• Chapitre V



    Bien que la nuit qu’elle venait de passer eût été froide, Émilie se réveilla de bonne humeur le lendemain matin. Comme à son habitude, elle observa le temps. Une pluie fine tombait et le vent soufflait légèrement, le tout avec un ciel gris, mais clair. La jeune fille se leva et déposa rapidement la casserole dehors, avec de la chance, celle-ci se remplirait d’eau pour pouvoir cuire des pommes de terre au midi. Elle prit ensuite le sac à dos remplis de légumes, alla s’asseoir à la sortie et commença à éplucher les pommes de terre. 
    Elle sentit d’un coup une feuille de papier sous ses doigts et la retira, c’était l’affiche qui parlait des espaces verts à l’extérieur de la ville, elle l’avait totalement oublié. En observant l’affiche, elle se demanda si Tom connaissait l’endroit, elle lui demanderait une fois qu’il serait levé. Pour le moment, le jeune homme somnolait profondément, Émilie l’observa de loin, pendant un instant, elle avait eu envie de l’approcher sans raison, elle rejeta cette pensée avant de se remettre à éplucher les pommes de terre. Tom se leva peu de temps avant qu’elle eût fini, ce dernier s’approcha afin de lui dire bonjour, en lui faisant la bise, il déclara :
    « eh ben, tu te lèves tôt, t’es plus courageuse que moi.
    -Oh…je suis habitué comme ça.
    -Je ne parlais pas juste pour le sommeil, même en général, je te trouve plus courageuse que moi.
    -Oh…euh…merci. »
    Elle se sentit flattée de ce compliment bien qu’elle ne fût pas sûre de le mériter, Tom partit s’occuper du feu, Émilie décida de terminer d’éplucher ses légumes avant de lui parler des espaces verts. Elle lui montra l’affiche en lui demandant :
    « Tu sais où cela se trouve ? 
    -Étant donné que j’ai grandi ici, oui je connais cet endroit, mais c’est plutôt loin, c’est en dehors de la ville, il te faudrait presque un jour pour y aller à pied en faisant attention…
    -D’accord mais tu penses qu’il serait possible d’y rester ?
    -Y rester ? C'est-à-dire ?
    -Ben, aller vivre là-bas, si l’on pouvait vivre près d’un endroit où l’on pourrait planter des choses, ce serait l’idéal non ? »
    Tom semblait y réfléchir, après quelques secondes, il répondit :
    « Oui, il y a bien un vieil entrepôt à côté, où sont entreposés les outils, dans lequel on pourrait s’abriter, mais j’ai bien peur que quelqu’un l’ait déjà fait.
    -Quand tu dis quelqu’un, tu penses à…
    -Aux Survivalistes, c’est totalement le genre d’endroit qu’ils investiraient, je pense, vu que, comme tu l’as dit, ils peuvent y faire pousser leur nourriture donc ils sont tranquilles… »

    Émilie était quelque peu déçue, le raisonnement de Tom semblait logique, néanmoins son idée de regagner la campagne lui resta en tête. La jeune fille en avait marre de cet endroit même si cela s’améliorait, elle voulait absolument partir bien qu’avant de pouvoir le faire, elle aimerait être mieux préparée et armée. Le repas du midi se fit calmement,  la casserole s’était remplie d’assez d’eau pour faire cuire quelques pommes de terre, Émilie la remit directement dehors afin qu’elle se remplisse de nouveau pour le repas du soir. Elle passa une partie de son après-midi à dormir, ne sachant que faire d’autre, après sa longue sieste, elle alla s’asseoir et observait la mer, tandis que Tom discutait avec Daniel. Le temps passa avec lenteur, la jeune fille avait déjà épluché des pommes de terre pour la soirée, elle s’ennuyait. Tom se décida à s’approcher d’elle et lui demanda :
    « Ça va ? »
    La jeune fille fut surprise de cette question et demanda :
    « Euh…oui…pourquoi tu demandes ça ?
    -Tu restes toute seule dans ton coin, à avoir froid…
    -Je n’ai pas froid !
    -Alors pourquoi tu frissonnes ? »
    Effectivement, la jeune fille tremblait légèrement des bras, Tom semblait satisfait d’avoir remarqué ce détail, il lui demanda :
    « Pourquoi tu ne viens pas discuter avec nous près du feu ?
    - Bof…je n’aie pas grand-chose à dire.
    -Tu pourrais parler de toi et de ce que tu as vécu auparavant.
    -Mouais…ce n’est pas très intéressant tout ça…
    -Bien sûr que si ça l’est…tu sais plus de choses sur moi que j’en sais sur toi…
    -Ce n’est peut-être pas plus mal ainsi. »
    Tom se releva, il observa la jeune fille visiblement contrariée et répondit d’un ton amer :
    « La confiance ça marche dans les deux sens tu sais, si tu ne veux rien me dire sur toi, je ne vois pas pourquoi moi je te ferai confiance. »
    Il repartit en direction du feu, laissant la jeune fille de nouveau seule. Émilie s’en voulait, elle avait mal au cœur d’avoir agi si bêtement sans s’en rendre compte. Après tout, ce que voulait Tom c’était apprendre à la connaître, il n’y avait rien de mal à ça alors pourquoi avait-elle refusé, elle ne comprenait pas sa réaction.  Elle hésita à aller s’asseoir auprès du feu, elle jeta un regard vers celui-ci et les deux garçons, bien que Tom ne l’observât pas, elle aurait jurée avoir vu les yeux du jeune homme la fixer quelques secondes plus tôt. Finalement, elle n’y alla pas de suite, elle préféra attendre le soir afin de parler seul à seul avec Tom, une fois que Daniel sera couché, pour lui présenter des excuses.

    Le dîner se fit pratiquement sans un mot, Tom semblait éviter de regarder dans la direction de la jeune fille. Émilie réfléchissait déjà à ce qu’elle allait pouvoir dire pour s’excuser, elle ne savait pas pourquoi elle y attacher autant d’importance, un simple pardon pourrait sans doute suffire. Arriva le moment qu’elle redoutait tant depuis quelques heures, Daniel s’était endormi depuis une dizaine de minutes, Émilie était restée près du feu, mais cette fois-ci c’était Tom qui était au bord de la plage, sous le ciel étoilé, malgré le vent froid qui soufflait. La jeune fille alla le rejoindre et se posa à ses côtés, ce dernier ne fit aucun regard et ne dit aucun mot. Un peu stressée, la jeune fille commença :
    « Je…euh…je suis désolée pour cet après-midi, je n’aurais pas dû t’envoyer balader comme je l’ai fait, je ne pourrai pas trop expliquer ma réaction, j’ai juste été stupide, voilà tout. »
    Le jeune homme semblait avoir écouté mais ne répondit pas pour autant, Émilie réfléchissait à ce qu’elle pouvait dire d’autre pour se faire pardonner. Elle ajouta tout simplement :
    « Tu as m’as dit que tu as toujours vécu ici, moi je viens d’un village plus au sud de la région, à quasiment une heure de train, je crois, je ne pourrai pas vraiment situer. »
    Émilie attendit quelques secondes, le jeune homme garda le silence encore un peu avant d’annoncer :
    « Les reflets de la lune sur les vagues rendent le paysage magnifique ce soir. »
    Émilie ne sut pas trop quoi répondre, cela était totalement sans rapport, c’était peut-être une façon polie de lui dire de se taire. Pour toute explication, Tom observa la jeune fille et lui demanda :
    « Et donc, comment ça se passait dans ton village visiblement paumé ?
    -Eh ! Il n’était pas paumé ! »
    La jeune fille l’avait bousculé avec le sourire, ils passèrent une partie de la nuit à discuter l’un de l’autre, à plaisanter, ils avaient tellement froid que Tom avait fini par prendre l’une des couettes de fortunes qu’ils avaient récupérées et ils s’enroulèrent à deux dedans, serrés l’un contre l’autre. Ils finirent par retourner près du feu après une longue nuit de bavardage et se souhaitèrent une bonne nuit.

    Cette nuit-là, Émilie avait complètement oublié la présence de la guerre dans le monde, de la difficulté dans laquelle elle vivait, du danger qui la guettait. Cette nuit-là, elle se sentait juste heureuse et cela faisait un grand bien. Le lendemain matin, la jeune fille se leva beaucoup plus tard que d’habitude, mais ce ne fût pas plus mal, elle attaqua les pommes de terre alors qu’elle était à peine levée. Il ne pleuvait pas ce matin-là, mais la casserole semblait avoir été remplie d’eau durant la nuit. Tom se leva également, il alluma le feu avant de s’approcher d’Émilie, il lui fit la bise avant de s’asseoir à ses côtés. Le jeune homme observa quelques secondes la mer avant d’annoncer à la jeune fille :
    « Tu sais ton idée du vouloir aller aux espaces vert pour aller ramasser des légumes, bien que cela puisse être occupé, on peut toujours tenter d’y aller jeter un œil.
    -J’ai bien conscience que rester ici ne sera pas possible indéfiniment, mais pour autant nous ne sommes pas encore prêts à partir.
    -Pourquoi cela ?
    -Ben déjà  on ne sait pas trop où aller, on a bien l’idée d’où se trouvent les espaces verts, mais s’ils sont occupés alors où irions-nous…
    -Nous partirons vers l’inconnu jusqu’à trouver refuge tel des grands aventuriers.
    -Ahah, j’apprécie ton optimisme, mais je ne pense pas que ce soit une solution très sécurisée. De plus, la seconde chose qu’il nous manque c’est des armes à feu, enfin au moins une, car ce n’est pas avec mon poignard et le harpon que l’on pourrait affronter des personnes nous tirant dessus. 
    -À vrai dire, si c’est juste le temps de se déplacer, les Résistants acceptent d’escorter les survivants dans le besoin comme nous… »
    Émilie remarqua qu’elle n’avait pas expliqué à Tom que les Résistants l’a recherchée, ni pourquoi. Elle expliqua alors au jeune homme toute l’histoire, ce dernier conclu :
    « Je vois…donc, on peut oublier pour l’aide des Résistants… 
    -J’ai dit à Émilie qu’elle devait mettre une perruque pour éviter qu’on ne la reconnaisse ! »
    Daniel s’était invité dans leur conversation en les faisant sursauter, Émilie répliqua :
    « Je t’ai dit que ça ne servira à rien, Daniel, quand bien même on trouverait une perruque, ça se voit trop facilement. »
    Tom semblait réfléchir à voix haute :
    « Une perruque, ça se voit en effet…par contre si l’on te teintait les cheveux… »
    Émilie remarqua que le jeune homme l’observait avec un grand sourire, elle lui demanda :
    « Qu’est-ce qu’il y a ?
    -Dis-moi…Cela ne te dérange pas de devenir blonde ? »

    Après avoir mangé leurs pommes de terre, le petit groupe s’en alla guider par Tom qui savait où trouver un salon de coiffure. Émilie avait accepté de se teindre les cheveux, cela permettrait d’être moins reconnus par les Résistants et de pouvoir bénéficier de leur escorte. Ils arrivèrent dans le salon de coiffure, celui-ci se situait quelques rues au-dessus du magasin de pêche. Une fois arrivés, ils durent forcer la porte afin d’entrer. L’endroit était irréprochable sur la propreté, en dehors de la poussière, peu de chose avait été dérangée ou abimée, Émilie se dit qu’en même temps, ce n’était pas le genre d’endroit que l’on fouillait pour trouver de quoi vivre.

     Tom arriva rapidement près de la jeune fille avec plusieurs flacons de teinture, il lui demanda en les lisant :
    « Tu veux quelle couleur ? J’ai blond mielleux…brun caramel et euh…brun chocolat.
    -C’est quoi ces noms ? Ils voulaient qu’on les mange nos cheveux ceux qui ont inventé ça ? »
    Tom ne put s’empêcher de rire, il déclara :
    « Si tu veux, il y en a aussi une qui a le nom de roux cuivré.
    -Allez, optons pour l’aspect métallique !
    -Bien, vas t’asseoir, je vais m’occuper de te l’appliquer. »
    La jeune fille prise place sur l’un des fauteuils et pencha sa tête en arrière, ses cheveux étant désormais au-dessus d’un petit lavabo.  Lorsque Tom vit les instructions, il avoua :
    « Ouhla…ça m’as l’air plus compliqué que ce que je pensais. Daniel, tu peux me trouver une petite bassine ou quelque chose comme ça s’il te plaît… »
    Émilie angoissait un peu, elle n’avait jamais fait cela, de plus cela allait changer son apparence de manière radicale. Tom enfila des gants et mélangea les différents ingrédients dans la bassine que lui avait ramenée le jeune garçon. Une fois son mélange prêt, il indiqua à la jeune fille :
    « Je vais en mettre un peu derrière ton oreille, c’est conseillé afin de voir si t’as peau n’y serais pas allergique.
    -Euh…ok »
    Tom attendu quelques secondes avant de demander :
    « Est-ce que ça te pique, brûle ou gratte ?
    -Non c’est juste très froid, gluant et ça sent fort.
    -Hum... bon d’accord. Je vais peigner tes cheveux et je commencerais. »

    Cela prit un bon moment, Tom semblait s’appliquer ce qui rassura Émilie, lorsqu’il eût fini de passer le produit à travers les racines, il massa le tout et laissa reposer. Par chance l’une des horloges fonctionnait encore, il n’eut donc pas besoin de compter la quinzaine de minutes nécessaires. Suite à cela, il rinça les cheveux de la jeune fille, Émilie commençait à apprécier d’avoir quelqu’un aux petits soins de cette façon. Tom lui fit un shampooing avant de rincer de nouveau, le garçon dit alors :
    « Bien, il faut maintenant appliquer un soin, laisser agir et il n’y aura plus qu’à te coiffer.
    -Me coiffer, je pourrai le faire moi-même, je veux choisir ma propre coiffure
    -Pas de soucis. »
    Lorsque le produit de soins avait assez agi, la jeune fille se releva et put ainsi s’observer dans le miroir. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus vu son propre visage, ses cheveux avaient poussé jusqu’à ses épaules, elle mit un peu de temps à se reconnaître avec sa nouvelle couleur. Elle s’observa en détail avant de se coiffer, elle toucha ses cheveux afin de vérifier que c’était bien les siens, il lui faudrait du temps pour s’habituer à ce roux clair et brillant. Quelque peu ébahie par son reflet, elle bégaya :
    « Je… Je suis… 
    -Magnifique. »
    Tom avait conclu à sa place, la jeune fille rougit, ce n’est pas ce qu’elle s’apprêtait à dire, mais elle apprécia le compliment. La jeune fille opta pour une coiffure qui finissait en boucle au niveau des pointes, elle aimait bien cette coiffure, trouvant que cela lui allait bien. Elle demanda l’avis aux deux garçons, Daniel déclara avec le sourire :
    « Tu es très jolie »
    Tom souriait également, il baissa un peu les yeux lorsqu’il répondit :
    « Tu es splendide, ça te met parfaitement en valeur. »
    De nouveau la jeune fille se sentit un peu gênée, elle baissa les yeux lorsqu’elle le remercia. Après avoir pris quelques shampoings dans leurs sacs, le trio reprit la route vers leur cachette, le soleil commençait à se coucher, leur offrant un joli spectacle lorsqu’ils arrivèrent à la plage.  Ils mangèrent peu ce soir-là, la fatigue l’emportant sur la faim, Daniel alla rapidement se coucher, Émilie fit de même. Elle s’endormit en observant Tom assis près du feu qui agitait les quelques braises afin de l’éteindre rapidement.

    Le lendemain matin, Tom et Émilie discutèrent de nouveau de l’idée du jeune homme qui désirait toujours aller voir des Résistants pour leur servir d’escorte.  La jeune fille était toujours très inquiète à cette idée, elle indiqua au jeune homme :
    « Il y a toujours un risque qu’ils me reconnaissent, d’ailleurs ils peuvent reconnaître Daniel…
    -Pour Daniel, s’il pose des questions, je peux toujours dire que c’est mon petit frère. Et je pense que prendre le risque qu’ils te reconnaissent c’est toujours mieux que de prendre le risque d’y aller seul. De plus si l’on demande à une unité de patrouille, ils seront que deux, ce qui limitera les risques.
    - Mouais… je ne suis pas convaincue… »
    Elle avait repris l’épluchage des pommes de terre lorsque Tom posa sa main sur l’épaule de la jeune fille et la rassura :
    « Je comprends que tu as peur, mais tu l’as dit toi-même, on ne pourra pas rester ici indéfiniment, il faut prendre ce risque, je serai là pour assurer nos arrières si besoin. »
    La jeune fille soupira un grand coup avant de répondre :
    « Bon d’accord »
    Elle était toujours inquiète à l’idée de ce plan, mais Tom avait raison, il fallait essayer.

    Après un bref repas, Tom porta le sac à dos remplit du restant des légumes, du petit harpon et du poignard d’Émilie, Tom avait eu du mal à convaincre la jeune fille de mettre son arme dans le sac affirmant qu’il serait mieux de ne pas apparaître armé. Ils prirent route, la jeune fille se retourna pour observer le tunnel des égouts, c’était peut-être la dernière fois qu’elle le voyait. Même si cela n’était pas un endroit génial, elle sentait une petite pointe de nostalgie en songeant à cette idée d’adieu. Le trio avança à travers les rues prudemment, tous trois se dirigèrent là où Émilie avait vu une patrouille de Résistant la dernière fois. Ils y arrivèrent après un long moment de marche, ils se cachèrent alors dans l’appartement où s’était planquée Émilie auparavant, et attendirent. Cette attente fut longue, par chance il ne faisait pas trop frais malgré les légères gouttes qui tombait.

    Après ce qui parut comme une attente infinie aux yeux d’Émilie, une patrouille de Résistant arriva également du coin de la rue. Ce n’étaient pas les mêmes hommes que la dernière fois, il s’agissait cette fois-ci d’un homme au crâne dégarni ayant la quarantaine et d’un plus jeune avec des cheveux bruns rasés de près qui semblait s’approcher de la trentaine. Tom chuchota aux deux autres :
    « On fait comme on a dit, on sort les mains en l’air pour bien montrer que nous ne sommes pas armés et ensuite je parlerai, on est d’accord ? »
    Émilie et Daniel hochèrent la tête, Tom sortit le premier de l’appartement, suivi de Daniel et enfin Émilie. Les deux Résistants avaient levé leurs fusils en les voyant arrivés, Tom indiqua immédiatement :
    « Nous ne sommes pas armés »
    Les deux hommes baissèrent leur garde laissant le trio s’avancer. Une fois plus près d’eux, le plus jeune demanda d’une voix autoritaire :
    « Qu’est-ce que vous voulez ? »
    Tom baissa les bras et répondit légèrement stressé :
    « On a su que vous acceptiez d’escorter les gens au besoin et on aimerait vous demander ce service. Ce serait pour aller…là-bas »
    Tom avait sorti l’affiche des espaces verts de sa poche. Les deux hommes l’observèrent et ce fut au plus vieux de demander :
    « Et qu’est-ce que vous nous offrez en échange ? 
    -Pardon ? »
    Tom avait demandé cela avec étonnement, Émilie de son côté sentait que cela risquait de mal tourner, ils n’avaient pas prévu cela. Le plus jeune des deux hommes reprit la parole et expliqua avec le sourire :
    «On acceptera si la jolie demoiselle nous accorde un peu de son temps, ça fait longtemps que moi et mon collègue n’avons pas eu le plaisir d’avoir la compagnie d’une jeune et douce femme, qu’en dis-tu ma belle ?
    -Elle n’a que 11 ans ! »
    Tom s’offusqua de ce que venait de proposer l’homme, celui-ci le regarda noir avant d’ajouter :
    « De nos jours l’âge ne compte plus, une femme reste une femme, de plus ce n’est pas à toi que je m’adressais, alors ma jolie, ta décision ? »
    Émilie se sentait gênée, humiliée, insultée, elle n’arrivait pas à mettre de mot sur ce qu’elle ressentait, elle observa les deux hommes avec colère, ces derniers avaient resserré leurs mains sur leurs armes. Malgré tout, elle répondit d’une voix ferme :
    « Il en est hors de question ! »
    Le plus jeune des hommes répondit avec un ton mesquin :
    « Si tu préfères, je peux aller te dénoncer au centre d’accueil vu que je t’ai reconnu toi et le petit »
    Il pointa Daniel du doigt, Émilie commença à perdre son sang-froid, elle ignorait quoi faire, elle se sentit honteuse à l’idée de ce qu’elle s’apprêtait à dire, mais répondit en baissant les yeux :
    « Bon d’accord… J’accepte… »
    Tom hurla alors :
    « Quoi ! Non ! Attendez ! »
    Le jeune garçon s’approcha de la jeune fille, celle-ci avait les larmes aux yeux, il lui prit la tête entre les mains et lui chuchota :
    « Ne fais pas ça, on leur racontera tout, ne t’en fais pas, il ne t’arrivera rien, mais tu ne dois pas faire ça, ne le fais pas, je t’en supplie. 
    -Bien sûr que si, je suis obligé !  Si je refuse, ils ne nous laisseront pas tranquille, je le sens. Je ne veux pas me faire enfermer où tuer. T’as dit que tu couvrais nos arrières, moi aussi, je dois agir comme il le faut pour ma survie. »
    Émilie s’approcha des deux hommes, elle leva le regard vers eux juste assez pour ne pas devoir les observer dans les yeux, et supplia :
    « J’aimerais vous demander une faveur, ce sera ma première fois, alors je préférerais que vous le faîte chacun vôtre tour, pas à deux en même temps. »
    Le jeune homme ria de bon cœur et indiqua :
    « Ahahah, évidemment mon petit sucre c’est ce que j’avais prévu, je ne tiens pas à voir celui-là nu, déjà qu’avec des habits il m’écœure…
    -Ferme-là…
    -Bien, allons trouver un endroit où nous serons tranquilles »

    Les deux hommes avaient escorté le groupe jusqu’à une petite maison se trouvant dans une rue au milieu de différents commerces. Le jeune homme rentra avec Émilie laissant son fusil à l’entrée tandis que les deux garçons restèrent près de l’autre homme qui resta à surveiller les environs. Le jeune homme indiqua à Émilie :
    « Puisque l’on va partager un moment intime, je peux te dire mon prénom, je m’appelle Théo et le prénom d’une aussi jolie jeune fille est ?
    -Sophie »
    Émilie ne préféra pas dire son vrai prénom, par sécurité mais aussi par amour-propre, elle ne voulait pas que cet homme sache comment elle s’appelait. Le dénommé Théo la plaqua contre le mur avant de l’embrasser fougueusement, il lui tenait les bras pour éviter à la jeune fille de trop bouger, celle-ci se laissa faire, mais des larmes coulèrent sur ses joues. La jeune fille regretta d’en être arrivé là, elle sentait la langue de l’homme tourner autour de la sienne, elle avait un sentiment de dégoût. Il l’emmena jusque dans une chambre à l’étage en la tenant par le bras. Il lui ordonna :
    « Vas-y allonge toi sur le lit. »
    La jeune fille obéie, elle préféra ne pas le contrarier, l’homme s’était déjà déshabillé, il se positionna à genoux sur le lit, au-dessus d’Émilie. Il lui proposa :
    « Touche là, tu vas voir comme elle est chaude, ce sera la première et sûrement la dernière fois que tu en toucheras une si grande. »
    Émilie ne voulait pas, elle détournait le regard depuis le début, l’homme lui saisit la main et la força à toucher. La jeune fille ferma les yeux, pleurant de plus belle, elle essaya de ne pas prêter attention à ce qui se trouvait dans sa main. L’homme continua et indiqua :
    « Aller, enlevons ton t-shirt. »
    La jeune fille se laissa faire, priant pour que cela se termine au plus vite. Sa poitrine était désormais visible par l’homme qui commenta :
    « Pas de soutien-gorge hein…je savais que tu étais une coquine refoulée. »
    Il tâta la poitrine de la jeune fille de ses mains avant d’y approcher sa bouche et de la mordre. Émilie du se mordre la lèvre pour s’empêcher de crier, elle n’en pouvait plus de ce supplice, elle aurait préféré mourir. Bien que ces yeux étaient remplis de larmes, elle aperçut une pointe métallique au-dessus de l’homme, celle-ci s’abattit violemment sur son crâne, faisant jaillir du sang.

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