• Violine

     

    Nathan courait aussi rapidement qu’il le pouvait, respirant régulièrement, son cœur battant comme un tambour déchaîné. Il y avait plusieurs personnes derrière lui qui le suivaient mais surtout il y en avait une devant lui qu’il tenait à rattraper. Alors qu’il s’en rapprochait de plus en plus, un sifflement strident se fit entendre suivit par la voix de leur professeur :
    « C’est terminé, bravo à tous d’avoir tenu les dix tours de piste et félicitation à notre grande gagnante du jour ! »
    La jeune fille se retourna vers Nathan, l’observant de ses yeux bleus et avec un sourire satisfait, elle lui tendit la main :
    « Tu n’étais pas loin de me battre, je l’admets. »
    Nathan lui serra la main et répondit également en souriant :
    « Bien jouée à toi Naomi mais la prochaine fois sera la bonne, je gagnerai cette course
    -On verra bien .»
    Une bande de filles s’était approché de Naomi pour la féliciter tandis qu’elle regagnait les vestiaires, Nathan en fit de même de son coté. Arrivé dans les vestiaires des garçons, Nathan prit une douche rapidement avant de se changer, il entendit un groupe de trois garçons discutait non loin, le plus grand d’entre eux affirmait :
    « Pour moi elle n’est pas normale, ce n’est pas possible autrement »
    Nathan ne put s’empêcher de demander :
    « De qui parles-tu Baptiste ? »
    Le dénommé Baptiste se tourna vers Nathan et répondit :
    « Je parle de Naomi bien sûr, comment t’expliques qu’elle puisse nous battre à la course, surtout toi, notre grand champion.
    -Faut croire que j’ai trouvé une adversaire à ma taille…
    -C’est ça, cette fille arrive la semaine dernière, elle est super douée dans toutes les matières, elle ne veut pas nous dire de quel lycée elle vient…
    -C’est son droit…
    -C’est ça. Moi je te dis qu’il y a quelque chose de pas net qui se cache en elle, ce n’est pas possible qu’elle surpasse tout le monde et encore moins qu’elle te bat à la course. »
    Nathan soupira avant de rétorquer :
    « C’est très stupide de penser qu’une fille n’est pas normale parce qu’elle est plus douée qu’un homme.
    -T’insinue que je suis stupide, c’est ça ? »
    Nathan ne répondit pas, il se rendit compte qu’il avait oublié de reprendre sa gourde, elle devait sûrement être sur le terrain de sport. Il sortit du vestiaire afin d’aller la chercher, une fois à l’extérieur, il vit sa gourde poser au pied d’un banc. Il la ramassa et s’apprêtait à partir quand il entendit du bruit au niveau des buissons non loin. Il vit une jeune fille qui s’y cachait, accroupie, lorsqu’il s’approcha un peu il reconnut Naomi et lui demanda :
    « Que fais-tu là ? »
    La jeune fille sursauta, visiblement elle ne l’avait pas entendu, rapidement elle cacha ses yeux et demanda :
    « Qui que ce soit allez-vous-en ! Laissez-moi seule. »
    Il sembla dans sa voix qu’elle pleurait, Nathan demanda gentiment :
    « Naomi, c’est moi Nathan, je peux t’aider ?
    -Non laisse-moi seule je t’ai dit ! »
    Mais le jeune garçon n’obéit pas, il s’approcha davantage, s’agenouilla à ses côtés et chuchota :
    « Allez dis-moi ce qui ne va pas, je suis ton ami je peux peut-être t’aider…
    -Non, je ne veux pas que tu saches et de toute façon tu ne peux rien faire ! »
    Nathan l’entoura de son bras et insista :
    « Dit moi ce qui ne va pas, je te promets que ça restera entre nous. »
    La jeune fille sembla hésiter, elle finit par demander :
    « Tu promets de ne pas me juger ? »
    Nathan sembla surpris de cette question mais répondit :
    « Non, bien sûr que non, pour qui me prends-tu… »
    La jeune fille baissa alors lentement ses mains de ses yeux, c’est ainsi que Nathan pu voir la couleur stupéfiante de ses pupilles, elles étaient dans une couleur entre le rose et le violet. Nathan avait eu un petit sursaut en les voyant ainsi, il ne s’y était pas attendu mais son geste avait contrarié la jeune fille qui cachait de nouveau ses yeux :
    « Je savais que je n’aurais pas du te les montrer, maintenant tu vas penser que je suis un monstre.
    -Mais non j’ai été surpris c’est tout, laisse-moi les voir s’il te plaît. »
    Elle retira de nouveau ses mains, Nathan était hypnotisé par la couleur de ses yeux. La jeune fille quant à elle expliqua :
    « On ne sait pas pourquoi ils sont de cette couleur-là depuis ma naissance, le médecin a dit que c’était juste génétique et qu’il n’y avait aucun danger, c’est juste qu’ils sont…
    -Magnifique… »
    Nathan avait répondu cela naturellement, il était fasciné par la formidable couleur de ce regard. Naomi avait été légèrement surprise de sa réaction, Nathan lui demanda alors :
    « Mais…et tes yeux bleus, pourquoi d’habitude ils sont bleus ?
    -Je mets des lentilles spéciales pour cacher ma couleur naturelle
    -Quoi ? Mais pourquoi tu fais ça ? »
    Nathan ne comprenait pas pourquoi Naomi cachait la couleur si fantastique qu’avait ses yeux, cette dernière lui expliqua contrariée :
    « Pourquoi ? Pourquoi ?! Tu crois que ça m’a fait plaisir de subir des moqueries auparavant quand je ne les cachais pas ? Qu’on me dise que je ne suis pas normal, qu’on me sorte que je suis surnaturelle, qu’on m’insulte de monstre à tel point que j’ai failli par y croire et que je me sente obligée de modifier mon apparence pour qu’on m’accepte ? »
    Nathan n’avait pas pensé à tout cela, il ne comprenait pas comment les gens pouvaient être aussi mauvais à juger sur l’apparence physique et à se moquer du moindre détail, il demanda :
    « C’est à cause de ça que tu as quitté ton ancien lycée ?
    -Oui…quelqu’un l’a découvert et j’ai de nouveau subi les moqueries et les regards des autres, je ne peux plus le supporter… 
    -Pourtant moi je te trouve très belle comme ça, tu es très jolie de manière naturelle.
    -Il faut croire que ce n’est pas l’avis de tout le monde…
    -Allons, je suis sûr qu’ici on t’accepterait comme tu es, beaucoup de personnes ont l’esprit ouvert
    -Je ne préfère pas tenter, j’en ai marre de changer d’établissements…promet moi de garder le secret par pitié…
    -Je te le promets »
    La jeune fille remit ses lentilles qu’elle tenait dans les mains, lorsqu’elle les mis en place, elle pleura en expliquant :
    « Ah…ces trucs me font si mal…bon je te laisse Nathan, je vais aller à la cafétéria, j’ai faim. 
    -D’accord, on mange ensemble si tu veux.
    -Ok on se retrouve là-bas. »
    Nathan retourna rapidement dans les vestiaires, il fut surpris de voir que Baptiste était encore là, celui-ci expliqua d’un air triomphant :
    « Je savais bien que c’était une Alien ! Attends quand tout le monde verra qu’elle a des yeux d’extraterrestre »
    Pour toute explication, le jeune homme montra la photo de Naomi qu’il avait réussi à prendre. Nathan sentit en lui une colère montée, hors de question que la jeune fille subit de nouveau ce genre de moquerie, il frappa Baptiste de toutes ses forces et explosa son téléphone à terre. Malheureusement, lorsqu’il se rendit à la cafétéria, il se rendit compte que Baptiste avait eu le temps d’envoyer la photo sur les réseaux sociaux, la plupart des lycéens ne parlaient que de ça. Il vit Naomi dans les couloirs, harcelé par des garçons qui lui demandaient :
    « Allez montre-nous tes yeux !
    -Mais oui, ils sont de la même couleur que les filles dans les mangas, c’est peut-être de là que tu viens »
    Nathan s’approcha et leur demanda de partir assez sévèrement pour qu’ils obéissent, Naomi le regarda en pleurant :
    « Tu avais promis…
    -Non ce n’est pas moi, c’est… »
    Il ne put finir son explication qu’elle partit en courant. Le lendemain, Naomi ne faisait plus partie du lycée, Nathan venait d’apprendre qu’elle et sa famille avait quitté la ville. Bien qu’il n’y était pour rien, Nathan se sentait responsable, il était triste et s’en voulait d’avoir vu les magnifiques yeux violets de la jeune fille qui lui avaient causé tant de souffrance.

     

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  • Chapitre IV

     

    Le retour fut plus long et mit plus de temps mais Jordan était joyeux malgré cela. Lorsque les deux garçons montrèrent leur butin aux jeunes filles, ces dernières n’en revenaient pas. Jordan s’empressa de mettre les deux nouveaux fusils qu’il avait pris ainsi que le stock de munitions sur le coté avant de rejoindre les autres pour le festin. Ce n’était que du jambon et du saucisson mais cela faisait plusieurs semaines qu’ils n’avaient pas mangés de viande et le groupe n’allait pas faire la fine bouche. Tout en mangeant Steve et Jordan racontaient leur aventure, Mathilde en conclut :
    « Vous avez eu énormément de chance, je veux que vous doubler de vigilance la prochaine
    -Nous ne pouvions pas savoir d’avance que cette maison était une base des Vautours sœurette et au final ce danger s’est avéré payant.
    -Si vous aviez été tué cela n’aurait rien payé du tout. »
    Jordan ne tenta pas de discuter plus que ça, il savait que sa sœur était obstinée. Steve s’inquiéta alors :
    -Comment pensez-vous qu’ils vont réagir quand ils s’apercevront que leur réserve a diminué ? »
    Jordan répondit pensif :
    « Il me paraît évident qu’il vont tenter de trouver qui a pu faire le coup, il faudra réellement doubler de vigilance à partir de maintenant. »
    Mathilde parut étrangement satisfaite. Émilie qui n’avait rien dit jusqu’à présent remarqua :
    « Vu tout ce que vous avez pris, on aura plus besoin d’aller chercher des provisions pendant plusieurs jours.
    -Oui c’est vrai Émilie…si on pouvait trouver un tel stock à chaque fois qu’on sort ça faciliterait les choses »
    Tandis que Steve avait prononcé cette phrase, Jordan eut une idée folle, absurde et pourtant elle avait un intérêt. Mais il ne savait pas trop comment en parler aux autres, il se doutait qu’eux aussi trouverait ça fou mais il tenta en répondant à Steve :
    « Nous avons une idée d’où trouver un autre stock de cette façon »
    Steve le fixa en comprenant ce à quoi penser son cousin, il rétorqua :
    « Tu n’y pense pas ! Comme tu l’as dit ils risquent d’agir après ce premier vol, la sécurité sera sûrement plus forte il est impossible qu’on entre en douce dans l’église, nous n’aurons pas la même chance que la première fois. Oublie cette idée
    -Qui te parle d’entrer en douce ? »
    Mathilde intervint alors :
    « Tu n’envisages pas de prendre leur base de force à nous trois ?
    - À nous quatre ! »
    fit remarquer Émilie, Mathilde souffla avant de continuer :
    « Peu importe qu’on soit trois ou quatre, si tu veux faire ça Jordan autant directement t’enterrer sous terre, cela sera plus rapide. »
    Jordan réfléchi avant de rajouter :
    « À nous quatre c’est impossible mais avec l’aide d’un groupe de résistants ça peut être faisable. Je suis sûr que Marc acceptera malgré ce qui s’est passé la nuit derni…. »
    Jordan s’était coupé dans sa phrase se rappelant qu’il avait caché ces événements mais Mathilde s’en souvenu et demanda alors intriguée :
    « Va-t-on enfin savoir ce qui s’est réellement passé cette fameuse nuit où tu t’es soi-disant fait attaquer par un chien affamé ? »
    Jordan n’osait pas répondre mais Mathilde tenta de la convaincre :
    « Tu sais faudra bien que tu nous en parle un jour, le plus tôt sera sans doute le mieux »
    Jordan se décida alors à leur raconter ce qui s’était passé, après son récit, le reste de sa famille laissa régner le silence. Mathilde le rompu afin de s’excuser :
    « Désolé de t’avoir rappelé cela mais j’imagine qu’il valait mieux qu’on le sache…
    -Oui je pense aussi, je ne t’en veux pas. La vie continue malgré ça et Marc le sait, on ne peut pas s’arrêtez sur ces détails aussi facilement qu’avant. »
    Steve demanda à Jordan :
    « Et donc tu penses que Marc acceptera de nous aider malgré les événements de cette nuit ?
    -Oui, pour lui ce sera un bon moyen de se venger et de rendre honneur à sa sœur.
    -Donc il ferait cela sous l’effet de la colère… »
    Mathilde avait dit cela comme reproche, Jordan la dévisagea et elle lui fit remarquer :
    « Les décisions qu’on prend sous l’effet de la colère ou de la haine ne sont jamais bonne, si ce Marc se laisse prendre pas ces sentiments s’est risqué
    -Je dis pas qu’il le fera par haine, il arrivera à se contrôler ne t’en fais pas. Vous savez quoi on n’a qu’à voter afin de savoir qui est pour et qui est contre aller demander à Marc et sa bande s’ils veulent nous aider, si on est à égalité on en parle plus. Je suis pour
    -Je suis pour aussi
    -Je suis contre »
    Émilie avait soutenu son frère tandis que Mathilde rester sur sa position, le choix décisif revenait à Steve. Ce dernier se sentait gêné, les trois autres le regarder avec insistance, Mathilde lui lançait un regard noir comme pour le défier. Le jeune homme finit par dire :
    « Je suis pour. Désolé Mathilde 
    -Hum… »
    Celle-ci souffla un grand coup pour montrer son désaccord et commença à ranger les restes du repas. Jordan en conclut :
    « Très bien allons-y tout de suite, prenez chacun un fusil, pas besoin de sac. Nous prendrons notre temps afin d’éviter tout risque »

    Comme l’avait prévu Jordan le voyage mis pas mal de temps, c’était rare qu’ils sortaient tous en même temps donc ils étaient plus visibles à ces moments-là. Avec le doux soleil de l’après-midi cela ressemblait presque à une promenade familiale, en oubliant les nombreuses fois qu’ils devaient se cacher quand des Vautours passer auprès d’eux. Lorsqu’ils atteignirent le lac, Jordan eut une mauvaise surprise, il n’y avait plus personne. Les tentes, les personnes et presque toutes traces de vie avaient disparu, seules les cendres du feu étaient encore visibles. Jordan remarqua un endroit où la terre avait été retournée récemment et une planche de bois marqué l’endroit, il s’approcha de la tombe. Les quatre jeunes restèrent quelques secondes en silence devant la tombe de Lucie, Emilie alla cueillir de fleurs non loin qu’elle tendit à Jordan. Il les posa près de la planche, Jordan dit alors à voix haute :
    « Au moins ils sont partis de leur plein gré vu que leur matériel a disparu, ça me rassure…
    -Peut-être mais on est venus ici pour rien.
    - Mathilde ce n’est pas le moment. »
    Steve avait fait remarquer l’indélicatesse de ses paroles mais Jordan dénia :
    « Non elle a raison, on ferait mieux de repartir tout de suite, je pense que c’est le mieux. »
    Ils avaient commencé à marcher quand Émilie ramassa une feuille qui trainait par terre sous un rocher, elle la regarda rapidement avant de la donner à son frère avec un sourire. Jordan lu ce qui semblait être une lettre :

    « Ma chère Rachel,

    Nous avons installé notre camp près du lac, l’endroit est isolé, agréable et simple à défendre mais j’espère que nous n’aurons pas à le faire. J’espère que tout se passe bien pour le vôtre à la ferme, faites attention lors de mon dernier départ j’ai vu un nombre important de Vautours près de l’ancienne école. N’oublies ce que je t’ai proposé, je sais que tu tiens à ton frère mais si tu veux venir parmi nous tu seras la bienvenue. J’ai hâte de te revoir mon cœur, c’est à souhaiter que nous ayons plus de temps pour nous la prochaine fois.
                                                                                                                          
                                                                                                                 
                                                                      Ton adorable guerrier qui t’aime »

     

    Steve et Mathilde avaient lu la lettre en même temps que Jordan, ce dernier la relit rapidement, cela signifiait :
    « Il y a un camp à la ferme ! »
    Steve répondu :
    « Oui mais laquelle ? Il n’y a pas qu’une ferme par ici. »
    Jordan réfléchi, en passant près de l’ancienne école il y en avait deux. Sur un ton enjoué il répondit :
    « Cela peut être la ferme Marauld ou la ferme Dretand. Il faudrait qu’on aille voir
    -Je t’en prie pas ce soir. »
    Mathilde avait demandé cela avec désolation, Jordan se rappela que le début de la nuit ne tarderait plus et il la rassura :
    « Tu as raison, rentrons. J’irai voir demain avec Steve, je pense qu’être tous ensemble ne sera pas nécessaire. »
    Tandis qu’ils rentraient tous, Jordan se douter qu’au fond d’elle Mathilde espérait qu’il abandonne cette idée. Lui-même commencé à douter de son plan, faire confiance à Marc ne l’aurait pas gêné mais là il s’apprêtait à demander de l’aide à des inconnus. Le chemin du retour fut plus long qu’à aller, la fatigue commençait à se faire sentir. Lorsque le groupe arriva près de l’entrée de leur cave il faisait nuit. Mathilde s’empressa de préparer le repas, ils étaient tous affamés et manger leur ferait du bien. Lors du repas ils ne parlèrent presque pas chacun étant dans ses pensées, Jordan se demandait où été allé Marc, s’il avait rejoint la ferme cela serait une chance. En pensant cela il reprit un peu confiance en son plan, ce soir le groupe s’endormit rapidement. La nuit fut calme et reposante, c’est donc en pleine forme que se réveilla Jordan le lendemain. Il alla jeter un coup d’œil dehors, il faisait un beau soleil mais la fraicheur se faisait sentir, l’automne démarrait petit à petit. Lorsqu’il redescendit dans la cave, voyant que Steve était levé il lui demanda :
    « Tu veux y aller après le repas où on part ce matin ?
    -Je mange rapidement et nous pourrons y aller. 
    -ok, je vais t’attendre dehors. »
    Avant que Jordan eut le temps de sortir, Steve le questionna :
    « Tu es toujours sûr de vouloir y aller ?
    -Oui pourquoi ?
    -Comme ça, je préfère demander. »
    Jordan sorti laissant Steve déjeuner tranquillement, il comprenait les doutes de ce dernier, lui-même en avait mais cela valait le risque, il en était convaincu. Les deux jeunes hommes firent plus attention que d’habitude durant l’aller, ils n’avaient aucun repère de ce coté-là. Heureusement ils croisèrent peu de danger et en à peine une heure ils arrivèrent près de la première ferme, qui par chance, était celle occupée. Ils l’observaient de loin pour le moment, celle-ci était bien gardé, entouré de grillages, de plus l’endroit était isolé et caché par les arbres. À moins de connaitre la ferme ou de s’en approcher suffisamment, il était difficile de savoir qu’elle était là. Steve interrogea son cousin :
    « Comment on se présente ?
    -Essayons de voir s’il y a une porte d’entrée et on demandera s’il y a un chef ou quelque chose du genre, qu’est-ce t’en pense ?
    -Oui pourquoi pas…mais gardons nos armes à vue, je ne veux pas qu’on nous croie sans défenses.
    -Tu as raison, méfions-nous, on ne sait pas sur qui on va tomber »
    Les deux jeunes sortirent de leur cachette et avancèrent donc sur une petite route de terre qui menait jusqu’au portail d’entrée. Deux hommes arrivèrent en courant près du portail, armés de fusil également, l’un d’eux hurla :
    « Qui êtes-vous ? »
    Jordan tenta de garder son calme face à l’agressivité de l’étranger et répondit avec assurance :
    « Nous sommes justes des survivants comme vous. On ne vous veut pas de mal.
    -Si c’était le cas toi et ton ami seriez déjà morts. »
    Jordan n’avait pas remarqué l’arrivée d’un troisième homme, celui-ci était plus impressionnant que les deux autres bien qu’il n’était pas armé. Le jeune homme qui se présentait à eux devait avoir vingt-cinq ans tout au plus, il avait une légère moustache en pointe, de longs cheveux noirs et était plus musclé que la moyenne. Il ressemblait à un cow-boy moderne avec sa chemise à carreaux et son jean déchiré. Il s’adressa à Jordan tout en continuant de mâcher le brin de blé qu’il avait en bouche :
    « Vous connaissez cet endroit et vous savez que nous sommes des survivants, donc vous en savez plus sur nous que nous en savons sur vous, c’est un bon point et c’est bien joué de votre part. Mais je crois pouvoir affirmer que vous ne vous attendiez pas à un endroit autant garder, vous ne voulez pas de mal alors qu’est-ce que vous voulez ? »
    Il avait prononcé ces mots comme un discours qu’il avait répété de nombreuses fois auparavant, gardant un calme intact. Jordan répondit légèrement hésitant :
    « Eh bien…nous avons repéré... »
    Steve observa alors Jordan qui s’était tu soudainement, Jordan pensé avoir compris comment fonctionner son interlocuteur et se renseigna :
    « Vous êtes le chef de cet endroit ? C’est avec lui que je veux parler. »
    Jordan avait su parfaitement garder le contrôle de soi-même en demandant cela, il savait qu’il avait été convaincant. L’homme le regarda un instant avant de sourire fièrement :
    « J’ai bien cru que t’aller dévoiler ton plan sans réfléchir, oui je suis bien celui qui gère l’endroit, laissez les entrés, les mecs, je vais discuter à l’intérieur avec eux
    -T’es sûr qu’il y a pas de risques ?
    -Si je pensais qu’il y en avait je ne serai pas venue sans être armé, allez ouvre cette grille ! »
    Les deux hommes ouvrèrent le portail laissant rentrer Steve et Jordan, le chef du camp leur fit un signe de la main indiquant de le suivre. Ils rentrèrent dans la ferme, et allèrent dans la salle à manger pour discuter. Le chef les invita à s’asseoir à la vieille table en bois et leur proposa :
    « Vous voulez un whisky, pastis ou bière ? »
    Les deux jeunes prirent une bière tandis qu’il se servit un whisky avant de s’asseoir à son tour. Il but une gorgée avant de demander :
    « Alors qu’avait vous repéré qui vaut le risque de s’aventurer ici ? »
    Jordan but une gorgée avant de répondre :
    « On a repéré un camp de Vautour, à vrai dire deux camps, on est tombé sur le premier par hasard en fouillant une grande maison, il y avait beaucoup de provision de nourriture, du matériel et de l’armement. On sait qu’il y en a un autre à l’église, il est probablement mieux gardé mais aussi mieux fourni et on cherche des personnes qui accepteraient de nous aider à prendre l’endroit. »
    L’homme ne répondit pas tout de suite, il semblait analyser ce que venait de dire Jordan. Il but une autre gorgée avant de se renseigner :
    « Pourquoi avoir fouillé cette maison ?
    -Pour trouver de la nourriture.
    -Vous êtes que deux ?
    -Non, il y a aussi mes deux jeunes sœurs
    -Jeunes comment ?
    -L’une à seize ans et l’autre huit ans
    -Et où sont-elles ? »
    C’était une information que Jordan n’était pas encore prêt à partager, il répondit simplement :
    « Chez nous. »
    Encore une fois leur réceptionneur laissa un moment de silence avant de rajouter avec le sourire :
    « T’es méfiant ça me plaît, mais tu l’es pas assez, tu donnes trop de détails, contentes toi de répondre sans tout dévoiler. Quand je te demande si vous n’êtes que deux contentes-toi de répondre non, ainsi je ne sais pas ce qui peut m’attendre derrière, là je sais que vous êtes 4 et tous très jeunes. Mais au moins tu n’as pas dit clairement où vous restez. »
    Jordan se sentit un peu honteux et remarqua effectivement son incompétence. L’homme vida son verre et se leva alors en déclarant :
    « C’est bien de te méfier, tu as raison de le faire mais si on doit se lancer ensemble là-dedans il faut qu’on se fasse un minimum confiance. Appelons-nous par nos prénoms, ce sera déjà un début, je m’appelle Greg 
    -Moi c’est Jordan et lui c’est mon cousin Steve
    -Vous rester en famille donc…c’est bien, c’est important la famille. Vos parents sont partis livrer bataille je suppose, comme mon père. J’avais l’âge de les suivre mais vu que nous n’avons plus notre mère depuis longtemps, il fallait quelqu’un pour veiller sur ma sœur également donc je suis resté pour la protéger. »
    Le dénommé Greg sembla pensif durant quelques instants, puis il reprit en posant ses mains sur la table :
    « Alors, reprenons, il y a combien de Vautours à l’église ? »
    Jordan fut perturbé et se senti idiot en répondant :
    « Je ne sais pas.
    -Ils ont quels genres d’armes ?
    -Je ne sais pas non plus.
    -De quel coté sont-ils le plus exposé ?
    -Je ne sais pas…
    -Quelle serait la meilleure stratégie à adopter ? »
    Jordan n’osa pas répondre, il se sentait gêné, ça semblait pourtant logique de prendre ce genre de renseignement lorsqu’on a un tel projet. Greg respira en regardant par la fenêtre qui laissait entrer quelques rayons de soleil, il rajouta :
    « T’as encore beaucoup à apprendre j’ai l’impression, t’en fais pas ça viendra. Je suis désolé mais je ne peux pas prendre ce genre de risque si vous n’avez aucune information à me donner. Aller voir l’endroit de plus près et revenez quand vous en saurez plus, là on en reparlera sérieusement. »

    Jordan n’en voulait pas à Greg, il comprenait sa décision, il en voulait à sa stupidité, pourquoi n’avait-il pas réfléchi à tout cela avant. Greg se tourna vers les deux jeunes hommes et leur demanda de l’accompagner à l’extérieur. Désormais la température était douce et agréable, la ferme entourée d’arbres et de champs avait un air de carte postale. En restant ici impossible de deviner la misère dans laquelle était plongé le monde actuellement, ça semblait être un vrai petit coin de paradis. Steve observait un tracteur benne qui était près de la grange, lui qui n’avait pas encore parlé demanda à Greg :
    « Je vois que vous êtes bien équipé.
    -Oh il ne fonctionne plus malheureusement, dommage c’est vrai qu’il aurait pu être utile. »
    Greg tentait de garder le sourire, puis avant de les faire partir il dit aux jeunes hommes :
    « Écoutez les mecs…vous m’avez l’air d’être de bon gars, j’espère que vous prenez pas mal mon refus. Vous savez, si vous êtes que quatre, vous pourriez venir vous installer ici il y a largement de la place et nous avons de belles réserves de nourriture grâce aux cultures. La seule chose c’est qu’il faudra aider dans les tâches agricoles en échange. Ah bah tiens ! Rachel ! Viens voir s’il te plaît. »
    La jeune femme qui marchait non loin s’approcha d’eux, elle avait de longs cheveux bruns et était grande. Elle semblait avoir vingt deux ans et était à peu près de la même taille que Jordan. Elle était vêtue d’un t-shirt blanc et d’un short beige. Jordan la trouvait très jolie, la jeune demoiselle les salua d’un grand sourire :
    « Salut ! Qu’est-ce qu’il y a Greg ?
    -Les mecs je vous présente ma sœur Rachel. Rachel, voici Jordan et Steve, peut-être de nouveaux arrivants ils n’ont encore rien décidé. Tu veux bien aller leur montrer la grange ?
    -Ok je m’en occupe, j’y allais justement, suivez-moi les garçons.
    -À plus tard les mecs. »
    Jordan et Steve saluèrent Greg avant de suivre sa sœur, celle-ci marchait rapidement et Jordan eut du mal à suivre. Celui-ci entama la conversation :
    « C’est vrai que ça à l’air agréable ici. »
    La jeune dame ne répondit pas apparemment perdue dans ses pensées. Jordan remarqua qu’elle ne les dirigeait pas vers la grange mais près des arbres, Jordan commença à s’inquiéter :
    « Euh…on n’est pas censé aller voir la grange ? »
    Rachel se retourna alors, regarda autour d’elle et chuchota aux deux jeunes :
    « Vous devez partir. »

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  • La souffrance d’aimer.


    « Merci de m’avoir raccompagné Greg
    -Oh il n’y a pas de quoi, c’est normal.
    -T’es un chouette ami tu sais
    -Oh euh…merci »
    Greg observait son amie Jessica qui lui souriait, celle-ci ajouta en rentrant :
    « Allez au revoir, à la prochaine
    -Oui à la prochaine »
    La jeune femme referma la porte et Greg commença à marcher vers sa voiture, pensif. Il souffrait intérieurement mais ne laissait rien apparaître. Il était amoureux de Jessica bien qu’il sût que ce n’était pas le cas réciproquement.

    Cette nuit-là, une fois couché, il pensa encore à elle, comme toutes les nuits. Il la revoyait sourire, ce sourire si craquant qu’il appréciait tant chez elle et ses yeux verts si beaux, on pouvait voir la gentillesse de la jeune fille au travers de la brillance de ces pupilles. Il rêva qu’il tenait sa main, geste anodin qui pourtant le rempli d’une joie intense, ce simple geste représentait une union impossible dans la réalité. Son rêve continua, désormais il serrait la jeune femme dans ses bras, il sentait le souffle de cette dernière sur son épaule. Il passa sa main entre les cheveux de la jeune femme, ces cheveux si doux et si fin, le brun de ses cheveux lui allait si bien. Il passa de nombreuses fois ses doigts au travers de la coiffure de la jeune femme, c’était si agréable de pouvoir faire cela qu’il en profitant autant qu’il le pouvait. Son autre main était posée sur les hanches de la demoiselle, bien qu’il sache qu’il pourrait descendre plus bas, cela lui suffisait. Rien que de savoir qu’il serrait la jeune femme dans ses bras était une chose merveilleuse. Puis la jeune femme l’observa, avec son sourire si charmeur et vint alors un baiser. Cette fois-ci il ne sentit aucune sensation, il se contentait d’assister à la scène comme s’il était une autre personne qui observait la scène. Un baiser sensuel qui pourtant ne lui procurer aucun plaisir, au contraire il se sentait mal. Greg ouvrit les yeux, des larmes coulaient sur son visage.

    Il savait que cela était illusoire et que ça lui faisait mal mais il ne pouvait s’en empêcher. Il ne savait pas expliquer pourquoi il aimait la jeune femme, il appréciait beaucoup de choses chez elle mais pour autant il n’arrivait à mettre aucun mot assez correct pour expliquer ce qu’il ressentait. Cela le faisait tellement souffrir que parfois il souhaitât ne plus avoir de contact avec Jessica, jusqu’à l’oublier, qu’elle sorte de sa vie et de son esprit mais cette idée lui faisait tout aussi mal au cœur. La jeune femme était si géniale à ses yeux que ne plus lui parler, la voir ou l’entendre serait encore plus douloureux, il n’y avait aucune bonne solution. Il n’espérait rien dans sa relation avec Jessica, il savait à quoi s’en tenir, il n’avait qu’à attendre que cela passe et se résolve de soi-même. En attendant, il préférait souffrir de la présence de la jeune femme, plutôt que de l’absence de cette dernière, il était sûr de son choix même si ce n’était pas spécialement le bon. Il finit par s’endormir, laissant son esprit se reposer jusqu’au lendemain.

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