes, tu as ôté la vie d’une personne alors maintenant donne tout ton possible pour en sauver d’autres, continue de participer à la vie du camp et quand le moment viendra, tu sauras te racheter, j’en suis persuadé… »
    Tom avait écouté les deux filles sans les interrompre, il rebaissa la tête, Émilie supposa qu’il pleurait de nouveau et voulait cacher ses larmes. Cependant, Tom finit par répondre :
    « Comment vous faites pour… pour ne pas voir le monstre que je suis…
    -Tu n’es pas un monstre Tom, juste quelqu’un de perdu qui a laissé parler sa colère plutôt que sa raison. Ça pourrait arriver à n’importe qui…
    -Mais pas à toi… Tu as su te contrôler, alors que moi…
    -Parce que j’ai été aidé par une amie, je suis sûr que, si on était arrivé plus tôt, on aurait réussi à te ramener à la raison comme Camille l’a fait pour moi. »
    Tom avait fait un mouvement d’épaule pour simple réponse, de toute évidence il ne semblait pas convaincu. Camille, qui se sentait assez mal à l’aise, demanda timidement :
    « On devrait peut-être le laisser, Émilie… »
    Émilie ne voulait pas laisser son ami dans cet état, mais il semblait ne rien vouloir entendre, agacée par son comportement, elle râla :
    « C’est ça ! Reste là, à pleurer, enfermé comme un lâche. Si tu n’es même pas capable d’essayer de te racheter alors tu ne mérites même pas que l’on te pardonne. »
    Cela n’eut aucun effet sur Tom, énervée mais également désespérée, Émilie se décida à suivre Camille et à sortir de la cabane. Alors qu’elles retournaient toutes les deux en direction des dortoirs, Émilie continuait de réfléchir à propos de Tom, n’étant plus sûre de rien elle demanda à sa copine :
    « Tu penses que Tom mérite une seconde chance ? »
    Camille qui s’était concentré sur ses pieds depuis qu’elle était sortie de la cabane, releva soudainement la tête et répondit tout en tournoyant une mèche de ses cheveux :
    « Je ne sais pas… Ce qu’il a fait me semble impardonnable, mais je n’ai aucune envie qu’on le condamne à mort… Je pense qu’il me faudra du temps… »
    Émilie était à peu près d’accord avec la façon de penser de sa chérie, elle espéra juste que Tom n’agirait pas stupidement.

    Durant le restant de la matinée, les deux filles étaient retournées dans les dortoirs, en passant Émilie observa Jonathan en haut de sa tour de surveillance, comme d’habitude, la jeune fille trouva cela dingue qu’il arrivait à agir comme s’il ne s’était rien passer la veille, mais elle se dit que c’était peut-être la meilleure chose à faire. Malheureusement, ce ne fut pas aussi simple qu’elle le pensait, les deux filles étaient assises l’une à côté de l’autre, observant en silence la partie de cartes des deux jeunes garçons sans réellement prêté d’attention au jeu. Émilie eut du mal à se dire qu’hier, à la même heure, elle et Camille étaient les plus heureuses possible, partageant un baiser alors qu’aujourd’hui, elles n’arrivaient même pas à parler entre elles. Elles étaient là, toutes les deux, dans une solitude et une mélancolie communes, comme si elles étaient assises chacune à côté du fantôme de l’autre. Émilie en avait marre de ce silence qui l’écrasait, elle décida de le briser et demanda avec assurance :
    « Camille ? »
    Sa copine se retourna vers elle, intriguée d’être appelé de manière aussi vive, les deux jeunes garçons s’étaient également tournés vers Émilie, surpris de son intervention. L’assurance de la jeune fille chuta d’un coup, elle ne savait pas quoi demander de plus et se sentait stupide, d’autant plus que les regards des autres continuaient de la fixer, cependant elle finit par suggérer à sa copine :
    « Tu veux bien me suivre par là ? J’ai besoin de te parler… »
    Camille hocha la tête bien qu’elle ne semblât pas convaincue, les deux garçons retournèrent à leur partie sans se poser plus de question, Émilie emmena Camille jusqu’au bout de la pièce, là où elle était sûre que les deux garçons ne les entendraient pas. Une fois arrivée, Émilie savait déjà ce qu’elle allait dire, mais elle avait peur de la réaction et même de la réponse de Camille, cependant elle se lança et indiqua en chuchotant timidement :
    « Je t’aime »
    Camille fut quelque peu surprise, mais elle répondit immédiatement avec enthousiasme :
    « Je t’aime aussi
    -Alors pourquoi j’ai l’impression qu’entre nous c’est…
    -Vide ? »
    Émilie hocha la tête, Camille avait trouvé le mot idéal, la jeune fille se dit que par chance sa copine ressentait la même chose qu’elle et qu’elles allaient pouvoir remédier à cette situation. Camille répondit hésitante :
    « Je ne sais pas, j’ai l’impression… J’aimerai que… »
    Émilie eut une envie folle qu’elle ne sut résister, sans prévenir elle serra Camille dans ses bras qui, bien que surprise, lui rendit son accolade. Cela lui fit un bien qu’elle n’aurait pas soupçonné, elle ressentit une bouffée de chaleur montée en elle, elle n’avait qu’une envie, c’était de rester là dans les bras de Camille, la tête posée sur son épaule. Elle chuchota alors à l’oreille de sa chérie avec un air coquin :
    « Je veux t’embrasser. »
    Camille lui répondit :
    « Moi aussi je veux t’embrasser, mais il y les garçons.
    -Il font pas attention à nous, ils n’ont même pas vu qu’on se serre dans nos bras »
    Camille tourna la tête vers les deux jeunes garçons qui, effectivement, étaient plongés dans leur jeu de cartes. Émilie se laissa écarter quelques mèches de son visage par Camille qui approcha ses lèvres des siennes et l’embrassa alors, c’était un baiser doux et tendre, deux sensations dont elle avait eu besoin sans le savoir, son corps semblait plus léger et elle ressentit une sensation plaisante dans le bas de son ventre qu’elle n’aurait su décrire. Lorsque le baiser fut arrêté, Émilie senti la main de Camille prendre la sienne, elle observa le visage rougissant de son aimée qui lui indiqua avec le sourire :
    « Je crois que c’est ce qui nous manquait. »

    Par la suite, discuter avec Camille se fit beaucoup plus simplement et naturellement et cela sans même parler de Tom. Elles avaient discuté plusieurs choses pour ensuite parler de Benoît et avaient fini par imaginer toute une scène du garçon nettoyant la cantine en râlant qui leur avait provoqué un fou rire. Ce dernier était rentré au dortoir au moment même où Émilie imitait quelqu’un passant le balai et elle s’était rassise aussitôt. Benoît intrigué par le rire aux larmes de Camille face à ce spectacle demanda quelque peu suspicieux :
    « De quoi vous parliez pour rire comme ça ?
    -On faisait un concours d’imitation d’animaux, je faisais un singe. »
    Le fou rire de Camille reprit de plus belle suite à la réponse d’Émilie, Benoit fut surpris d’une telle réaction mais annonça joyeusement :
    « Eh ben… Au moins vous avez retrouvé le sourire. Personnellement j’en pouvais plus du ménage, plus jamais je ne me fais avoir… »
    Camille ria de plus belle, Émilie qui ne pouvait s’empêcher de rire également indiqua à la jeune fille :
    « Allons calme-toi ! »
    Benoît semblait commencer à comprendre le véritable sujet de la plaisanterie, mais Émilie l’empêcha de demander quoi que ce soit en l’interrogeant avant :
    « On peut donc aller déjeuner ?
    -Oui, on peut y aller et s’il vous plaît ne salissez pas les tables !
    -Oh je t’assure, on fera attention. »
    Camille avait dit cela en riant, Benoît qui avait désormais compris parti avec une mine renfrognée.

    Par chance, Benoit ne fut pas rancunier longtemps et une fois à table, les trois amis purent discuter normalement. Comme Émilie s’y attendait la première chose que Benoit demanda concernait le service que leur avait demandé Christophe, elle n’avait pas très envie de répondre, cela l’avait mise de mauvaise humeur la première fois et elle n’avait pas envie d’y retomber. Ce fut Camille qui expliqua alors ce qui s’était passé et comment Tom avait réagi, lorsqu’elle termina son récit, Benoît déclara :
    « Alors, vous pensez que Tom ne sortira pas… »
    Émilie s’était contentée de manger en écoutant les deux autres, pour une fois que ce n’était pas à elle de raconter les choses, elle en avait profité. Cependant, elle finit par intervenir en indiquant d’un air surpris :
    « Visiblement on s’est trompé… »
    Elle fit un signe de la tête pour indiquer aux deux autres de regarder vers l’entrée, Tom venait de franchir la porte. Ce dernier alla se servir en soupe sans oser regarder vers les tables, cependant il fut forcé de le faire pour aller s’asseoir. Il prit une table du fond et commença à manger seul, Benoit arrêta de l’observer pour se tourner vers son bol et exprima son avis :
    « Il est peut-être sorti uniquement parce qu’il avait faim… »
    Émilie et Camille avaient continué d’observer le jeune homme, puis elles se regardèrent dans les yeux et avec de simples mouvements de tête, ce fut comme si elles avaient communiqué par la pensée. Émilie lui avait demandé :
    « Tu penses qu’on devrait le rejoindre ? »
    et Camille lui avait répondu :
    « Je pense que ça vaut mieux… »
    Cependant, Émilie n’eut pas le temps de prendre sa décision que Christophe entra dans la cantine d’un coup et hurla :
    « Tout le monde à l’abri vite ! »

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